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Lettre
d'Expression médicale n°462
Hebdomadaire francophone de santé
4 septembre 2006
Lhumanisme en question
Dr. François-Marie Michaut
Il est de bon ton dans nos pays favorisés de se dire humaniste,
sans vraiment prendre la peine dexpliquer exactement ce quon
entend par là. Sagit-il dune simple préoccupation
de salon de doux rêveur idéaliste ? En 2006 encore,
les déferlements atroces des conséquences mondiales
de tous les fanatismes, au nom de quel dieu ou doctrine que se soit
quils emprisonnent, torturent, pillent, violent, tuent, oppriment
les humains montrent bien lactualité de la question.
Retrouver la confiance:
Car, il y a déjà longtemps quon parle des grands
humanistes sous nos cieux. En fait, depuis la Renaissance, cette
période qui a suivi notre Moyen-âge. Pour fixer les
choses pour nos lecteurs qui ne sont pas familiarisés avec
notre histoire occidentale à la charnière du 15 ème
et du 16ème siècle de notre ère chrétienne.
Avec Colomb, Magellan, Vasco de Gama, Diaz, Cabot et bien dautres,les
limites de nos horizons connus explosent. La vieille Europe catholique
romaine connait de fait ce que certains nommeraient aujourdhui
sa première mondialisation. Tous les schémas
anciens de perception du monde, toutes les connaissances quon
croyait établies pour toujours - y compris la médecine-
sen trouvent fortement ébranlées. Et pour couronner
ce tableau, un certain Gutenberg venait juste de mettre au point
un système dimprimerie à caractères métalliques
mobiles. Incroyable bon en avant technique qui allait révolutionner
la transmission et léchange à distance des connaissances
humaines.
Cet Internet qui nous émerveille tant nen est quun
perfectionnement et un prolongement dont nous sommes bien loin davoir
pu mesurer toutes les conséquences.
Restaurer la conscience
Dans ce monde en pleine mutation, un homme domine. Fils illégitime
dun prêtre, rapidement orphelin puis moine, on ne sait
pas grand chose de cet homme qui se fit appeler Erasmus Roterdami.
Car ce nest quen latin quil parla et écrivit
toute sa vie. Langue religieuse et savante, certes, mais surtout
langue internationale. Erasme ne fut lhomme daucun pays,
et déménagea de nombreuses fois, au gré des
événements. Il fut surtout lun des premiers
à demander que la toute puissante église qui dirigeait
tous les pays se regarde en face et mette fin à des pratiques
devenues bien éloignées de lEvangile. Retour
aux textes fondateurs de la religion, voilà le message quil
diffusa. Dans le même temps, il écrivit de multiples
livres, se livra à de nombreuses traductions, cultiva avec
acharnement et discrétion tous les savoirs, entra en contact
avec des correspondants de toute lEurope. Cet homme eut une
énorme notoriété, une influence intellectuelle,
y compris auprès des princes et des puissants dont nous ne
pouvons plus imaginer lampleur. Erasme choisit toujours de
protéger son indépendance et sa liberté dexpression.
Jamais, il se sassocia à quelque mouvement que se soit.
Jamais, il ne devint riche. Son ennemi irréductible portait
un nom : le fanatisme. Pour le combattre, il répugna à
toute polémique et ne prôna quun remède
: la connaissance. Il refusa tout engagement partisan, et entra
dans un combat avec le moine Martin Luther. Lhistoire du moment
conclut que le vainqueur fut sans aucun doute Luther. Le militant
intraitable, le guerrier impitoyable, le chef envoûteur de
foules eut le dessus sur le lucide et discret Erasme. Avec hélas,
la suite que lon connaît, et ses terrifiants guerres
de religions qui déchirèrent toute lEurope,
et ses élites, pendant des dizaines et des dizaines dannées.
Daprès celui qui nous a servi de guide ( Stefan Zweig,
Erasme, Livre de Poche 2001 ), cest par ce fiasco que se termine
lépopée de cette grande idée de la Renaissance
: cest par la connaissance que lhomme peut sortir de
lignorance et échapper ainsi au pire ennemi des hommes
, le fanatisme. Cet ouvrage comporte en guise de sous-titre la formule
: Grandeur et décadence dune idée. Il nest
pas inutile de savoir que Zweig, juif autrichien, écrivit
ce texte en 1935. Déjà la montée du nazisme
était évidente, et Zweig, désespéré,
avait quitté son pays. Réfugié finalement au
Brésil, il décida en 1941 de mettre fin à ses
jours, avec sa compagne.
Renforcer la compétence:
Et bien, nous pouvons le constater soixante dix ans après,
lidée des Humanistes, finalement ne mourut pas. Ces
frontières entre religions, entre états, entre langues,
finalement nous sommes parvenus à les faire sauter en grande
partie dans notre vieille Europe. Tout ny est pas parfait,
cest évident. Mais dans un monde où les fanatismes
sentretuent toujours aussi méthodiquement, car ils
ne peuvent rien produire dautre, il existe un espace dans
lequel se construit jour après jour notre avenir, nos systèmes
de valeur. Ce mouvement, mis en route il y a si longtemps, qui a
connu de tels revers, de telles fluctuations, personne nest
plus en mesure de le détruire définitivement. Finalement,
réjouissons-nous que le programme qui permet aux étudiants
de tous les pays dEurope daller faire une partie de
leur études dans un autre pays, et de donner ainsi chair
au mixage européen se nomme : Erasme.
