La notion de haine, au même titre que tout autre sentiment, ne fait pas partie du vocabulaire médical. Les patients pour autant ne se privent pas d'en parler. Chez certains, un « J'ai la haine » bien senti semble justifier toute réaction émotionnelle violente devant une réalité humaine traumatisante.
Un peu facile de dire qu'on est là aux antipodes du « aimez-vous les uns les autres » évangélique, mièvrement repris par les adeptes du New-Age. Qu'est-ce que la haine ? En philosophe, José Ortega y Gasset répond ainsi : « Haïr, c'est tuer virtuellement, détruire en intention, supprimer le droit de vivre. Haïr quelqu'un, c'est ressentir de l'irritation du seul fait de son existence, c'est vouloir sa disparition radicale.». Les guerriers antiques, il suffit de lire Homère, ne se livraient bataille qu'après s'être abondamment insultés mutuellement. Activer une énergie encore virtuelle pour passer à l'acte. C'est la fonction même de nos modernes animateurs et autres «chauffeurs de salle» des grandes réunions publiques. Le combustible le plus éprouvé pour manipuler les foules afin de les forcer à agir, c'est encore et toujours, même si nous ne sommes plus les humains des années 1930 des dictatures, la haine.
Les psychanalystes, ces méprisés intellectuellement de notre siècle, ont travaillé ce sujet. Ecoutons Marie-Claude Defores : « Il est important de distinguer l'agressivité, qui est une pulsion de vie, de la haine, qui est une force de dépersonnalisation...». Puis, un peu plus loin : « La haine peut prendre les formes les plus socialisées ; elle refuse le nouveau, tourne vers le passé, produit la répétition et dépersonnalise».
Et, comme si ces mises en garde, terrifiantes pour qui veut bien les comprendre, étaient insuffisantes, laissons la parole à Heitor de Macedo. « La haine n'attrape pas la vérité, elle l'enserre à l'intérieur d'une pensée immobile où plus rien n'est transformable, où tout est pour toujours immuable : le haineux navigue dans un univers de certitudes.».
Par quel mécanisme psychologique ce sentiment de haine, initialement porté par quelques uns peut-il se développer chez beaucoup, comme s'il s'agissait d'une épidémie ? Le mécanisme d'imitation, de rivalité mimétique, développé par les travaux anthropologiques de René Girard le siècle dernier en permet la compréhension.
Autrement dit, et là nous retombons dans l'univers intellectuel des soignants, il y a une incompatiblité totale et définitive entre toute pensée scientifique et toute adhésion à une vision collective fondée sur la haine quelle qu'elle soit. Simplement l'huile et l'eau. Notre futur de vie ou de mort en dépend.
Comprenne cette LEM qui pourra, comprenne ce qui en découle pour lui qui voudra. Pour les autres, d'où qu'ils viennent, j'en suis profondé désolé pour notre devenir à tous, je ne peux rien.
Note de l'auteur:
- Mes remerciements à Wiki pour la recherche documentaire.
Os court :
« C'est plus de l'amour, c'est de la rage (Pasteur). »
Alexandre Breffort
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