N° 72 04-09 -1998 Consulter un autre numéro ?
Le nouveau mode de distribution de la LEM est triple, pour répondre aux attentes de nos lecteurs et partenaires.
- Par courrier traditionnel, envoi d'une photocopie en noir et blanc de chaque numéro . Pour cela, veuillez formuler une demande et nous faire parvenir autant d'enveloppes timbrées à votre adresse que de publications souhaitées.
- Par lecture directe sur le Web, puis impression personnelle, pour les " branchés ", au moyen des deux serveurs mentionnés en en-tête.
- Enfin par abonnement gratuit pour ceux qui disposent d'un courrier électronique. Un simple e-mail blanc , sans sujet ni texte,à l'adresse suivante : lem.subscribe@makelist.com suffit . Vous abonner permet également de pouvoir communiquer vos réactions et messages à tous les lecteurs. Une façon de plus pour tous de s'exprimer !
- « J'ai particulièrement apprécié le développement sur la systémique et l'utopie... je rédige actuellement des réflexions sur " l'autour " de la médecine - psychosociologie, pouvoir, technique - ... sortir de la médecine pour analyser ce qui peut se lire à l'intérieur d'elle, mais prend sens si on regarde le champ social, l'histoire, la politique ». Odile Marcel, philosophe, université de Lyon.
- Il faudrait des doses d'ozone 400 fois supérieures à celles des zones urbaines pour que ce gaz devienne toxique pour l'homme affirmeraient les pneumologues selon Marianne du 24 août - dictionnaire des idées fausses d'aujourd'hui . Quelle est alors la vraie raison des restrictions drastiques de circulation françaises et de la ruineuse " vignette verte " ? Sommes-nous vraiment si infantiles qu'il est nécessaire de nous raconter de belles histoires ? Qu'on nous dise plutôt quelle est la composition de cette poussière noire et grasse qui envahit nos villes et nos poumons . C'est top secret , la vérité nous tuerait ?
- " Le gouvernement n'a pas encore décidé si les généralistes pourront prescrire le Viagra " . Incroyable titre de une du Quotidien du Médecin du 31 août ! Tour de passe-passe . C'est donc aux politiques ( ou à leur ersatz syndicaliste ), de décréter à une profession de santé ce qu'elle doit faire ou ne pas faire ? Et la presse comme les citoyens doit accepter cette ingérence digne d'un régime totalitaire sans la moindre réaction ? Ici, on dit nettement abus de pouvoir INACCEPTABLE , car niant toute confiance à une catégorie professionnelle qui ne peut travailler au mieux pour la santé de tous que dans la confiance réciproque et éclairée entre patient et soignant.
- Effondrement économique et politique des pays d'Asie, de la Russie, de l'Amérique du Sud et peut-être des Etats-Unis . Tous ceux où règne la pensée économique remise en question par notre économiste de LEM ! Les faits en cours, lourds de conséquence pour la santé des hommes, semblent lui donner dramatiquement raison et nous conforter dans la nécessité d'en apprendre un peu plus et un peu mieux avec lui dans ce domaine.
- Très longue réponse du Dr Adénis-Lemarre, généraliste d'Angoulème sur le dossier " systémique médicale " ouvert dans notre Site, avec des cas cliniques personnels. Des échanges par e-mail sur ce sujet peu connu se mettent en place. Avis aux confrères et autres intéressés.
Os court : « Viagra, c'est le pied avec l'épine » .
Zizi Gounette
N° 71 28-08 -1998 Consulter un autre numéro ?
Lettre d'Expression Médicale n°71
Rappelez-vous. Nous avons décidé de prendre la parole sur la place publique il y a plus d'un an et demi, parce que des décisions lourdes pour notre santé à tous venaient d'être imposées en France. Et parce que tout cela se passait dans un terrible silence de la part des professions de santé et des utilisateurs des soins. Nous avons commencé par envoyer notre Lettre par le moyen le plus accessible dont nous disposions à l'époque : la télécopie. Cela nous a permis de nous faire entendre en toute indépendance d'un certain nombre d'instances officielles et médiatiques. Nous allons cesser ce moyen de transmission . Un envoi postal de la LEM a toujours été effectué, et continuera à la demande.
