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L'année exmed 2012

Voici les coups d'oeil du jour de janvier, février et mars déjà parus sur le site exmed:

30 décembre 2011 - 1er janvier 2012
Hardi l'an neuf
Au milieu des ruines encore fumantes de notre moribonde année 2011, pas une seconde à perdre en jérémiades, regrets et imprécations.
Foin d'un angélisme saisonnier qui ne peut plus convaincre quiconque que demain on rasera gratis.
Lassitude extrême devant les donneurs de leçon derrière leurs écrans et autres inoxydables pères Yaka ou Faukon.
Malgré de nombreuses exhortations sur ce site, penser la réalité non plus de manière analytique traditionnelle mais avec une perception systémique pour en comprendre le fonctionnement et les évolutions n'est pas entré dans les esprits.
Quand toutes nos belles structures s'effondrent devant nos yeux sous leurs contradictions, il ne nous reste plus que la force de nos cerveaux pour que les malades soient soignés à la hauteur de ce que nos sciences on eu le grand talent de nous apprendre.
Le suivisme moutonnier tant des patients que des soignants nous a conduit à l'invivable situation actuelle de nos systèmes de soins.
Comme l'humanité n'a aucune tendance suicidaire (sinon, ce serait déjà fait), il ne peut s'ensuivre qu'un réveil salutaire des esprits.
En 2012, Exmed fera tout son possible pour accompagner, si possible encourager, ce vaste mouvement des esprits se libérant de leurs désastreuses frontières culturelles.
Aux antipodes absolus de tout folklore apocalyptique aux relents commerciaux douteux.
Dr F-M Michaut

2 - 3 janvier 2012
Fric, fracs et fricfrac LEM 738
Comment éluder le seul pouvoir au monde devant lequel se prosternent tous les peuples ? La picsoumanie en est la forme clinique la plus répandue. Sa contagiosité est d'autant plus redoutable qu'elle prend facilement des formes trompeuses.
La pandémie est bien installée. Le diagnostic trop rarement porté camoufle la prévalence considérable de l'affection.
Remède? Quelques bonnes louches souvent répétées de la seule potion magique possible. La lucidité, sans la faire rimer avec morosité.
Rendez-vous pour cela avec Jacques Grieu pour la LEM 738.
Dr F-M Michaut

4 - 5 janvier 2012
Calendrier et calendriers
Les Mayas nous ont légué un calendrier qui ne va pas plus loin que l'année nouvellement inaugurée. De là à en déduire une fin du monde digne de l'apocalypse de Saint Jean de la chrétienté, le pas - bien hasardeux - est franchi par nombre d'esprits en quête d'émotions fortes.
Calendrier, le mot le dit, c'est le recueil des calendes, qui étaient les premiers jours des mois romains. Quant aux grecques souvent invoquées, elles n'existaient pas.
La tradition hébraïque fait remonter le décompte de ses années à la révélation par Moïse des tables de la loi. Nous sommes donc en 5572.
Pour l'Islam, c'est l'Hégire (départ de Mahomet de La Mecque vers Médine) qui est le point de départ. Nous voici en 1433.
La référence latine, le calendrier dit Julien (Jules César - 46 av JC) a essaimé un peu partout dans le monde. Il a fallu attendre la fin du 16ème siècle, pour que le pape Grégoire XIII impose aux catholiques le calendrier grégorien que nous utilisons actuellement. Juste pour rattraper un peu le temps solaire.
Cet impérialisme calendaire, rayant d'un trait de plume les façons de compter les jours de toutes les autres cultures de la planète bleue, donne à réfléchir.
La médecine née des sciences de notre Occident depuis la Renaissance du 16ème siècle ne se comporte-t-elle pas de la même façon «mondialisante», pour ne pas dire mentalement et avec la meilleure conscience du monde colonialiste ? Et faisant passer à la poubelle, comme étant d'essence inférieure, la plus grande partie des traditions de soins de tous les pays.
La vieille histoire des bébés qui sont jetés avec l'eau du bain n'est pas dépassée. Puissent nos cerveaux servir d'épuisette !
Dr F-M Michaut

6 - 8 janvier 2012
Crise médicale grecque
Les praticiens hospitaliers et les pharmaciens de Grèce sortent d'une grève des soins très suivie de quatre jours ( Le quotidien du médecin.fr du 4 janvier 2012).
La crise ? Mot d'origine grecque qui veut dire le jugement. Mais, ceci nous concerne plus directement, ce vocable a été repris par le latin médiéval crisis qui indique la manifestation grave d'une maladie.
Les mesures de diète économique instaurées par le gouvernement touchent directement leur activité. Le salaire des médecins aurait ainsi déjà baissé de 35%, et la caisse d'assurance maladie EOPYY devrait 350 millions d'euros aux médecins privés que, lourdement déficitaire, elle est incapable de payer.
Toute ressemblance avec ce qui pourrait se passer dans un des piliers historique de la même union européenne n'est pas obligatoirement fortuite. La vantardise depuis longtemps mensongère de disposer « d'un des meilleurs systèmes de protection sociales du monde» risque d'être de bien piètre secours. Un certain «trou» devrait nous contraindre à réfléchir très vite sur notre devenir national, comme sur notre à venir de patient ou de professionnel.
Jean Monnet, l'un des pères fondateurs de l'Europe, nous avait avertis :
« Les hommes n'acceptent de changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise ».
Dr F-M Michaut

9 - 10 janvier 2012
Une réalité qui n'est plus cachée LEM 739
En présentant mes voeux à mes correspondants internautes il y a un an, j'ai eu l'idée curieuse de nous souhaiter une année 2011 pleine d'authenticité.
Les soubressauts croissants de ce qu'il est habituel de nommer le (petit) monde de la santé sont le témoin indiscutable qu'une telle authenticité est bafouée sans aucun état d'âme tout autour de nous.
Que la matière première dont il est question soit la vie humaine, et le respect absolu que nous prétendons accorder à l'égard de chacun de ses porteurs, n'y change rien.
La découverte par le public, inévitablement de mieux en mieux informé, de toutes ces «affaires» -jusque là connues exclusivement de quelques initiés- est certainement une épreuve pénible. Mais ce mouvement est irréversible.
Le risque est grand que la dimension émotive qui en résulte prenne le pas sur toute forme de raisonnement. Tous pourris ! Tournons-nous vers d'autres formes de soins. Voie royale pour tous les charlatanismes !
C'est pourquoi, même si nous sommes toujours pressés par nos obligations habituelles, «perdre» quelques instants juste pour regarder un peu autrement le jus aromatisé de scandales dans lequel nous baignons, est une oeuvre de salubrité individuelle urgente.
Bonne lecture de la LEM de la semaine.
Dr F-M Michaut

