Médecine, éthique ou toc ?

3 juin 2019

   La rédaction de cette lettre fait suite à une série d'échanges avec la journaliste de la presse quotidienne Florence Chédotal. Voici une partie de son message du 24 mai 2019 : « Il y a sûrement là un sujet intéressant à creuser sur les progrès de la médecine qui nous laissent désarmés face à l'éthique. Quand l'idéologie s'en mêle, place aux dérives ! Et cet homme, quel effroi que son destin, au milieu de tout ce brouhaha.
En tant que médecin, j'imagine que vous avez brassé ces questions
». Fin de citation.
   Vous avez bien vu que le détonateur humain est la si mal nommée (1)«affaire» Vincent Lambert, le traumatisé cranien dans un lit hospitalier depuis dix ans en état végétatif. Brutalité d'un accident de moto. Violence inépuisable des intéractions familiales. Gourmandise voyeuriste d'une opinion publique devant une situation créée de toute pièce par la médecine. Sans les soins infirmiers constants d'une équipe soignante très qualifiée, les organes vitaux encore en fonction de Vincent Lambert se seraient arrêtés depuis longtemps.
   Le recours au droit a conduit à une situation étrange. Celui d'attribuer à la Justice d'imposer aux médecins la suspension, ou la poursuite, de leur travail de soin. On n'est plus dans la notion d'une obligation légale pour les médecins d'apporter leurs connaissances pour aider les juges dans leur travail. Les blouses blanches ne sont plus alors que des exécutants des décisions de justice.

   Les médecins, progrès fulgurants de la technologie aidant, du moins dans les pays riches, peuvent faire de plus en plus de choses. Doivent-ils, pour autant, avoir pour seul objectif de réaliser tout ce qui est faisable simplement par ce que... c'est faisable ?
C'est ce qu'interroge la notion d'éthique. Pour le dictionnaire Larousse, c'est "l' ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu'un". La science n'a rien à dire sur la réalité de ces principes (1) et le droit n'a pas pour mission d'en juger la valeur. Un plongeon intellectuel, dont beaucoup ont peur, est indispensable. Il est de nature immatérielle, certains le nomment philosophique, d'autres religieux et quelques uns spirituel. Et là, notre interlocutrice voit clair : «l'idéologie s'en mêle, place aux dérives».Comment ne pas convoquer au banc des mis en cause les propagateurs de l'idéologie New Age ambiante, les radicaliseurs des divers intégrismes, les chantres des mirages post humanistes et adorateurs du cheval de Troie de l'intelligence artificielle ?

   Il est possible que, peu portés par un courant de pensée largement dominant, les humains médecins confrontés à de terribles réalités aient de plus en plus besoin de faire fonctionner sans peur leur esprit personnel au lieu de se comporter comme des serviteurs zélés de tout pouvoir quel qu'il soit.

   
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           Os court :

«  Dans la mesure où l'éthique nait du désir de dire quelque chose de la signification ultime de la vie, du bien absolu, de ce qui a une valeur absolue, l'éthique ne peut pas être une science. »

Ludwig Wittgenstein ( philosophe, mathématicien autrichien 1889-1951) »

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