Sinon, rendez-vous sur la Toile. Nous en améliorons la lisibilité et l'accès. Un nouveau service est en cours de réalisation . L' abonnement gratuit ( et le désabonnement ... ) pour recevoir directement le texte de la LEM dans votre boîte à lettre électronique.
Sur papier ou par la Toile, vive l'expression de santé indépendante.
- Pour améliorer concrètement nos possibilités d'échanges internes ( profanes - médecins ) , une liste de diffusion électronique couplée à cet abonnement est constituée. Ouverte à tous, y compris les néophytes.
- Les 20 médecins responsables de sites web de santé qui adhèrent au club MMT ( médecins maîtres-toile ) ont été informés des pressions dont l'un des leurs a été l'objet. Il a en effet publié sur le ouèbe la liste des erreurs, dont certaines signalées en vain au constructeur depuis plus d'un an , d'un logiciel proposé aux médecins pour la gestion de leur cabinet. La publication de cette liste, naturellement utilisée par la concurrence , serait considérée par l'industriel en question comme un acte diffamatoire. Les faits rapportés sont-ils oui ou non conformes à la réalité ? Y-a-t-il oui ou non une faille dans la qualité de l'outil vendu au corps médical ? C'est la seule chose que nous avons besoin de savoir. La transparence en matière de santé est encore plus nécessaire qu'ailleurs. Il est si facile à un initié de noyer le poisson, alors qu' il est trop souvent impossible au profane , quoi qu'il en croie souvent, d'y voir clair dans ce qui est affirmé de façon péremptoire.
- Le Dr Max Klohn, notre correspondant en Suisse, est très partisan de l'ouverture large des débats de santé aux " profanes " , tel qu'il est proposé dans LEM . Déplorable notre tendance aux débats à huis clos, à la multiplication des intranets, des sites internet vérrouillés par des mots de passe. « Quant à l'assassinat de la santé, j'ai l'impression qu'il est largement volontaire et délibéré ... Les
plus "mauvaises" de nos nomenclatures encore en vigueur à l'heure actuelle font quelques centaines de prestations, alors tu penses bien, passer à six mille ! ... Ce sont les juristes qui tiennent le système, en dernier lieu. Ce seront probablement les derniers à se laisser b ... ( = berner ndlr ? ) » . source: e-mail de Max Klohn du 14 août 1998.
- « Rétifs à tout discours moral normatif, instinctivement rebelles à tout jugement de nature éthique fondé sur la croyance et la responsabilité, nous capitulons sans problème devant la fausse majesté du médical » . Jean-Claude Guillebaud , " La tyrannie du plaisir ", Seuil, 1998 . Un livre qui donne l'impression d'être intelligent !
Os court : « Mourir en bonne santé, c'est le voeu de tout bon vivant bien portant » . Pierre Dac
N° 70 21-08 -1998 Consulter un autre numéro ?
Notre correspondant helvétique Max Klohn ne décolère pas. Pour effectuer le passage d'un système d'assurance maladie privé qui couvrait 98% de la population à un système public confédéral supposé moins coûteux, quelques médecins et les responsables politiques suisses sont parvenus à réaliser le rêve futuriste ouvertement caressé par notre Sécu hexagonale. Une codification de tous les actes médicaux pour en assurer un remboursement aussi précis que possible. Illusion dirigiste typique. Au pays de l'horlogerie et de la mécanique de précision, on est allé loin , très loin. Un beau matin la profession médicale suisse s'est vue imposer, sans la moindre concertation préalable, des tarifs d'autorité réduisant considérablement tous les revenus médicaux, notamment les plus techniques, sous le couvert, bien connu, de favoriser l'acte intellectuel médical. Le 30 juin 1998 devaient s' imposer les nouveaux tarifs médicaux fondés sur une nomenclature exhaustive de 6000 rubriques différentes. Oui, vous avez bien lu : 6000 ! On est là dans la négation complète de la fonction même du médecin, on est là dans l'arbitraire le plus caricatural, le plus irréaliste, le plus démotivant pour tous et ... le plus injuste. Lecteurs francophones, soyons au courant, parlons-en autour de nous, et interrogeons-nous sur le silence de presque toute la presse sur ce sujet. Définitivement inacceptables, des contrats unilatéraux de ce type .
