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COOK

" AÏTUTAKI , une île pour rêver… "

Jacques Blais
   
 

Commençons par un petit minimum de géographie. Les Iles Cook sont situées dans le Pacifique.
Pour simplifier, en schématisant de l'ouest vers l'est, et en partant de la Nouvelle Calédonie, par exemple, on découvrira de gauche à droite, à peu près entre les mêmes parallèles, successivement : les Fidji, les Tonga, les Cook, puis les îles de la Société connues comme Polynésie Française. Si l'on poursuit la route vers l'est, en évasant l'implantation, se découvriront plus loin les Tuamotu et les Marquises, au Nord, et nettement plus loin et un peu au Sud on terminera avec l'Ile de Pâques.
Tour d'horizon rapide.

       Poursuivons avec un peu, très peu d'histoire. Celle de James Cook. Il y a eu, grossièrement, deux grandes vagues d'explorations des navigateurs. D'abord les plus précoces, les hispaniques et les portugais, Colomb, Cabral, Diaz, Fernandez, Vespucci, Magellan, fin du XVe siècle et début du XVIe, et puis la deuxième grande période, celle du XVIIIe siècle, avec Cook, Bougainville, Dumont d'Urville, et tant d'autres.

        James Cook, né en 1728 et tué en 1779 par les Hawaïens, enterré aux Marquises comme d'autres célébrités plus récentes, s'est vu attribuer la découverte, réelle ou par extension, de très nombreux territoires. Pour en citer les principaux, Nouvelle-Zélande, Australie, Nouvelle Calédonie, Nouvelles Hébrides, Ile de Pâques. Il n'a pas toujours été clairement dit qu'il avait découvert les lieux, souvent une zone côtière, parfois seulement sa présence dans une baie, ou encore son passage occasionnel dans les parages. Mais cet immense navigateur a tout de même parcouru à peu près tout le Pacifique. Les ressortissants de la Péninsule Ibérique se « spécialisèrent » davantage sur les continents américains, et les routes des Indes. Pour d'évidentes questions de matériel, de taille des bateaux, de connaissances géographiques et cartographiques améliorées, les explorateurs des trois cents années suivantes affrontèrent le Pacifique, les distances, les mers menaçantes.

 
 

       Les attributions de ces diverses îles ont naturellement fait l'objet de nombreux échanges et marchandages, au fil des siècles, entre les pays « propriétaires par découverte » du départ, et les résultats des guerres et des occupations successives modifiant les appartenances. Les Iles Cook, selon le principe usuel des dominions et du Commonwealth Britannique, sont demeurées sous dépendance anglaise. En réalité toutes ces dénominations, depuis les territoires d'outremer jusqu'aux dominions ne sont que des nuances de notions identiques de politiques variées, d'influences, de pouvoirs absolus ou délégués, et de financements officiels ou occultes, dérivés, plaçant plus ou moins ces îles sous contrôle seulement, ou sous dépendance importante, des nations « mères » bien au delà de leur accession à une certaine autonomie.

      Les îles Cook présentent plusieurs caractéristiques intéressantes sur un plan touristique. Elles sont ignorées de la plupart des voyageurs. A part quelques sujets de sa gracieuse Majesté. Elles conservent des éléments de la culture du Pacifique présents ailleurs, comme les danses, les chants, un mode de vie. Leur structure géologique est, comme pour leurs voisines, volcanique. Mais si les îles Fidji, par exemple, offrent un relief et un terrain d'ancien volcanisme, vallonné et doux, verdoyant et cultivé, le groupe sud des Cook aura des aspects comparables, quand le groupe Nord sera demeuré plus corallien, plus neuf, plus sauvage. La plus fréquentée des îles du sud est Rarotonga, les îles du Nord comportant par exemple Nassau, ou Manihiki, tous ces noms rappelant en permanence l'immense territoire pacifique de la culture Maori.

