23 décembre 2019
Le grand miracle annuel est là, devant nos fenêtres. Les ténèbres reculent et le soleil pâle, jour après jour, redonne vigueur progressive au monde du vivant. C'est devenu peu perceptible aux yeux des citadins polarisés par la surveillance aliénante de leurs écrans.
Les humains célébrant avec faste cet événement cyclique selon les usages de leur culture ne se soucient guère d'en comprendre le sens. La peur que cesse de naitre un nouveau cycle entrainant la vie - autant que celle de la peur du noir et de la mort qui y sont liés- est profondément imprimée dans notre mémoire inconsciente collective. Hypothèse issue de la clinique qui s'accorde très bien avec ce que Carl Jung (1) nommait les archétypes. Dont on peut regretter qu'il n'ait pas pu aller jusqu'au bout en expliquant leur signification (2).
Le regard des enfants, comme les fêtes des lumières, ont raison. Ceux qui veulent résumer comme des comptables ce qui s'est passé durant le dernier cycle planétaire au moyen des seuls bilans ou des évènements que nous avons subi ne font que nous détourner de l'essentiel. Un cycle a donné toute la réalité qu'il pouvait fournir, rien de moins, rien de plus. Au bout du compte demeurent quelques briques dont nait son successeur, comme les enfants naissent des gamètes de leurs parents.
Tout cela est très simple, si simple même que nous devenons de plus en plus incapables d'en avoir conscience. Le « c'était mieux avant» renvoyé dos à dos avec le « ce sera mieux demain» nous prive de toute possibilité d'admiration en nous empêchant de voir le présent. Cette capacité du cerveau humain, si suspecte de naïveté incurable par ceux à qui «on ne la fait pas», est une richesse considérable. N'est-elle pas une inépuisable source d'énergie pour donner âme à sa propre vie, à ses actes de chaque jour ?
Jour après jour, année après année, cycle solaire après cycle solaire, la réalité du monde, du moins pour la partie capitale qui dépend de nous, se construit. Contre, sans ou avec nous, chaque option est ouverte à notre liberté.
Ce passage du cycle terrestre achevé dans le nouveau à construire vaut bien la peine de le fêter, avec ou sans modération (2).
« Il y a dans les hommes plus de choses à admirer
que de choses à mépriser. ».
Albert Camus
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