- Avec plus de 1000 visiteurs depuis sa création, notre serveur se dote d'un clone , dit site-miroir, qui peut aider ceux qui ont du mal à nous joindre à se brancher sur la Toile. Son adresse :http://www.mygale.org/08/michaut/expression-medicale
- « Tout à fait d'accord avec " l'écueil de l'utopie " (LEM 69). Il s'agit, en fait, bien souvent de L'ALIBI de l'utopie. Dans le " Restaurer la confiance " du même numéro, j'ai eu presque peur, après avoir lu que " Tout homme est plus (...) que la somme de ses organes " j'en suis venu à " Tout groupe (...) est " ... " autre chose ". Tu as évidemment bien fait d'éviter " plus " ! Il y a certes physiquement des additions possibles de capacités individuelles : un cul de jatte et un aveugle sur un tandem, la charité commandant de conseiller à l'aveugle la place arrière. Psychiquement, c'est une toute autre affaire. L'aventure humaine paraît être, il semble permis de le croire, constituée avant tout d'évolutions INDIVIDUELLES. Cette philosophie a des implications médicales . C'est ce qui se passe chez les individus, et dans les groupes qui refusent aux individus, plus ou moins inconsciemment, les prises de conscience que leur état de santé réclame. Sans une étude précise de cette philosophie, avec en particulier ses conséquences médicales, l'analyse systémique reste de la toile sans le mat et le gréement qui permettent de la border au vent pour faire avancer le bateau. Sans ces outils de propulsion, l'analyse systémique embarque sa pratique... en bateau . En espérant y trouver un bon moyen de repousser le défi de l'examen qu'impose à l'homme sa nature psychique » .e-mail de Dominique Michaut. Réponse de FMM dans " renforcer la compétence ".
- Matt Drudge, 31 ans, créateur du Drudge Report, petit journal informatique gratuit, est à l'origine de la publication des affaires privées de Bill Clinton. En fait, il semble que la presse était déjà au courant, et avait jugée " antidéontologique" de publier ce dossier. Transgression d'un tabou. « Exemples à l'appui, il critique de plus en plus les grands médias, leur autocensure, leurs connivences, leurs préférences politiques inavouées, leur arrogance » . Source : Le Monde TLR du 16-17 août 1998 ( Debra Seagal-Ollivier ) .
- En réponse à la légitime curiosité de certains lecteurs, notamment Hugues Raybaud, Ursula Proust, Fernand Keulneer, et ... pour fournir une argumentation sérieuse aux légitimes interrogations de ... Dominique Michaut (cf supra ! ) un consistant dossier Systémique Médicale est ouvert sur notre Site internet depuis le 18 août. Soyez tranquilles, ça non plus, vous ne le trouverez nulle part ailleurs qu'ici. Et pourtant, s'il y a un domaine où la compétence doit être renforcée sans tarder, c'est bien celui-là : les problèmes systémiques non perçus conduisent obligatoirement à la redondance des réponses inadaptées et ruineuses pour tous dans tous les domaines, y compris en pratique médicale et en matière de santé .
Os court : « La Sécu. est un gouffre où il y a plus de stalactites que de stalagmites .
- Vous avez dit stalag-quoi ? » Ph. D.
N° 69 14-08 -1998 Consulter un autre numéro ?
