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Débat sur l'euthanasie de la liste Exmed-1

 

A propos de l'affaire Chaussoy et Humbert , octobre 2003

     

    - Nov. 2003

    Le site Exmed.org, ce sont aussi des listes de discussion sur les questions de santé, ouvertes à tous ceux qui s'y abonnent ( renseignements en page LEM ). Les auteurs sont ou non des professionnels de la santé qui s'expriment librement, et dans le respect de notre éthique.

    Les échanges qui ont entouré les évènements de l'affaire d'euthanasie assistée reprise par la presse sont publiés sur cette page, en les reprenant à l'état brut, afin d'en restituer toute le vie et toute la richesse.

    Bonne lecture à chaque Internaute

    Dr F-M Michaut , webmestre

    X-Sender: fmm%exmed.org@ns0.galaktos.net
    X-Priority: 1 (Maximum)
    Date: Thu, 30 Oct 2003 16:31:51 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: Dr Francois-Marie Michaut <fmm@exmed.org>
    Subject: [exmed-1] Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    Chers amis d'Exmed,
    Vous avez suivi l'histoire de ce garçon tétraplégique dont la mère a annoncé dans un livre qu'elle voulait mettre fin à ses souffrances. Actuellement la justice demande des comptes au Dr Chaussoy du Centre Hélio Marin de Berck. Celui-ci a annoncé à la presse qu'en accord avec son équipe, il avait débranché le respirateur qui maintenait ce
    pauvre garçon en survie artificielle après une administration de produits toxiques qui aurait été faite par la mère.
    Notre confrère est accusé d'homicide, et risque à ce titre la cour d'assise comme un meutrier, et la prison à vie.
    Il me semble qu'à Exmed, nous ne pouvons pas rester silencieux et qu'il y a une très grave confusion des hommes du droit en ce qui concerne la fameuse "euthanasie".
    Entre donner volontairement la mort, afin qu'elle soit "douce", et mettre fin à un acharnement thérapeutique dans lequel la technique ne peut conduire qu'à la prolongation de souffrances sans le moindre espoir de rémission, il y a un monde. Et la limite aussi précise qu'impossible à enfermer dans des textes de loi entre le respect
    total de l'humain et l'instrumentalisation sans état d'âme du grand mystère de l'homme vivant.
    Je souhaiterais qu'un débat , aussi large que possible ( je pense à vous tous qui êtes abonnés à cette liste que vous appréciez sans trop oser vous y exprimer ) sur cette affaire exemplaire. A l'issue de nos échanges, je tenterai d'en effectuer une synthèse qui paraitra dans une LEM sans doute la 319, que nous ferons parvenir au Dr Chaussoy afin qu'il sache que nous sommes à ses côtés dans ces moments difficiles.
    Merci de vos contributions
    FMM
    PS : Je lance ce débat à la suite d'un tél de Iulius Rosner qui nous y incite, et qui a trouvé dans le QDM du jour un soutien du rédacteur en chef Richard Liscia au Dr Chaussoy.
    __________
    X-Sender: list%exmed.org@ns0.galaktos.net
    Date: Fri, 31 Oct 2003 09:19:45 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: Nicole BETRENCOURT <nicole.betrencourt@wanadoo.fr> (transmis par
    Listes_exmed.org)
    Subject: [exmed-1] Re1:Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    Bonjour,
    cette lettre que vous venez d'écrire m'émeut au plus haut point. Il est inconcevable que le Dr Chaussoy soit poursuivi comme un vulgaire criminel. Le jeune garçon tétraplégique avait pris soin d'écrire dans un livre, avant sa mort, son témoignage qui dédouanait, non seulement sa mère, mais aussi toute l'équipe médicale.
    L'honnêteté, l'humanisme, la compassion d'une équipe médicale avec à leur tête un médecin qui prend ses responsabilités et qui dit la vérité, seraient-ils en train d'être bafoués au nom de la justice des hommes? J'espère sincèrement que le Dr Chaussoy soit non seulement relaxé, mais aussi qu'il puisse continuer à exercer la médecine le
    plus tôt possible, dans les mêmes conditions qu'avant.
    J'espère que nombre de ses patients le soutiennent. La justice aurait-elle besoin des médecins comme bouc émissaires? Alors qu'elle libère des criminels qui récidivent dès qu'ils sont sortis de prison. Je pense à ces affaires récentes de meurtriers pédophiles.
    Je croyais que les tribunaux étaient encombrés par des dossiers qui mériteraient d'être traités. Le débat sur l'euthanasie est passionnel.Il concerne tout le monde: les médecins et les patients. C'est le droit à la dignité qui est en cause et faut-il croire en la démocratie?
    Oui, n'hésitons pas à nous exprimer nombreux sur ce sujet.
    Nicole Bétrencourt
    ______________
    X-Sender: list%exmed.org@ns0.galaktos.net
    Date: Fri, 31 Oct 2003 09:22:12 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galakX> (transmis par
    Listes_exmed.org)
    Subject: [exmed-1] Re2:Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    Je me permets de me lancer, en réponse à votre appel.
    Mon seul témoignage là-dessus, est la réalité de la pratique de ma mère, infirmière en gériatrie. Elle a auparavant travaillé en cancérologie (elle était toute jeune diplômée, donc dans les années...70). L'euthanasie (si l'on recouvre par ce terme le fait de mettre fin à un acharnement thérapeutique, ou administrer des médicaments dont on sait qu'ils soulageront certainement, et probablement tueront, à cette dose, quelqu'un qui doit mourir dans les jours suivants). Il me semble donc, à l'écouter parler, que l'euthanasie se pratique en France, dans les services hospitaliers, de manière humaine, respectueuse et réfléchie, i.e en ne prolongeant pas indéfiniment les souffrances d'une personne condamnée, sous le seul prétexte que la mort serait un "échec de la médecine".
    J'entends par là que de nombreux médecins sont encore prêts à prendre leurs responsabilités, et à donner l'ordre à une infirmière d'injecter, ou de débrancher. Je crains cependant que dans le contexte actuel de judiciarisation des rapports médecin/patient/famille du patient, ils deviennent plus rares.
    Combien feront encore dans les années à venir ce qu'un "patron" de l'époque avait fait avec ma mère, c'est à dire faire la prescription, et devant les yeux écarquillés de la jeune infirmière qui doutait avoir bien lu, dire "C'est bien cela. Si vous voulez, je resterais à côté de vous pendant l'injection". Et le faire. Et assumer aussi l'annonce à la famille.
    J'ai donc la sensation qu'une loi ne serait nécessaire que si les médecins cessaient d'assumer leur rôle (ou s'ils en étaient empêchés par une trop grande pression politico-médiatique). Et ce serait bien dommage, car comme le dit notre webmestre préféré, comment enfermer dans un texte de loi cette nuance infiniment subtile, qui permet aux soignants de dire un jour, plutôt que la veille ou le lendemain : "c'en est trop, il/elle ne peut pas aller plus loin, il/elle ne veut plus, laissons la vie/la mort faire son oeuvre, retitrons-nous sur la pointe des pieds, juste en le/la soulageant des douleurs".
    Caroline.
    ______________
    X-Sender: list%exmed.org@ns0.galaktos.net
    X-Priority: 1 (Maximum)
    Date: Fri, 31 Oct 2003 09:24:55 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: Gabriel Nahmani <g.nahmani@wanadoo.fr> (transmis par
    Listes_exmed.org)
    Subject: [exmed-1] Re3:Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>