11 - 12 janvier 2012
Le paiement des médecins à la performance
La convention entre les médecins de ville et l'assurance maladie obligatoire- la Sécu- prévoit qu'une partie des honoraires des praticiens leur soit dès cette année versée sous formes de primes pour le respect de certaines directives générales. L'immense majorité du corps médical n'a pas refusé ce système de rétribution complémentaire.
Le Monde.fr le confirme le 2 janvier 2012.
Le docteur Jean-François Huet, anesthésiste libéral en fin de carrière, m'a fait parvenir par mail son analyse personnelle de cette innovation 2012. La voici in extenso:Les médecins qui ont accepté d'être payés à la performance l'ont fait pour les mêmes raisons que ceux qui autrefois ont accepté le système conventionnel. Ils l'ont donc fait, non pas conviction, mais pour améliorer leurs revenus et pour avoir des relations apaisées avec l'assurance maladie.
La boite de Pandore  de la performance médicale est donc  ouverte. Les objectifs de la sécurité sociale vont être confondus avec, voire assimilés aux objectifs de santé publique. Les points de "performances" risquent donc d'être des "points sécu" ce qui en clair s'appelle un biais
Une telle disposition nécessite pour le moins une grande clarté  et une grande objectivité dans la définition des objectifs dont on sait mal de quelle façon elle interviendra
Les "oubliés" de la performance risquent d'être nombreux et pour de nombreuses raisons, soit parce qu'ils n'entreront pas dans les objectifs jugés primordiaux, soit parce que la "tutelle" aura décidé  pour des raisons variables de ne pas financer ces objectifs. Comme on ne voit pas émerger une réelle démocratie médicale qui donnerait une certaine crédibilité aux objectifs affichés on peu légitimement être inquiet de ce type de rémunération.
Enfin le but premier de cette nouvelle gesticulation qui est bien de tenter une nouvelle fois de maîtriser les dépenses , ne sera bien sur pas atteint, et les dépenses consenties ne gagneront probablement pas en pertinence."Surfinancer" les dépenses pour le groupe et perdre de vue les situations individuelles est le propre de la médecine administrée , guidée par les statistiques Ceci n'est plus réellement de la médecine à moins de confondre le "sanitaire" et le "médical"
. Fin de citation.
La notion de «perdre de vue les situations individuelles» mérite en effet toute notre attention, de quelque côté du stéthoscope que nous puissions être . Une fois encore, la réalité même de ce qui est entendu par la «santé publique» et son rôle de pilote dans les orientations médicales individuelles comme collectives doit faire l'objet d'une analyse critique.
Les choses concernant la médecine sont trop souvent considérées par les citoyens comme trop complexes pour êtres comprises par tous. Quel dommage.
Encore faut-il que les médias fassent l'effort d'alerter clairement le public, et que le débat ne soit confisqué ni par les prétendus experts, ni par le monde politique et ses serviteurs, tous englués dans des conflits d'intérêt qui, élections ou non, sautent aux yeux.
Dr F-M Michaut

13 - 15 janvier 2012
Pas du tout un tabac
Les industriels ont rivalisé d'ingéniosité pour fournir aux dépendants de l'herbe à Nicot cherchant à changer de mode de vie des substituts nicotiniques.
Timbres, gommes, aérosols divers, largement vantés par la presse, prescrits par les médecins, remboursés par les assureurs, ont fait l'objet d'une étude publiée par la revue Tabacco Control. Hillel Alpert de l'Université d'Harvard est formel. Le pourcentage de sujets n'ayant pas réussi leur sevrage est exactement le même qu'il y ait eu utilisation ou non pendant six semaines de ces dispositifs d'aide. Source JIM.fr du 11 janvier 2012.
Cela devrait logiquement avoir deux conséquences dans les milieux médicaux:
- l'arrêt immédiat de l'utilisation des dérivés nicotiniques et de tout le commerce qui en est né
-la mise en question de la croyance selon laquelle les humains deviennent dépendants, et presque à la Pavlov, à l'usage du tabac uniquement à cause d'une imprégnation de leurs neuromédiateurs par la seule nicotine.
Oui, c'est bien dans la tête que cela se passe, les grands fumeurs en ont pleine conscience mais, pas du tout là ou l'on a cherché dans une logique purement mécaniciste.
Constat d'échec de la tabacologie actuelle, certes. La science n'a jamais progressé autrement.
Abandon par la médecine de ceux qui risquent de mourir de leur addiction, certainement pas.
Dr F-M Michaut

16 -17 janvier 2012
Les médecins sont des ânes LEM 740
Cette comparaison, volontairement provocatrice, avec nos charmants équidés aux longues oreilles ne comporte aucun jugement de valeur sur les capacités mentales des disciples d'Hippocrate. Que l'on ne s'y trompe pas.
Il existe cependant un point de convergence qui ne manque pas d'intérêt. Nos ânes, comme la célèbre mule du pape d'Alphonse Daudet, sont réputés pour leur capacité a refuser de poursuivre la route qu'on cherche à leur imposer.
Si la suite de cette histoire bien ancrée dans l'actualité peut vous intéresser, voici la LEM 740 « Poussez-vous de là ».
Soyez sans crainte, aucun lecteur ne risque le bonnet d'âne.
Alors,bonne lecture.
Dr F-M Michaut

18 - 19 janvier 2012
Des malades-soignants
Les Agences régionales de santé (ARS) sont en France les lieux où se prennent désormais toutes les décisions gouvernementales concernant les soins de santé. Ces «piliers de la réforme des hôpitaux» disséminés dans chaque région ont été créés par la loi du 21 juillet 2009.
Les ARS de Paris-Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Nord Pas de Calais se sont engagées dans une expérimentation qui mérite quelques interrogations. Source Pratis TV du 16 janvier 2O12.
Il s'agit de sélectionner des malades atteints de troubles mentaux sévères ayant bénéficié d'une amélioration de leur pathologie afin de les former. Les former à quoi ? Mais rien de moins que d'apporter de l'aide et du soutien aux patients atteints des mêmes maladies.
Chacun peut comprendre qu'il s'agit d'un dispositif de facture purement administrative permettant de mettre sans frais une rustine aux défaillances de fonctionnement de la psychiatrie publique dont les coûts sont régulièrement rognés. Donc les moyens matériels et humains amputés, comme ne cessent de le dénoncer nos confrères psychiatres, psychologues et infirmiers psychiatriques.
Éthiquement, avons-nous le droit d'investir des malades de fonctions pour lesquelles notre société a jugé indispensable de former des professionnels hautement qualifiés et dûments diplômés par l'État ?
Il ne s'agit aucunement de défense corporatiste, mais de respect des malades. Et de connaissance élémentaire de la nature de la relation soignant-soigné, qui ne peut et ne doit jamais être égalitaire. Le pouvoir soignant, totalement incompréhensible pour les purs administrateurs, est l'utilisation intelligente, délicate et subtile de l'asymétrie entre celui qui souffre et celui qui est là pour le soigner.
Si je mets mon grain de sel personnel dans cette affaire, c'est que j'ai eu tout le loisir au fil des années, de prendre la mesure souvent houleuse des avantages comme des inconvénients parfois lourds de conséquence des tentatives thérapeutiques dans des associations d'anciens buveurs.
Une fois de plus, les ARS refusent de prendre en compte qu'entre les spécialistes hospitaliers et les malades psychiatriques existent des professionnels qui jouent naturellement le rôle de médiateurs dans des systèmes de soins de plus en plus complexes et éclatés. Ils se nomment ces intermédiaires naturels, pour qui, derrière son lointain écran virtuel, ne l'aurait jamais su, les médecins généralistes.
Dr F-M Michaut