L'utopie c'est pour le petit Robert : « Idéal, vue politique ou sociale qui ne tient pas compte de la réalité ». La LEM selon certains serait à tendance utopique ( Vincent Fouques Duparc , Marianne Padé N°65 et 66 ) . Pourtant, ce qui est recherché avant tout ici, c'est l'expression de toutes les réalités du monde de la santé. Qu'elles soient belles ou non, honorables ou non, morales ou non, aimables ou non, sensationnelles ou non, à la mode ou non n'a aucune importance pour la rédaction. Le seul critère retenu pour notre publication hebdomadaire électronique francophone de santé est celui de la conformité aux faits que chacun de nous peut expérimenter par lui-même. C'est tout. Il est impossible d'aboutir à une quelconque action adaptée au réel quand on gomme volontairement des pans entiers d'observation des faits ( par exemple économiques ou systémiques ) dont nous sommes les témoins. La démarche utopique , c'est : « La réalité est moche, j'en invente une autre conforme à ce que je souhaiterais. Et puis je fais tout pour l'imposer aux autres ». Au contraire, pour la LEM, toutes les réalités du monde de la santé doivent apparaître clairement. C'est de cette seule recherche de la connaissance que des actions pratiques adaptées pourront éventuellement surgir un jour d'elles-mêmes afin de porter un juste remède à tous nos maux.
- Nous avons le plaisir de vous informer que nous disposons désormais d'un correspondant en Suisse, le docteur Max Klohn, ( amk@span.ch ) animateur du Site médical de Suisse Romande . Un autre point de vue francophone sur nos problèmes de santé .
- Le monde de la santé est psychiquement submergé par l'opulence de ses moyens techniques, comme par la maîtrise de ses moyens d'action. Nous avons tous bien du mal à voire un peu au delà. Voir les systèmes dans lesquels vivent nos sociétés riches, et dont les conséquences observables sont fastes ou néfastes à notre santé. Combien de fois chacun de nous n'a pas entendu prononcer de tous côtés cette litanie commode : « C'est la faute de la société » ?
- La première difficulté est de comprendre la notion de système. Elle a été définie par Pascal au XVIIème siècle : « Le tout est autre chose et plus que la somme des éléments le constituant ». Tout homme est plus et d'une autre nature que la somme de tous ses organes . Tout groupe familial, professionnel ou national est autre chose que la simple addition des individus le constituant.
- Quelque chose se passe-t-il dans un système ? Notre mode de raisonnement scientifique nous a habitués à fonctionner en termes de causalité linéaire : la pneumonie est causée par le pneumocoque. L'observation de la réalité en terme de système impose d'adopter une toute autre attitude d'esprit : le fait A a une action sur le fait B( que je peux observer ) , mais B a alors toujours une rétroaction sur A. Il est alors habituel de parler alors de causalité circulaire, en laissant volontairement de côté l'aspect explicatif, étiologique. Ce changement de perception de la réalité humaine est en contradiction avec la formation des professionnels de la santé !
- Ces quelques propos ont pour origine la légitime difficulté de compréhension exprimée par quelques visiteurs de la page médicale du site EM, à propos de la systémique médicale . Si l'obstacle conceptuel évoqué plus haut n'est pas levé, il demeure simplement impossible d'évaluer l'intérêt mesurable de toute application concrète. Est-il plus « utopique » d'enrichir ainsi sa vision de la réalité des questions de santé que de continuer à s'acharner à ne prendre en compte que ce que nos outils traditionnels savent travailler ? Car, il doit être bien clair qu'il ne s'agit pas de renoncer à utiliser la causalité linéaire à qui nous devons tant, mais de savoir utiliser une autre grille de lecture de la réalité quand le besoin s'en fait sentir. Depuis toujours, mais sous des noms différents selon les lieux et les temps, la médecine le fait empiriquement. Grâce aux travaux de mathématiciens, de cybernéticiens puis de psychiatres, des avancées importantes ont été effectuées. Curieusement, alors que les travailleurs sociaux ont sauté d'enthousiasme dans ce train, la médecine praticienne est jusqu'à ce jour restée à l'écart de ce vaste mouvement d'élargissement des perspectives d'action thérapeutique. Le fait est là.
L'os court : « Je ne parle jamais aux cons, des fois ça les rend intelligents » . Yvan Audouard
N° 68 07-08 -1998 Consulter un autre numéro ?
