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Formation économique 3

Propositions premières de théorie économique

Prologue

 

Avant de vous lancer dans cette lecture

Le texte que vous allez lire n'est pas banal. Il défend un point de vue qui mérite de s'y arrêter aussi longuement que possible, même et surtout si vous n'êtes pas un spécialiste de l'économie, mais plutôt une de ses victimes. Ce qu'on nomme sans le définir : " le libéralisme", en l'opposant au collectivisme, par exemple sous sa forme communiste historique, cache une bien étrange découverte. Tout simplement, il n'existe aucune réalité objective de cette notion de libéralisme. A l'opposé de ce que nous croyons être une science économique solidement fondée et triomphante, il n'existe qu'une idéologie libérale, ou néolibérale, directement héritée du XIXème siècle.

Passer d'une idéologie bien éloignée des réalités à l'examen critique des modalités d'échanges économiques pour l'adapter enfin aux hommes et, ce qui nous concerne avant tout ici, à leur bonne santé est un immense défi. Aurons-nous l'intelligence d'ouvrir ce dossier avec courage et détermination avant que toute la planète soit à feu et à sang ?

Alors, tant pis si le propos est ardu et quelque peu hermétique dans la précision de sa formulation d'économiste, sachons en tirer la substantifique moelle .

 

Donnez-moi votre avis dans ce mail-réponse confidentiel . Et d'avance merci de vos contributions .

Dr F-M Michaut, responsable du site Exmed, 27 mars 2001

 

 

 

 Les deux fleuves du libéralisme en économie

Dominique Michaut, économiste

De nos jours, presque chaque individu apprend et continue à apprendre tout au long de sa vie à se positionner par rapport au libéralisme économique, point d'ancrage des représentations politiquement les plus importantes de la vie sociale. Pour ou contre, avec toute la gamme des réserves et des nuances que chacun tient pour nécessaire d'ajouter à sa position de base ici et maintenant.

Tenter d'apprendre à un antilibéral ce que sont les lois objectives de l'économie libre est le plus souvent peine perdue d'avance. En règle très générale, l'antilibéral cherche des raisons supplémentaires d'être contre et non pas des arguments qui le feront changer de camp. Il n'est pire aveugle É Tenter d'apprendre à un libéral ce que sont les lois objectives de l'économie libre n'est pas pour autant un pari gagné d'avance, de bien loin s'en faut ! Tout dépend de quel libéral il s'agit. Il n'est pire sourdÉ

La possibilité de deux grands fleuves libéraux, eux-mêmes alimentés en idées et en réalisations par un réseau plus ou moins ramifié d'affluents, existe.

L'un de ces fleuves irrigue aujourd'hui la quasi-totalité du territoire occupé par la pensée économique académique et institutionnelle. C'est le fleuve qu'il est convenu d'appeler le néolibéralisme avec, sur sa rive gauche, ses berges sociales-démocrates, sur sa rive droite, ses plages ultra-libérales et au milieu son chapelet d'îlots centristes.

L'existence de l'autre fleuve libéral n'est pas enseignée aux militants antilibéraux et, si elle l'est un jour, ce ne sera pas avant longtemps. Les libéraux qui croient à la version néoclassique de l'histoire de la pensée économique considèrent, eux, que cet autre fleuve est un fossile du stade primitif, dit classique, de la pensée économique libérale et que tenter de le rendre à la vie n'est ni scientifiquement convenable ni politiquement judicieux.

Néoclassicisme, néolibéralisme : nouveau classicisme, nouveau libéralisme, parce que les précédentes versions de l'économie politique classique et libérale n'ont pas fait l'affaire et continuent à ne pas la faire. Aucun esprit en quête d'honnêteté intellectuelle scrupuleuse n'est cependant en mesure d'éliminer, avant une enquête approfondie, l'hypothèse d'une vaste et possiblement involontaire malversation opérée notamment au moyen du préfixe " néo " qui serait en vérité un " pseudo ", voire un " rétro ". Néolibéralisme et néoclassicisme ou pseudo-libéralisme et pseudo-classicisme, voire rétro-libéralisme et rétro-classicisme ?

