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Alors mes chers confrères : qu'est ce qu'on fait ? Qu'est ce qu'on fait de sérieux, d'utile, qui soit bon pour les malades, bon pour nous et bon pour l'omniprésent complexe médico-industriel ?
Je vous propose de redéfinir les bases qui nous lient au dit complexe médico-industriel lequel compte sur nous pour prescrire les médicaments qu'il fabrique, utiliser les appareils qu'il fabrique, faire tourner les centres médicaux qu'il met en place.
Ce cher complexe nous prend souvent pour des petits enfants : " Fais pas ci ! Fais pas ça ! ". Et nous répondons en petits enfants " Oui monsieur, Bien madame ".
Il faut repenser tout cela. Il nous faut réaimanter la boussole affolée de l'honneur médical dérivant.
Tout le monde y trouvera son compte. Le " complexe " le premier. Faire avec lui ? D'accord. Faire autrement ? Impératif. A bas l'infantilisation publicitaire du médecin. Vous supportez, vous les publicités qui nous poussent à prescrire ? Moi non.
Alors ? On en discute ? Ouvrons le forum. _______________________________
Ndlr. Ca tombe très bien. Il existe ce forum. Il ne demande qu'à fonctionner à plein régime si nous avons la volonté de sortir de notre isolement, et de notre timidité. La liste Exmed1 est là pour servir d'atelier de travail. Avis aux amateurs.
- « Les risques associés aux vaccinations, on en parle aux USA ( NEJM 1 février 2001, Volume 344, No. 5°. Il y a même un article sur la dernière épidémie de la variole, à Boston, il y a 100 ans. Je préfère la formule de Jonathan Swift, écrit dans l'Examiner, No. 15, le 9 novembre 1710 ...."Le mensonge vole au vent, et la vérité suit en boitant ; tant que quand les hommes n'en sont plus trompés, il est trop tard : la plaisanterie est finie et l'histoire a gagné son effet." Comme l' écrit le Dr. Bruce G. Gellin, en éditorial : "La compréhension des immunisations du public est limitée." Il faut mener un grand effort pour éduquer tout le monde sur ce que font, et sur ce que les vaccins ne font pas, puisque le but des études scientifiques sur la sécurité des vaccins est de prouver l'absence du mal ». Dr Harold Burnham, correspondant d'Exmed aux Etats Unis.
- « A part le scandale des porcs nourris aux antibiotiques et aux hormones, probablement pour faire équilibre avec celui de la vache folle dans le reste de l'Europe, peu de choses ici. En réponse à l'article sur l' Erika paru dans Exmed1 , le gouvernement autrichien (comme le gouvernement allemand) encourage la vente des automobiles diesel ( taxe de 12% au lieu de 15% sur voiture normale). Après avoir lu Mr. Tailliez, j'ai eu la curiosité de chercher sur Internet, si je trouvais un site, qui parle objectivement de l'utilisation des moteurs diesel. Le seul site découvert (en langue allemande) est celui du bureau cantonal de Berne pour l'environnement,qui trace un portrait bien noir (c'est le cas de le dire) du moteur diesel à cause des émissions de particules nocives pour l'être humain et de la forte concentration de SO2 et de NOx qu'il occasionne à la combustion, . On a donc décidé en Suisse de ne pas favoriser la vente de ces moteurs pour ne pas mettre la vie des citoyens en danger. En Suisse 2100 personnes meurent chaque année à cause de la pollution atmosphérique due à la circulation automobile. Des dizaines de milliers d'enfants et d'adultes souffrent de maladies respiratoires ». Message de Christine Bruzek, notre correspondante permanente d'Exmed en Autriche.
- Un ministre de la santé germanophone qui donne sa démission parce qu'il n'a pas su gérer correctement la crise de l'encéphalite bovine spongiforme. Bel exemple de responsabilité politique.