20 - 22 janvier 2012
Le vent de l'opinion a viré de bord
Depuis de nombreuses années des professionnels de la santé plus lucides et plus courageux que les autres n'ont cessé d'alerter le public pour lui faire toucher du doigt les imperfections et les erreurs manifestes du système national de santé.
Jusqu'à maintenant, se répétait un peu partout le refrain cocardier selon lequel nous aurions la chance de nous soigner mieux que les autres partout sur la planète, tout simplement parce que nous avions le meilleur système de santé au monde. Discours hautement convenu, bien faiblement étayé sur des preuves argumentées, transmis par toutes les autorités publiques à des médias fort peu curieux.
Et bien, cette belle confiance partagée avec enthousiasme par la population est à ranger au magasin des antiquités.
Le Parisien du 18 janvier 2012, sous la plume de Daniel Rosenweg, commentant une étude du cabinet Deloitte (le plus gros cabinet d'audit au monde) titre : « Les Français très sévères sur leur système de santé ».
Ce désamour devient une réalité clinique dont la méconnaisance, ou la négligence, peuvent entrainer des conséquences cuisantes pour tout le monde.
Dr F-M Michaut

23 - 24 janvier 2012
Calculer autrement LEM 741
Il se dit parfois que l'alpha et l'oméga de chaque chose se trouve contenu dans des valeurs monétaires. Nos politiques quand ils annoncent participer à telle ou telle grande cause commune comme la maladie d'Alzheimer ou l'autisme le font uniquement en terme de promesse d'enveloppe budgétaire.
Si l'exercice de passer aux rayons X la notion de bénéfice ne vous donne pas d'urticaire, vous êtes invité à découvrir la LEM 741 : Vous avez dit bénéfice.
Dr F-M Michaut

25 - 26 janvier 2012
Les médecins
Le médecin Tant-pis allait voir un malade
Que visitait aussi son confrère Tant-mieux.
Ce dernier espérait, quoique son camarade
Soutint que le gisant irait voir ses aïeux.

Tous deux s'étant trouvés différents pour la cure
Leur malade paya le tribut à nature,
Après qu'en ses conseils Tant-pis eut été cru.
Ils triomphaient encore sur cette maladie.

L'un disait : il est mort ; je l'avais bien prévu.
S'il m'eût cru, disait l'autre, il serait plein de vie.

Jean de La Fontaine, Livre Cinquième des Fables 1668-1678
Édition Alfred Mame et Fils (Tours), 1924, illustrées par Karl Girardet

Morale de ce Coup d'Oeil mis à la disposition du jour, avec la complicité graphique de Daumier ?
Rien de vraiment nouveau sous le soleil des bavards experts de nos lendemains, même 350 ans après.
Dr F-M Michaut

27 - 29 janvier 2012
Génétiquement correct
Depuis Mathusalem , sans oublier le bon docteur Faust , la longévité humaine continue de nous faire rêver. Alors, étendard de la modernité scientifique fièrement dressé, nos chercheurs traquent le matériel génétique de ceux d'entre nous qui arrivent aux trois chiffres de leur âge.
En dehors d'une plus grande présence d'un certain gène APOE (alphalipoprotéine E, agissant sur le transport de certains lipides) découvert il y a une quinzaine d'années et incriminé dans l'Alzheimer, les chercheurs n'ont rien trouvé de décisif.
C'est ce que relate le Figaro du 26 janvier 2012. Selon le docteur Jacques Tréton, directeur de recherche à l'INSERM (unité 872) , d'après de précédents travaux « la génétique a en fait peu d'impact sur la durée de vie». Les facteurs d'environnement autant physiques que mentaux (dimension souvent passée sous silence) semblent encore demeurer de la plus grande importance.
Coup de canif dans la religion dominante du tout-génétique ?
Aurions-nous, sans le savoir, entre les mains une certaine partie de notre capacité humaine d'aller plus ou moins loin sur le chemin de notre vie ?
Moins désolant et plus stimulant, à mon sens, que de se sentir le jouet totalement passif de la grande loterie génétique.
Voilà qui donne une toute autre coloration au si démodé savoir-vivre !
Dr F-M Michaut

30 - 31 janvier 2012
L'enfant qui demeure en chacun de nous LEM 742
On a beau vouloir se comporter comme un grand, rien n'y fait, l'enfance garde sa marque indélébile dans notre esprit. Sigmund Freud, l'explorateur le plus hardi de notre fonctionnement psychique et affectif, nous l'a fait toucher du doigt dès le début du siècle dernier. Peu importent les critiques dont font l'objet différentes utilisations actuelles de sa vision des hommes. Les observations cliniques de ce chercheur scientifique de formation demeurent.
Jacques Grieu, au moyen de sa verve littéraire pleine de fraîcheur et de fausse naïveté, nous entraîne vers de salutaires rivages infantiles, avec la LEM 742 « Mon Papa ».
Toute comparaison avec certaines campagnes électorales en cours tant aux USA qu'en France n'est pas obligatoirement fortuite. Bonne lecture.
Dr F-M Michaut

1 - 2 février 2012
Qui paie quoi
La question du renflouement des caisses déficitaires des dépenses sociales est largement évoquée dans les déclarations des candidats aux prochaines élections.
Quand un médecin confie son automobile à un garagiste, ou son ordinateur à un réparateur, il doit acquitter la facture qui en résulte. Sans surprise y figurent, avant le calcul final de la taxe fiscale légale TVA, les pièces à remplacer, prises en charges et frais de déplacement ainsi que les frais horaires dits de main d'oeuvre.
Ceux-ci comprennent d'une part le légitime salaire versé au salarié, mais aussi la totalité des charges sociales à verser pour ce salaire. Que cela se nomme la part salariale ou soit dite la part patronale, le résultat est le même.
Toutes les charges sociales sont payées in fine par le seul client. Un employeur ne sert que de tirelire et de percepteur pour les caisses de protection sociale : pas un euro ne sort de sa caisse personnelle.
Il est surprenant que cette fiction du patronat qu'on fait payer, qui eut pour des raisons politiques son heure de gloire à la fin des années 1940, demeure aussi ancrée dans les esprits. Le prix réel d'un salaire, c'est celui qui inclut aussi la fameuse part patronale. Part dont le salarié non seulement ne voit jamais la couleur, mais dont le montant ne fait l'objet d'aucune publicité.
La différence entre ce coût véritable du travail, gardé secret, et ce qui figure sur la feuille de paie indique exactement ce qui est prélevé sans le dire à chaque salarié. Si la curiosité vous en dit, sortez vos calculettes.
S'indigner qu'une telle quantité d'argent des salaires, donc du revenu du travail, soit ainsi confisquée en douce ? Probablement. Mais surtout, pour exiger des comptes, se demander à qui profite ce silence quasi généralisé autour d'un aussi gros mensonge national.
Dr F-M Michaut