Sur la radio France-Info, Gilles Johannet, nouveau directeur de notre assurance maladie obligatoire française, s'exprime le 1er août. Si rien ne change dans les comportements, notre système de sécurité sociale explose dans quatre ans . Pas une seconde à perdre pour qui ne se résigne pas à cette fatalité ! Cette annonce grave, non ou peu reprise par la presse d'information, est lancée un jour de départ en vacances . Simple hasard ? Raison supplémentaire pour agir avec constance et efficacité dans notre monde de la santé. Bien agir, c'est avant tout se donner tous les moyens de connaître les réalités que nous vivons, sans s'en laisser conter passivement par qui que ce soit. Tout doit être directement vérifiable et applicable par chacun. Sans avoir été mandaté ni financé par qui que ce soit, un groupe de travail s'est constitué entre nous et multiplie les échanges internes. Soyez assurés que nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de ce dossier économie, santé et société, quelles qu'en soient les conclusions. Nous avons déjà prouvé ici notre capacité de liberté d'expression . Pour une opinion publique plus clairvoyante, comme pour notre santé à tous, vive le Net francophone libre !
- « Un bravo au Dr V. Fouques Duparc (édito LEM65 ) car je suis très partisane de l'écriture et le phénomène lettre pour moi est primordial ... Très bonne idée de la LEM en couleurs et même je me propose avec des illustrations ... » Marianne Padé
- « Je serais moins pessimiste que le Dr Deharvengt sur « l'analphabétisme présumé » du jeune corps médical quand je vois tous les jours des gens dits « du peuple » armés d'un livre afin d'échapper à l'univers des transports en commun. Je ne pense pas que des « diplômés » puissent se désintéresser à ce point de la culture.Il est évident que l'on ne peut arrêter le temps et le progrès, mais ce qui importe c'est l'utilisation de ce temps et de ce progrès en en refusant la facilité, la superficialité afin de tirer de ce matériau nouveau une substance constructive, profonde et non abusive ( clonage, trafic génétique etc ... ). Il est évident que la LEM est à tendance UTOPIQUE ( cela a été dit ) mais comment vivre en rayant l'espoir d'un meilleur devant rester possible malgré tout ... Une question : l'os court = au secours ou je me trompe ? C'est très dada, parfois un peu obscur, mais n'est-ce pas là tout l'intérêt - et l'humour sauvera peut-être ? » . Marianne Padé, professeur d'art graphique, lettre à EM du 27 juillet.
- « Les avoirs mal gagnés nous font largement chuter, comme ceux accumulés en lamentables excès dont ils se glorifient. Certains admirent aussi. Ridicule tout cela, et désolant ce choix, face à tant de misère en regorge notre Terre. Changer tout cela, Candide ? Faudra être intrépide, perspicace également, et juste assez patient ! » . Envoi postal du Dr Alain Marco . Avec les excuses de la rédaction pour la présentation typographique de ce poème, le format de la LEM en est la cause.
- Masquée par les clameurs du stade et les imprécations à la Tartuffe des vertueux pourfendeurs du " dopage " ( les mêmes, bien sûr, sans le moindre état d'âme, font leurs choux gras des performances humaines obtenues à n'importe quel prix pour leur bénéfice immédiat ) , une petite révolution mentale est en cours au ministère français de la santé. Le traitement des malades qui se dopent à l'alcool quitte sa marginalité pour acquérir enfin une place officielle dans le dispositif médico-social français. Pratiquement, le financement ne sera plus du domaine d'une subvention annuelle votée par le Parlement, misérable obole, mais reviendra à une prise en charge financière par l'assurance maladie, comme pour n'importe quelle maladie. On parle aussi beaucoup d'une prochaine conférence de consensus sur le traitement des patients alcoolo-dépendants. Vingt ans après la constitution de la Société Française d'Alcoologie les soins dus aux malades alcooliques ne relèveront bientôt plus de la charité ou du militantisme. Un nouveau domaine de compétence peut maintenant normalement se développer, ce qui n'est pas inutile dans nos sociétés développées où la dépendance à l'alcool touche environ un adulte sur dix !
L'os court : « La façon la plus adroitement totalitaire de castrer une profession ne consiste-t-elle pas à la couper du monde ?» . ( Doméqui )
N° 67 31-07 -1998 Consulter un autre numéro ?
