1er janvier 2021
Claire Marin, dans Le Monde du 27 décembre 2020, évoque «l'idée de devoir vivre autrement». Elle aurait surgi «douloureusement» en nous ces derniers trimestres. Pourquoi cette douleur ressentie ? Est-ce la prise de conscience diffuse d'avoir perdu au quotidien une grande partie de notre animalité groupale fondatrice ? Perte provisoire, espérons nous de façon infantile, avec l'espoir de revenir au monde d'avant. Comme si nous n'avions à affronter qu'un accident de parcours (1) uniquement causé par un méchant agent infectieux à éliminer.
Nous ne parvenons pas, et les discours scientifiques ne nous y aident pas, à renoncer à la notion de pandémie. Celle-ci suppose une temporalité virale stricte avec un avant, un pendant croissant puis décroissant et... une fin. La probabilité que le Coronavirus 2 soit déjà devenu endémique n'est pas nulle. Malgré tous ses efforts Homo sapiens continue à vivre avec comme redoutables compagnons la tuberculose, le paludisme, le sida et une foule d'autres envahisseurs microbiologiques. Malgré les médicaments, des humains meurent chaque jour, dans tous les pays, d'infections bactériennes inguérissables avec nos méthodes les plus sophistiquées. Nous ne sommes pas toujours les plus forts. Quel orgueil que de penser que nos techniques et nos connaissances ont - ou auront- le pouvoir de faire disparaitre totalement et définitivement quelque virus que se soit !
Qu'est-ce que ça peut être alors que ce vivre autrement qui nous est imposé par la réalité ? Il serait présomptueux (et probablement ridicule, ce qui n'est jamais mortel) que de vouloir en proposer un contenu acceptable par le plus grand nombre. L'illusion que l'on est plus fort, plus intelligent, plus heureux même, quand on est en groupe que quand on est seul a volé en éclat avec le confinement, les gestes barrières sociales, les interdictions officielles. Le groupal (2) est devenu non essentiel dans nos têtes. Chacun face à soi-même sans échappement possible vers d'autres pouvant nous rassurer sur la pertinence et le bien fondé des choix que nous avons à faire en permanence. Le défi n'est pas mince, mais nous n'avons plus le choix dans la vraie vie, pas celle des médias, de la communication ou de l'internet avec ses réseaux virtuels.
Faut-il se désespérer devant l'immensité de la tâche à accomplir ? La tentation est grande pour qui prend comme grille de lecture celle de l'histoire et ne comprend pas que le futur n'est pas la projection géométrique du passé au présent (3). Malgré des feux de paille trompeurs dans le monde virtuel, bien des illusions se heurtant durement à la réalité sont en train de se déliter (4).
Nous n'avons pas d'alternative, faire notre propre ménage intérieur « sans filet» des forces personnelles nous déterminant , c'est cela le vivre autrement pour l'année 2021.
Et pas le moindre manuel de savoir-vivre ou de méthode pour les nuls à se mettre sous la dent. Alors, tel Don Quichotte dans ses combats, on y va bravement.
________________
Os court :
«Vivre est la chose la plus rare. La plupart des gens se contente d'exister.»
Oscar Wilde
Les dernières LEM
|