3 - 5 février 2012
Plus tôt pour le Tau
Chacune de nos cellules nerveuses (neurones au nombre d'au moins cent milliards dit l'INSERM) possède un squelette constitué de microtubules. Le système d'ancrage entre ces tuyaux est assuré par une protéine nommée Tau. C'est le nom d'une lettre grecque correspondant à notre T, mais c'est surtout les initiales de Tubule-Associated Unit. Des anomalies des fibrilles de cette protéine Tau sont suspectées dans de nombreuses maladies neuro-dégénératives, dont l'Alzheimer.
Une étude de la revue en ligne PloSOne , relayée par Le Monde.fr du 2 février 2012, met en évidence sur des animaux que la protéine Tau anormale diffuserait d'une région de l'encéphale à une autre. Comme par un mécanisme de contamination non infectieuse de neurone en neurone en passant les relais des synapses.
Le docteur Karen Duff (Université de Columbia, USA) voit dans la possibilité de blocage de cette propagation de protéine Tau pathologique, encore hypothétique, un moyen futur possible d'éviter l'évolution inéluctable de la maladie d'Alzheimer.
Pourquoi pas. Mais la question de la cause de la survenue du premier foyer de Tau dans un encéphale humain demeure toujours aussi mystérieuse. Faire la part du feu, selon la technique des pompiers ne pouvant pas éteindre un incendie, ne peut satisfaire pleinement l'esprit.
Une fois encore dans la pensée médicale, nous avançons dans le comment sans progresser dans le pourquoi.
Dr F-M Michaut

6 - 7 février 2012
Foi et science, couple volcanique, LEM 743
La croyance profonde d'un médecin dans un remède inhabituel qu'il a utilisé pour lui-même avec succès constitue-t-elle un label suffisant pour ouvrir une voie encore inconnue à la pratique médicale ?
Tel est le thème de la LEM 743 : L'affaire baclofène.
Bien entendu, aucune relation possible avec ce qui arriva au capitaine Dreyfus, et pas le moindre «J'accuse» de la part de l'auteur.
Dr F-M Michaut

8 - 9 février 2012
Témoignage d'une lectrice
Voici, rapportée au plus près, la narration d'un épisode de la santé de tous les jours aux jours d'aujourd'hui du pays dont le monde entier, dit la légende, admire et envie la qualité.
- Il y a deux semaines, je suis allée passer une radiographie pour des douleurs lombaires basses. Qui ont heureusement disparu après traitement ! La radiologue, très sympathique, m'a dit qu'a priori elle ne remarquait rien d'anormal, et que le compte-rendu écrit serait disponible le lendemain. Me voici donc de retour à la date dite avec ma carte vitale et mon attestation de mutuelle complémentaire. Il me faut aussi, dit-elle, votre «attestation de médecin-traitant». - Mais je ne l'ai pas et n'en ai jamais eue - Ah bon. Allez donc sur le site de votre caisse d'assurance de profession libérale. Pas moyen d'accéder à ce fichu document. Il me faut d'abord m'inscrire, puis attendre que me soit envoyé un numéro d'enregistrement avec un mot de passe. Attente. Rien ne venant, coup de fil à la caisse. Un monsieur me dit : je vous l'envoie. Rien. Je me rends à la caisse avec des justificatifs de remboursement attestant par leur montant que j'avais bien fait une déclaration de médecin-traitant.
La dame du guichet me répond que mon certificat n'est pas prêt et qu'elle ne peut rien faire. Astucieuse formule ! Les jours passent. Toujours pas de papier mais... un mot de passe. Vite, je fonce sur le site pour constater que cette déclaration n'est pas disponible. Un mail pour raconter les péripéties picaresques de mon aventure et quarante huit heures après me parvient la réponse suivante. Mon affaire, est-il écrit, a retenu toute leur attention. Le document pour que la radiologue puisse manger à la fin du mois va m'être adressé, sous un délai de six à huit jours.
Au total trois semaines pour que je puisse prendre possession de mes radios. Heureusement, sauf surprise, que ce n'était pas grave.
Alors, qu'est-ce qu'on fait devant ce genre d'aventure devenue d'une grande banalité ? On monte sur les grands chevaux de l'indignation ? On sort sa
calculette pour déterminer le temps et l'énergie gaspillés par toutes les parties à régler un problème qui n'en n'est pas un ?
On part d'un grand éclat de rire libérateur devant des atteintes au simple respect des personnes ?
Dr F-M Michaut

10 - 12 février 2012
Médecine syrienne et répression
Marie-Pierre Allié, présidente de l'ONG Médecins Sans Frontières, interdite d'intervention par les autorités syriennes, a mis les pieds dans le plat le 8 février 2012 ( Le Monde.fr Christophe Ayad ). De nombreux témoignages venant de médecins réfugiés dans les pays voisins, Liban, Turquie, Jordanie sont convergents.
Les hôpitaux seraient devenus des lieux dangereux. Ils sont occupés et contrôlés par les forces assurant depuis presque un an la répression des mouvements manifestant contre le docteur Bachar El Assad ( cf CO du 14-15 décembre 2011 Grève de la dignité ).
Les blessés hospitalisés sont immédiatement repérés pour être mis hors d'état de manifester à nouveau par tous les moyens (défaut de soins, amputations en dehors de toute indication médicale, transfert vers des lieux de détention etc). Il y a donc, si cette réalité se confirme aux yeux de l'histoire, détournement de moyens médicaux et chirurgicaux à des fins strictement politico-policières. Les médecins, comme les autres soignants, qui, pour quelque raison que ce soit, n'obéissent pas sans rien dire à de tels ordres, ont toutes les chances d'être emprisonnés et torturés par les forces, sinistrement dites, de sécurité.
Les hôpitaux publics étant désertés, les cliniques privées de plus en plus démunies, les opposants syriens sont conduits à organiser des lieux de soins clandestins secrets et rudimentaires, sans cesse en mouvement pour ne pas être dénoncés.
Dans la quiétude douillette des cabinets médicaux européens, nos confrères syriens méritent notre plus grand respect pour le drame qu'ils vivent. Notre indifférence, vraiment, ils ne la méritent pas.
L'Organisation des Nations Unies, dont la Syrie a été un membre fondateur le 24 octobre 1945 et sa branche spécialisée de l'Organisation Mondiale de la Santé, vont-elles rester aussi passives que la Croix-Rouge le fut au temps de l'innommable régime nazi ?
«La possession du meilleur état de santé qu'il est capable d'atteindre constitue l'un des droits fondamentaux de tout être humain» dit le préambule de la constitution de l'OMS, cité par Claudine Brelet, dans Médecines du monde, Robert Laffont, 2002.
Dr F-M Michaut