Tout le monde savait ... mais l'argent n'a toujours pas d'odeur, même nauséabonde. Les faits s'entrecroisent comme pour enfoncer le même clou. Sang contaminé : on perçoit peu à peu la connaissance de tous les responsables, politiques et médicaux, assez précocement, d'une situation fortement à risques. Mais il restait de l'argent à faire sur le dos des consommateurs de produits... Tour de France : tout le monde savait, et sait encore, l'ahurissante consommation de toutes substances dans certains sports. Mais il demeure énormément d'argent à faire sur le dos ( le maillot ) des coureurs. Donc on court toujours É Maîtrise des dépenses de santé : tout le monde savait, les médecins en tout cas, que le plan Juppé était voué à l'échec, ce qui n'empêchera pas le plan Aubry d'en reprendre les bases. Il y a de l'argent à glaner pour les financiers, les fournisseurs, les médias, pour à peu près tous les non médecins. Et il n'y a que de l'argent. Et il n'y a que de l'argent à considérer, transformé en taux, pour les politiques de tous bords, sur le dos des professionnels de santé et des patients. Donc on poursuit dans le même sens, sans états d'âme, sans humanisme, sans souci des personnes. La santé, comme l'éducation ou la justice, n'est pas rentable en CAC 40, elle est humaine. Cela n'empêche pas les politiciens de ne la traiter que financièrement. Combien d'autres cas semblables. Tchernobyl ? Vaccins ? Publications scientifiques discutables ?
- Après le succès populaire du livre « La maladie de Sachs » et l'édito du jour, ces propos du Dr François Baumann,« Imagine-t-on une médecine de qualité exercée par des médecins mal dans leur peau, inquiets de l'avenir É ? » . La notion de « métamédecine » ( médecine de la médecine LEM 37 ), l'un des dossiers prioritaires pour E-M devient ainsi une nécessité de plus en plus reconnue par les faits.
- Éclairage médical francophone dans le même TLM N° 32-juil-aout-sept 1998 ( Toute la formation médicale ). Résultat d'une double enquête internationale par Internet et en Suisse : 94 % des MG sont fatigués, 68 % souffrent de « burn-out », 62% sont tristes, 44% se sentent dévalorisés, 40% s'ennuient, 37 % sont dépressifs, 17 et 20% sont atteints de pathologies addictives ( Dr Daniel Widmer, Lausanne, Suisse ) . Avis aux organisateurs de nos systèmes de santé de tous pays: méditez notre Os Court. La lutte intelligente contre cette inacceptable réalité clinique est notre affaire à tous , c'est un moyen indispensable pour renforcer la compétence et l'efficience de nos praticiens.
- Sortir des sentiers battus et ouvrir des espaces inexploités de Formation Continue pour répondre aux vrais besoins des professionnels et des patients, c'est améliorer la compétence . Pour cela, pourquoi ne pas prendre en compte nos dossiers sur le traitement des cancers de la philosophe Odile Marcel et celui du Dr Jocelyne Pinon, publiés sur notre Site internet ? Pourquoi , dans un module de formation, ne pas s'appuyer sur notre concept de métamédecine rappelé plus haut ? Pourquoi ne pas s'initier à l'analyse systémique médicale, stupidement laissée en friche malgré toutes ses retombées économiques favorables ? Nous l'expliquons aussi dans un texte en Pages Médicales. - Pourquoi enfin, au lieu de se cantonner à un choix de sujets réputés immédiatement rentables par et pour les organismes d'assurance maladie en diminuant le coût du traitement , strictement technique, des affections les plus coûteuses, ne pas voir plus loin ? Le faire, c'est attaquer de face le tabou formulé par Michael Balint : celui de la toute-puissance médicale, de la fonction apostolique du médecin ( cité par Baumann supra ). La systémique médicale a là aussi son mot à dire ! - Mais voir plus loin, c'est surtout, comme nous y incite ici régulièrement notre spécialiste en gestion et en économie Dominique Michaut, ouvrir un regard lucide et critique sur l'organisation économique dont nous devons soigner les conséquences pathogènes ruineuses. Quand on impose des réformes au système de santé au nom d'arguments économiques, ce dossier « réalités économiques et santé » est lui aussi une priorité pour mieux nous porter. Nos amis vaudois le vivent aussi ( http://www.médecin.ch ). On y croit ferme et on y travaille dur à EM.
