Le racisme, on le sait, est un vilain défaut
Et rien n'est trop seyant pour le clamer bien haut,
Pour montrer à chacun qu'on est un humaniste
Et que sa coulpe on bat d'ancien esclavagiste.
Des crimes du passé, on se repent très fort,
Et d'être né trop blanc nous couvre de remord.
Car de bien des méfaits je me rendis coupable,
Que les discours du jour me montrent inacceptables :
J'ai lu, même relu, Robinson Crusoé,
Et aussi Jules Verne et Céline ou Hergé,
Sans oublier « Autant en Emporte le Vent »
Qui ne vaudraient pas mieux que le feu ou l'encan.
Tout ce qui est bien blanc a des airs de délit
« Plus c'est noir, plus c'est beau », c'est Soulages qui le dit.
Si « l'homme de couleur » a toujours la peau sombre,
Voilà qui, à certains, a parfois fait de l'ombre.
Avoir des ides claires est chose fort suspecte.
La noirceur deviendrait l'attitude correcte ?
Le vin blanc, pour autant, va-t-il passer de mode,
Et de pinot bien noir faut-il qu'on s'accommode ?
De grimper au Mont-Blanc, faudra-t-il s'abstenir
Et pour les élections, « voter blanc » s'interdire ?
Il faut rebaptiser la rue des Blancs Manteaux,
Celle du docteur Blanche et peut-être Clairvaux ?
Se battre « à l'arme blanche » est la faute interdite,
Et le nom de « blanc-bec » est l'injure maudite.
En musique « la blanche », horreur, vaut bien « deux noires »!
Le racisme anti-blanc : douleur expiatoire ?
A quoi Dieu pensait-il, qui fit blanche la neige
Et noires les idées de l'homme en ses manèges... |