Les idéologies en cause, et l'hédonisme ambiant

Où Adam Smith revenant mettre à jour son enquête sur la richesse des nations chercherait-il les causes de la persistance de tant de mercantilisme ?

Le mot " idéologie " a été introduit dans le vocabulaire savant pour désigner la " science qui a pour objet l'étude des idées, de leurs lois, de leur origine " (Lalande). Dans le vocabulaire marxiste, une idéologie est devenue l'ensemble des idées et des croyances propres à une époque, une société, une classe sociale. Aujourd'hui, le mot tend à être utilisé pour étiqueter n'importe quel ensemble d'idées érigé en système, ce mot gardant par ailleurs son sens péjoratif de philosophie nébuleuse et d'idées creuses. Ces différents sens laissent échapper une nécessité. Un système d'idées enferme dans un aspect du monde ou dans un monde imaginaire quand il réduit la réalité ou ce qui est donné pour tel à l'aspect qui convient à l'enfermement plus ou moins consciemment voulu. Parler dans ce cas de réductionnisme est certes envisageable. Mais une des différences entre une construction intellectuelle qui libère et une autre qui enferme est que la première est logiquement supérieure à la seconde. Pour donner l'illusion de l'élaboration scientifique, il faut des sophismes et des pétitions de principe .

Mathématiser à outrance la mixture aide beaucoup à parfaire l'illusion ; il est par trop naïf de croire que le Malin est nul en math et inexpert en statistique ! Les performances d'enfermements de l'idéologie communiste, au sens marxiste de la notion d'idéologie, ayant atteint les sommets que l'on sait, le mot qui désigne cette notion est devenu le plus approprié pour désigner un ensemble d'idées érigé en système qui enferme dans un aspect du monde ou dans un monde imaginaire. Face aux constructions idéologiques qui enferment, il existe, déjà peu ou prou établies ou restant presque complètement à établir, des constructions logiques qui libèrent.

L'hédonisme néoclassique, la subjectivité néoclassique revendiquée ou confessée par ses théoriciens, le contournement néoclassique de la distinction, posée par Adam Smith (1723-1790), entre valeur d'usage et valeur d'échange, la négligence néoclassique de la distinction introduite par David Ricardo (1772-1823) entre les marchandises rares et les marchandises reproductibles à volonté par l'industrie humaine - cette négligence permettant de lire dans sa théorie de la valeur ce qu'elle ne contient pas ainsi que de faire passer pour une continuation ce qui est un retour en arrière - le postulat néoclassique du profit maximum en tant que " but " des entreprises, sont, entre autres, des faits qui incitent à penser que le néolibéralisme est une idéologie. La preuve est cependant ailleurs.

Une impossibilité prouve que le néolibéralisme est une idéologie, au sens dans lequel cette notion est ici employée. Il est impossible de faire admettre par un économiste néolibéral grand teint que le libéralisme classique, dans la version théorique qu'en a donné David Ricardo, reste un point à partir duquel une conception renouvelée de l'économie peut être élaborée, moyennant des élucidations qui ont été assez récemment produites.

Pour enfermer, il faut faire passer des erreurs pour des vérités. Quand c'est complètement réussi, le prisonnier perd jusqu'à sa liberté de prendre conscience qu'il est en prison et qu'il existe un dehors où se trouvent des réalités qui lui échappent.

Le néo-libéralisme est bien un libéralisme. Maintes analyses et maintes réalisations d'économistes néolibéraux ne laissent aucun doute à ce sujet et, de plus, obligent à reconnaître des succès objectifs qu'il importe beaucoup de ne pas minimiser. Il n'empêche que c'est un libéralisme idéologique.

De l'idéologique en crise au logique à venir , le libéralisme a sa carte à jouer

Face au libéralisme idéologique qui domine aujourd'hui la vie sociale, il existe un libéralisme logique. Cette existence reste certes encore beaucoup plus conceptuelle qu'historique. De plus, cette existence conceptuelle n'est pas encore établie sur des bases qui conviennent à son enseignement. C'est sa plus grande faiblesse actuelle. La conquête par le libéralisme logique d'une partie du terrain occupé par le libéralisme idéologique ne commencera que quand la conception renouvelée de l'économie qui établit la possibilité du libéralisme logique commencera elle-même à être enseignée.

