La mode est un sujet qui enchante certains,
Qui en irrite d'autres et reste quotidien.
La mode est une farce où personne ne rit,
Car tout le monde y joue, la voit ou la subit.
Les plus récalcitrants s'en moquent, ironisent,
Mais doivent contempler ses énormes sottises.
La mode, c'est tendance, est de se mal raser,
De laisser plusieurs jours les barbes bien pousser.
Et si c'est de travers, nul n'y cherchera noise !
Après crânes rasés et crêtes à l'iroquoise,
D'SDF indigent on montre le visage,
Ce qui devient le top d'élégances en usage.
Acteurs, présentateurs, comiques ou journalistes,
On n'y échappe pas : c'est l'uniforme triste.
Hélas, ce qui est laid, même très à la mode,
Déplaisant restera, même conforme au code.
C'est le faux négligé, le tout échevelé,
Qui feront le succès de la star adulée.
La laideur à la mode est si haut élevée,
Qu'il faut, tous les six mois, vite une autre trouver.
Chaque mode détruit celle qui la précède,
Et s'apprête à céder à une autre plus laide.
La mode se démode et change constamment ;
Elle a un seul bienfait : le renouvellement.
La mode, épidémie, n'est que provocation :
Les trous dans les blue-jeans en sont l'attestation.
Les phrases des médias sont truffées de « voilà »
Que les bons auditeurs imitent avec furia.
Même les sentiments veulent suivre la mode
En faisant du divorce un banal épisode.
La mode nous oblige à toujours consommer ;
C'est la grande hérésie, la folie de montrer.
Et si l'écologie se pose des questions,
C'est en pire ennemie que la mode répond.
Transport et emballage sont ses noirs acolytes
Qui font que le climat chaque jour se délite.
Chaque génération, des vieilles modes rit ;
Mais des nouvelles veut endosser l'hystérie.
Pour les faiseurs de mode on voit bien la devise :
Je pense et donc tu suis qui tout le monde vise.
Les jeunes ne voient plus ces diktats, ces venins.
Leur remède du jour est poison de demain… |