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« Certains mettent en doute que la gestion délicate de la relation de soins puisse améliorer les chances de guérison. Toujours est-il que l'expérience du délaissement peut alourdir gravement le passage de la santé à la maladie et de la vie à la mort par la crise psychologique silencieuse que l'hôpital provoque trop souvent. La réflexion éthique souligne la réciprocité de la relation thérapeutique qui engage le soignant et le soigné dans un pacte d'aide. Par delà la dénivellation des situations, des compétences et des destins, deux êtres humains jouent leur partie. Il s'agit de semblables que le destin réunit provisoirement pour réussir - ou non - à mettre en échec l'inhumanité et la dureté. L'oubli, l'indifférence,ou la réflexion insuffisante transforment parfois le souffrant en un obstacle entre son cas et l'expert indifférent qui en juge. Faute du maintien d'une dimension relationnelle, l'administration du traitement peut devenir une expérience d'absurdité, de violence ou d'abandon pour le malade. L'extrême division du travail, la formation spécialisée de chaque catégorie d'acteurs dans le système hospitalier imposent désormais le développement complémentaire d'une compétence psychique : sans une telle formation des soignants, il peut exister, pour les patients, un coût iatrogène de l'expérience de l'hôpital » . Ndlr : Ce texte est extrait du programme du séminaire de bio-éthique du 23 mars 2001, Faculté de Philosophie, Université Jean Moulins à Lyon, avec J. Goffette et P.Romestaing
- Dans un mois les amis connus et inconnus d'Exmed auront l'occasion de faire connaissance. Nous organisons en effet avec nos collègues les médecins maître-Toile un stand du 13 au 16 mars dans l'enceinte du Médec. Venez constater que ceux qui s'expriment par l'intermédiaire d'Internet ne sont pas des êtres virtuels. Ils savent parler, rire, et si vous le souhaitez, ils sont disposés à vous faire voir comment fonctionnent leur drôles de machines. Car ils n'ont pas oublié qu'ils ont été des débutants pestant contre ces étranges écrans capricieux, avant de devenir peu à peu des utilisateurs confirmés, puis des passionnés.
- Que les médecins sont soumis ! Voilà ce que diront les historiens en évoquant l'attitude de nos pères, quand le nouvel ordre des médecins entérina, à quelques admirables exceptions près, l'interdiction d'exercer la médecine pour les médecins juifs, en application des abominables lois antisémites de l'Etat Français. La liberté intérieure de désobéir à des ordres tuant l'humain sous quelque forme que ce soit, est-on bien sûrs qu'elle ait progressé depuis 60 ans ?
- « L'hôpital est finalement très peu réceptif aux signaux. Économiques : réflexion préalable à toute décision, prescription, indication. Pourquoi systématiser, paradoxalement, lorsqu'on est une part d'un système de santé, avec ses interactions, ses sous-ensembles, ses connexions, ses courants, ses complémentarités. Expérimentaux : aspect immuable, définitif, des moyens et des critères d'apprentissage, hiérarchisant jusqu'à la caricature les potentiels d'adaptation des apprentissages de chacun des membres de l'échelle. De communication : malgré de gros efforts, il est vrai que l'on dit bonjour, que l'on ap-pelle les patients par leur nom, qu'on tente d'expliquer un peu plus, mais il existe encore si peu d'attention à la parole du malade, à ses questions, à ses remarques, à ses suggestions même. Le monde de la Santé est réellement complexe, diversifié à l'extrême, et le praticien libéral plongé soudain dans l'univers du sous-ensemble hospitalier reste terriblement perplexe, étonné. Habitant d'un autre monde, celui des humains du quotidien non technique et en accès direct, il entre dans des voies autoroutières dont on sait, une fois engagé sur une bretelle, combien il sera difficile ou impossible de revenir sur ses pas » . Dr Jacques Blais .