Pour être enclin à l'étude des Propositions premières de théorie économique, il faut être enclin à chercher du côté du libéralisme logique les médecines aux impuissances sociales et écologiques du libéralisme idéologique, alias néo-libéralisme. Mais ce n'est pas tout. Il faut bien sûr en avoir les aptitudes et la disponibilité.

 

Contrairement à ce que l'on a spontanément tendance à croire, la connaissance, même rudimentaire, de l'économie politique en l'état actuel de son enseignement ne fait pas partie de ces aptitudes principales. Cette connaissance ne constitue " un plus ", comme cela se dit dans certaines offres d'emploi, que si le piège idéologique n'a pas fonctionné aussi bien que d'habitude - quand il a bien fonctionné la disponibilité mentale pour une conception renouvelée de l'économie est perdue. En revanche, une connaissance de l'histoire de la pensée économique est, elle, " un plus " quand elle a été en bonne part puisée à une source restée indépendante tant de l'idéologie néolibérale que d'une idéologie antilibérale.

A la recherche d'une économie libérale non idéologique

Le livre qui, à ma connaissance, contient, pour l'essentiel, l'exposé le plus objectif de l'histoire de la pensée économique moderne est L'anticapitalisme / Essai de réhabilitation de l'économie politique de Paul Fabra. Une sélection des passages les plus éclairants sur ce qu'a été cette histoire et sur la thèse avancée en conséquence est fournie en appendice 1. Cet appendice est ici d'autant plus nécessaire que ces Propositions premières de théorie économique ne font, sur plusieurs points très fondamentaux, que reprendre, le lecteur s'en doute, ce que Paul Fabra a été le premier à élucider de façon irréfutable.

 

Il n'y a eu, de la part d'un économiste néolibéral, aucune tentative de contestation de la réfutation de Fabra non plus qu'aucune réponse à l'invitation dont elle est accompagnée. L'indifférence a tenu lieu d'arme défensive. C'est un des éléments de preuve de la nature idéologique du néolibéralisme. La mondialisation libérale annoncée à grands fracas est une mondialisation idéologique.

 

Il pourrait aller sans dire que la curiosité pour ce qui est ou paraît être économique fait partie des aptitudes principales que doit posséder le lecteur enclin à chercher du côté du libéralisme logique un antidote au libéralisme idéologique. Mais ce serait perdre une occasion d'indiquer qu'il doit s'agir bien plus de la curiosité de l'admirateur que de la curiosité du détracteur.

Paul Fabra raconte volontiers à ses amis que c'est le spectacle de l'approvisionnement d'une grande ville comme Paris qui l'a converti définitivement à la supériorité de l'économie de marché sur l'économie planifiée. Dans son admiration n'entre à aucun instant la renonciation à sa liberté de critiquer, comme son Ïuvre d'éditorialiste et d'essayiste le prouve surabondamment. Ne pas admirer ce qui est admirable fausse l'observation et expose à la prescription de remèdes qui empirent le mal.

 

Une autre aptitude principale à la recherche du côté du libéralisme logique est d'ordre philosophique. Le postulat hédoniste du maximum de satisfaction moyennant le minimum de peine est consubstantiel au libéralisme idéologique. C'est une invitation à la recherche du maximum de bonheur par le minimum de privations. Nous savons tous que cette invitation est très suivie et qu'elle est intensivement exploitée sous couvert de " communication ". Outre que le bonheur ainsi acquis se révèle toujours plus éphémère qu'il n'était espéré, le minimum de privations des uns ne fait pas le minimum de privations des autres.