L'os court : « Quand le médecin souffre, les malades sont à plaindre ». Georges Duhamel ( Paroles de médecin 1946 ) .
N° 66 24-07 -1998 Consulter un autre numéro ?
Naturellement une nouvelle opinion publique se crée. Jusqu'au XVIII ème siècle elle était restreinte à la cour du roi, puis un glissement s'est opéré vers la presse, qui s'est concentrée. Internet, c'est un nouvel espace et vous l'occupez d'une manière que j'apprécie (la place des clients...). C'est aussi un énorme travail que je salue. La confiance est centrale, vous avez raison. Vous en avez une approche imprégnée de philosophie, d'humour et de poésie. Elle donne confiance. Quant aux idées neuves en matière de santé et de société, il en existe plus que vous ne le suggérez. Mais elles sont consommées comme les frites au Fast Food : très vite, et elles laissent chacun sur sa faim. Les idées neuves sont aussi des produits de consommation. D'ailleurs on trouve souvent des idées anciennes qui n'ont jamais été mises en oeuvre. Il y a bien sûr les fausses bonnes idées qui meurent de leur belle mort après quelques discussions. Mais quand on analyse vraiment les choses, que l'on reconstitue l'histoire en rencontrant les gens qui l'ont écrite, on découvre que c'est pour des tas de petites raisons qu'elles ont été abandonnées. Des raisons parfois logiques, souvent ridicules, presque toujours dérisoires par rapport à l'enjeu ont fait qu'un ou plusieurs décideurs sont passés à autre chose, à une autre priorité. Je crois qu'il faut l'accepter et en tirer un enseignement : lorsque l'on tient vraiment à une idée, il faut en faire une priorité et la mettre en oeuvre.
-Dominique Debray le fait ici !
- A nos lecteurs : Dominique Debray est docteur en médecine, licencié en droit, diplômé de Sciences Politiques, coauteur du Livre Blanc sur l'Organisation du Système de Soins ( cabinet ministériel de Jacques Barrot ), ancien délégué général de l'Unaformec, consultant pendant 6 ans, ex collaborateur de l'industrie pharmaceutique et de France Télécom, actuellement Secrétaire Général du Syndicat National des Industries d'Information de Santé, et bientôt chef d'entreprise.
- Notre philosophe universitaire Odile Marcel nous fait parvenir une coupure du Monde du 7-7-98 de Michel Contat : « Le plébiscite du médecin », à propos du succès éditorial de « La maladie de Sachs » du Dr Martin Winkler ( souligné aussi par notre « profane » Sylvie Guérin). Avec des phrases qui témoignent d'une modification fondamentale des mentalités dominantes et sont donc à méditer mûrement par chacun : « L'hypothèse qu'on peut risquer est que la personne la plus importante dans la vie de la majorité des Français n'est pas leur compagne ou leur compagnon de vie, mais leur médecin généraliste » ... « É réussi à faire ressentir aux patients que nous sommes tous le besoin et peut-être la nostalgie du généraliste à l'ancienne, qui vous écoute avec empathie, soulage vos souffrances et peut-être simplement reconnaît votre douleur » . Au fait vos réactions à notre os court de la LEM 63 ?
- Médecin libéral du plein emploi ? « É des énarques n'auraient jamais conçu la machinerie du plan Juppé sans avoir, en partage avec l'ensemble de leur corporation notamment, pour référence ce qu'ils pensent être le libéralisme tout court, à corriger leur a-t-on inculqué, et qu'il me semble plus éclairant d'appeler le libéralisme du profit maximum ( ou du maximum de profit É ) qui n'est pas à corriger mais tout simplement à laisser enfin au bord du chemin. Médecin libéral du plein emploi, cette expression bizarre peut acquérir un sens déontologique qu'Hippocrate (un copain d'Exocrate, cf LEM n°41 ) n'aurait certainement pas dédaigné parce qu'il a un sens politique riche de bienfaits sur l'état de santé du corps social. Il a aussi, quand on a bien compris d'où vient sa justesse, des conséquences on ne peut plus pratiques qui, pour autant que quelques réformes puissent être mises en oeuvre parce que la philosophie ambiante y est devenue favorable, à coup sûr feraient disparaître en moins de trois ans les déficits de l'assurance maladie obligatoire tout en rendant aux médecins leurs pleines libertés de prescription et aux patients la disponibilité de leur médecin ».
courriel de Dominique Michaut, consultant en management et chercheur en économie.