    Médecin retraité ayant eu, par le passé, de rares occasions de manifester de la compassion plutôt que du respect de textes de loi creux et secs, j'ai, dès le début de l'affaire Humbert, écrit au Dr Duchaussoy pour lui dire mon admiration et ma sympathie?
    J'ai, lors d'une toute récente réunion d'une association dont je suis le secrétaire ( DIRElaVIE >>>> http://direlavie-asso.fr.tc ) ( DIgnité et REsponsabilité pour la VIE) déclaré que:
    1/ les "autorités "religieuses de tout bord,
    2/ les philosophes qui nous accablent de pensées élevées,
    3/ les politiciens de droite à gauche en passant par le milieu et les bords extrêmes,
    4/ les hommes ou femmes de " JUSTICE" , genre le Procurator Lesigne,
    5/ mais aussi les psychologues médiatisées spécialistes des soins palliatifs et amenées à pondre des rapports dans le sens du poil de Mattéi, rapports proposant, comme toujours dans ce pays de moins en moins cartésien, de réunir des COMMISSIONS avec de la parlotte, parlotte ( Dalida chantait " tou mé dis qué tou m'aimes…Paroles, Paroles…"
    tous ces VIP devraient être enfermés pendant une semaine dans la chambre d'un grand malade finissant,
    1/ Pour subir les odeurs corporelles, les gémissements, les regards déjà en partance, les questions non formulées, l'attente anxieuse, la déchéance corporelle,
    2/ et subir aussi et considérer le travail VRAI, le DON quotidien du personnel soignant, du médecin qui souvent passe en coup de vent, mais surtout des infirmières, des aides, du personnel qui nettoie, récure, désodorise, évacue la souillure et supporte les regards, les gémissements…
    alors, seulement, tous ces V.I.P pourraient ouvrir leur grande gueule, revoir leur philosophie, cesser de nous importuner et aller serrer, humblement, la main respectable du Dr Duchaussoy auquel je dis, une fois de plus, mon profond respect.
    Dr Gabriel Nahmani
    39 rue Saint-Pierre, 55100 VERDUN
    >
    ___________
    X-Sender: list%exmed.org@ns0.galaktos.net
    Date: Fri, 31 Oct 2003 09:28:50 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: "Dr. Harold Burnham" <scorpio-6@erols.com> (transmis par
    Listes_exmed.org)
    Subject: [exmed-1] Re4:Le Dr. Duchaussoy et Euthanasie
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>