Erasme, quon ne sy trompe pas, est le grand vainqueur
de notre société actuelle, lui qui fut lami
et le correspondant acharné de Montaigne et de notre cher
François Rabelais, pour nous ramener à la médecine.
Trente à quarante lettres manuscrites par jour jusquà
la mort, toutes en latin, la langue de la connaissance de toutes
les connaissances, et à la plume, ça, cest un
véritable homme de lettres. A lopposé absolu
dun quelconque militant qui fera infiniment plus parler de
lui. Un désir de connaissance sans le moindre souci des frontières
entre les multiples chapelles de lesprit, des lieux ni même
des temps, mais avec la volonté de ne pas éviter la
question fondamentale du bien et du mal, ou si vous préférez
de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, sain ou malsain, pour
les hommes que nous sommes, cela na pas pris une ride. Travailler
ainsi pour que le lent et désespérément tortueux
cheminement vers un meilleur accomplissement de notre humanité
puisse accomplir encore un petit pas, malgré toutes les violences,
cela ne donne-t-il pas un sens à notre court voyage terrestre
?
l'os court : «
Ce
quil y a de pire chez le fanatique, cest la sincérité.
» Oscar Wilde
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Lettre
d'Expression médicale n°463
Hebdomadaire francophone de santé
11 septembre 2006
Et si nous retrouvions la
beauté ?
Dr. Françoise Dencuff
Un petit reportage de midi (Journal de TF1 - JT, lundi 4 septembre
2006) sur Lécole Saint Thomas de Strasbourg ma
tout à coup incitée à réfléchir
sur la Beauté et limpact quelle peut ou doit
avoir sur la santé. Une ballade de quelques heures sur la
Toile ma permis de mettre à jour quelques connaissances
philosophiques et de donner chair à ces quelques lignes.
Retrouver la confiance:
En repensant à cet édifice superbe présenté
au JT et surtout aux réflexions des élèves
fiers de leur établissement et exprimant sans réserve
la conscience de la chance quils avaient de travailler dans
un endroit exceptionnel, jai tout à coup réalisé
à quel point la beauté était absente dans le
monde de la santé.
Mais me direz-vous, selon le discours politiquement correct ambiant
: « à chacun ses goûts ». Autrement dit
la beauté nexisterait pas, seule subsisterait lémotion
esthétique.
Un petit détour par lart me paraît nécessaire.
Pendant longtemps lart classique se fondait sur une opposition
entre les uvres dart et les uvres techniques.
Nétait art que ce qui nétait pas utile.
Et lart ne pouvait quêtre lié à
lintention consciente. Une uvre de nature nétait
pas belle puisque dans limpossibilité dêtre
intentionnellement consciente de sa beauté.
Puis lart dit contemporain a fait entrer les WC au musée.
Autrement dit deux versions de lart, et donc de lémotion
esthétique saffrontent. Linutile ou le conceptuel.
Le tout pour lart ou lart dans le tout.
Sil est difficile de définir lart, plus encore
la Beauté. Et cest un challenge terrible à relever
en ce début de Millénaire : Nous avons un tel besoin
de nous libérer des tensions que nous portons en nous, quil
nous faut de lénorme, de la puissance, de la violence
pour dénouer nos troubles et arriver enfin à lapaisement
de la beauté. Pour rencontrer la beauté, lesprit
doit sêtre vidé de ses tensions et doit avoir
rencontré lhumilité. ( lEssence de la
beauté de Serge Carfantan, Philosophie et spiritualité)
Tout un programme
surtout pour les toubibs.
Restaurer la conscience
Et si nous demandions à Platon sa définition de la
Beauté : Au sommet de lAmour réside la compréhension
de la Beauté, car la Beauté est ce que lAmour
découvre, quand il sest dégagé de ses
limites sensuelles, quand il sest purifié de ce qui
lalourdit et le limite.
En lisant ces dernières lignes, il est évident quun
(e) malade, polarisé sur sa pathologie, à fortiori
si elle est grave, aura beaucoup de difficultés à
penser à lAmour et à la Beauté.
Comment peut-il, même sil ressent lAmour dont
parle Platon, le vivre purifié de ce qui lalourdit
et le limite ? Dexamens souvent invasifs en traitements qui
ravagent le corps, sans oublier la peur qui sidère lesprit,
comment réveiller cet Amour, source de vie et despoir,
comment redonner le goût de la Beauté à un visage
sans cheveux ?
Toute notre société semble par son oubli de lAmour
avoir banni la Beauté.
Quy a-t-il de beau dans nos établissements de soins
? De la « fonctionnalité » pour permettre aux
soignants daller plus vite, déviter les risques,
les infections. Même les fleurs sont de plus en plus déconseillées.
