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Focus sur le documentaire “Sicko” du réalisateur Michael Moore sorti dans les salles le 4 septembre dernier. Grinçant et à voir. Michael Moore démonte le système de santé étasunien, en le comparant à celui d’autres pays. Un satisfecit est attribué au modèle français. La première réflexion qui m’a traversé l’esprit après avoir vu le film est que nous ne sommes pas si mal lotis au pays d’Astérix pour se faire soigner.
Et sans faire preuve d’anti américanisme primaire !
Force est de constater dans Sicko les excès propres à tout documentaire où le choc des images et les interviews des victimes sont mises en scène pour toucher la corde sensible des spectateurs. C’est vraiment histoire de critiquer facilement car certains faits sont éloquents. Lesquels?
Le système de santé américain ne repose pas sur la notion de solidarité de notre Assurance Maladie, ouvert aux plus démunis. C’est une autre façon de voir l’individu, malade ou bien portant. Dans cette optique, toute personne doit agir rationnellement en cherchant à optimiser son propre capital santé, physique et financier. En conséquence, les Américains souscrivent librement à une assurance santé privée où règne la libre concurrence entre les compagnies d’assurance. Leur fonctionnement n’est pas celui de nos mutuelles complémentaires si critiquées et si onéreuses censées rembourser une partie ou la totalité du ticket modérateur. Ces privées américaines seraient souvent main dans la main avec Big Pharma, qui a toute liberté, là bas, de fixer le prix des médicaments. Ainsi le médicament X peut valoir 5 cents à Cuba, et se vendre 120 dollars aux États Unis. Pourquoi tant d’écarts alors que X est probablement fabriqué sous brevet américain ?
Tous les Américains ne souscrivent pas à une assurance privée. Loin de là! La couverture pour une famille avec deux enfants coûterait en moyenne 10 000 $ (7260 €uros) par an. 45 millions de personnes seraient aujourd’hui sans assurance maladie, soit désormais 15,6 % de la population, le niveau le plus élevé depuis 1998. En 2002, Les personnes âgées et handicapées - qui bénéficient du système Medicare, n’ont pas accès à la gratuité des médicaments hors de l’hôpital public, tout comme les bénéficiaires du Medicaid (en vigueur dans certains États et qui couvrent les bas revenus).
Pour les chanceux qui ont une assurance privée, le parcours de soins est semé d’embûches. Beaucoup de dossiers d’inscription ou de remboursement seraient refusés pour des raisons inexistantes - à ce jour - en France comme entre autres l’indice de masse corporelle, le rapport taille-poids trop élevé ou bien encore parce que le traitement qui pourrait s’avérer salvateur en est encore au stade expérimental. La liste des maladies non remboursables est vertigineuse, or nombre d’entre elles le sont en France. Une certaine liberté de choix sur le traitement est consentie au malade. Mais le talon d’Achille sera les finances du malade qui restreindra ce supposé choix de traitement. Dans Sicko, le témoignage de Rick en est une sombre illustration. Rick s’est sectionné deux doigts avec une scie électrique, et le chirurgien lui proposé deux prestations : l’index pour 6O OOO $ (435 603, 311 €) ou l’annulaire pour 15000 $ (10 890, 083 €). Sentimental (sic), Rick a choisi l’annulaire pour pouvoir remettre son alliance! Est ce que cela se serait produit en France?
Des Américains désargentés n’hésitent pas à passer la frontière pour aller se faire soigner au Canada où les soins sont quasi gratuits. Et des Canadiens désirant se rendre au pays de l’oncle Sam prévoient « un encas financier pour pépin de santé » en souscrivant pour quelque jours une assurance santé.
Est ce exagéré? Mais lu sur un site prodiguant des conseils aux Français se rendant outre Atlantique, et qui a de quoi décourager les malades imaginaires: « Aucun hôpital ou médecin américain à moins que vous ne soyez à l’article de la mort n’acceptera de vous soigner si vous ne pouvez présenter une carte de crédit ou une prise en charge d’assurance... Les frais médicaux sont les plus élevés au monde. .. Si vous avez un accident ou que vous tombiez malade vous pouvez en subir les conséquences financières pendant longtemps ».
Vous voilà prévenu! Si par bonheur vous possédez l’un de ces sésames pour accéder aux soins, vous devrez prouver que vous êtes solvable. Et que l’on se le dise, l’assurance attachée à votre carte bancaire n’est pas au standard de l’assurance maladie américaine, C’est en général une assistance. Fort utile en tout cas pour se faire rapatrier au pays si on a autre chose qu’un banal rhume des foins. Par Toutatis, tout spectateur français qui a vu “Sicko” ne peut que prier les dieux gaulois pour que les bons côtés de notre système de santé si enviés outre-Atlantique perdurent sous les auspices du dieu Esculape.
Pour en savoir plus :
Film: Sicko, Réalisateur Michael Moore, sortie le 4 septembre 2007
http://www.humanite.fr/2004-10-30_International_La-sante-un-enjeu-electoral
http://www.letemps.ch/template/print.asp?article=207600
http://www.europusa.com/?ID=FR4cf5f4e10e1426f41
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