    Je vois que vous êtes sujets aux mêmes problèmes en France, avec la justice qui demande des comptes au Dr. Chaussoy, pour avoir débranché le respirateur qui maintenait le garçon tétraplégique.
    Dans mon opinion, c'est honteux que la justice, avec les yeux bandés, soit si vite à accuser notre confrère d'homicide. La société mondiale accepte qu'un médecin fait toutes ses années d'études médicales, dans le but d'amérioler, de sauver la qualité de la vie, et de sauver la vie de ses patients, si possible, selon les données éthiques du corps médical. La décision de donner la mort à un patient qui souffre, sans le moindre espoir de rémission, pèse lourd à la tête d'un médecin.

    Ce médecin est coincé entre le serment prêté tout au début de sa carrière professionnelle de sauver la vie, et son devoir de rendre la vie, aussi souffrante qu'elle soit, supportable, avec une qualité de vie acceptable, pour son patient. Il est, en même temps, responsable envers la famille proche de ce patient. Lequel de nous médecins n'a jamais été pris dans une telle situation, durant nos années professionnelles? Pour certains d'entre nous, la décision est prise selon un protocole suivi et accepté, basé sur les règlements locaux. Pour beaucoup d'autres, cette décision est prise, suivant une combinaison de facteurs éthiques, professionels, et même religieux, acceptables à la famille, ou aux amis intimes du patient.

    Pendant mes 40 ans professionnels, je peux dire que je n'ai jamais rencontré un médecin qui n'a pas fait tout son possible pour sauver son patient, et aussi pour tout faire, afin de rendre les conséquences de sa décision, acceptables à la famille et aux amis.

    En ce moment, il y a un cas, dans l'État de Floride, où la famille lutte pour enlever le tuyau de support de nutrition d'une femme en état de végétation cérébrale depuis quelques années. Le mari veut la laisser mourrir paisiblement. Malheureusement, le gouverneur de l'état, le frère, Jeb, de notre cher Président Bush, a ordonné que le tuyau soit remis en place. Et son frère, G.W., a dit hier que c'était la seule chose à faire. Non, mais de quel droit pensent ces frères Bush, pouvoir décider à continuer les souffrances de la famille et des amis de cette pauvre individue, qui n'a aucune idée de son état misérable?

    Je veux exprimer mon support, en qualité d'un médecin étranger, pour le Dr. Chaussoy, et lui dire que, d'après mon opinion, la grande plupart du corps médical américain sympathisent avec lui dans cette période de fausses accusations judiciaires.

    J'espère montrer le maximum de solidarité que n'importe quel autre médecin ferait pour un confrère injustement accusé d'un tel acte. Après tout, le Dr. Chaussoy a annoncé qu'il a débranché le respirateur, avec  l'accord de son équipe. Donc, ils sont tous ensemble pour avoir rendu la paix finalement à ce pauvre garçon et sa famille.

