25 mars 2019
Fantastique histoire que celle de la fabrication de l'organe roi de notre espèce dotée de parole et de conscience. Le cerveau.Tout commence très tôt du côté du mésoderme dans l'ambryogenèse (1) d'Homo Sapiens pour se terminer ( chez lui uniquement ) anatomiquement et fonctionnellement très tard : aux alentours de la 13ème année d'âge (2). Le vécu de chacun, qu'il soit ou non mémorisé comme l'ont démontré les psychanalystes avec la mise à jour de l'inconscient, laisse à chaque instant de vie ses traces, ce que des géologues diraient ses sédiments. Que faisons-nous de ce matériel mental tellement hétéroclite qu'il échappe à tout classement selon les règles logiques habituelles ? Les anciens parlaient, en en vantant hautement les mérites, de l'expérience. Les plus jeunes en rient.
À chacun son récit
L'hypothèse retenue ici demeure, sans surprise pour les lecteurs habituels, qu'un regard systémique s'impose. Systémique veut dire, faut-il le répéter au risque de lasser, concentrer son attention sur la façon dont les événements s'enchainent les uns les autres, et non polariser toute son attention à déterminer la ou les cause(s) de chacun de ces évènements même si cela va à l'encontre de notre conditionnement scolaire (3). Le résidu accumulé se traduit dans notre façon toute personnelle de prendre conscience de notre réalité et de celle de tout ce qui nous entoure, de près comme de loin, de compréhensible comme d'inaccessible à notre perception directe. Toute expérience de vie, heureuse comme malheureuse, est vécue et enregistrée de façon différente par chaque sujet : il n'y a ni norme, ni règle, rien n'est standardisable ni prévisible. Boris Cyrulnik, psychiatre, a donné un nom (4) au phénomène psychologique qui permet de rebondir à qui est concerné. : la résilience. L'indication dynamique est précieuse, personne ne reste neutre. Chacun se construit. Comment ? En construisant son propre récit. De sa vie, tout médecin l'a observé en consultation, mais aussi de la réalité dans laquelle il a la conscience de vivre. Du fait de sa formation, le soignant est en droit de penser que son devoir est de diagnostiquer si ce qu'il entend est conforme ou non à ce qui lui a été appris comme normal ou pathologique. Avec la tentation jugée thérapeutique de convaincre la personne en face qu'elle doit modifier son ressenti. La même croyance, car elle n'a rien de scientifique, conduit la parole médicale à tout faire pour convaincre ses interlocuteurs de sa supériorité absolue. Sur le modèle des clergés de toutes les institutions religieuses : dire le bien, dire le mal.
Comment s'étonner alors de l'échec de ce que nous nommons sans modestie : la prévention ? Peu importe que son grand récit hautement diffusé par les médias , plonge ses racines dans les références scientifiques les plus objectives. Il se heurte à chacun de nos récits personnels bien ancrés.
Foire d'empoigne ou… ordre des choses
C'est bien joli de repérer l'existence des multiples systèmes déjà connus, ou encore ignorés, qui constituent notre réalité, mais comment s'orienter dans ce mouvement brownien (5) de notre connaissance et de nos ignorances ? Ces systèmes constitueraient-ils les éléments fonctionnels de systèmes plus vastes, comme la pensée écologique nous contraint déjà de le faire au niveau de notre planète Terre ? Y aurait-il, la physique fondamentale tourne autour depuis des années sans succès, un système des systèmes ? Il conviendrait même de prendre le risque intellectuel de lui octroyer la lettre majuscule et le singulier qui s'impose : le Système.
Si ce genre d'investigation peut sembler de quelque intérêt à des esprits curieux, nous pouvons poursuivre ultérieurement ici ce voyage de l'esprit. Sans rien à vendre ni rien à tenter d'imposer au bout. Il faut le préciser, en ces temps résolument « marchands ». L'état général, douloureux pour beaucoup, de confusion des esprits donne un sens, si ce n'est pas une urgence, à une démarche de ce type.
FMM 25 mars 2019
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