Le malade dans sa souffrance na que le sourire, rare malheureusement,
des blouses blanches. Uniformité des couleurs, des murs,
des meubles. Rien pour maintenir le vivant, pas de possibilité
de repos, de retrait, juste le son des machines, des sonnettes,
de la respiration si courte.
Renforcer la compétence:
De quelle compétence sagit-il ? Est-ce que nous ne
serions que des automates, soucieux du bon diagnostic ou du traitement
adéquat ? Que nous manque-t-il alors pour que les malades
puisent en nous une aide véritable ? Celle qui leur indiquera
le chemin de lAmour et de la Beauté ? Même et
surtout sils savent leur vie presque au terme.
Si nous suivons les prescriptions de Serge Carfantan il nous faudrait
dabord, nous même, les soignants, vider notre esprit
des tensions et agir avec humilité. Pour Platon nous devons
aimer.
Car il faut être en paix et aimer pour construire des hôpitaux
qui ne ressemblent pas à des prisons, saimer pour être
beau et rayonner, aimer encore pour que chaque visite devienne un
rayon de soleil, aimer pour écouter nos patients, là
où ils sont et pas là où nos propres peurs
voudraient quils soient.
La séparation entre le beau et le technique et lorientation
désespérément scientiste de la médecine
ont limité celle-ci au mortifère. La mort existe,
la maladie aussi, alors pourquoi vouloir isoler les malades dans
le laid ? Lart nest peut-être pas en tout mais
la médecine a nié son art. Peut-on imaginer que la
Beauté repousse les limites de la souffrance ?
Je veux le croire, je le crois, je le veux. Et vous ?
NDLR : La publication de ce texte consacré à la beauté
le jour anniversaire même du drame du 11 septembre nest
pas un simple hasard du calendrier, mais une volonté délibérée
de ce site. Comprenne à sa façon ce rapprochement
dallure paradoxale chaque lecteur qui le pourra.
l'os court : «
La
beauté, comme les verres de contact, est dans les yeux de
celui qui regarde. » Lew Walace
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Lettre
d'Expression médicale n°464
Hebdomadaire francophone de santé
18 septembre 2006
J'EN
APPELLE
Victor HUGO
J’en appelle à vos consciences, à vos sentiments
à tous, quel est le grand péril de la situation actuelle
? L’ignorance, l’ignorance encore plus que la misère.
Retrouver la confiance:
L’ignorance qui nous déborde, nous assiège,
qui nous investit de toutes parts. C’est à la faveur
de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de
l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau
des multitudes. Et c’est dans un pareil moment, devant un
tel danger, qu’on songerait à attaquer, à mutiler,
à ébranler toutes ces institutions qui ont un but
spécial de poursuivre, de combattre, de détruire l’ignorance
!...
Restaurer la conscience
On pourvoit à l’éclairage des villes, on allume
tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères
dans les carrefours, dans les places publiques ; quand donc comprendra--t-on
que la nuit peut se faire aussi dans le monde moral et qu’il
faut allumer les flambeaux pour les esprits.
Renforcer la compétence:
Pour arriver à ce but, Messieurs, que faudrait-il faire ?
Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques,
les musées, les théâtres, les librairies. Il
faudrait multiplier les maisons d’études pour les enfants,
les maisons de lectures pour les hommes, tous les établissements,
tous les asiles où l’on médite, où l’on
s’instruit, où l’on se recueille, où l’on
apprend quelque chose, où l’on devient meilleur ; en
un mot il faudrait faire pénétrer la lumière
dans l’esprit du peuple ; car c’est par les ténèbres
qu’on le perd.
Ce résultat vous l’aurez quand vous voudrez. Quand
vous le voudrez, vous aurez en France un magnifique mouvement intellectuel
; ce mouvement vous l’avez déjà fait [...]
(*) Ce texte, qui, hélas, n’a pas pris une ride, et
demeure plus que jamais de portée mondiale, a été
prononcé par Victor Hugo à la séance du 10
novembre de l’Assemblée Nationale. Il nous a été
aimablement donné par André Raynaud, éditeur
et imprimeur, “ Rumeurs des Âges “ 7 rue Dupaty,
17000 la Rochelle ( France ). Le titre est de la rédaction
d’Exmed, tout comme les intertitres qui accompagnent traditionnellement
toutes nos LEM.
l'os court : «
Ignorer
l’ignorance de quelqu’un est la pire des ignorances.
»
Gérard Brennam
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Lettre
d'Expression médicale n°465
Hebdomadaire francophone de santé
25 septembre 2006
Droit humanitaire
Dr Gabriel Nahmani
Une nouvelle édition « post 11-Septembre »
du Dictionnaire pratique du droit humanitaire a été
mis en ligne le 13 septembre 2006. Voici la présentation
:
Famine, terrorisme, génocide... Le droit humanitaire est
fait de ces mots chargés de sens.
Qu'en est-il dans nos pays du comportement du généraliste
ou de l'hospitalier, confrontés qu'ils sont aux différentes
souffrances côtoyées quotidiennement ?
Fait-on en permanence preuve de générosité,
de compréhension, de compassion ?