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LEM 182 du 22 février 2001
Les investisseurs financiers pressentent que les questions touchant à la santé vont devenir l'un des grands sujets incitant les citoyens à fréquenter la Toile, comme nos amis canadiens ont baptisé le réseau des réseaux. Les organisateurs des systèmes d'assurance maladie nationalisés à la française ont vu dans l'utilisation de l'Internet un moyen économique de faire participer les professionnels de santé à leur mission administrative. En vérité, rien de cela n'est de nature à inciter le corps médical à explorer activement les possibilités qu'offre ce nouvel outil de communication et d'échanges. Le résultat est là, incontournable. Seul un praticien sur vingt est un utilisateur régulier du Net. Il y a d'énormes possibilités de recherche de documents médicaux dans le monde entier, dit-on souvent. C'est vrai . Or cela ne concerne qu'exceptionnellement le médecin dans sa pratique clinique quotidienne. Alors, ce qui peut pousser les confrères à investir l'effort indispensable d'apprentissage, c'est que l'Internet leur soit directement utile, leur simplifie vraiment la vie. Comment ? Tout simplement en faisant d'eux des prescripteurs d'Internet auprès de leurs patients. " Monsieur, vous êtes diabétique, je vous prescris le traitement médicamenteux adapté. Pour mieux vous soigner, il est utile que vous ayez une aussi bonne connaissance possible de votre maladie. Je vous conseille le site suivant, que je suis allé visiter et dont j'ai vérifié personnellement la pertinence dans votre cas à vous. Vous y trouverez aussi la possibilité de dialoguer avec d'autres personnes comme vous .
- Quand la pathologie présentée par les patients n'est pas encore passée par le circuit académique habituel, le Net médical peut être irremplaçable. Ainsi en est-il, pour rester dans des sujets bien connus d'Exmed, du harcèlement moral ( violence psychologique dans la vie privée ou au travail ) ou du sevrage ambulatoire des patients alcoolo-dépendants ( environ 10% de la population adulte ).
- Quand tous les propos tenus sur la médecine comportent une culpabilisation de fait des médecins, les échanges par courrier électronique ont une place de choix pour aider ces thérapeutes à rester des médecins dignes de ce nom. La fameuse dérive ( noter la connotation) des dépenses de santé, c'est de la faute ( exclusive ) des praticiens. Et bien, non, définitivement non, il n'y a aucune raison de porter ce chapeau car il n'est pas le notre. Favoriser aveuglément la technoscience dans ses choix politiques est autrement lourd des conséquences que nous subissons tous, médecins en tête. C'est à nos décideurs de nous rendre des comptes, et à eux seuls.
- Chacun se souvient de la vente à une société pharmaceutique américaine des arbres généalogiques et des cartes génétiques de toute la population islandaise. Cela avait fait hurler beaucoup de gens soucieux de bio-éthique partout dans le monde. Alors que les premiers résultats du décodage du génome humain se révèlent beaucoup moins prometteurs que ce qu'en attendaient ses promoteur, on reparle de l'Islande. Les industriels acheteurs annoncent qu'ils vont bientôt mettre au point des médicaments contre trois affections, directement liées, selon eux, au génome. Il s'agit de la schizophrénie, des cancers et de l'alcoolisme. Excusez du peu et admirez la méthode. Faire le saut d'une affection liée statistiquement à la présence de tel ou tel gène à celui de maladies dont la cause unique est une anomalie génétique, il y a un pas de géant que les spécialistes scientifiques se refusent fort prudemment à effectuer. Quant à justifier une démarche éthiquement critiquée en faisant miroiter de faramineuses promesses au bénéfice des gens qui souffrent, c'est prendre les citoyens pour des girouettes, et justifier n'importe quel moyen par sa fin.
