12 décembre 2021
L'avalanche de propos médiatisés sur l'état réel de notre monde est bien difficile à métaboliser dans son ensemble. De façon quasi générale, elle est tragiquement négative, pour ne pas dire sombrement démoralisante. Chaque interlocuteur est si solidement campé dans son tout petit secteur de connaissance et d'influence qu'une vision d'ensemble de ce qui nous arrive dessus est devenue acrobatique. Au royaume des spécialistes, les esprits généralistes ne font pas le poids.
L'effort à faire pour trier tout ce qui nous est soumis est considérable, rien ne ressemblant plus à une observation rigoureuse qu'une manipulation habile des opinions. Chiffres ou modèles mathématiques en renfort ne changent que l'apparence respectable. La pauvre science que nous avions érigée comme le degré indépassable de toutes nos possibilités humaines de connaissance révèle cruellement sa limite. La lenteur obligatoire de sa méthode qui la contraint à ne pouvoir éclairer que ce qui est déjà passé avec nombre de points d'interrogation. Et dont le présent, et encore plus l'avenir, est hors de son champ de perception directe.
Il ne s'agit pas ici de faire la promotion d'une attitude anti scientifique. Juste savoir ne pas demander à une remarquable discipline de l'esprit ce qu'elle ne peut pas nous livrer sur un plateau pour notre confort intellectuel.
Nous le savons pourtant depuis des années, nos manières d'agir fondées sur notre conception rationaliste matérialiste de la réalité du monde depuis le siècle de Descartes nous a conduit là où nous en sommes. À force de faire toujours la même chose, nous détruisons la mère terre dont nous sommes une partie. Quand nos projets d'avenir sont mis en échec par la réalité, nous sommes vite persuadés que c'est parce que nous n'avons pas mis assez de moyens en oeuvre pour réussir. Les miracles techniques, comme les mirages technologiques, nous fascinent. Comme si notre idéal restait le « toujours plus de la même chose » évoqué par Paul Watzlawick. Faillite de notre pensée, ce qui ne serait pas grave. Mais dont les conséquences mettent en cause la survie de notre biosphère actuelle dans quelques poignées d'années.
Alors, on attend en silence le stade irréversible des conséquences de notre cécité destructrice, résignés au pire ? Ou on cherche sans a priori dans nos archives, toutes nos archives sans exception, si nos esprits n'ont pas raté, quand, comment, pourquoi, une marche considérable ouvrant vers une connaissance bien plus large que la nôtre de la réalité. Nous n'avons pas d'alternative qui puisse, nous les vivants ne comptant que sur nous, nous sauver du désastre.
Vous trouvez scandaleux de tenir sans fard ici ces propos - on ne peut plus systémiques - sur notre devenir ?
Os court :
« Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou. »
Évangile de St-Luc
Les dernières LEM
|