Je me souviens, et en ai honte, de certaines de mes répulsions
face à certains individus aux fragrances repoussantes, au
langage et aux tenues innommables, je me souviens des refus d'aller
revisiter des malades dans des roulottes, je me souviens des nausées
éprouvées lors de certaines visites ou consultations,
des cheveux gras et pelliculés, des pieds malodorants et
des chaussettes rigides de saleté: ai-je, alors, fait preuve,
serment d'Hippocrate en tête, d'Humanité ?
Et, en milieu hospitalier, les malades épuisés, en
fin de course, de course vouée à l'échec, les
corps débilités sanglés de sondes, de perfusions
dites reconstituantes alors même que toutes les cellules crient
" grâce, pitié, laissez-moi m'endormir du sommeil
de la Terre…laissez-moi m'enfoncer dans le sommeil réparateur
de la Mort…", pour ces innombrables êtres à
la dérive, fait-on preuve de cette humanité que propose
de valoriser ce dictionnaire du droit humanitaire ?
Hospitalité, vraiment ? ou, plutôt, Obstination à
se vouloir plus fort que l'Inévitable, le Nécessaire
?
Ne puis-je, comme ses parents et toute la famille, être douloureusement
agressé par la vue, l'existence ( l'inexistence plutôt
) d'une gamine de 11 ans, trisomique, autiste, épileptique,
ne sachant pas manger, incontinente totale, bientôt, vision
horrible,…réglée, ne parlant pas mais poussant
en permanence des cris et grognements, jetant tout à terre,
et que de très estimés spécialistes hospitaliers
ont estimé devoir protéger et prolonger, avec les
résultats que je décris ? Ont-ils fait preuve d'humanité
en proposant le slogan " Laissez-les vivre " ?
On envoie à la boucherie des jeunes bien portants, on en
accueille d'autres dans des conditions (d'accueil) déplorables,
on accepte l'existence de futurs handicapés à vie
avec toutes les servitudes que cela supposera pour les familles
et la société en général.
Retrouver la confiance:
Pour savoir ce qu'ils signifient précisément et connaître
le cadre juridique qui réglemente la gestion des situations
de crise, Médecins Sans Frontières a conçu
un outil à l'intention des praticiens de l'action humanitaire,
des journalistes et de tous ceux qui s'intéressent à
la problématique des conflits.
Dans la nouvelle édition, « post-11 septembre »,
des termes sont plus particulièrement développés
comme combattant, conflits armés, détention, génocide,
personnes déplacées, terrorisme... et les décisions
récentes des tribunaux internationaux y occupent une large
place .
Restaurer la conscience
Qu'en est-il dans nos pays du comportement du généraliste
ou de l'hospitalier, confrontés qu'ils sont aux différentes
souffrances côtoyées quotidiennement ?
Fait-on en permanence preuve de générosité,
de compréhension, de compassion ?
Je me souviens, et en ai honte, de certaines de mes répulsions
face à certains individus aux fragrances repoussantes, au
langage et aux tenues innommables, je me souviens des refus d'aller
revisiter des malades dans des roulottes, je me souviens des nausées
éprouvées lors de certaines visites ou consultations,
des cheveux gras et pelliculés, des pieds malodorants et
des chaussettes rigides de saleté: ai-je, alors, fait preuve,
serment d'Hippocrate en tête, d'Humanité ?
Et, en milieu hospitalier, les malades épuisés, en
fin de course, de course vouée à l'échec, les
corps débilités sanglés de sondes, de perfusions
dites reconstituantes alors même que toutes les cellules crient
" grâce, pitié, laissez-moi m'endormir du sommeil
de la Terre…laissez-moi m'enfoncer dans le sommeil réparateur
de la Mort…", pour ces innombrables êtres à
la dérive, fait-on preuve de cette humanité que propose
de valoriser ce dictionnaire du droit humanitaire ?
Hospitalité, vraiment ? ou, plutôt, Obstination à
se vouloir plus fort que l'Inévitable, le Nécessaire
?
Ne puis-je, comme ses parents et toute la famille, être douloureusement
agressé par la vue, l'existence ( l'inexistence plutôt
) d'une gamine de 11 ans, trisomique, autiste, épileptique,
ne sachant pas manger, incontinente totale, bientôt, vision
horrible,…réglée, ne parlant pas mais poussant
en permanence des cris et grognements, jetant tout à terre,
et que de très estimés spécialistes hospitaliers
ont estimé devoir protéger et prolonger, avec les
résultats que je décris ? Ont-ils fait preuve d'humanité
en proposant le slogan " Laissez-les vivre " ?
On envoie à la boucherie des jeunes bien portants, on en
accueille d'autres dans des conditions (d'accueil) déplorables,
on accepte l'existence de futurs handicapés à vie
avec toutes les servitudes que cela supposera pour les familles
et la société en général.