13 - 14 février 2012
Paradoxale, notre France LEM 744
Tenir publiquement un certain discours sombre sur la santé ressentie (comme les températures négatives) de notre société et, dans la sphère privée, agir comme si l'avenir nous appartenait, vous ne trouvez pas cela étonnant ?
Alors entre le dire français d'une façon et le faire hexagonal de l'autre, est-il possible de ne pas perdre son latin de cartésien grand teint ?
Un système est plus et autre chose que la somme des éléments le constituant, nous a avertis Ludwig von Bertalanffy dans sa théorie générale des systèmes (1968).
Illustration dans la LEM 744 Ce qui se dit versus ce qui est fait.
Bonne lecture
Dr F-M Michaut

15 - 16 février 2012
Chèque emploi, service compris
Vous n'avez qu'à signer un chèque, nous nous occupons du reste. Tel est le slogan, caressant dans le sens du poil notre flemme bien huilée d'assistés, qui a servi de fondement à une étrange machine dite CESU. Doux Jésus, ouvrons les yeux : qui s'est fait z'eu, zut... s'est fait avoir ?
Chèque emploi service universel, tel est le sens de cet acronyme. Passons sur la grandiloquence de dénomination poussant, pardonnez du peu, les limites d'application de cette modeste manipulation bureaucratique aux limites de l'univers.
Sortez vos calculettes, citoyens chiffrivores.
Document du CESU en main, jugez du résultat. En règlement de dix heures d'emploi domestique, un chèque bancaire de 660 euros a été versé au salarié par l'employeur. Rien de bien particulier jusque là.
Quelques semaines plus tard, le courrier du CESU notifie au patron les charges sociales qui seront déduites directement de son compte bancaire. La douloureuse des 19 cotisations - pas une de moins- ponctionnées, pour ces 660 euros, se monte à 544 euros.
Tap, tap, tap, l'écran parle. 1214 euros à régler, voilà qui fait presque doubler l'addition. Devant ces 83,93% de kidnapping dit social, personne ne tousse dans notre beau pays ?
Admirons l'héroïsme civique des fournisseurs de travail «bénéficiaires» du CESU. Vous avez dit travail au noir ?
Dr F-M Michaut

17 - 19 février 2012
Avenir de la presse médicale
Les journaux médicaux demeurent en France des outils de travail, et de formation continue, indispensables pour les médecins aimant leur métier. Surtout quand ils sont éloignés des grandes métropoles. Depuis trente ans, le nombre des publications imprimées made in France a fondu comme neige au soleil. Seuls quelques grands groupes de presse sont parvenus à maintenir quelques titres.
Il faut dire que le modèle économique des journaux médicaux est particulièrement vulnérable. Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, la généralisation progressive de la possibilité financière d'accès aux soins a permis une explosion de l'industrie pharmaceutique. La publicité à destination des médecins est devenue le poumon financier essentiel de leur presse professionnelle. La volonté de distribution de masse de la publicité, commerce oblige, a conduit à envoyer gratuitement et systématiquement aux praticiens des revues. Les abonnements volontaires sont demeurés anecdotiques, et toujours à un prix dérisoire.
Nous avons fini par trouver normal de ne pas payer à lur prix nos journaux. Leur abondance, et parfois leur qualité discutable, conduisant nombre d'entre nous à ne jamais les lire !
J'avais été surpris, dans les années 1970, de certaines petites annonces de confrères de pays lointains et démunis qui nous demandaient de leur faire parvenir, plus que toute chose, des revues médicales, même anciennes.
L'industrie du médicament, selon JIM.fr du 15 février 2012, a réduit de 19% ses investissements dans la presse française, et le mouvement a toutes les chances de s'amplifier avec les nouvelles réglementations nationales.
L'information a toujours un coût. Si elle est gratuite, c'est qu'elle est payée autrement. Est-il éthiquement défendable que les médecins continuent d'accepter que ce soit en orientant habilement leurs prescriptions pharmaceutiques qu'ils peuvent disposer sans bourse délier, ou presque, de leurs journaux médicaux ?
Nous avons besoin d'une presse de qualité qui puisse ne pas être orientée par les seuls intérêts industriels. Il n'est pas normal que cela ne soit trouvable actuellement qu'en langue anglo-américaine. La langue française, de plus en plus diffusée et en évolution sur tous les continents, la fameuse francophonie n'a en rien démérité en matière technique ou scientifique.
Une pensée médicale qui renonce à son expression écrite dans la langue de sa culture est une pensée morte. Par paresse ou par manque de courage, un asservissement à des valeurs qui ne sont pas les nôtres est un appauvrissement de notre façon d'être.
Oui, il faut accepter l'idée d'en payer le juste prix, comme le font toutes les autres professions. La vraie liberté de l'exercice médical l'exige.
Dr F-M Michaut

20 - 21 février 2012
Médecin exemplaire LEM 745
Une vie de médecin malgache n'ayant jamais quitté sa Grande Île au siècle dernier, à quoi cela pouvait-il bien ressembler ?
En ces temps où se font si fort entendre ceux qui se plaignent des difficultés qu'ils rencontrent dans leur travail ou leur vie quotidienne, ce court voyage n'est pas inutile.
La LEM 745 mise en ligne ce jour : Le docteur Antoine Marie Ramarlah, vous entraine dans les pas de ce praticien, remarquables par leur richesse humaine, leur variété et leur courage.
Bonne lecture.
Dr F-M Michaut

22 - 23 février 2012
Le bon air de nos arrières grands-pères
L'air que nous respirons est dangereux pour notre santé L'équipe de Gregory Wiellenius et celle de Jennifer Weuve l'affirment dans deux études publiées dans les Archives of Internal Medicine, Vo 172, N°3, February 13, 2012.
- Le risque d'accident vasculaire cérébral dans la région de Boston (USA), étudié sur dix ans et 1700 cas, est franchement augmenté dans les 10 à 14 heures suivant un pic de pollution atmosphérique par des particules fines, même à des doses considérées comme acceptables par les autorités.
- Ces charmantes particules fines, que crachent joyeusement nos pots d'échappement, ainsi que les autres polluants de l'air que nous respirons, auraient également un impact significatif sur les processus de vieillissement cérébral. Du moins sur les 19.500 femmes de 71 à 81 ans suivies de 1995 à 2005.
Les considérations hygiénistes de nos anciens sur les dangers d'un mauvais air nous semblaient folkloriques et dépassées. Les fameux « miasmes » que les médecins rendaient responsables de maladies comme la consomption, la phtisie (notre tuberculose) ou les fièvres des marais ( maintenant le paludisme) avant que ne soient découverts les microbes et les parasites, n'étaient finalement pas si éloignés que cela de la réalité.
Faudra-t-il que l'industrie pharmaceutique nous vende un jour des bouteilles d'air non pollué pour que cet aspect de notre santé soit pris au sérieux par tous les citoyens ?
Faudra-t-il un jour faire inscrire dans les constitutions des États, comme dans celle de l'OMS, un « droit à l'air sain » ?
Dr F-M Michaut

