7 octobre 2019
À tout inventeur reconnaissance s'impose. Depuis quelques années (1), la conscience écologique se répand comme une marée dans la plus grande partie des esprits. Les plus jeunes n'étant pas les moins démonstratifs (2). Le mot d'écologie a été utilisé pour la première fois par le médecin anatomiste allemand Ernst Haeckel (1839-1919). La langue grecque a, selon la coutume savante, été mise à contribution. Oïkos veut dire maison et logos, c'est connu, le discours. Sous entendu : celui des hommes de la cité scientifique. La notion, déjà contenue dans la théorie de l'évolution du britannique Charles Darwin, que nous n'avons qu'une seule maison commune qui est notre planète terre, et pas seulement les espèces vivantes, apparait clairement, même si elle érode progressivement nos confortables sentiments de supériorité et de toute puissance.
En 2019 il devient de plus en plus difficile de se penser soi-même comme le centre autour duquel gravite un univers qu'il faut dominer pour l'exploiter au mieux de son intérêt (3). Un mouvement de civilisation, faute de le définir autrement, se fait sous nos yeux, sur tous les continents. Qu'il s'agisse des variations climatiques, des atteintes à la biosphère ou de la protection de telle ou telle espèce menacée d'animal ou de végétal. Au risque de nous enfermer dans un certain intégrisme de chapelle militante. Cette évolution de notre façon de concevoir la planète est aussi récente que rapide. La qualification de «bio» (4) est devenue un argument commercial majeur. C'est comme si, dans nos têtes, nous devenions de plus en plus, tels les Martiens des bandes dessinées, des petits hommes verts !
Il demeure pourtant tout un secteur de notre compréhension du monde qui échappe à la vague verte. Celui de la santé, ou plus exactement celui de la médecine, solidement calé entre son carcan scientifique et ses armes technologiques. Nous sommes obsédés par l'obligation d'agir toujours mieux , et surtout toujours plus, pour soigner et prévenir ces maudites maladies qui nous empoisonnent la vie de la naissance à la mort. Agir, agir, agir, telle semble être notre devise implicite. Comme des fourmis, nous courons sans répit. Comme nos amies, nous n'avons pas la moindre idée du pourquoi nous agissons ainsi, et vers quoi nous nous précipitons. La course des sciences vers l'infiniment petit nous laisse l'illusion que c'est ainsi que nous trouverons la clé ultime de la connaissance de l'humain. Illusion sans cesse repoussée.
Il est curieux de remarquer que la médecine a le plus grand mal, alors que c'est si à la mode, à s'emparer de l'adjectif biologique. Médecine biologique, ça vous sent son pléonasme (5) à dix lieues. Une fois encore, au risque de lasser la patience du lectorat, la seule roue de secours disponible est celle de l'abord systémique. Un système sans frontière prédéfinie regroupant en son sein et tout ce que l'écologie exprime d'elle-même et tout ce qu'une approche systémique permet d'appréhender de notre fonctionnement le plus intime d'être humain. Notre «maison», bien des traditions le disent depuis longtemps est, et ne peut être qu'une. La découper en appartements sans communication avec ce qui existe autour, c'est se condamner à ne pas pouvoir la connaître.
Puisse cette dernière phrase n'enfoncer qu'une porte ouverte. Il ne peut être d'écologie que systémique ; il ne peut exister de médecine que systémique (6).
|