Comme si les Français, s'étaient tous mis de mèche,
Jamais on n'entendit autant parler de « flèche ».
Il ne s'agissait pas de flèches d'arbalète,
Ni d'acerbes propos que la rumeur répète,
Telle flèche de Parthe à mauvaise intention.
Encor moins d'un chemin ou d'une direction.
Ils voulaient tous parler de celle, incendiée,
Celle de Notre Dame, à terre fracassée,
Et sur qui tout Paris a pleuré et soupire.
Si on en parle tant, c'est pour son avenir :
Faut-il la supprimer ou bien la reconstruire ?
Qui doit-on consulter pour y bien réfléchir ?
Comment imaginer Notre Dame sans flèche,
Et un toit reconstruit sans la moindre des brèches ?
Ce faîtage trop long serait bien monotone
Sans cet élan joyeux qu'une flèche lui donne.
Victor Hugo aussi dans sa tombe dirait
Que de Quasimodo l'histoire on trahirait.
Faudra-t-il s'inspirer de l'aspect d'origine,
De notre Moyen-Age évoquer les racines,
Ou de Viollet-le-Duc recopier les idées ?
La faire encor plus haute ? Et ornée ? Dénudée ?
Faut-il la faire en bois, pour en garder l'esprit,
Ou employer l'acier comme le sage dit ?
Telle le mât de flèche ou comme une boussole
Elle était un signal, un peu comme un symbole.
Jaillie telle un geyser, c était comme un salut,
Un refuge pour l'âme, un guide, une statue.
Depuis son empennage elle était un appel,
A regarder plus haut en pointant vers le ciel.
Certains voudraient y voir comme le doigt de Dieu
Nous montrant que sa chute indiquerait l'adieu
A toutes nos valeurs d'une époque finie :
Lassée de nos erreurs c'est elle qui… fléchit.
Mais peut-être, après tout, lance-t-elle un défi,
Avec le bel espoir d'être un jour démentie ? |