24 - 26 février 2012
La plus grande bibliothèque du monde
La Bibliothèque publique numérique des États-Unis (DPLA) devrait être ouverte à tous les internautes dès avril 2013. C'est le projet, déjà bien avancé, que dirige Robert Darnton, nous informe Courrier International N°111 du 16 au 22 février 2012 avec un article de Richard Beck du Boston Globe.
Robert Darnton est un historien passionné du siècle des Lumières, universitaire américain de premier plan, il dirige les bibliothèques d'Harvard. Cet amoureux du livre, comme de tous les moyens contemporains d'expression, est l'auteur de l'ouvrage récent « Apologie du livre. Demain, aujourd'hui, hier », chez Gallimard.
Sans une trace de passéisme, comme en témoigne son interview sur Arte, il estime indispensable de ne pas laisser aux seules mains de Google le monopole de la fourniture de livres mis en ligne. La culture mondiale ne doit pas devenir au moyen de l'internet une simple marchandise commerciale comme une autre.
Ce combat se heurte encore à des difficultés, comme celle des droits d'auteurs pour les ouvrages depuis le XX ème siècle, mais les bonnes volontés affluent de tous les pays.
La remise à l'honneur de l'idéal des Lumières pour que chacun puisse accéder à toutes les connaissances humaines comme à tous ses arts ne peut qu'enthousiasmer les héritiers spirituels de ce grand XVIIIème siècles auquel tant de talents français ont collaboré par leur intelligence et leur liberté de penser, de créer.
Puissent les écrits médicaux de toute nature, y compris sur support numérique, ne pas être les oubliés de cet énorme et stimulant projet.
Une mondialisation des esprits qui soit indépendante des marchés financiers autant que des pouvoirs politiques, comme outil de civilisation améliorée, cela mérite d'être chaleureusement salué et soutenu.
Le premier travail des dictateurs est toujours de brûler des livres.
Dr F-M Michaut

27 - 28 février 2012
Mondialisation des blouses blanches LEM 746
Comment réagissez-vous quand on vous affirme qu'il n'existe, et qu'il ne peut exister, qu'une façon correcte de concevoir telle ou telle réalité ? Alors, quand il semble exister dans le domaine de la santé une situation monopolistique de ce genre, il n'est certainement pas inutile d'aller voir de quoi il retourne.
La LEM 746 « La pensée médicale unique » est à votre disposition. Et, faut-il le redire, chaque lecteur dispose du droit absolu de ne pas être d'accord et de le faire savoir directement à l'auteur.
Dr F-M Michaut

29 février - 1er mars 2012
Laborantins et norme ISO 15189
L'accréditation, dont il a été question ici en 2005 pour les hôpitaux, est d'actualité pour le monde de la biologie d'analyses médicales. D'ailleurs, il me semble que bientôt cette appellation même sera obsolète. Effectivement, l'accréditation aux normes ISO 15189 concernant notre secteur annonce une tempête pour 2016. Les prémices de ce cyclone soufflent déjà au sein des futurs ex LABM ( laboratoires d'analyses de biologie médicale).
Par exemple, là où je travaille actuellement, le biologiste a rejoint un groupe de six autres laboratoires. Mes collègues, les anciens de ce labo, disent qu'ils ont été « rachetés ». Pour ma part, j'ai signé mon contrat avec l'acheteur. Cela crée des relations de travail bizarres car mon biologiste (celui qui a vendu) n'est pas mon patron. Vrai faux patron ou faux vrai patron : une véritable salade russe !
Pour pimenter la sauce, dans quelques jours, le petit groupe d'acheteurs ( notre demi douzaine de laboratoires de biologie d'analyses médicales) va rejoindre  LE plus gros groupement de labos du sud de la France. Au passage, si mes sources sont fiables,ce groupement de taille monopolistique est financé par les mêmes argentiers qui financent les autoroutes.
Pour ma part, la petite variable d'ajustement que je tiens à mettre en acte dans mon travail est  en harmonie avec de ce que vous exprimez sur ce site :  
"Comprendre que le soin est un acte d'amour pour l'autre et pas pour soi même, encore moins pour son portefeuille."
Malheureusement, je doute fort que mes employeurs pensent la même chose. Tant pis, je l'applique quand même. Je prends le temps de discuter avec les patients (je préfère le mot "patientèle" à celui de "clientèle").
Ceci n'est pas une plainte, car j'ai eu la chance de connaître un biologiste de la vieille école qui m'a mis en garde dès 2008. Donc j'accepte d'emblée ce qui m'attend, selon la sagesse enseignée par l'indien Swami Prajnampad "dites oui à tout".
En résumé, en tant que techniciens du laboratoire :
- nous n'effectuons plus d'analyses depuis le rachat
- nous assurons les prises de sang
- nous vérifions les saisies des secrétaires
- nous conditionnons les tubes pour le coursier sur le logiciel adéquat (scanner à code à barres type grand-surface) pour envoi au plateau technique
- nous passons notre temps à remplir les fiches de non-conformité sur un logiciel dédié
- nous sommes priés de suivre une formation e-learning sur la qualité. Faute d'outil informatique et de temps au labo il est recommandé de le faire chez soi.
Pour ce dernier point, le réflexe de la totalité du personnel c'est le refus. Pour ma part et sans "failloter"  j'ai effectué la totalité de la formation chez moi car l'obtention des attestations de formation Bioqualité me permettra de mieux rebondir quand ces messieurs vont me remercier.
D'autant plus que c'est dans ma nature d'apprendre et apprendre.
Voilà le modeste témoignage d'un technicien préleveur-coliseur dans l'actualité mouvementée du service de santé français. Pardon, je dirais dans les turbulences du marché financier de la santé en France.  
C.D.  

2 - 4 mars 2012
Le double hic des génériques
Pourquoi fait-on une telle publicité pour les médicaments génériques ? Selon l'un de nos lecteurs anesthésiste-réanimateur, ce serait présenté comme un, sinon le principal, moyen destiné à combler le déjà ancien de plusieurs dizaines d'années «trou de la sécu».
Des recettes constantes pour équilibrer des dépenses en permanente augmentation, et l'on voudrait nous faire croire que le remède à ce système qui ne peut pas fonctionner est dans les produits «low-cost» ? Tout artifice pour réduire le débit d'une hémorragie ne peut faire, au mieux, que de retarder la mort par anémie du pauvre patient. Toute combine pour réduire la fuite de votre robinet n'empêchera pas votre baignoire de déborder un peu plus tard.
Encourager les médecins à prescrire des copies génériques, c'est les pousser à se contenter de produits déjà anciens. Les nouveaux médicaments bénéficient en France d'une exclusivité de fabrication (brevet) pendant 8 ans. Il peut, en toute logique, en résulter un frein pour des innovations thérapeutiques majeures.
Un autre aspect de la question mérite d'être retenu. Pour conserver des marges de bénéfice confortable, les fabricants importent de pays aux faibles salaires des molécules ayant, en théorie, la même action pharmacologique mais qui ne sont pas exactement les mêmes que dans les médicaments copiés. Nous avons droit pour nous soigner à des imitations. Le fait qu'elles soient légales ne constitue aucune garantie de la même qualité thérapeutique. L'académie de médecine vient de soulever ce lièvre.
Enfin, est-il souhaitable que, pour des raisons de coûts de fabrication aussi bas que possible, de grands pays se placent en position de dépendance absolue vis à vis de fournisseurs en position de monopole mondial ?
A moyen terme, tout cela vous semble-t-il sain, ou même simplement, raisonnable pour notre collectivité ?
Dr F-M Michaut