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Dr François-Marie Michaut Nos étudiants fuient de plus en plus les disciplines scientifiques, nous dit-on. A priori, il n'y a aucune raison que ce désintérêt soit lié à une paresse particulière de toute une génération. N'est-ce pas d'avantage le résultat d'un mouvement plus profond, d'une crise de foi dans les merveilleuses promesses des découvertes techniques et scientifiques ? Les dérapages écologiques dont nous commençons à prendre la terrifiante mesure, y compris dans le domaine de la santé, n'y sont pas pour rien. La sélection de nos élites s'est faite depuis un demi siècle sur un modèle unique : la valorisation exclusive des performances cognitives par le système académique. En gros, on a uniquement favorisé les sujets présentant ce que les psychologues appellent un quotient intellectuel ( QI ) au dessus de la moyenne. Or, ce QI est remarquablement fixe tout au long de la vie, et n'a aucune relation directe avec la capacité de mener son existence privée ou professionnelle. Or, tout patient le remarque, il existe un savoir-faire émotionnel, des aptitudes émotionnelles qui sont déterminantes dans la qualité d'un acte thérapeutique, et qui peuvent se cultiver toute la vie. Bien sûr, cela n'exclut pas la compétence technique indispensable des soignants. Cela lui permet de devenir un vrai soin de la personne qui souffre. Tout cela a été fort bien décrit par Daniel Goleman dans un ouvrage qui est devenu un succès de librairie aux Etats-Unis (*). Comme il est étrange que le pays de Montaigne et de Pascal reste coi dans ce débat. (*) L'intelligence émotionnelle, 1998, Ed. J'ai lu 2000
- Déjà quatre ans que chaque semaine la LEM poursuit son travail d'expression indépendante sur les questions qui agitent le monde de la santé et de la médecine. Les choses bougent-elles dans le bon sens ? Du côté des pouvoirs publics, les échecs s'accumulent sans que cela semble entraîner des remises en cause fondamentales des mécanismes régulateurs mis en place. Plus de 10% d'augmentation des dépenses de médicaments en France durant la dernière année, ce n'est pas rien. Notre lourd système de santé prouve une fois de plus son incapacité à s'autoréformer.
- Pourtant, les citoyens et les professionnels, de plus en plus sceptiques devant les décisions politiques, commencent à se poser des questions et à oser parler. Des débats publics s'engagent discrètement au sein de petites communautés, en particulier grâce à l'Internet. Comment ne pas penser à ce qui s'est passé à l'Est du temps des "dissidents" avant 1989 ?
- Tant pis si c'est difficile, Exmed poursuit dans les pages de son site ses efforts pour le développement de dossiers de santé peu populaires. Bien sûr, l'étude de la systémique médicale. Naturellement, ce qui touche à la philosophie et la médecine. Évidemment l'alcoologie. Fondamentalement la lutte contre le harcèlement moral. Et toujours, l'approfondissement de la santé de cette économie au nom de laquelle se prennent toutes les décisions politiques. La collectivisation deshumanisante des moyens de production a échoué. L'arrogante dictature de la loi des marchés réussit ... à détruire la planète et la majorité de ses habitants. Le libéralisme tant vanté, et promu à une mondialisation irréversible, n'est cependant qu'une idéologie, tout comme le marxisme. C'est d'un autre libéralisme simplement logique que nous avons besoin pour vivre dans le meilleur état de santé possible. Un texte important et original de Dominique Michaut notre économiste exmédien développe ce point de vue à http://www.exmed.org/exmed/ecb.html Vue ainsi, l'économie est bien une science morale, et avant tout, à taille humaine. La loi des marchés, directement héritée du XIXème siècle sans avoir été remise en question, ne peut pas rester durablement le Veau d'Or que nous vivons dans la souffrance systématique des moins forts. Immense, mais incontournable chantier.
