« L'homme est un livre où Dieu lui-même écrit »,
A dit Victor Hugo ; subtile théorie !
Mais alors, la préface, en est-il bien l'auteur ?
Et pour les ex-libris, Dieu le dessinateur ?
La naissance en serait l'incipit naturel,
Et la mort l'épilogue aux pages si cruelles ?
Car sa propre épitaphe, on ne peut pas la lire,
Sauf si, de son vivant, on a dit quoi écrire …
« Le livre est ma fenêtre ouverte sur le monde »
Prononça un poète à la muse profonde.
Pourtant, poèmes ou livres ont tous le même puits :
Les bons vieux dictionnaires où les mots sont enfouis.
Certains tels des élus, ne brillent qu'en leur titre.
Un livre on peut aimer juste pour un chapitre,
Ou bien pour sa reliure ou encor son papier,
Ou sa seule préface ; en détestant l'entier.
« Plutôt qu'un mauvais livre aimez mieux un bon mot »
A dit un humoriste en plaidant pro domo.
Tout le monde ne peut se nourrir d'incunables
Beaucoup préféreront la liseuse adaptable.
L'autobiographie serait d'autant plus noire,
Que ses pages en sont blanches où l'on décrit l'histoire ?
Certains livres se lisent en allant aux toilettes,
D'autres dans le salon ; faut-il une étiquette ?
« Le livre est compromis entre auteur et lecteur »
Sauf le livre de bord ou bien le livre d'heures ?
Le livre le meilleur dit ce qu'on sait déjà,
Mais le dire il sait mieux que les autres qu'on a.
Si parler comme un livre est un bel avantage,
Ce ramage parfois montre moins beau plumage.
La musique des phrases, allant de pages en pages,
Ne prouve pas toujours que la parole est sage.
« Une pièce sans livre est un corps sans son âme. »
Soutient un érudit qui trop haut le proclame.
Si vous jugez un livre, aussi bien il vous juge ;
Bien malin qui dira lequel est le transfuge.
Le livre a deux auteurs : celui qui le lira
Et celui qui l'écrit. Lequel le comprendra ?
Ce que veut le lecteur, n'est autre que SE lire,
Ce que je livre là n'est pas un vain délire …
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