    Confraternellement,
    Harold Burnham ( USA)

    _________
    X-Sender: list%exmed.org@ns0.galaktos.net
    Date: Fri, 31 Oct 2003 09:30:49 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: "remy narwa" <rnarwa@hotmail.com> (transmis par Listes_exmed.org)
    Subject: [exmed-1] Re5:Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>Chers amis d'Exmed,
    Le Dr Chaussoy n'a fait que son devoir, et des centaines comme lui le font à longueur d'années. Nous savons tous que beaucoup de patients sont maintenus artificiellement en vie et n'ont aucun espoir de sortir de la dépendance des machines et encore moins de guérison. Lorsque la vie est en enfer et que tout recours thérapeuthique ou de soin palliatif est inopérant, c'est la conservation- même d'une vie atroce qui est criminelle. Dans le cas de Vincent Humbert, une
    conscience active dans un corps détruit est une souffrance qu'on n'ose même pas imaginer. Et combien cette souffrance doit être abominable quand on est dépendant des autres pour se supprimer soi-même. Le Dr Chaussoy a par son acte sauvé Vincent et tenté de protéger sa mère de poursuites pour homicide. S'il risque la cour d'assise pour son geste, on replonge tout droit dans les régimes totalitaires où on juge par principe sans tenir compte des hommes,
    des faits, de rien, un exercice primaire et classique de facisme. Mais si nos interventions diplomatiques et cordiales de soutien sont insuffisantes, il suffira simplement que tous les chefs de service de réanimation de France et d'unités de fin de vie se dénoncent pour euthanasie active (active dans le sens où ils ont activement arrêter les machines et laisser mourir leurs patients mourants).
    Bonjour chez-vous comme dit Patrick Mac Goohan dans le Prisonnier.
    Dr Rémy Narwa, et si on inventait un diplôme pour les hommes politiques : ses épreuves, la vie et ses difficultés (le luxe, les magouilles, et le détournement de la démocratie ne sont pas les
    meilleures écoles pour forger des représentants du peuple dignes de ce nom).
    __________
    X-Sender: list%exmed.org@ns0.galaktos.net
    Date: Fri, 31 Oct 2003 14:43:07 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: "jablais" <jablais@wanadoo.fr> (transmis par Listes_exmed.org)
    Subject: [exmed-1] Re6:Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    Personnellement, deux mots me viennent, à propos de notre confrère : honnêteté, et un autre d'origine voisine, honneur. Bizarrement, d'autres vocables s'attachent par dérive à ceux ci, comme "honnis". Et ceci doit nous placer au coeur du sujet. De la façon la plus honnête, ce praticien humaniste a expliqué où son honneur professionnel l'avait conduit, et il risque de se trouver honnis, parce qu'il n'existe aucune nuance entre noir et blanc dans les textes. Alors que n'importe quel médecin sait que tous les êtres humains sans exception ne sont que des nuances de gris...
    A plus tard, amitiés. Jacques Blais.
    ___________
    X-Sender: fmm%exmed.org@ns0.galaktos.net
    Date: Fri, 31 Oct 2003 14:57:58 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: Dr Francois-Marie Michaut <fmm@exmed.org>
    Subject: [exmed-1] Re7 Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>Amis de la liste Exmed-1
    La qualité ( et la rapidité de réaction) des messages que vous envoyez sur la liste
    ne doit pas être perdue. C'est un vrai plaisir pour moi de vous lire. Voilà pourquoi je vous propose que ce débat soit repris dans une page spécifique du site Exmed, afin de rester consultable par tous les Internautes ( y compris nos députés faiseurs de lois, et nos hommes de justice chargés de les mettre en actes ). Cela suppose que je possède l'accord de chaque contributeur.
    Je demande donc à chacun de faire savoir s'il accepte que ces propos
    soient publiés

    J'ai également reçu par snail post ( lettre papier) un texte sur la définition particulièrement rigoureuse de l'euthanasie de Iulius
    Rosner qui fera l'objet d'une LEM prochaine. ( Celle de lundi du même
    auteur sera infiniment plus légère, promis ).
    Merci encore de toutes vos contributions si riches.
    FMM webmestre