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Sanglé, sanglant, mais sans un sanglot sur son sort, l'individu réfléchit. Ficelé sur sa planche à...dessein, un peu abusif, ou à destin, par trop prétentieux, et relié à des fonctions vitales par rien moins que dix tuyaux, sondes, catethers, drains, voies parentérales, et deux électrodes ventriculaires directes, l'être humain dispose d'une large douzaine d'heures de méditation sur le verbe être, précisément. Etre, pour être vivant, en ayant alors opté pour une version organique, ou être pour exister, en s'offrant l'occasion ou même le droit d'en profiter encore. Autoriser son corps à fonctionner, lui apporter même des solutions de dépannage, pour permettre à son être pensant, vivant, participant, choisissant, décidant, créant, souffrant, aimant, d'exister selon ses critères et ses croyances, ses envies et ses désirs, ses attraits et ses aspirations, ses choix et ses doutes, ses besoins, son bonheur. Jusqu'à l'erreur, l'horreur ou l'errance, jusqu'à la lucidité, la grâce et l'intelligence, jusqu'à l'amour et jusqu'au plaisir. Comme d'habitude, il s'agit d'une démarche. Choix, négociation, décision. Et comme toujours systémique, puisque humaine, choix d'un être à la fois complètement seul et intégralement collectif, négociations avec soi selon des critères et des croyances devenues propres si parfois inappropriées pour les autres, des objectifs, tous entrés dans un cadre, une vision du monde, une situation définie. Et décision d'adulte, dans laquelle les unités de mesure seront l'existence avec sa nécessité, son envie, son plaisir, ses besoins et qualités, et puis la vie avec ses risques, ses caractéristiques, sa vision par excès et par défaut, et la mort lucide jamais oubliée. ( à suivre )
Ndlr : Première partie d'un texte écrit ces derniers jours par un médecin ami passé du côté des malades. Pour lui répondre : jablais@wanadoo.fr
- « Le Conseil National de l'Ordre des médecins nous rappelle les risques du métier , dans un rapport intitulé « Pratique médicale et sexualité » . Etait-il réellement nécessaire que notre vénérable institution fasse cette mise en garde , concernant une précaution dictée par le simple bon sens et relevant de la plus élémentaire évidence ? Et faut-il vraiment instaurer un programme obligatoire de formation , théorique et pratique , comme nos sages le suggèrent ? Les formations de prévention routière n'empêchent pas les excès de vitesse ni l'alcool au volant . D'autre part , faut-il rappeler qu'une relation sexuelle librement consentie ne constitue ni un crime ni un délit aux yeux de la loi ? Restaurer la conscience Mais il est à craindre que ce subit accès de pudibonderie ne génère des effets pervers sur notre pratique médicale dans ce qu'elle a de plus noble : l'examen clinique . Certains d'entre nous ne vont-ils pas renoncer à faire déshabiller leur patient(e) , ce qui constitue une économie de temps appréciable à une époque où il nous est si chichement compté , et à remplacer la palpation des seins ainsi que les touchers pelviens par l'imagerie médicale ? Cela serait fort dommageable pour les comptes de la Sécurité Sociale , mais aussi pour la relation soignant/soigné . En effet , après l'interrogatoire , ce moment de la palpation intime est un temps privilégié de la démarche diagnostique . C'est au cours de ce temps fort que se manifeste le mieux la confiance de la personne examinée . Le seul fait pour elle d'accepter l'examen qu'on a pris le temps de lui expliquer constitue un consentement éclairé . Je serais tenté d'écrire « une relation non-sexuelle librement consentie », que l'imagerie médicale ne remplacera jamais » . Dr.Ph.Deharvengt , Deharvengt@aol.com
- La semaine prochaine, la LEM va se taire. Tout simplement parce que nous allons parler avec les MMT au Médec. Si vous voulez en avoir des échos directs, rendez-vous à http://www.mmt-fr.com/ . Et on se retrouve ici dans 15 jours.
