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 N° 485
 
 
 
    12 février 2007
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Propos ... santé

Photo de l'auteur Docteur Françoise Dencuff lui écrire

Les grandes manœuvres sont en route et les propositions abondent. Nos récipiendaires éventuels à l’Elysée sont courtisés par tous les lobbyistes et les dernières réformes s’accélèrent comme pour nous convaincre que les politiques peuvent travailler quoi qu’il arrive.

retrouver la confiance

Commençons par les nouvelles idées technocratiques :
François-Marie Michaut nous a fait part le 13/01/07 des « grandes avancées » préparées par notre ministre pour soulager le travail administratif des médecins. Saint Ordinateur va nous permettre de dématérialiser les protocoles. Espérons que les serveurs seront plus efficaces que ceux des impôts. Mais plus judicieux, du moins pour Sainte Sécu, l’encadrement du médecin par deux tuteurs, un médecin conseil et un administratif… Gare aux coups de règles. Et pour couronner le tout, alors que la médecine générale n’est toujours pas clairement enseignée comme une spécialité à part entière, nos génies ministériels nous promettent des cours sur « l’environnement médico-administratif ». Point n’est besoin de se creuser la tête pour comprendre que les seules réformes envisagées ont pour but de faire économiser un maximum d’argent.
Le meilleur reste encore à venir :
Les « entreprises du médicament », Big Pharma pour les intimes, se piquent de vouloir se faire les représentants outragés d’une santé mise à mal depuis plusieurs décennies. Elles veulent « faire entrer l’enjeu de santé dans le débat politique ». Et pour ce faire posent trois questions aux candidats :
1) La santé est-elle une priorité dans les choix politiques ?
2) Doit-on considérer l´économie de la santé comme l´une des plus créatrices de valeur dans notre pays ?
3) Voulons-nous faire de l´industrie pharmaceutique un atout pour la France dans la compétition internationale ?

restaurer la conscience

Au risque de déranger les esprits bien pensants, la santé peut-elle être une priorité politique ? Jusqu’à preuve du contraire, elle est avant tout un choix individuel. Mais quand on parle de choix on sous-entend qu’il y a possibilité de choix, possibilité de bien manger, de n’avoir que des soucis mineurs, de gagner suffisamment d’argent etc. La santé individuelle ne peut être que le reflet de la santé du collectif, de la société. Malgré des efforts incessants sous forme de culpabilisations éhontées, la mort vient toujours mettre un point final à une vie que nos « moralisateurs » veulent voir débauchée. Vouloir nous donner la santé comme un simple produit de consommation est à tout le moins illusoire et mensonger.
A moins que la Santé ne devienne le pôle central d'ajustement de toutes les prises de décision politiques. On peut toujours rêver même si des citoyens en bonne santé donc souvent plus heureux seraient à priori plus à même de :  tout changer pour la première fois  ou que : tout devienne possible .
A lire les programmes de nos candidats le moins que l'on puisse dire c'est que la Santé ... n'y figure même pas. Le travail, la famille, les entreprises voilà les intérêts supposés des français.
La suite des interrogations et propositions de Big Pharma ne sont guère plus judicieuses puisqu'elles ne voient la santé que sous l'angle éminemment réducteur de « l'économie de la santé » Considérée comme une richesse, « l´économie de la santé doit être au cœur des décisions politiques et stratégiques de la France ». C´est une des conditions si on veut rester « parmi les cinq pays qui feront le progrès thérapeutique du futur » selon le président du Leem, Christian Lajoux. Tout ceci passe par « une politique industrielle lisible et attractive », un fort investissement sur « l´innovation, la connaissance, la recherche et l´accès au marché », un soutien «massif et coordonné » aux pôles de compétitivité. Et suppose – dernier principe - « d'organiser la place du médicament en partenariat avec les forces sociales et politiques du pays » Egora.fr

renforcer la compétence

Voilà la seule vision formalisée des efforts que la société doit consentir pour améliorer la santé. Dramatique n'est-ce pas, et ni les syndicats, fédérations et autres conseils n'ont réussi à proposer une liste d'objectifs cohérents pour sauver la Santé. Pas le marché de la Santé mais la santé tout court. A croire qu'elle ne peut être lisible qu'au travers de l'argent qu'elle coûte ou rapporte.
Est-ce vraiment ainsi que nous la considérons? Est-ce vraiment pour cela que nous sommes devenus soignants? Est-ce pour cela que nous acceptons de nous remettre entre les mains des professionnels de santé?
Si oui, alors nous avons d'ors et déjà fait une grande partie du chemin, les gestionnaires tiennent le haut du pavé et accentuent sans cesse la pression.
Si non, tout reste à faire, pour nous, pour nos enfants, pour la Terre. Car la santé n'est pas et ne peut pas être réduite à ses coûts. Elle est le seul bien pour lequel il faudrait un engagement « durable » tant individuel que collectif. Des hommes et des femmes en bonne santé physique, mentale, sociale peuvent alors être attentifs à autre chose qu'aux distractions, résister au tout émotionnel.
Utopie ? Et pourquoi pas simplement vision, projet, stratégie, engagement. Ils ou elles nous promettent le changement. Et bien d'accord mais lequel ou laquelle sera “cap”(1) de proposer comme programme ... La Santé d'abord !


(1) NDLR : diminutif familier de capable. D'autre part le LEEM cité ici n’a strictement aucun rapport avec notre chère LEM d’Exmed.

 


Pour ceux qui ne connaissent pas encore notre Charte d’Hippocrate.

Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html




Os court :«En politique, il faut donner ce qu’on n’a pas et promettre ce qu’on ne peut pas donner. »
Sacha Guitry


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