6 mai 2019
Puisse William Shakespeare, d'où il est, digérer ce plagiat d'Hamlet ! Mais là où il voyait encore une question, notre époque, si elle veut bien s'astreindre à chausser ses lunettes systémiques, montre sans pitié que nous n'avons plus devant nous qu'une alternative. Vivre autrement que nous ne le faisons depuis les débuts de l'espèce homo (1) ou tuer la biosphère toute entière dont nous ne sommes qu'un rouage. Plus nos connaissances objectives sur les menaces pour notre avenir proches s'accumulent, moins il est possible de continuer à vivre comme si de rien n'était (2). L'apocalypse, les temps derniers, nos religions en parlent depuis longtemps. Mais comme si c'était le résultat d'une volonté de punition des hommes de la part de notre puissance créatrice. En 2019, la simple poursuite de ce que nous faisons depuis trois siècles avec notre planète nourricière nous conduit à détruire sans marche arrière possible tous les éléments vitaux. Changement brutal d'échelle : nous sommes les seuls acteurs de notre disparition imminente. Bien entendu, les écologistes de toutes les catégories ne cessent de tenter de nous le démontrer. Il nous faut un temps fou pour intégrer l'importance du message qu'ils portent (3)
Le Président Macron, dans sa dernière conférence de presse, affirmait vouloir mettre « l'humain au centre » de son projet politique pour la France. Pour un médecin, dont l'être humain en souffrance est la raison d'exister, pour ne pas dire la matière première, rien de choquant. Pour le citoyen ordinaire qui appréhende la robotisation galopante de son environnement, cela parle. Mais, il faut bien le reconnaitre, le plus grand flou règne sur ce que c'est que l'humain (4).
Qu'est-ce que c'est que cet homme ? Capable des destructions les plus massives, des imprévoyances les plus dramatiques, des erreurs les plus lourdes de conséquences ? Bien entendu, les exemples sont innombrables et plus indéfendables les uns que les autres. Mais doué aussi de la capacité de réaliser tant de prodiges, de créer une richesse d'intelligence et de connaissances comme aucune autre espèce animale.
Avons-nous oublié que l'homme est un être doté d'un cerveau qui évolue toute sa vie ? Que son encéphale est constitué de deux hémisphères cérébraux dont les neurosciences démontrent qu'ils fonctionnent de façon bien différente mais totalement complémentaire ? Comme notre ancêtre homo faber ( homme forgeron ) nous avons la capacité de fabriquer, de faire des choses. Notre côté «qui-fait», celui qui s'exprime si fort que nous pensons de moins en moins qu'il n'est pas le seul. L'autre, bien moins spectaculaire, a une fonction majeure, en fait dominante, c'est l'hémisphère « qui-sait» (5). Nom d'un homo Sapens Sapiens, la connaissance -pas seulement la scientifique ou la rationnelle- sans frontière ni exclusion mais en évolution, cela ne vaut-il pas la peine de s'y arrêter avant, au sens le plus biologique du mot, de « ne plus (être) vivants» ?
Une culture ne se contentant plus, comme elle le fait depuis deux millénaires pour nous,de l'exploitation exclusive de notre fertile cerveau « qui-fait», tel me semble l'immense défi à affronter. Mais, aussi envahisssant soit-il, juste le remettre à sa place. Aux ordres de notre cerveau « qui-sait».
Savoir ce qu'on peut et ce qu'on doit faire avant de se lancer dans toute réalisation pratique sous le seul prétexte qu'elle est techniquement possible, est-ce vraiment une démarche qui mérite le qualificatif d'humaine ?
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