Renforcer la compétence:
On accueille, on nourrit et habille des réfugiés qui
ont eu la "chance" de ne pas sombrer, on renvoie des réfugiés,
des sans papiers, des mal-aimés chez eux et chez nous, certains
sont incendiés dans des hôtels ( toujours même
étymologie qu'Hôpital), partout, n'en déplaise
aux auteurs du dictionnaire, règnent en maîtres suprêmes
la laideur, la méchanceté, la haine de l'autre, du
voisin, le refus de la couleur de peau de l'autre, de l'odeur de
l'autre, des coutumes de l'autre, de la religion de l'autre, et,
heureusement, partout, d'autres, Soize, François, Nicole,
Michèle, Bernard et bien des exmédiens, préfèrent
la Beauté et la recherchent, l'espèrent: Beauté
physique, Beauté des paysages géologiques et animaux,
mais aussi Beauté des sentiments éprouvés,
beauté du partage, de la communication, de l'aide, de la
main tendue, du regard appuyé: faisons en sorte, chacun de
son côté, que vive, doux rêve, cette quête…véritablement
exmédienne.
l'os court : «La
beauté sera comestible ou ne sera pas »
Salvador Dali
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Lettre
d'Expression médicale n°466
Hebdomadaire francophone de santé
2 octobre 2006
Pollutions en Afrique
Nicole Bétrencourt et Usher NGodgo
Une affaire qui fait couler de l'encre. Dans la nuit
du 20 août dernier, le navire pétrolier « Probo
Koala » affrété par deux dirigeants français
de Trafigura, en infraction au code de l'environnement, a déversé
une funeste cargaison de plus de 400 tonnes de boues de déchets
pétroliers dans plusieurs décharges publiques
d'Abidjan.
Ce scandale écologique et sanitaire a coûté
jusqu'à ce jour la vie à 7 personnes, dont une fillette
de 9 ans morte de détresse respiratoire, et une autre de
4 ans morte en réanimation. 66 personnes ont du être
hospitalisées. Plus de 40 000 personnes sont venues
consulter dans les 32 structures sanitaires chargées
de gérer la crise des déchets toxiques et qui ne désemplissent
pas. 9000 personnes ont déjà été affectées
par les eaux usée. L'ONU a fourni une première
aide de 38 000 €uros (25 millions de CFA) pour équiper
en médicaments les structures.
Retrouver la confiance:
Soit 1187 euros par structure, ce qui laisse rêveur. Les victimes
se plaignent en général de maux de ventre, de tête ,
de vomissements, d'éruptions cutanées, de diarrhées,
de saignements et de rhume. Le ministère ivoirien de la santé
enjoint à la population de ne pas céder à la
psychose. Difficile quand l'air est irrespirable et pestilentiel.
La population est « à bout de nerfs ». La pêche
a été interdite, tout comme la vente de fruits et
de légumes qui poussent dans les décharges et qui
constituent des revenus pour certains riverains.
Ces boues pétrolières sont hautement toxiques
et cancérigènes pour l'homme. Il s'agit d'hydrogène
sulfuré, de composés soufrés, et de soude caustique.
Sur le plan sanitaire, l'hydrogène sulfuré peut provoquer
des irritations des muqueuses et voies respiratoires jusqu'à
la mort par empoisonnement du sang, en passant par des nausées
et des vertiges. La nocivité est très forte sur le
plan écologique si ces toxiques atteignent les nappes phréatiques
et le milieu marin. Certains polluants pourraient persister dans
l'environnement et perturber la chaîne alimentaire.
Les opérations de décontamination par la société
française ont débuté le 19 septembre. Les opérations
consistent à pomper les déchets, à les isoler
dans des cuves puis dans des containers qui seront expédiés
dans des usines de traitement spécialisées en France
ou en Europe du Nord. « L'incertitude sur la durée
-sept semaines probablement- et sur le coût de la décontamination
résulte des inconnues qui continuent de peser sur le nombre
de sites, sur l'ampleur réelle des dégâts à
l'environnement, mais aussi sur la composition précise des
déchets » rapporte le Monde.fr du 21 septembre.
Restaurer la conscience
Pour le réalisateur ivoirien Usher, le scandale était
prévisible. Sans complaisance, il décrypte pour nous
la politique environnementale de son pays.
Salut les amis de la médecine
« Ne me parlez plus de déchets toxiques ».
Ils ont été accepté et planifié par
le district dAbidjan. Il y a un peu moins dun mois,
le district dAbidjan passait un communiqué télévisé
pour informer la population que la ville dAbidjan allait être pulvérisée
contre les moustiques. Et elle ajoutait que les éventuelles
odeurs dinsecticides étaient sans danger pour la santé.
Figurez vous que cette opération na jamais eu lieu
mais en lieu et place cest lodeur des déchets
toxiques qui nous a envahi. Le district ne connaissait probablement
pas la toxicité des déchets, et a voulu
rassurer la population sur cette odeur. Malheureusement, cest
plus grave que prévu. La société Tomi qui sest
occupée des déchets appartiendrait en réalité
à la première dame du pays. Est ce vrai ? Mais le
constat est que le gouvernement, je veux dire le Président
et son premier ministre tergiversent. Tous les présumés
fautifs sont encore libres comme l'air. Aussi étonnant
que cela paraisse, les prétendus bouillants
patriotes restent muets comme des carpes. Eux qui ne ratent jamais
aucune occasion pour se faire entendre et voir « se sont
curieusement terrés »: pas de déclaration, pas
de marche, pas de sit-in. S'il s'était agit de lONU
ou dune autre organisation déclarant que lun
des cinq leaders politiques ne serait pas candidat, ils auraient
fait une journée ville morte. Je pense que les principaux
financiers de ces « Marcheurs Politiques » sont impliqués
jusquau cou, et cela explique leur mutisme.