5 - 6 mars 2012
En battant la campagne LEM 747
Elle n'est pas franchement bucolique, en vérité, cette curieuse période de préparation aux choix électoraux en France.
Que devient le thème ( vocable journalistique rituel) des choses autour et à propos de la santé dans ce qui devrait être, dans un pays de la tradition intellectuelle qui est le notre, une foire aux idées ?
La LEM 747 Ça ne peut PAS le faire propose son grain, peut-être pas de folie, mais de sel.
Dr F-M Michaut

7 - 8 mars 2012
Les bons p'tits médocs
Le retrait à marche forcée de la sécurité sociale du remboursement ce tout ce qui est nommé «petits risques» ne fait pas le malheur de tout le monde. La défaillance de l'assureur obligatoire constitue le divin créneau pour la vente de dispendieuses sur-assurances dites mutuelles. Comme si toute assurance n'était pas une mutualisation des risques couverts.
Les industriels du médicament, largement internationalisés, peinent de plus en plus à trouver de nouvelles molécules ? Les affaires commandent.
Alors, en avant, ils se lancent à fond dans le secteur où les contraintes réglementaires sont les moindres.
Celui des «petits» médicaments.
Recours aux soins médicaux amoindri par les difficultés budgétaires des familles ? L'automédication, jadis honnie comme dangereuse par les médecins, est devenue un mode de consommation. Avec ou sans Internet, d'ailleurs.
Selon l'Humanité du 6 mars 2012, Sanofi, réorienté «santé grand public» est devenu le cinquième laboratoire mondial. Avec la création de 11 sociétés, son chiffre d'affaires, en trois ans a augmenté de 140%.
Où et comment sont produits les produits eux-mêmes, quelle est l'origine des composants ?
Les maladies les plus dangereuses commencent volontiers par des symptômes d'allure bénigne. Sans oeil médical averti, que de temps précieux risque ainsi d'être perdu ?
Politique de gribouille sur le plan humain. Mais que ne fait pas faire la mentalité de ces distingués picsou ?
Dr F-M Michaut

9 - 11 mars 2012
Contrariants, nos voisins allemands
C'était le 7 mars 2012 dans le Monde.fr. Imaginez-vous que ces chers cousins doivent faire face à un problème qui ne peut que nous faire dresser les cheveux sur la tête.
Héritiers, comme nous, du système de protection contre la maladie de Bismark, ils se demandent en 2012 que faire des sommes excédentaires de leurs caisses d'assurance maladie. Oui, vous avez bien lu. Il suffit de passer le Rhin et, abracadabra, le trou sans fond de notre sécu bien de chez nous devient une entreprise solide, capable de distribuer des dividendes.
Laissons les chiffres de côté, c'est le terrain des experts.
C'est le principe même qui mérite la plus grande attention. Déficit avec énorme dette pour les générations suivantes d'un côté et excédent des recettes sur les dépenses de l'autre.
Où est l'erreur ?
La mutité des médias en France, dans notre monarchie présidentielle, indique qu'il est encore des institutions tellement sacrées qu'oser mettre en doute leur perfection relève du crime de lèse-Nation.
Dr F-M Michaut

12 - 13 mars 2012
L'âge du faire pour faire LEM 748
Un ordre implicite semble régner dans notre culture. Peut et doit faire l'objet de nos soins les plus techniques et les plus scientifiques tout ce que l'avancée de nos connaissances est capable de détecter.
Quelle est la limite d'une telle injonction ?
La LEM 748 a sa petite idée sur la question.
Bonne semaine à nos fidèles lecteurs.
Dr F-M Michaut

14 - 15 mars 2012
Notre vraie vie en question
Les débats nationaux autour de la désignation du grand patron de la barque nationale pour les cinq ans à venir se perdent volontiers dans l'anecdotique ou le passionnel.
Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE), fondé en 1983 sous le règne de François Mitterrand, publie à l'adresse des présidentiables une lettre ouverte pour les sommer de manifester clairement leur vision des choses sous l'aspect éthique.
De terribles ou grotesques affaires autour de décisions prises par les responsables des questions de santé montrent la nécessité d'une ligne bien définie en matière d'utilisation des retombées sur la vie de chaque humain,des sciences et des techniques.
Sortir de la logique irréfléchie du faire pour faire évoquée hier sur cette page, c'est une nécessité morale.
Aller avec détermination et courage «À la recherche du SENS perdu» ne serait peut-être pas totalement hors sujet pour des citoyens lassés de la tyrannie partiale de tous les experts. Y compris ceux du... CCNE.
Dr F-M Michaut

16 - 18 mars 2012
Dans de sales draps
Les (jadis) prestigieux hôpitaux de Paris donnent une étrange image d'eux-mêmes au public. Selon un écho du Figaro du 15 mars 2012, il serait devenu habituel de demander aux familles des patients hospitalisés d'amener des draps, ou un sac de couchage.
Les caisses de l'Assistance Publique, à l'image des pays les plus pauvres de la planète, seraient-elles tellement à sec qu'il n'est plus possible de fournir aux malades cette prestation élémentaire depuis... Le Moyen-Age ?
Pas du tout, ouf.
Une étrange maladie semble régner dans les rouages complexe de cet énorme pôle hospitalier. Elle porte un nom : «L'évaporation des draps».
L'étiologie de ce mal semble multifactorielle, avec notamment le vol ou le passage direct à la poubelle des draps souillés. De brillants comptables, suivant leur logique économique font en sorte que les services ne puissent pas constituer de stocks. Chacun le sait, il faut travailler «à flux tendu», comme dans les automobiles, parce que les stocks, ça revient trop cher.
À force de considérer les lieux de soins comme des entreprises industrielles et commerciales, leur personnel comme des ouvriers plus ou moins spécialisés, et leur patientèle comme une matière première à transformer, nous en arrivons à de bien étranges réalités deshumanisantes..
Jusqu'au jour inévitable où se développeront dans ces temples de la médecine des maladies infectieuses ou contagieuses toutes bébêtes transportés par des couchages indifférents aux règles de l'hygiène élémentaire.
Plus que jamais, selon le sage précepte, lavons notre linge sale en famille.
Dr F-M Michaut