Le maximum de bien et de beau par le minimum de souffrances évitables et de mépris des autres

Plus réaliste et plus humaniste est le postulat stoïque du maximum de bien et de beau par le minimum de souffrances évitables et de mépris des autres. Il est permis de le penser sans jeter aucun anathème à la figure de qui que ce soit et sans nullement prétendre que ce postulat est le seul compatible avec le libéralisme logique. Dans un environnement définitivement devenu de plus en plus vulnérable aux entreprises humaines, il semble tout à fait illusoire de croire que les générations futures réussiront à relever le défi de la poursuite du développement économique, voire le seul maintien du niveau de développement, sans rendre à la recherche du maximum de bien et de beau par le minimum de mal et de laid la place aujourd'hui occupée par l'hédonisme ambiant. "En tout état de cause, le libéralisme logique ne peut exister que s'il repose sur un postulat radicalement réaliste et complètement humaniste. Si ce n'est pas le cas, il y a tentative de mise en circulation d'un libéralisme idéologique sous l'étiquette usurpée de libéralisme logique.

 

Une fois de plus, " l'humble élite " (Alain) est en avance sur les officiers supérieurs des grands appareils. Elle cherche à s'extraire des délices de Capoue de la société de consommation parce qu'à Capoue l'eau n'est plus naturellement potable et l'air ne sera bientôt plus naturellement respirable. Les officiers supérieurs n'ont pour la plupart en tête que d'user et d'abuser du système. Ce n'est pas seulement et peut être même pas principalement par moins d'argent à brasser et par moins d'autres pouvoirs à exercer qu'ils pourront être conduits à se montrer plus raisonnables et moins cyniquement carriéristes. Leurs appétits de responsabilités et d'honneurs redeviendront plus authentiquement altruistes quand l'usage du postulat hédoniste sera tombé en désuétude. Cela n'arrivera que par l'effet du clou qui chasse l'autre.

 

Voulons-nous des politiciens plus vertueux ? Nous les aurons quand, par divers moyens dont une conception renouvelée de l'économie, le ressort du maximum de bien et de beau par le minimum de mal et de laid sera de nouveau bandé dans notre mentalité collective. Dans notre mentalité collective et donc d'abord dans notre mentalité personnelle et, autant que faire se peut, dans celle de nos proches. Nos efforts individuels pour faire notre une conception renouvelée de l'économie et pour lui ouvrir une carrière publique sont autant de coups de marteau qui enfoncent le clou d'un postulat radicalement réaliste et profondément humaniste pour chasser le clou du postulat hédoniste."

Rien de ce qui est, à proprement parler, économique n'a d'importance qu'économique. Déclarer l'appartenance des travaux des économistes aux sciences morales et politiques procédait d'une sagacité qui aiderait les modernes que nous sommes forcément à trouver leurs marques. Puissent, malgré leurs défauts, ces Propositions premières de théorie économique contribuer si peu que ce soit à la gestation d'une conception non idéologique de l'économie, et partant d'une grande part de la vie sociale. Cette élaboration est indispensable pour rendre à la démocratie et à la république les libertés, les impartialités et les simplicités que la bureaucratie et la démagogie, alliés objectifs du libéralisme idéologique, ont si efficacement entrepris de transformer en leurs contraires, sans avoir l'air d'y toucher.

 

Libertés, impartialités, simplicités : tout un programme à écrire.

Un goût prononcé pour la recherche de l'expression la plus juste paraît bien être une autre aptitude principale. L'économie juste ne se découvre très laborieusement qu'à force de mots méticuleusement choisis et de propos scrupuleusement mesurés. Il faut à l'enfantement d'une vraie science économique le ventre d'une langue amoureusement caressée, respectueusement nourrie, prudemment soignée. Une idéologie fait dire plus et moins aux mots clés de son vocabulaire que ce que l'usage avait jusqu'à elle introduit dans ce mot et que la partie de l'usage qui échappe à son emprise continue à y maintenir ou à y introduire. Sous les jargons technocratiques il y a beaucoup plus létale pour une civilisation qu'une insuffisance de bon sens. Une économie politique qui ne participe pas à l'embellissement des langues au moyen desquelles elle est pensée n'est probablement pas aussi scientifique que son clergé le croit.

Les Propositions premières de théorie économique ont été conçues à des fins didactiques et politiques, étant entendu qu'est " politique " non pas uniquement ce qui est relatif aux affaires publiques mais plus largement n'importe quel ensemble de principes d'organisation de la vie sociale, depuis la petite entreprise personnelle jusqu'au gouvernement d'un pays en passant par toutes les sociétés commerciales, savantes, caritatives, etc. Des applications politiques, souvent profondément réformatrices, découlent des Propositions premières qui en esquissent plusieurs de grande portée.