LEM 185 du 22 mars 2001
Pour moi, depuis longtemps ou toujours, l'unité de mesure est le choix. Dès lors qu'il a pu être effectué, adulte, constructif, lucide, entre plusieurs possibilités objectives, la suite devient anecdotique, ce qui n'ôte rigoureusement rien du réel. Mais le réel devient circonstances, description, récit vivant, mesure tangible jusque dans la part de souffrance, et construit alors sur ce socle de vie cette merveilleuse part d'exis- tence. Deux écueils sur lesquels se montrer clairvoyant, dans ces nouvelles d'un au-delà fonctionnel, endogène, additif, bénéfique. L'euphorie du pseudo rescapé est le premier sursis. S'il y a eu à un moment, davantage que survie, c'est en ne déclenchant dans le décor grandiose et sauvage du nord de Madagascar au cours d'une randonnée crapahutante dans la caillasse qu'une symptomatologie de blocpnée suraiguë, et non directement de nécrose sur une IVA entre autres obturée à 80 %. Le reste est affaire de statistiques liées au progrès fascinant de la réanimation, de l'anesthésie, et des techniques chirurgicales. Et le " mérite " est au compte des mains habiles, aucunement à celui du patient, de même que dans ce cas s'amoindrit le vrai syndrôme du rescapé, des aventures collectives, attentats, sinistres, phénomènes naturels, qui est d'abord coupable à ses yeux de ne pas être mort. Mais il demeure utile de garder à cette sorte d'euphorie consécutive à un choix adapté une échelle de lucidité objective. Le syndrôme de la réparation est le deuxième. J'ai été réparé par des mains expertes et entraînées.
- De là à faufiler derrière ces aiguilles là l'idée que j'en aurais profité pour réparer, par ce choix décisif, des négligences, carences de suivi, absence de prévention, une carrière entièrement vouée et tournée vers les autres aux détriments résolument conscients de moi-même et des miens, refus absolu de cette thématique chrétienne de la réparation de faute. Dans cette systémique au sein de laquelle je tiens une place interactive, un rôle, un langage, je ne représente cependant pas du tout un corps livré avec garantie pièces et main d'ouvre, et date de péremption. Chacun, de manière évidente, découvre avec le temps, débusque avec intérêt, ou cherche avec acuité, son bénéfice secondaire dans les avoirs de l'être selon que je suis présent et actif, ou absent et évalué au passif, et selon la valeur ajoutée par tous. D'un choix de trente ans d'hyperactivité forcément égocentrique j'ai tiré un immense bonheur, une passion, un rôle, d'infinies découvertes et une curiosité permanente pour les êtres, le sentiment d'une utilité justifiant ces options. Et les autres, patients, entourage, confrères, proches, ont reçu et donné leur part largement. Mais les deux dimensions extrêmes se côtoient. Entre " celui qui s'est occupé des autres en s'oubliant au risque de nous laisser tous, se prend enfin en charge ", une forme de discours audible, et " il a fini par comprendre qu'il n'est pas différent des autres et qu'il a vis à vis de nous des loyautés à respecter ", une autre tonalité perceptible, deux options se perçoivent sous le regard des autres. Comme si réparer était payer, langage traditionnel d'inspiration chrétienne culpabilisante, quand décider et choisir sa vie serait acheter, un langage d'échange qui laisse à chacun son bénéfice ». JB, à suivre
Restaurer la conscience - Incroyable expérience que de passer du virtuel au réel. Au Médec avec les MMT a été confirmée la pertinence de de concevoir un Internet de santé construit par et pour les professionnels et les patients sur le terrain.
Renforcer la compétence - Quel plaisir de rencontrer physiquement à Paris des "exmédiens" de la première heure, comme le Dr Fouques Duparc, chargé de l'hospitalisation à domicile, et Denise Silber, une spécialiste et consultante reconnue de l'internet de santé en France et aux USA depuis 1995.
