Yves Duteil l'a dit : « être » et « avoir » sont frères.
S'ils se sont querellés, ils restent grands compères.
Souvent jaloux d' « avoir », « être » apprit à l'aimer,
Ses avoirs ont servi à l'avoir transformé.
Se montrant grand seigneur, « avoir » a pardonné,
En proposant à « être » un honnête marché.
En partageant les tâches, ils s'unirent et s'aidèrent.
Entre l' « être » et l' « avoir », ils firent leur grammaire.
Pour vivre, il faut bien être et donc « avoir » doit être ;
« Avoir » a besoin d'« être », il a fallu l'admettre.
« Être » a besoin d' « avoir », pour ses conjugaisons.
Entre auxiliaires on s'aide, en fut la conclusion.
Mais lequel est l'aîné ? Et lequel le cadet ?
Lequel est le meilleur car le plus employé ?
« Vous êtes », plus courant qu'un banal : « vous avez » ?
« Elle est » ou bien « elle a » ? Un immense sujet !
Les deux : « j'ai » et « je suis », restent bons compagnons,
Mais « nous sommes » est-il mieux que le vieux « nous avons » ?
Ou bien encore « ils sont » serait plus fort qu' « ils ont » ?
Problème existentiel ! C'est là, grande question !
Si la langue française a bien l'auxiliaire « être »,
Jamais dans sa grammaire on n'a le verbe « hêtre » !
Pour « avoir », il faut voir, car on a bien « à voir » :
Avec « à voir » et « hêtre » on a une autre histoire !
À voir en sa forêt, du hêtre, on dira :
Mais jusqu'où, tout la haut, sa cime montera ?
S'il se faisait avoir, un jour, « hêtre » abattu,
L'être qui l'acquerrait, il devrait l'avoir eu.
Lorsque le bûcheron, sa tête aura coupé,
Ce pauvre être amputé, à voir, fera pitié.
Car si haut que le hêtre ait pu avoir été,
Ce ne sera jamais qu'un être étêté !