 

       Pourquoi s'intéresser particulièrement à Aîtutaki ? Pour sa persistance d'un aspect conservé d'atoll, entre autres. L'île d'Aïtutaki est petite, 18 km², située un peu à l'écart au nord du groupe sud des Cook, et elle fait partie des quelques spécimens restants dans le Pacifique d'atolls complets. Nous aurons l'occasion de détailler cela dans un chapitre ultérieur consacré aux Iles du Monde. Un atoll complet a conservé, au fil des siècles, son cône volcanique central ancien, entouré du premier cercle concentrique de son lagon de faible profondeur, cet anneau d'eau sublime turquoise étant lui-même délimité par les petits îlots résiduels de la couronne qui bordent l'ensemble, ces motus comme on les appelle donnant enfin accès à la barrière de corail qui défend l'accès de l'île. Beaucoup d'îles du monde n'ont conservé que le cône central volcanique, c'est le cas de La Réunion, Maurice, les Seychelles, dans le sud de l'Océan Indien, quand à l'inverse les « miettes » de ces motus constituent les Maldives au Nord du même Océan. Il en va de même dans le Pacifique, nombreuses sont les Iles de la Société, Polynésie Française, qui gardent leur cône central et un lagon corallien, ou à l'inverse les Tuamotus, qui ne sont plus que le corail en cercle et les îlots résiduels.

       Bora-Bora et Aïtutaki sont deux exemples, dans des archipels différents, d'îles ayant conservé leur globalité de cercles concentriques, cône, lagon, motus, corail. Mais autant, avis tout personnel, Bora sent parfois l'artifice, même certaines zones de plage ont bénéficié d'un apport extérieur de sable, quant aux apports « dans le vent » de la mode et du paraître ils existent aussi, autant Aïtutaki, ignorée du public, des magazines, des catalogues de voyagistes, demeure authentique et rare.
       L'aspect vrai et amusant du déplacement commence à l'aéroport de départ. Le trafic entre îles est généralement, comme sous toutes latitudes, assuré par de petits avions à hélices de 10 places environ dans cette région. Et il est spectaculaire d'observer les passagers en attente. Car si en tant que touriste l'affaire est légère et détendue, en tant qu'autochtone il en va très différemment. Les locaux se rendent de leur petite île vers une grosse pour acheter, acquérir du matériel, rapporter chez eux l'indispensable ou au moins le nécessaire. De sorte que leur bagage est monumental. Téléviseur, batterie de cuisine, équipement ménager, fait-tout, cocottes et seaux, tout doit ou devra revenir à la maison. Si bien que les responsables de compagnies ont adopté, méthode très pratiquée dans le Pacifique mais pas uniquement là, la pesée globale des passagers et des bagages. Supposons que l'avion puisse emporter une charge totale de 1200 kilos, il faudra décider si elle sera répartie entre 10 passagers et 2 membres d'équipage de 70 kg de moyenne par personne, et 360 kilos résiduels de bagages, ou bien entre 500 kilogrammes d'équipement à transporter et dans ce cas seulement 700 pour les humains. Connaissant la fréquente corpulence un peu enveloppée de certains ou tout autant certaines habitantes du lieu, qui plafonnent autour du quintal de poids corporel, il arrivera fréquemment que des choix de dernière minute doivent être opérés. Pour ce déplacement là, quelle est la priorité, du matériel ou des personnes ? Amusant marchandage folklorique avant le départ, où le poids des mots vaut largement celui des êtres et des possessions précieuses.
       L'arrivée sur Aïtutaki est spectaculaire, car l'avion autorise à entrevoir la globalité de l'île avec ses zones concentriques de couleurs différentes. Le fin liseré blanchi de la barrière de corail brisant la mer extérieure bleu marine, la bordure de sable à l'aspect de farine entourant les motus recouvert du vert intense des cocotiers et plus sombre des mangroves de palétuviers. Puis le lagon incroyable, aux nuances de turquoise et de vert limpide et clair, comme un œil vu de près. Et cette prunelle de terre centrale, avec les quelques cultures, le cône de l'ancien volcan, l'atmosphère bleutée de l'ensemble. Cette descente sur l'île, comme presque toujours dans le Pacifique (bien qu'il y pleuve parfois, qu'il y tonne, que le plafond ait le droit absolu d'être bas) est sublime.

 
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