Épinglé sur sa planche à dessin, finalement, et plus simplement. Dessein sonne trop grandiose, et destin trop grandiloquent. Et, sur le plan des représentations sensorielles primordiales décrites en PNL, l'accès sensoriel visuel prépondérant me sied mieux pour illustrer cet état de corps remis entre les mains des experts. Avec 4 voies dans le sens des apports, perfusions de fluides et intubation respiratoire, et 6 dans le sens du drainage et de l'évacuation, le corps montre qu'il veut évacuer, purger, donner, plus que recevoir. Les deux électrodes plantées à même les ventricules représentent le paratonnerre. Toujours dans le visuel, ce premier aperçu blafard et exsangue, au premier lever tremblant dans le miroir du cagibis de la chambre d'hôpital. La gueule de mon père, incontestablement , frappante. A part le nez qui s'avère différent. Et avec trente ans d'avance, nuance de taille, car mon père lors de l'unique hospitalisation de sa vie avait déjà, lui, 88 ans. Une hospitalisation de circonstance, décidée en mon absence, comme se manifesteraient ensuite d'autres jours de confrères scandalisés, médecins de garde ou praticiens proches de la résidence secondaire campagnarde. Avec des mots forts : transfuser, hospitaliser, opérer. Des confrères horrifiés que " l'on ne fît pas enfin quelque chose ". Entre mon père et moi s'était établi une sorte de contrat moral, lors de sa première consultation pour une très importante anémie.
- " A ton âge, cette anémie est liée à cette masse que l'on perçoit encore à peine dans le bas du ventre à droite, mais qui va grossir et saigne déjà. Ou tu veux savoir quelle taille elle a, où elle est située, la cerner, la combattre, l'ôter au besoin, ou bien tu souffres, ou tu as peur, et on met alors en route explorations et traitements. Ou au contraire tu n'as pas ces soucis et envies et nous nous abstenons avec la douleur et l'inconfort comme critères d'intervention, c'est toi qui sais " Et lui m'avait répliqué, dans les yeux : " Écoute j'ai 88 ans, je tiens encore un peu debout, j'ai conservé ma tête, j'ai eu une vie passionnante et amusante, de découverte et d'enthousiasme. Malgré les camps de concentration que j'ai connus, et au fil de la marche sur la Lune, de la croissance et du développement, de l'internet, et de cette effrayante course au pouvoir. Je raterai 2000 mais tant pis, je te fais signe en cas de besoin. C'est entre nous, mais débrouille toi pour me protéger de tout le monde, cela ne va pas être simple... " Etre le fils et le médecin est naturellement très difficile. La mère conserve l'idée de ce petit garçon bizarre de près de 60 ans, qui lui a donné tant de fil à retordre dans ses choix étranges. Au moins les deux frères étaient sortis des grandes écoles, avec par conséquent un avenir, un plan de carrière véritable. Certes aucun n'est devenu curé, mais au moins l'aîné, lui, ne lui aura pas fait la honte de sa vie en divorçant, et le plus jeune en ne se mariant pas a pu garder un contact satisfaisant avec elle. Un vrai fils.
- Heureusement les deux frères, dès qu'il ne s'agit pas d'ingénierie, passent la main. A part changer les pièces, ils ne voient pas de solution, et en fin de compte disposer d'un illuminé sous la main pour s'occuper de sentiments ou de pensées, cela rend service, laissons le ...opérer, même si ce n'est pas le terme adéquat » . JB ( à suivre )
- Le site Expression médicale, "qui explore les espaces médicaux socio-économiques " et "propose une lettre hebdomadaire, épine dorsale du site et plusieurs thèmes de formation continue entre économie de la santé et sociologie" est ainsi présenté par le Dr Gracies aux médecins par Abstract Neuro n°6 du 6 mars 2001. Exmed ne boude pas son plaisir.
Os court « Un bon conseil vaut mieux que de le suivre » Ambroise Bierce .
