« Ah ! Et puis, mince, alors ! ». La belle exclamation !
On peut se demander d'où sort cette expression.
Certains esprits retords y voient un euphémisme
Pour camoufler un « merde ! » aux relents de… snobisme.
Tous deux ont bien cinq lettres et commencent par « M » :
Ce n'est pas par hasard si leur ton est le même.
Le « zut ! » sonne moins bien qu'un « mince ! » bien craché,
Prononcé par un gros ou un maigre fâché.
Au sujet des gros mots, on a beaucoup à dire :
Leur effet n'est pas mince et le fait bien sentir.
Le gros mot est une arme, un obus, un missile
Mais savoir le lancer est un art et un style.
Plus le mensonge est gros et mieux il va passer.
Plus mince est le savoir, plus forts les préjugés.
Un très mince croquis vaut mieux qu'un gros discours ?
Oui, « mais moins qu'un gros chèque », ajoutent les balourds !
Si le verbe « mincer » n'est plus guère employé
L'obsession de « mincir » est partout proposée.
Le mince est à la mode et le gros mal perçu.
Plus on est filiforme et mieux on est reçu.
Plus mince est le discours, plus chaque mot est gros :
Plus mince sont les bois, plus gros est l'arbrisseau…
Gros défaut vaut-il mieux que trop mince vertu ?
Qui a un trop gros nez croit que chacun l'a vu !
Gros mot n'est pas mot gros, a dit le professeur ;
Cœur gros n'est pas gros cœur, ajoute le censeur.
Je grossis, je grossis ! Et ainsi, je m'aigris !
Mourir gros, mourir mince est même vilenie…
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