19 septembre 2021
La nette opposition, pour ne pas dire contradiction dans nos esprits, entre la lecture de la réalité objective perçue par les pouvoirs administratifs et les pouvoirs scientifiques n'est pas un élément favorable pour vivre au mieux les temps présents. C'est en entendant René Rosanvallon, sociologue politique renommé, que cette évidence m'est apparue.
Pour un médecin, la question du pouvoir, donc des décisions et choix à effectuer, se traduit au grand jour dans les hôpitaux publics.
Depuis 1968, et la disparition des mandarins tout puissants, l'administration hospitalière n'a pas cessé de s'étendre, et les prérogatives des praticiens de se réduire à des fonctions de plus en plus techniques. On peut s'en réjouir du côté des administratifs. On ne manque pas d'en critiquer les conséquences pratiques indésirables du côté des soignants et de leurs patients.
Qu'est ce qui fait que les choses ne fonctionnent pas au mieux pour parvenir aux intentions affichées, souvent centralisées, jusqu'en haut de la pyramide administrative d'État et de ses animateurs politiques ?
N'oublions pas que l'École Supérieure de Santé Publique de Rennes a été créée à l'initiative de Simone Veil, ministre de la Santé. Elle fut aussi une personnalité respectée du monde juridique. Une pépinière des cadres administratifs des hôpitaux publics était née.
Notons quand même que chez nos confrères militaires, la direction administrative au plus haut niveau n'est confiée qu'à des médecins. Pour quelle raison ?
Les médecins sont contraints, par leur indispensable culture scientifique, à demeurer dans l'incertitude permanente du devenir de leurs patients. Les mots toujours et jamais, nous enseignait-on jadis, ne font pas partie du vocabulaire médical. C'est à la fois peu rassurant et en même temps réconfortant.
La logique administrative, pour demeurer efficiente, ou, au minimum, applicable aux situations concrètes, ne peut sortir d'une réponse par oui ou non. Aucune place au peut-être ou au on ne sait pas toujours.
Il serait stupide de vouloir se passer de l'une ou l'autre de ces logiques. Les deux ont leur nécessité. Admettre qu'elles puissent être contradictoires n'impose pas de mener un combat en faveur de l'une ou l'autre. Toute polémique, le mot le dit, est une forme de guerre. Le jeu, s'en est un, est de tuer symboliquement ceux qui pensent autrement que nous. Comment s'étonner de la violence des échanges dans nos sociétés si fortes en gueule ?
Politesse, courtoisie, respect de la personne de l'autre mériteraient-ils de sortir des oubliettes de nos richesses culturelles dynamitées par la violence ? Juste pour nous aider les uns et les autres à vivre... moins mal.
Os court :
« Toute certitude est par essence contradictoire avec la philosophie de la recherche.»
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