Renforcer la compétence:
Les déchets toxiques sont devenus au fil des jours
une affaire politique. Notre président s'en est
saisi par propagande et pour régler des comptes. Quant à
l'opposition, elle applaudit et voit en cela une occasion
de faire plonger le président.
Voyez vous, ils palabrent autour des malades. Le Premier
Ministre a dit en grande pompe qu'il y avait des médicaments
pour tous. C'est faux. Si vous avez la chance, vous aurez une tablette
de paracétamol. La majorité des personnes qui sont
allées consulter dans les structures sanitaires ont du acheter
elles mêmes leurs médicaments.
Les fauteurs qui ont autorisé le déchargement des
boues toxiques ont empoché les 17 milliards promis
pour cette sale besogne.
Tous les hauts responsables plaident « non coupable
». Devant les députés, ils crient: « Nous
sommes innocents ».
Le Probo koala serait venu tout seul et serait reparti
tout seul. Par magie, les déchets se sont déplacés
tout seuls et ont atterri comme ça sur les sites.
Il faut reconnaître que nous vivons dans « un pays de
saleté ». Le mot nest pas trop fort. Saleté
environnementale mais surtout « Saleté morale ».
Le mot éthique na aucun sens pour beaucoup d'entre
nous. Un monde à lenvers. Et tout cela au nez et à
la barbe des dirigeants quand ils ny contribuent pas eux même.
La sagesse nhabite pas nos dirigeants. Cest bien dans
ce contexte là que je situe le scandale des déchets
toxiques qui fait la Une chez nous. Les maires sont élus
tous les cinq ans pour tenir notre environnement propre. Malgré
cela, la ville dAbidjan reste toujours sale. Ce qui offre
un cadre propice aux vidanges de toutes sortes, des déchets
étrangers à ceux qui sont toxiques. Mais au delà
de lenvironnement se profile aisément le manque de
civisme, déthique pour faire place à une forte
cupidité qui nous met sur la liste des pays les plus corrompus.
Croyez moi, jen ai honte et cest parfois difficile de
vivre au milieu de ces politiciens véreux qui ne pensent
« quà se remplir les poches». Je pense
quil faut sévir avec la plus grande fermeté
car la part est trop belle à limpunité.
Ensuite prendre des résolutions fermes et sanctionner dès
que « quelqu'un jette un papier de bonbon par terre ».
À mon sens, c'est capital car aujourdhui, encore il
nest point surprenant de voir des individus se soulager en
pleine rue. Notre société sest complètement
déshumanisée. Il faut renforcer léducation
civique à lécole, létendre jusquau
supérieur, éduquer la population en faisant
passer des spots à la télé.
Quant à la pollution cest dans la même
veine. Les 80% des taxis sont des pollueurs mais on na jamais
compris comment et pourquoi ils réussissent à avoir
le permis technique qui leur permet de circuler. Hé oui,
cest ça lAfrique. La corruption à tous
les niveaux
l'os court : «
Hélas nos policiens sont soit incompétents , soit
corrompus. Quelquefois les deux le même jour. »
Woody Allen
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Lettre
d'Expression médicale n°467
Hebdomadaire francophone de santé
9 octobre 2006
Bien pire que le tabac, les
phtalates
Dr. Françoise Dencuff
Tout a commencé par la réception dune pétition
bizarrement intitulée : Oui aux soins sans DEHP ni PVC, émanant
du Centre National dInformation Indépendante sur les
Déchets (CNIID, www.cniid.org). Ce courriel venant du Comité
de développement durable en santé (C2DS) placé
sous le haut patronage du Ministère de la Santé, jai
voulu en savoir plus.
Je nimaginais pas dans quel guêpier jallais plonger.
Une énième redite du fameux scandale de lamiante
ou de linterdiction de notre pauvre bouillie bordelaise qui
faisait trop dombre à Monsanto ?
Et dire que les ondes sont envahies par les spots anti fumeurs
Quand je vous disais que les politiques sont passés maîtres
dans lart de la tauromachie
on agite un chiffon rouge
de la main gauche et on vous passe une épée dans le
corps avec la droite.
Retrouver la confiance:
Première étape, sinformer. Les phtalates (DEHP,
DBP, BBP, DIDP, DINP, DIPP) sont des plastifiants du polychlorure
de vinyle (PVC) auquel ils confèrent sa flexibilité.
Ils se retrouvent donc dans la presque totalité des articles
en PVC : profilés, anneaux de dentition,ballons, nappes,
tuyaux, rideaux de douche, imperméables, colles, lubrifiants,
fils et câblages, dallages, couvertures plastifiées
.