    __________
    X-Sender: list%exmed.org@ns0.galaktos.net
    Date: Fri, 31 Oct 2003 15:02:48 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: Deharvengt@aol.com (transmis par Listes_exmed.org)
    Subject: [exmed-1] Re8:Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    _
          Tout d'abord , pardon de réagir tardivement . Je voulais seulement attendre le Quotidien du Médecin du 30 octobre et son éditorial de Richard LISCIA , qui , pour un retard de mailing , ne m'est parvenu que ce midi .
          Il me semble parfaitement évident qu'un distingo doit être fait entre une euthanasie active et une abstention concertée d'acharnement thérapeutique :
          -Il y a peu , deux ou trois semaines au plus , une consoeur exerçant près de chez moi a ordonné par une prescription écrite et signée une injection létale de chlorure de potassium à une parente hospitalisée en phase terminale et en soins paliatifs d'un hôpital rural de ma région . L'injection a été faite par une infirmière du service , sans la présence du médecin prescripteur , sans accord de la patiente , de sa famille ni de l'équipe médicale de ce petit établissement hospitalier . Cette consoeur a certainement agi << en son âme et conscience >> , pour le plus grand bien de sa patiente et parente . Mais elle me semble difficilement défendable . Il s'agit à l'évidence d'une euthanasie "active" , tant de la part de la consoeur prescriptrice que de l'infirmière exécutante .
          -Cela n'a strictement rien à voir avec la décision courageuse , humaine , compatissante de notre confrère , le Docteur Frédéric Chaussoy , qui , après avoir eu connaissance du désir de mourir de son pauvre jeune patient , après avoir constaté l'échec d'une tentative d'euthanasie pratiquée par sa mère dans un acte d'amour absolu , après avoir fait le bilan et le pronostic vital des conséquences de cet acte manqué et après s'en être entretenu avec l'équipe soignante , enfin pour exonérer la mère de sa responsabilité , a seulemnt mis fin à l'assistance respiratoire qui maintenait en survie artificielle un corps végétatif . Bien d'autres l'avaient fait avant lui mais ne l'avaient pas dit . Il l'a dit , devant les caméras de la télévision . S'il l'a dit , ce n'est pas pour réaliser un coup médiatique . C'est pour sortir de l'hypocrisie actuelle qui bloque la réflexion sereine sur ce sujet , qui introduit une menace de légifération contraignante et paralysante , qui déresponsabilise le médecin dont le devoir est , quand il ne peut guérir ni sauver la vie , de soulager les souffrances . Il l'a fait , il l'a bien fait , il l'a fait avec courage et élégance . Son geste mérite toute notre admiration .
         