L'économie politique, c'est fait pour ça.

Écrire autrement ou faire écrire autrement ou contribuer à faire écrire autrement ces Propositions premières s'imposera au lecteur courageux qui, tout en approuvant et leur finalité didactique et la teneur du premier appendice, constatera sur lui-même et auprès de ses proches que le résultat recherché soit n'a pas été obtenu soit l'a été mais ou trop partiellement ou trop péniblement ou les deux à la fois. Les bienfaits que la connaissance et l'exploitation des principes du libéralisme logique sont à même de procurer à l'humanité valent largement de prendre le risque de ce genre d'entreprise.


Les deux fleuves

Dominique Michaut, domequi@aol.com 16/05/2001

 

La première impression est rarement la bonne sauf quand elle est mauvaise.

1

Dans le cas de l'ouvrage que voici, la « mauvaise » première impression risque

d'être du genre : « je n'arriverai pas à entrer dans ce genre de considérations »

parce que « je ne suis pas un économiste », « je ne suis pas un intellectuel »,

« je n'ai pas le temps », « cette façon de faire de l'économie est trop éloignée de la

mienne », etc. Plongé brutalement dans une problématique qui ne lui est pas

familière, le lecteur se trouve dans la situation du baigneur qui tâte du pied une

eau sensiblement plus froide ou plus chaude que celle à laquelle il est habitué.

Il commence par penser qu'il n'arrivera pas à entrer dans cette eau.

Certains premiers lecteurs, estimant que la conclusion, le civisme

économique, se lit plus aisément que l'introduction, Les deux fleuves, suggèrent

de permuter ces textes. D'autres jugent préférable de les laisser aux

emplacements en fonction desquels ils ont été écrits. Le lecteur qui, même en

s'y reprenant à plusieurs fois, ne parviendra pas à entrer dans le prologue

cherchera de lui-même une approche qui lui convient mieux. Il peut

effectivement s'agir de la conclusion ou encore, parmi d'autres possibilités, des

appendices 1 et 2, voire de l'appendice 3.

L'appendice 1 est composé d'un extrait substantiel de la préface écrite par

Paul Fabra pour son livre principal, l'appendice 2 d'un article de Raymond

Barre. Mais ces textes traitent de considérations dont il n'est actuellement

presque plus question dans le débat public. Quand on sait ou on pressent à quel

point des idées économiques sont devenues les maîtresses tyranniques de la vie

sociale, on ne peut pourtant qu'être enclin à aller chercher du côté de la

connaissance et de la critique de ces idées une part importante de la

compréhension du monde actuel, ainsi que des lueurs sur ses futurs possibles.

Hors de l'impossibilité dans laquelle on se trouve de mieux faire, rien

d'honorable n'autorise à maintenir compliqué et obscur ce qui peut être rendu

plus simple et plus clair. Mais simplicité et clarté sont des victoires sur de la

complexité et de l'obscurité qu'il faut d'abord se coltiner. Tout se passe

comme s'il n'y avait de lumière qu'en sortie de l'ombre ; du conscient qu'en

enfantement de l'inconscient ; quelques vérités restreintes au moyen d'une

profusion d'erreurs en tout genre.

Cela étant, c'est aussi et à bien des égards c'est d'abord l'état actuel du

discours économique dominant, tant à l'usage des experts qu'adressé au grand

public, qui rend lent à lire (et plus encore à écrire) tout exposé éloigné du lourd

conformisme de la « pensée unique ». Cet exposé est, en effet, inévitablement

trop riche en considérations et en prises de positions que le discours dominant

évite ou dont il détourne. Au demeurant, la nécessité même de la lenteur pour

échapper aux erreurs de jugement auquel condamne le vite pensé / vite écrit /

vite lu, fait partie des méditations les plus systématiquement évitées. Ce n'est

évidemment pas du tout par hasard.

D.M.

1 Qui a dit ou fait dire à l'un de ses personnages, avec excès : « Il ne faut pas se fier à la première impression,

sauf quand elle est mauvaise » ?

 

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DM février 2001 . Droits réservés.

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