Bien que biodégradables ils sont hydrophobes et passent dans
les sédiments où ils persistent. On les trouve aussi
dans les aliments du fait de leur migration à partir des
emballages. (Source INRS, Institut National de recherche et de sécurité
pour la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles, www.inrs.fr)
Toujours daprès ce fameux institut, quand nous arrivons
à létude des risques nous apprenons que malgré
une absorption pulmonaire, digestive et cutanée (plus lente),
les rongeurs ont plus de risques que les primates car ils absorbent
mieux les phtalates (sous forme de mono esters) et leur administration
répétée chez nos amis à quatre pattes
a des effets sur le foie, les rein et le système reproducteur
mâle. Une exposition à long terme (mois, années)
entraîne des tumeurs hépatiques.
Mais, se basant sur le fait que chez lhomme lexposition
aux phtalates ne produit pas de peroxysomes intracellulaires, le
Centre International de recherche sur le Cancer (CIRC) conclut que
le mécanisme dapparition des tumeurs hépatiques
chez les rongeurs nest pas transposable à lhomme
!
Restaurer la conscience
Pas transposable à lhomme nous jure-t-on ? Ah bon.
Et pourtant depuis 1997, la Commission européenne a adopté
une décision (1999/815/CE) prévoyant linterdiction
provisoire de lutilisation de 6 phtalates (DINP, DEHP, DBP,
DIDP, DNOP, BBP) dans les jouets et les articles de puériculture
en plastique souple destinés à être portés
à la bouche. Décision prolongée jusquen
février 2004 et toujours en discussion. Les risques officiellement
reconnus par le groupe de travail européen portent sur la
fertilité et la grossesse.
Cest par un biais étonnant que lattention sur
ces produits a été relancée en 2002 : «
Trois associations américaines de consommateurs lancent un
cri dalarme. De nombreux cosmétiques contiendraient
des phtalates ». (www.doctissimo.fr). La législation
en matière de cosmétiques en France comme ailleurs
est plus que laxiste puisque les études de surveillance de
lAfssaps ( agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé) dépendent du bon
vouloir des industriels...
Laffaire se corse avec la dénonciation de la présence
de phtalates et plus particulièrement du DEHP dans les matériels
médicaux comme par exemple les poches de sang ! Et la présence
de phtalates dans le sang transfusé.
Pourtant un vaste projet européen, le projet REACH voulait
évaluer les risques de 30.000 substances chimiques. En effet
la commission avait calculé qu'en éliminant les plus
dangereuses nous pourrions faire 40 milliards € d'économie
en dépenses de santé. Mais les grands groupes industriels
ont des arguments financiers percutants et brandissent immédiatement
le spectre de la mise au chômage de leurs salariés.
Renforcer la compétence:
Si nous suivons bien le raisonnement de nos grands administrateurs,
il ny a aucun danger mais ouvrons le parapluie et interdisons
les phtalates pour les tétines des bébés. Comme
toujours nous voilà devant un parterre de grands courageux.
Et ils sappuient sans vergogne sur les travaux des scientifiques
qui, bien entendu, sont contradictoires puisque trop souvent juges
et parties.
Alors qui croire ? Peut-on laisser la Faucheuse moissonner tranquillement
durant de nombreuses années encore sans nous émouvoir
? Beaucoup de nos frères humains ont payé linconséquence
des industriels et des politiques : les scandales de lamiante,
du sang contaminé, les boues toxiques, la dioxine, les engrais
et
maintenant les phtalates.
Une de mes patientes sétonnait avant-hier du nombre
de cancers autour delle. Peut-on vraiment sen étonner
? Je ne le pense pas, nous jouons depuis des décennies aux
apprentis sorciers en oubliant que nous serons certainement les
premières victimes de nos sales tours
Depuis 1984, notre confrère le Pr Belpomme, cancérologue,
se bat pour faire reconnaître les conditions environnementales
du cancer (http://www.artac.info)
Nous sommes en pleine campagne pour les présidentielles (et
oui, le pouvoir ça vous excite déjà le petit
monde politico-médiatique parisien), les candidats sagitent
en nous promettant la sécurité, le plein emploi, le
beurre, largent du beurre et la fille du laitier. Ils oublient
que pour profiter des lendemains enchanteurs quils nous préparent,
la santé est prioritaire, pour eux aussi dailleurs,
à moins que dans leur mégalomanie ils ne se croient
immortels. Pire encore, plus de morts égale automatiquement
moins de chômage, moins de délinquance et plus de sous
pour les survivants. Le premier ministre de Grande Bretagne a été
épinglé car bien que défendant bec et ongle
Big Pharma, il fait soigner ses enfants par un homéopathe!
Bref, pas dinquiétude à avoir, cela fera bientôt
10 ans que la Commission Européenne statue sur le cas phtalates.
Il aura fallu pratiquement 100 ans pour lamiante.
Si comme moi vous en avez assez que lon nous fasse prendre
des vessies pour des lanternes (sinon on sbrûle comme
disait Pierre Dac), parlez-en et vérifiez lorsque vous êtes
hospitalisés que létablissement prend en compte
les risques liés au DEHP. Les réactions sont surprenantes
et à défaut dêtre correctement pris en
charge, vous partirez au bloc en riant devant les têtes effarées
de vos interlocuteurs !
Puisque la peur est un argument politique puissant, essayons à
notre tour de nous en servir.
