Médecins et pouvoir politique

 

    9 mai 2015

Docteur François-Marie Michaut

 lui répondre

 

Les médecins en France râlent fort. Est-ce pour préserver leur situation sociale et financière supposées très supérieures à l'ensemble de la société ? Une étiquette de nanti vous colle à la peau, et décrédibilise facilement ce que vous exprimez auprès de n'importe quel interlocuteur en réduisant vos intentions à une simple question de pognon.

Les médecins sont fatigués. Ils sont usés par une masse de plus en plus contraignante d'obligations administratives et réglementaires. Ils sont dégoutés de n'être considérés que comme des techniciens de santé devant répondre à toutes les fantaisies de leurs différents partenaires, malades en tête. Ils travaillent bien au delà de leurs capacités physiologiques, bien au delà de ce qui serait indispensable pour la sécurité optimale de ceux qu'ils ont la lourde tâche de soigner le mieux possible. Et nos praticiens, poussés par leurs obligations financières toujours croissantes, ne disposent d'aucun moyen pour adapter leur rythme de travail à une vie saine.

Alors, quand le pouvoir politique, à cours de toute idée pour améliorer le fonctionnement chaotique de notre société, saute sur le domaine de la santé pour en faire son image valorisante, tout est à craindre. Les vieux se souviennent du temps où les journalistes vantaient les mérites exceptionnels de la médecine soviétique. Jusqu'au jour des années 1970, où, patatras pour nos penseurs, la psychiatrie de l'URSS s'est révélée au service du pouvoir pour museler à coups de neuroleptiques et d'internement psychiatrique ses dissidents.
Il ne suffisait pas de savoir les atrocités innommables de la médecine nazie, où celles moins connues de l'Empire nippon, pour être vaccinés contre les dérives inévitables de toute médecine asservie à un pouvoir politique. Une incursion discrète dans tous les pays du monde munis de régimes totalitaires montrerait la même chose 70 ans après la capitulation du 3ème Reich.

Aussi gratuite, riche de toutes les promesses électorales et égalitaire qu'elle puisse sembler, toute médecine placée dans les seules mains dirigeantes de l'État est une bombe pour la liberté et l'individualité de chaque personne. Tout médecin qui se trouve contraint par le système de prendre prioritairement en compte les intérêts de la puissance publique devient incapable de respecter les besoins uniques de chaque citoyen.

Alors, avant d'applaudir ou de huer qui que ce soit, que chacun réfléchisse bien à ce que représente pour lui, et pour ses proches, la personne du médecin auquel il demande de l'aider. Ce type ( ou cette nana) va-t-il rouler pour moi ou se contenter d'obéir les yeux fermés aux ordres des pouvoirs en place ? Entre santé publique et santé du public, il existe un abime dont personne ne se risque trop à parler. Et pourtant, plus que jamais, ce n'est ni une histoire de choix idéologique ou de considération financière, il concerne chacun d'entre nous. Définitivement, le domaine de la façon dont les gens se soignent - dit, faussement, de la santé, n'est pas, et doit pas, être du seul ressort des hommes politiques. Il est indigne de notre histoire que ce soit leur joujou à seule visée électorale.

 

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Os court :

« Tout n'est pas politique, mais la politique s'intéresse à tout.»

Machiavel

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