          Qu'il trouve ici l'assurance de mon total et inconditionnel soutien confraternel .
          Docteur Philippe DEHARVENGT
          24750 TRELISSAC
    ______________________
    X-Sender: fmm%exmed.org@ns0.galaktos.net
    X-Priority: 1 (Maximum)
    Date: Fri, 31 Oct 2003 15:10:12 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: "arian LEMARIN" <arian.lemarin@laposte.net> (transmis par Dr
    Francois-Marie Michaut)
    Subject: [exmed-1] Re9 : Le Dr. Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    Vincent DAUSSY
    à
    Chers amis :
    membres et sympathisants d'exmed
    Fils de médecin, ayant été élève 1ère année infirmier au cours de ma formation ayant effectué deux années de stages dans les services hospitaliers de la région Rhones-Alpes médecine générale et services spécialisés dont la traumatologie, j'ai participé au soin de personnes sous assistance respiratoire.
    Des décisions ont été parfois prises d'enlever l'appareillage au patient "faute de matériel suffisant" en nombre !!!!!!
    OUI la décision courageuse et enpreinte d' humanisme , du Dr CHAUSSOY et de son équipe mérite qu'enfin ce problème soit engagéau sein de la collectivité française pour que de l'incitation à toujours plus de consommation conduise à toujours plus de réflexion et d'esprit critique.
    lisons et relisons les ouvrages de DURANDIN sur "mensonges et publicité" par exemple ou d'autres pour rester en éveil avec un bon
    esprit critique.
    La canicule de cet été 2003, les incendies dévastateurs et autrescataclysmes (inondations, tremblements de terre, cyclones, etc...)
    les nuisances modernes : bruits et pollutions, atteintes de la couche d'ozone, réchauffement de la planète, fonte des glaces, montée
    des eaux et maintenant peut-être le grand froid vont certainement pousser à une conscience moins individualiste-égoiste!
    Je ne m'éloigne pas du sujet qui est bien celui-ci : " ETHIQUE ETRESPECT DE LA VIE" (Philosophie du Dr. ALBERT SCHWEITZER qui a
    influencé toute mon enfance et adolescence) ET RESPECT "DES DERNIERES VOLONTES DU SUJET VIVANT ET SOUFFRANT".
    J'ai assisté des personnes dans le service traumatologie dont je parlais au début qui ne s'exprimaient après avoir trouvé ensemble ce
    mode de communication avec moi qu'avec des mouvements de paupière. Donc nous sommes devant des drames humains au plus haut point de LA RENCONTRE AVEC LE SUJET et d'ACCOMPAGNEMENT HUMANISTE . Les décisisons médicales lorsqu'elles sont assumées collectivement,
    donc en équipe, doivent être respectées car elles ont pour but, avec l'accord de l'intéressé et de sa famille, d'abréger des souffrance
    inutiles et font sortir LE SUJET de son carcan de douleurs non créatrices d'un plus pour son humanité.
    Bien cordialement à vous toutes et tous.
    Je plains les magistrats qui ont à s'emparer d'un tel sujet car ils ne sont pas préparés à le prendre en compte dans leur formation semble-t-il aujourd'hui. Il faut descendre du piédestal intellectuel et professionnel pour "plonger" dans l'univers psychique de l'humain en souffrance et son environnement spécifique de soins et d'accueil institutionnel.
    Vincent DAUSSY.
    ___________
    X-Sender: list%exmed.org@ns0.galaktos.net
    Date: Fri, 31 Oct 2003 15:24:24 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: "Mathieu Cossu" <mathieu.cossu@wanadoo.fr> (transmis par
    Listes_exmed.org)
    Subject: [exmed-1] Re10:Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    En réponse au message du Dr Rémy Marwa "Re5: Le Dr Chaussoy", Mathieu
    Cossu écrit :
    Il faut avoir vécu un tel enfer pour comprendre la décision de cette maman et du médecin. Tous les deux ont agi avec leur coeur et
    il serait scandaleux de les condamner car agir avec son coeur, surtout en pareil cas n'est pas condamnable mais, je le répète, il faut l'avoir vécu !
    Amitié. Mathieu.
    --------------------
    _____________
    X-Sender: fmm%exmed.org@ns0.galaktos.net
    Date: Fri, 31 Oct 2003 16:24:36 +0100
    To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    From: Dr Francois-Marie Michaut)
    Subject: [exmed-1] Re11:Le Dr Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    Aider à naître, aider à mourir
    Que l'on demande aux médecins d'aider les enfants à naître, et donc leurs mères à les enfanter dans les meilleures conditions possibles
    d'une époque et d'un lieu, semble parfaitement normal. Aider à mourir serait-il d'une toute autre nature, du simple fait qu'il s'agit de l'autre extrémité reconnue par tous de notre existence humaine ? Dans l'esprit de ceux qui n'ont jamais été confrontés personnellement
