8 avril 2019
La sortie chaotique de l'Union européenne du Royaume-Uni après 46 ans de bon cousinage est un puissant signal d'alarme pour nous tous. Qu'est ce qui est cassé, quelle est la voie que nos voisins jugent définitivement barrée ? Quelle est la vraie nature du surgissement de cet énorme panneau routier imposant son STOP sur fond rouge (1) ? Focaliser son attention sur la seule situation des sujets de Sa Gracieuse Majesté est se condamner à ne rien percevoir. Cette affaire concerne directement nos 28 nations.
Bien entendu, chaque observateur y va de son couplet en mettant en avant, pour faire valoir sa vision, le domaine où il s'estime compétent. Économie, politique, sociologie, industrie, agriculture, écologie, tout y passe sans véritablement convaincre un esprit normalement curieux. Le stop du Brexit nous contraint à nous poser des questions, probablement inconfortables puisque nous, les Européens, avons réussi à les laisser de côté pendant si longtemps (2).
Si vous le voulez bien, jouons ici le même jeu, en restant dans le domaine qui est - ou a été- pour nous celui de la médecine. Avec ses deux versants que chacun connait : celui de la science (3) et celui plus familier de la pratique. Des pratiques, en fait, tant les intervenants dans les multiples domaines touchant à la santé, de plus en plus spécialisés, se multiplient sans cesse.
Nous ne cessons de nous gargariser de grands mots sans savoir en déterminer le sens. Par exemple, dans les discours technologico-politiques : « le développement durable ». La réalité de la fragilité de notre planète terre face à nos activités destructrices est une idée claire largement partagée chez nous. Mais ce « développement» , qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qui est caché dans cette prétendue enveloppe à développer ? N'est-ce pas une chimère au nom d'expansion économique ? (4) Pas d'hypocrisie, ce n'est qu'une question d'argent (5) hissé au niveau de bien suprême. Est-il encore pensable pour l'Europe de 2019 de concevoir une médecine qui ne soit pas esclave de l'économie de marché ?
La médecine est mondialisée, sous la domination incontestée du modèle américain, elle parle, écrit et publie uniquement en langue anglaise. Négation des subtilités spécifiques que porte avec elle chaque façon de s'exprimer. Les multinationales de la chimie, pour leur plus grand profit, ne cessent d'en faire leur cheval de Troie pour entrer jusqu'au plus profond de notre intimité personnelle, sans, finalement, que les pouvoirs politiques censés défendre les intérêts de leurs citoyens s'expriment sans ambiguité.
Chacun garde en mémoire tout ce que l'Ancien Monde a pu apporter à la médecine au fil des siècles derniers et comment il a pu imposer ses découvertes stupéfiantes à toutes les contrées. Nous sommes les héritiers de cette grande tradition. Le choix est ouvert. Ou bien nous y renonçons en nous sentant dépassés, ou bien nous relevons nos manches pour donner vie à une alternative intelligente au rouleau compresseur mondial aveugle des marchés de la santé.
Travailler à la connaissance de tout ce qui permet de comprendre les conséquences pour la santé humaine de nos activités et des orientations envisagées pour agir sur le futur fait-il partie ou non de ce dont l'Europe peut et doit s'occuper, au risque de baliser la route des autres pays du monde ?
Il n'est pas indécent que les gens qui consacrent leur vie à tenter de soigner les autres se fassent entendre.
Enfin... avant que ne résonne le gong de fin pour Homo Sapiens Sapiens.
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