« Reste une difficulté familiale systémique : la cousine pharmacienne d'officine. Aïe aïe. C'est que l'on ne manque jamais de ressources dans ce domaine. Si les grosses pilules chères ne marchent pas, il y a en boutique la poudre magique. Et ensuite les herbes. Et au pire en magasin les déambulateurs, l'urinal, les couches-culottes, on ne sera jamais démuni. Je n'ai pas eu l'idée de vérifier si, entre les thermomètres et les brosses à dent, on ne trouvait pas des crucifix jetables en sachets stériles, à côté des humidificateurs.... Et la pharmacienne, scientifique véritable, sait prendre directement les rendez-vous avec les spécialistes en logue, ceux qui riment avec catalogue. Arrive la " nuit des pompiers " celle de la panique ultime. Où je parviens malgré tout à me trouver sur place à temps. " Merci les gars, vous êtes sympas, vous avez été parfaits, remisez votre matériel maintenant et ne vous faites pas de souci, nous allons gérer sur place à présent, et encore merci " Peut-être bien la première fois de notre vie, un dialogue s'instaure entre ma mère et moi. Ou un monologue inverse de l'habitude, je ne voudrais pas exagérer. Ce petit garçon docteur étrange a l'air de connaître des trucs à propos de la mort. Et il sait finalement expliquer, rassurer, convaincre, s'asseoir, prendre la main, parler. " Tu sais, il voulait mourir chez lui, nous allons le satisfaire, et tu vas t'offrir à toi-même un souvenir merveilleux. Je te tiens la main, si tu as envie de parler on peut même le faire. Mais tu vas voir, la mort a pour ses vieux ressortissants tranquilles des douceurs tendres.
- Elle va arriver comme un papillon, avec le même infime bruissement d'air, et puis elle se posera là, au bord de ses lèvres. Et ses couleurs vont donner l'impression de se ternir tout à coup. Mais en réalité le papillon, lui, va repartir vers quelqu'un d'autre, avec ses teintes éclatantes. Ce ne sont que les ailes du nez qui blanchissent en se repliant, regarde nous y sommes, tu vois c'est fini " Mais non, décidément dans ma glace de l'hôpital, et même livide, je n'ai pas le même nez. Ce besoin dans les évènements de la vie d'évoquer la mort. Trente ans d'écart et la même tête. Mais j'ai aussi pensé que, trente ans plus tôt, j'avais assuré dans la brousse centrafricaine la gestation complète, et pratiqué de mes mains la mise au monde de ma fille aînée. Un autre rappel de la vie. Et elle est à son tour joliment enceinte de cinq mois, un autre assurera son accouchement dans sa province du sud où elle exerce le beau métier de professeur de philosophie... La vie. Des nouvelles de l'au delà, au sens de Romain Gary/Emile Ajar et de la RATP, qui disent tous : au delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable » . Docteur Jacques Blais .
- A la lecture de ces lignes de notre ami Blais, j'ai eu honte. Honte d'une organisation de la société voulue par nos dirigeants qui, par souci borné et à courte vue de "rentabilité économique" des comptes de l'assurance maladie, parvient à dégoûter de leur métier des hommes de cette qualité exceptionnelle. Il faut que le public le sache, et cesse de se laisser endoctriner par des promesses fallacieuses en des lendemains technologiques qui rient. L'homme isolé seule mesure de tout système économique, et non tel ou tel groupe particulier, voilà ce que plaident par leur action des hommes comme Jacques Blais. Et, même s'ils n'ont pas la parole, ils existent.
- Comme toutes les nouvelles vraiment importantes pour les citoyens, cela a été dit avec une grande discrétion dans nos médias. Les animaux clonés, véritables défis annoncés à la mortalité du vivant , sont finalement de bien piètres êtres. Ils accumulent de tels défauts de fabrication et de telles incertitudes sur leur durabilité, qu'ils constituent un repoussoir remarquable aux tenants tonitruants des vertus d'un clonage humain reproductif. Chassez la nature, disait l'autre, elle revient au galop.
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