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 N° 650
 
 
       26 avril 2010  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Peut-on retrouver le courage ?

Photo auteur ;;;;;;;;;; Docteur Françoise Dencuff, lui écrire

xxx« Chaque époque historique affronte, à un moment ou à un autre, son seuil mélancolique. De même, chaque individu connaît cette phase d’épuisement et d’érosion de soi. Cette épreuve est celle de la fin du courage.
C’est une épreuve qui ne scelle pas le déclin d’une époque ou d’un être mais, plus fondamentalement, une forme de passage initiatique, un face à face avec l’authenticité. La fin du courage, c’est la confrontation avec le sens de la vie qui nous échappe, ou encore cette impossible maîtrise du temps. […] Comment alors, pour une entité collective et un individu, transformer la vérité de la faille en ontologie décisive ? Comment convertir cette épreuve du découragement en reconquête de l’avenir ?
 ».
Certains ont peut-être reconnu les quelques phrases débutant le livre de Cynthia Fleury (1) : la Fin du Courage chez Fayard. Un ouvrage assez peu commenté compte tenu de son ton politiquement très incorrect.

 

Malgré la difficulté de l’exercice dûe à la richesse de cet essai, il me semble important de garder la forme traditionnelle des LEM pour vous faire partager mes réflexions.


retrouver la confiance

xxxLa confiance ne peut se retrouver qu’avec la volonté. « L’enjeu même du courage, c’est d’éprouver la nature de la volonté et de la liberté du sujet. […] Et l’enjeu est clair. Le courage ce sera déjà vouloir. Décider de vouloir ».
Le courage de vouloir se pratique séance tenante. « Il ne suffira pas d’avoir pensé l’acte courageux et de laisser aux autres le soin de l’accomplir ».
Restaurer la confiance pour chacun d’entre nous c’est le faire. C’est le faire, chacun et maintenant. Car l’individu dans son courage est irremplaçable, unique et fort peu préoccupé par son égo : Autrement dit un sujet qui dit moins « moi » que « me voici ».
Le collectif est alors convoqué par les individus courageux car «il n’existe pas de cité valide sans souci de soi ». Mais le courageux doit prendre le risque de la rupture du lien social, le risque de la solitude. Pourtant c’est lui qui « pérennise la cité par ses actions revitalisantes ».
« C’est pourquoi le courage peut remplacer la confiance, faire son œuvre comme s’il était une version armée de celle-ci ».
Restaurer la confiance c’est restaurer le courage.

 


restaurer la conscience

x xxxEt avant tout la conscience de nos peurs. Car un courageux n’est pas un téméraire. Il ne cherche pas la peur mais il sait ne pas la fuir. « Vivre la peur » et ajourai-je vivre avec la peur.
« Vivre en sachant aussi refuser la procédure d’invisibilité dans laquelle les autres veulent me contraindre à rester ».
Ou nous en revenons à la conscience de soi, chère à Michel Terestchenko. Il est question alors de la conscience individuelle profondément orientée vers la conscience du collectif. Être courageux c’est obligatoirement « sortir du rang » et par là devenir visible pour le collectif.
Bien loin du narcissisme et de l’hyper-individualisme qui caractérise notre époque.
Restaurer la conscience d’être avec et pour les autres. N’est-ce pas l’essence même de notre métier ? « Et il n’y a pas de reconnaissance véritable que celle qui a éprouvé le passage par la non-reconnaissance ».
Alors confrères… courage.



renforcer la compétence

xxxCe ne sont pas de compétences techniques que nous devons parler alors mais de compétences d’être. Et, au détour des pages, la principale m’apparaît être : la volonté de la joie.
« Le courageux est celui qui a la volonté de l’absence de ressentiment […] Faire le pari de l’optimisme, c’est surtout refuser de faire celui de la fantasmatique. Refuser de miser sur la fuite du réel comme source du bonheur. Faire le pari de l’optimisme, c’est assumer la responsabilité d’un destin ».
Le grand mot est lâché. Responsabilité, de soi, de sa volonté, de ses actes, du lien avec les autres. « Il s’agit bien de convoquer le moi, l’ego, mais de l’arrimer à sa toute puissante responsabilité ».
Car la joie est une compétence majeure pour rester en lien avec les patients. Il n’est pas question ici d’une sorte de bienheureuse béatitude certaine de sa valeur et de son pouvoir mais de la joie de se savoir simplement là, à sa place.

Il ne s’agissait pas ici de résumer ou de commenter un ouvrage aussi dense. Mais plutôt d’en tirer quelques balises pour avancer sur le chemin de l’être médecin. Et de donner envie de courage. Merci à l’auteure pour ce livre passionnant et, malgré son titre, énergisant.  


(1) NDLR : pour savoir qui est Cynthia Fleury
http://www.nonfiction.fr/fiche-perso-89-cynthia_fleury.htm

 


 


Notre Charte d’Hippocrate est consultable à la page
http://www.exmed.org/archives08/circu532.html
Cette lettre en illustre l’article 3
Je cultiverai l’esprit d’équipe et saurai partager afin d’assurer les meilleurs soins possibles au niveau technique et relationnel, y compris avec les non médecins et tous ceux qui participent à la prise en charge du malade.


Os court : <<Il ne faut que quelques grelots ajoutés au bonnet de la liberté pour en faire le bonnet de la folie. >>
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