PS: Pour celles et ceux qui désirent en savoir plus, le site
de Greenpeace Canada consacre toute une page aux problèmes
liés au PVC. Celui ci est un polluant majeur compte tenu
des émissions de dioxine que dégagent sa production
et sa combustion. Le scandale réside surtout dans le fait
qu'il est facilement remplaçable.
l'os court : «
Le pouvoir est une maladie psychique. » Otar Iossolani,
cinéaste géorgien
Consulter
un autre numéro de la LEM
Lettre
d'Expression médicale n°468
Hebdomadaire francophone de santé
16 octobre 2006
LEM et ... LEM
Dr. François-Marie Michaut
Ah,cette maladie des sigles. Notre chère Lettre dExpression
Médicale ny a pas échappé. Mais, à
tout seigneur, tout honneur, le LEM, ou, si vous préférez
le module dexploration lunaire ( Lunar Exploration Module
), baptisé du doux nom doiseau dEagle ( Aigle
) est bien le premier à nous avoir fait rêver.
Retrouver la confiance:
Souvenons-nous. La mission Apollo 11 permet à Neil Amstrong
de devenir le premier être humain à fouler le sol de
la lune en 1969. Pour alunir, un transfert a été nécessaire
au moyen du fameux LEM. Aux commandes un certain Aldrin. Dans les
soutes un véhicule qui ne manqua pas de nous ramener encore
un peu plus dans lunivers de notre cher Tintin dans Objectif
Lune. En fait, ce ne fut pas facile, ce brave Eagle ne disposant
que dun ordinateur dont la puissance de calcul était
largement inférieure à celle de nos calculettes actuelles.
Après une manoeuvre dévitement dun cratère,
le LEM finit par se poser sur la Mer de la Sérénité.
Source : Accor Magazine n°79 septembre 2006. Ca ne sinvente
pas, et ne peut que faire vibrer ceux qui ont été
bercés par lami Pierrot qui avait une plume pour écrire
un mot. Technique, aventure, volonté de puissance, rêve
dhorizons inconnus et poésie indissociablement mêlés.
Restaurer la conscience
Mais alors notre LEM à nous, la LEM ? A-t-elle quoi que ce
soit à voir avec son prestigieux homonyme masculin ? La question
est légitime, tout simplement parce que nous célébrerons
le 20 octobre les neuf ans dexistence de la lettre. Pour ceux
qui auraient envie den retracer de façon très
précise lhistoire, toutes nos archives sont librement
disponibles sur le site. Disons simplement que lidée
initiale a été détablir un système
déchanges entre des médecins encore sous le
choc des mesures de ce qui fut le plan Juppé, dit, déjà,
de sauvetage du système de soins à la française.
Il sagissait de permettre à des médecins restant
muets devant des mesures aussi autoritaires de pouvoir enfin sexprimer,
en dehors de toute appartenance syndicale ou institutionnelle. Le
premier moyen de diffusion fut une feuille transmise par fax. La
première idée fut celle dun atelier dexpression
médicale : une lettre hebdomadaire, dabord postale,
puis transmise par télécopie ( fax) à une trentaine
de destinataires.
Et puis, bien vite, technique et manque de moyens de diffusion aidant,
sest imposée ladoption de lInternet comme
moyen de pouvoir élargir sans limite nos échanges.
Que sest-il alors passé ? Et bien, disons-le sans détour,
nos confrères médecins nont pas donné
suite comme nous lespérions à cette tentative
dexpression dune profession en grave danger de disparition
.
Renforcer la compétence:
Fallait-il pour autant se taire devant ce constat déchec
apparent ? Jacques Blais ( le seul pionnier qui soit resté
fidèle de notre groupe initial de 11 praticiens) et moi-même
ne lavons pas pensé. Si les professionnels ne se sont
pas montrés très présents et ouverts à
la communication, il est indispensable douvrir largement les
portes à tous ceux qui se sentent concernés par la
santé. Des amis et sympathisants de tous les horizons, de
multiples pays, ont accepté damener leur pierre personnelle.
Il faut bien le dire, la communication sur la Toile était
un territoire encore inconnu. Nous étions presque ... sur
la lune. Et cest en navigant dannée en année,
de mois en mois, de contacts en contacts, dactions en actions,
déchecs en réussites, de réussite en
échecs que la subtile alchimie de cette LEM sest développée.
Cette LEM qui a été nommée par Philippe Eveillard,
médecin spécialiste et journaliste depuis les premiers
jours de lInternet de santé le premier webzine
francophone de santé. Premier, ainsi nen souffre
pas notre modestie, ne voulant dire que le plus ... ancien périodique
publié uniquement sur Internet.
Avons-nous dévié de nos objectifs, avez-vous trouvé
quelque chose qui vous donne un petit coup de main, ou plus modestement
une petite pincée de sel ou de poivre pour mieux vivre ?
Cest à chaque lecteur, connu ou inconnu, dapporter
une réponse. Sa réponse personnelle.
l'os court : «
Nous avons perpétré lesprit des explorateurs
du XVIème siècle. » Buzz Aldrin ( pilote
du LEM le 20 juillet 1969 )
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