    à cet accompagnement extrême, aider à mourir n'a qu'un sens ( hélas réactivé par de criminellissimes faits divers ) : faire quelque chose
    qui donne la mort. En langage juridique : commettre un homicide.
    Ainsi des familles sont sincérement persuadées que leur cher médecin de famille, simplement en augmentant les doses de morphine de leur
    proche ( afin de calmer ses souffrances inutiles) accomplissait une "euthanasie".Et souvent elles en sont reconnaissantes au médecin.
    Nous médecins d'antan, avons été dressés dans une peur quasi magique des effets toxiques et toxicomanogènes des dérivés de l'opium. Nous
    avons appris en pharmacologie des doses léthales totalement erronnées, car ne concernant pas des sujets habitués à ces substances
    par un long usage. Nos jeunes toxicomanes utilisent couramment des produits 10 fois plus concentrés, sans qu'il y ait de problèmes
    majeurs.
    Ce climat de peur, totalement dépourvu de preuves scientifiques, a eu ( et je ne suis pas du tout certain qu'il faille parler au passé )
    les conséquences les plus dramatiques pour nos patients confrontés à la douleur. Très régulièrement, ils n'ont pas eu de sédation
    suffisante. Et on les a laissés souffrir pour rien.
    L'aide aux mourants est une des fonctions les plus nobles d'un soignant. Elle est bien d'avantage psychologique que pharmacologique
    : simplement que quelqu'un soit là quand la fin arrive. Là vraiment, les yeux et le coeur ouverts, pas tétanisé par la peur de sa propre
    mort, pas poussé à agir par ses propres projections sur ce que l'autre éprouverait dans ce moment de passage dont nous ignorons
    tout. Sauf l'incroyable sérénité du dernier souffle. Et quand cela se produit, le sentiment très profond du médecin d'avoir fait tout son boulot jusqu'au bout de la vie. Paradoxalement, on se retrouve dans un état de plénitude assez comparable de celui qu'on éprouve après un
    accouchement. Du moins, ce fut mon ressenti personnel.
    Tout cela ne se trouve ni dans les lois, ni dans les livres, ni sur les bancs de la faculté, ni dans les services des hôpitaux, ni dans
    les formations les plus perfectionnées : cela existe, ou non, dans celui qui a choisi de soigner les autres, et pour cela de commencer
    par faire le ménage en lui-même. Tâche jamais achevée tout au long d'une existence d'homme libre.
    Il nous est souvent arrivés de dire à Exmed que la question de la sélection des praticiens était fondamentale, et que nos méthodes
    d'élimination par les seules qualités intellectuelles des candidats passait totalement à côté des vrais besoins des malades et de la
    société toute entière. L'affaire du Dr Chaussoy illustre à merveille l'importance de la qualité de l'homme médecin, bien au delà de sa
    compétence technique.
    Voilà pourquoi, enfin, qu'au risque de choquer ou de faire peur, Exmed sur son site de santé ose parler tout haut de la mort avec
    Alberto Asero , le Dr Pignon, de multiples LEM, qui est dès notre premier jour de vie notre compagne inséparable.
    A vous, les amis
    FMM
    ____________
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    Date: Fri, 31 Oct 2003 16:30:51 +0100
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    From: "jablais" <jablais@wanadoo.fr> (transmis par Listes_exmed.org)
    Subject: [exmed-1] Re12 : Le Dr. Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    Réponse à [exmed-1] Re9 : Le Dr. Chaussoy"Je plains les magistrats qui ont à s'emparer d'un tel dossier..." dit notre
    colistier.
    Quelques questions innocentes, idiotes, naïves, ou insidieuses : est-il automatique que de telles poursuites aient été engagées ? pouvait-on s'en abstenir ? les magistrats peuvent ils ignorer, différer, décider d'éluder, ce type de problème, ou existe-t-il une obligation quelque part ? qui peut alors éviter, s'abstenir, dégager, quitte à se déclarer incompétent ? Au delà, pour qui est l'intérêt, la nécessité, l'obligation ? plus
    insidieusement, pour qui la pub, l'attraction médiatique, l'effet phare ? plus matériellement, y a-t-il une visée bien évidemment de jurisprudence
    automatique, ou en forme d'espoir ou en forme de condamnation "sans appel" ?
    Bien des interrogations soulevées à cette occasion.
    Jacques Blais
    __________
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    Date: Sat, 1 Nov 2003 09:36:02 +0100
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    Subject: [exmed-1] Re13: Le Dr Chaussoy
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    mon humble contribution à ce débat ...

