Il y a exactement 19 ans qu'est né le site Exmed, abréviation de cette expression médicale, encore confidentielle avec sa première édition papier, que la technique de la Toile rendait soudain possible et accessible à tous à faible coût au delà de toutes les frontières. Bien sûr, comme tant d'autres de cette époque de pionniers (1), cela m'a paru ouvrir des perspectives (2) dont nous ne pouvions même pas rêver auparavant. Qu'est-il devenu au fil des années de parution d'Exmed ce bel enthousiasme des débutants ?
Première surprise : en l'absence voulue de tout «modèle économique» et de toute institutionalisation, avec l'appui d'un réseau informel, et en évolution permanente, de collaborateurs bénévoles et de lecteurs n'hésitant pas à s'engager, la fréquentation du site n'a pas cessé d'augmenter. En novembre 2016, notre outil statistique Awstat 7.1. a dénombré 262 visites par jour. Il parait que c'est pas mal pour un site médical plutôt « austère »! Chaque jour encore, ce sont 1121 pages qui ont été consultées. Ce qui ne veut pas dire lues, et encore moins comprises, notons-le. Cependant, plus de 5 pages demandées par chaque visiteur, et une constance maintenue d'internautes, cela rend peu crédible que la fréquentation du site puisse être liée au simple hasard des fureteurs d'occasion.
La seconde surprise est de taille. J'ai été persuadé dès le départ, tout comme mon ami, et soutien fidèle depuis la première heure, Jacques Blais (3) que notre audience sur le réseau des réseaux ne connaissait qu'une limite. Celle, déjà considérable et très planétaire de la francophonie. Nous avions tort.
Voici, en ordre décroissant, pour le même mois de novembre 2016 et selon le même outil d'investigation, le palmarès des six premières nationalités des visiteurs du site.
Etats-Unis 17 310 pages vues,
Allemagne : 4 605,
France : 3 938,
Canada : 1 788,
Pays-Bas : 1361,
Grande-Bretagne : 1 358.
Le choix d'Exmed affirmé et revendiqué de la langue française comme vecteur de communication sur le Net ne se révélerait pas comme un obstacle insurmontable dans des cultures anglophones , germanophones ou flamandophones. Le fait est là, très troublant.
Oui, les internautes français sont largement dépassés en nombre et, avec leur troisième place, confirmée au fil des mois, ne peuvent prétendre qu'à une médaille de bronze. Nul n'est prophète en son pays dit la sagesse populaire. N'ayant strictement rien à gagner avec l'audience plus ou moins large de ce site, ou avec quelque reconnaissance que ce soit, je peux me permettre d'en sourire.
Mais les Français, les cerveaux made in France, ne comptent pas pour du beurre dans la pérennité du site. Comment ne pas saluer comme ils le méritent tous ceux qui ont apporté leur pierre à la vie d'Exmed. Parmi bien d'autres qui, j'espère, me pardonneront cette sélection, un trio s'est imposé au fil des années. La très discrète Christine Bruzek à son poste ingrat de webmécanicienne, Cécile Bour dont les caricatures médicales sont toujours largement regardées et Jacques Grieu qui démontre sans cesse que la rigueur scientifique de son métier d'origine d'ingénieur fait un heureux ménage avec la poésie dont il sait nous régaler et nous enrichir. Juste la quantité qu'il faut pour faire passer dans les lettres hébdomadaires ( les LEM) quelques pilules pas toujours de digestion facile ou d'abord aisé.
L'aventure numérique, celle où nous n'avons rien à vendre ni rien à acheter, continue vers un avenir dont personne n'est encore en mesure de préjuger. Celui que nous forgeons au jour le jour, nous les utilisateurs de la Toile.
Notes
(1) Nous avons été qualifiés par Philippe Eveillard, spécialiste de l'internet de santé, comme « le premier webzine de santé francophone»
(2) Dans la ligne du fameux «village planétaire» de Mac Luhan en 1967
(3) Jacques Blais http://www.exmed.org/exmed/and.html
Os court :
« Je ne connais rien à Internet, que je ne sais même pas utiliser, mais j'ai l'impression qu'il y a là un espace de liberté créatrice.»
Gérard Depardieu