19 - 20 mars 2012
Traitements pharmaceutiques LEM 749
La question a été évoquée plusieurs fois sur ce site. Avec constance et opiniâtreté, l'extension des fonctions de pharmacien d'officine au suivi officiel des traitements se met en place sous nos yeux.
Sans jouer la stupide carte corporatiste, il y a quand même un certain nombre de remarques à faire.
Et, comme toujours, ce seront les évènements qui finiront par établir la juste voie.
Puissions-nous, individuellement comme collectivement, ne pas trop en pâtir.
Bonne lecture
Dr F-M Michaut

21 - 22 mars 2012
Tu ne tueras pas
Des petits écoliers avec leur professeur et des presque encore adolescents en uniforme sont tombés sous les balles d'un meurtrier sorti tout droit d'un jeu video. Émotion populaire extrême et soutiens aux familles déchirées, quoi de plus humain ?
La recherche spectaculaire de l'auteur, présumé unique, de ces massacres, aussi indispensable soit-elle pour que la justice remplisse son office, ne doit pas rester notre seul horizon.
Dans une ou plusieurs têtes, leur éventuelle pathologie n'étant qu'un catalyseur, quel symbole s'agit-il de tuer ainsi ? Une valeur tellement redoutable pour qui la combat qu'elle justifie (c'est à dire rende juste) le massacre d'innocents parmi les innocents.
Remontons le fil de notre histoire culturelle, et nous buttons sur un certain Moïse. Celui-là même qui imposa la loi suprême, dont toutes les autres sur la planète, sans le dire, continuent de s'inspirer.
Dr F-M Michaut

23 - 25 mars 2012
Un ami pharmacien
Il est toujours du plus grand intérêt pour qui s'exprime par écrit de prendre connaissance des réactions d'un lecteur. Cet ami m'a fait part de sa lecture critique de la LEM 749 du 19 mars 2012
«Big Pilule tente un essai».
Son argumentation n'est pas sans fondement. Dès qu'il est question de «consultation», nous médecins avons tendance à vouloir tirer la couverture de notre côté. Toute consultation n'est pas médicale. Nous consultons bien, me dit mon interlocuteur, un avocat, une voyante extralucide et même... un horaire des trains.
C'est parfaitement exact, cette exclusivité n'a aucune raison d'être. Les soins infirmiers, les interventions des kinés ou des orthophonistes ne peuvent se concevoir sans une rencontre préalable avec le patient pour orienter correctement la stratégie thérapeutique.
La consultation pharmaceutique bien différenciée de toute intervention médicale est une idée à laquelle beaucoup de pharmaciens, dont bien des jeunes pleins d'enthousiasme, croient pour donner à leur métier une dimension humaine reconnue.
En juger du seul point d'un médecin qui n'est plus en exercice est trop partial, j'en conviens volontiers.
Cela ne m'empêchera pas d'être très curieux et un brin dubitatif de ce que sera, dans la réalité toujours complexe de chaque situation personnelle, cette consultation pharmaceutique. Cet acte pharmaceutique en vérité.
L'expérimentation dans la vraie vie, donc avec la coopération active des professionnels, et non la mise en oeuvre autoritaire de plans stratégiques standardisés dans les états-majors, dira le bénéfice possible pour la santé de chacun. Les soins de santé pour atteindre leur qualité actuelle n'ont jamais évolué autrement.
Les faits non seulement sont têtus, mais, en plus, ils ont toujours raison.
Dr F-M Michaut

26 - 27 mars 2012
Verrou culturel LEM 750
Les «plus jamais ça» vertueux ont beau fuser de tous les côtés, nos neurones semblent bien patauger dans le vide quand l'horreur humaine nous saute atrocement au visage.
Les slogans et les mises en garde, aussi indispensables soient-ils, semblent très insuffisants pour qui souhaite aller au delà des émotions initiales.
La LEM 750 Notre héritage juif vous propose sa lecture personnelle.
À chacun d'en faire en toute liberté ce qui lui semble le plus judicieux.
Dr F-M Michaut

28 - 29 mars 2012
Projet de société
Un correspondant commentant la LEM 749 Big Pilule tente un essai pose la question de ce que notre société porte comme projet afin que nous ayons le meilleur état de santé possible.
Ses propositions sont simples.
Il faudrait augmenter le nombre des infirmiers et des médecins formés, pas pour des raisons idéologiques ou corporatistes mais tout simplement parce que ce sont des métiers qui restent «manuels», alors que de nombreuses taches comme celles des laborantins ou des manipulateurs de radiologie sont devenues des «presse bouton».
Il serait également judicieux de favoriser la recherche et le développement dans les industries du secteur de la santé, par exemple pour les appareils de chirurgie sous coelioscopie, les systèmes d'imagerie, les automates de biologie médicale et la production de réactifs correspondants. Actuellement ce dernier secteur est essentiellement sous la dépendance des USA. Utopique ?
Savez-vous qu'une entreprise française, non cotée en bourse, brillamment dirigée par une femme, est le leader mondial dans le domaine des tissus spécialisés de santé ?
Enfin, suggère ce lecteur, il faut revoir la carte des implantations géographiques des entreprises sanitaires. Est-il souhaitable, par exemple, que les laboratoires d'analyses médicales se concentrent dans les mêmes quartiers, aggravant ainsi l'exode vers les villes. Avec toutes ses difficultés en matière de logement et de vie sociale.
Faut-il accepter que les lobbies continuent d'imposer leur loi à tous les citoyens ?
Dr F-M Michaut

30 mars - 1er avril 2012
Distribution des prix
Voici deux échos entendus au cours de son travail par une psychologue clinicienne libérale à Paris.
- Un pharmacien français, comme un passionné de foot-ball, a comparé les prix des médicaments en France et en Italie. Sans exception, dit-il, les produits retenus (fabriqués par le même laboratoire) sont , selon lui, de deux à six fois plus chers chez nous. Pour avoir un avis bien documenté, voici ce qu'en dit, et qui va dans le même sens, l'Université Bocconi de Milan.
Les patients en psychothérapie avec cette psychologue privée, quand ils sont affiliés à une assurance de santé allemande, autrichienne, suisse ou italienne bénéficient d'un remboursement de 40 à 60% des honoraires versés. En France, l'assurance maladie obligatoire ne prévoit aucune participation pour le recours aux psychologues.
Notre professionnelle parisienne paye plus cher ses cotisations d'assurance que ses patientes étrangères !
Pour le moins étrange quand ne cessent de se multiplier systématiquement en France la création par les autorités de cellules de soutien psychologique dès que survient un drame collectif.
Alors, il faudrait accorder nos violons nationaux et européens. Les soins psychologiques est-ce que, oui ou non, ça contribue à une amélioration de l'état de santé de ceux qui y ont recours ?
Y aurait-il chez nous un lobby puissant que cette reconnaissance d'utilité thérapeutique non médicale et non médicamenteuse dérangerait ?
Dr F-M Michaut