    j'ai eu une courte expérience d'infirmière (interrompue par la maladie), mais j'en ai passé l'essentiel dans un service de cancérologie.
    il arrivait parfois que des cocktails lytiques soient prescrits par les cancérologues, et posés par les infirmières, après que chaque cas ait été longuement étudié "en équipe". la décision finale était celle d'une équipe donc, comme cela s'est passé concernant le jeune homme tétraplégique dont nous parlons.

    personnellement jamais cela ne m'a heurtée ou choquée ; les cancérologues en question étaient des médecins d'une grande compétence et surtout des hommes d'une humanité extra-ordinaire. ils avaient la confiance des familles, et cette confiance se bâtissait au fil des mois, voire des années. dans le cadre de connaissances médicales spécifiques et strictes, se tissait un ouvrage humain de grande valeur.
    la décision d'administrer un cocktail lytique ne sortait pas de cette relation dense, vraie, et l'accord de la famille restait bien souvent de l'ordre de la connivence.
    jamais je n'ai songé à juger ces médecins, jamais, dans la mesure où cette décision était la continuité d'une prise en charge totalement maîtrisée.


    mais comment ne pas faire la différence, fondamentale, entre la décision secrète strictement individuelle (que je trouve condamnable) de faire une injection létale, et ce formidable travail humain entrepris jour après jour au sein d'une équipe soignante ?
    les injections létales décidées dans ce cadre-là ne sont pas nouvelles, tous les soignants le savent.

    si la mise en examen du Dr Duchaussoy a pour objectif que d'amener notre pays à légiférer sur l'Euthanasie, alors j'ai honte pour nos hommes politiques ! honte parce qu'ils ont besoin de "prendre en exemple" un homme d'une grande humanité, un médecin qui a voulu en terminer avec l'hypocrisie et prendre le risque d'agir ouvertement là où d'autres se cachent depuis toujours, pour uniquement fabriquer une loi. cela est abject !

    personnellement j'ai l'horrible sensation que notre société, qui se dit sans cesse en évolution, régresse.
    car visiblement, pour cheminer vers la liberté l'homme a toujours besoin d'un bûcher, avec un autre homme ligoté dessus en train de brûler sur la place publique.

    mais à quelle époque vivons-nous ?!

    Odette Taltavull

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    Date: Sat, 1 Nov 2003 14:28:40 +0100
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    Subject: [exmed-1] Re14: Le Dr Chaussoy
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    Sender: <exmed-1@galaktos.net>

    Bravo Odette,
    c'est ce que nous pensons tous, mais vous l'avez magistralement mis en mots et si nous trouvons notre monde abjecte, c'est à nous de le
    changer sans attendre un signe du ciel ou d'ailleurs.
    Dr Rémy Narwa
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    Date: Sat, 1 Nov 2003 18:59:00 +0100
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    From: "DAUSSY Vincent" <Vincent.Daussy@justice.fr> (transmis par
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    Subject: [exmed-1] Re15 : Le Dr. Chaussoy
    Reply-To: "exmed-1@galaktos.net" <exmed-1@galaktos.net>
    Sender: <exmed-1@galaktos.net>
    OUI, il s'agit bien de toutes ces questions ; chacun l'un après l'autre - ici - améliore les réflexions de son prédécesseur à n'en point douter !
    Merci donc à M. Jablais d'avoir extrait un bout de phrase de mon
    texte " engagé ".
    Merci aussi à François-Marie MICHAUT pour sa compréhension lors de notre conversation sur ce sujet si important de la vie-les souffrances- l'accompagnement des personnes en fin de vie-la mort , la mort de l'autre dont on a la charge affective et/ou institutionnelle.
    Cordialement
    Vincent DAUSSY
    -----Message d'origine-----
    De: jablais [mailto:jablais@wanadoo.fr]
    Date: vendredi 31 octobre 2003 16:31
    À: exmed-1@galaktos.net
    Objet: [exmed-1] Re12 : Le Dr. Chaussoy


    Réponse à [exmed-1] Re9 : Le Dr. Chaussoy "Je plains les magistrats qui ont à s'emparer d'un tel dossier..." dit notre colistier.
    Quelques questions innocentes, idiotes, naïves, ou insidieuses : est-il automatique que de telles poursuites aient été engagées ?
    pouvait-on s'en abstenir ? les magistrats peuvent ils ignorer, différer, décider d'éluder, ce type de problème, ou existe-t-il une obligation quelque
    part ? qui peut alors éviter, s'abstenir, dégager, quitte à se déclarer incompétent ?
    Au delà, pour qui est l'intérêt, la nécessité, l'obligation ? plus insidieusement, pour qui la pub, l'attraction médiatique, l'effet phare ? plus matériellement, y a-t-il une visée bien évidemment de jurisprudence automatique, ou en forme d'espoir ou en forme de condamnation
    "sans appel" ?
    Bien des interrogations soulevées à cette occasion.
    Jacques Blais
    ______________________








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