9 novembre 2020
La LEM 1171 Mal pansés parce que mal pensés publiée ici le 18 mai 2020 ( lien ) a proposé une définition de l'ère covidienne que nous vivons. Obsédés par les conséquences dans le domaine qui touche au plus près notre domaine de connaissance, la sidération insidieuse que nous vivons ne nous aide pas à mesurer l'importance sans précédent des temps que nous vivons. Véritable cassure civilisationnelle planétaire, l'expérience qui nous est imposée dépasse largement les limites d'une grande crise sanitaire, économique, psychologique et sociale.
Nous sommes en deuil, nous le ressentons intimement, même si nous avons du mal à formuler avec clarté ce ressenti émotionnel. Quelque chose serait donc agonisant, au delà de ces malades dont on publie, avec le seul souci du sensationnel ou de la manipulation des esprits, le décompte macabre chiffré chaque jour ? Notre tonitruant édifice culturel occidental s'effondre (1).
Quelle peut bien être la poutre maitresse de notre vision occidentale de la réalité ? Celle proposée par les religions devient de moins en moins perceptible, laminée par le rouleau compresseur de ce dont nous avons fait la Science. Avec une majuscule pour bien marquer sa domination écrasante de super-religion sur nos esprits. La puissance de toutes les techniques qui ne cessent d'en naitre nous submerge d'un bout à l'autre de la planète.
Tout semblait aller bien (2) jusqu'au printemps de 2020. Juste une maladie infectieuse inhabituelle bien loin de chez nous. Notre grande Science nous laissant miroiter sa puissance sans limite ne pouvait qu'en faire une bouchée, de ce petit virus animal venant d'Asie.
Souvenons-nous de la déclaration du premier ministre Edouard Philippe expliquant la stratégie du gouvernement : « Je n'ai qu'une boussole, c'est la science». Mais là, quels que soient les comités, les experts, les donneurs de leçon professionnels ou autoproclamés, nous voilà déboussolés. Les messages sont mutiples, parfois contradictoires, et incapables de répondre immédiatement à nos exigences. Les exigences du principe de précaution et la recherche du mythique risque zéro.
Le résultat est déjà perceptible à travers les outrances des réseaux dits sociaux. Nous perdons tout simplement notre confiance d'enfants gâtés en la toute puissance des outils fournis par les sciences et les techniques pour régler au mieux nos destins humains. Quand le langage religieux avait encore largement pignon sur rue, on parlait de perte de la foi. Oui, elle est bien là, la grande Illusion - avec une majuscule- perdue qui était la colonne vertébrale de la perception de la réalité accessible à notre modernité. Il est évident qu'aucun retour en arrière n'est plus possible. Un temps encore inconnu s'ouvre devant nous. Nous n'en avons pas les clés, elles sont à forger. Que cela met donc dans une position difficile et douloureuse toutes les élites qui ont comme fonction de nous diriger collectivement au mieux ! Sans perdre une once de notre droit individuel de tout mettre en question (3) cela mérite d'être respecté.
L'incertitude fait peur, certes, mais une époque passionnante se dessine. La réalité, et non de théoriques élucubrations en chambre ou en laboratoire qui se révèlent illusoires, impose à la terre ses nouvelles cartes. Nous commençons à les percevoir progressivement, et ce n'est qu'un début. Une valeur va s'imposer. Celle que notre confrère Boris Cyrulnik a rendue populaire sous le nom de résilience. Les travaux pratiques ont déjà commencé en toute discrétion. Confinement ou pas, ouvrons les yeux, la vie continue.
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Os court :
« La clef de toutes les sciences est sans contredit le point d'interrogation ; nous devons la plupart des grandes découvertes au comment ? »
Honoré de Balzac (1799-1850)
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