L'os court : DOPAGE : une nouvelle victime de l'érythropoïétine ? Après une échappée solitaire dans l'ascension du Mont de Vénus , un coureur a dérapé dans la descente du Col Utérin . Ph.D.
N° 65 17-07 -1998 Consulter un autre numéro ?
Certains ont pu penser que le téléphone a été fatal aux lettres à caractère littéraire, les précieuses paroles « au bout du fil » se perdant dans l'univers imaginaire de celui qui les reçoit. J'aime pour ma part relire avec distance les lettres reçues. Elles portent alors un sens et des formes qui n'étaient pas toujours perçues au moment des premières lectures. En plus, en les relisant reliées les unes aux autres, elles apportent souvent une force de cohérence en profondeur de champs. Il y a du sens ... à un moment où la médecine est ballotée de ci de là dans une dynamique de non-sens. Il en va ainsi pour la « Lettre d'Expression Médicale ». Lettres de médecine utopique, elles me donnent les unes après les autres la vision globale d'une construction imaginaire et rigoureuse d'une société qui se rapproche d'un idéal total. Même si par définition ce projet est du domaine de l'impossible, la conception imaginaire qui en est l'inspiratrice doit rester notre guide. Au moment où certains se posent des questions sur l'intégration mentale des lectures sur écran ( cf la réponse du Dr R.Wild au Pr Glorion, Généraliste du 26 juin), j'ose sortir de mon silence. Peut-on recevoir chaque semaine par courrier la LEM imprimée, en couleurs et agréable à lire ? Cette présentation pourrait faire l'objet d'un abonnement que je suis prêt à payer à son juste prix .
-Sortir du silence : A chaque lecteur de le faire !
- E-mail de réponse du Dr Deharvengt. à l'économiste Dominique Michaut ( LEM 64 ), à propos de ses explications sur l'économie et la santé : « Hélas , trois fois hélas ! Je crois que vous avez du corps médical une notion très surévaluée . Les médecins ne sont pas-du-tout prêts à assimiler une réflexion d'un tel niveau . Désolé de vous décevoir , mais la majorité de nos confrères sont loin d'avoir la culture et le Q.I. suffisants ! Pardonnez mon pessimisme , mais je crois que la jeune génération est incapable d'aller au bout d'une seule de vos phrases . Les jeunes ne savent plus lire le simple français ; alors , un traité d'économie ! Mais je suis peut-être un incorrigible défaitiste ? ».
- « J'ai peur qu'ils ne fassent pas l'effort, dit Achille. J'ai peur que nous soyons pris pour des illuminés, dit Alcybiade. J'ai peur que nous manquions de moyens, dit Athanase. Etc. - Prenons le temps de chercher à comprendre, de dire ce que nous parvenons et ne parvenons pas à comprendre, de faire, de dire ce que nous parvenons et ne parvenons pas à faire. Nous n'aurons plus le temps d'avoir peur ». Lui répond Dominique Michaut par courrier.
- « De la sagesse indépassable, exprimée en arabe par un juif espagnol du XIe siècle, Bahia Ibn Paqûda, auteur des Devoirs du coeur, dans la magnifique traduction en français qu'en a donné André Chouraqui : " Ne repousse pas le témoignage de ton intelligence, car, a-t-on dit, l'intelligence est une grâce de Dieu si nous nous en servons, mais si nous la méprisons, elle sera pour nous une cause de châtiment."
-Si le corps médical français est dans un état tel qu'il n'existe même plus quelques milliers de ses membres, jeunes et autres, capables de sentir ces choses, tout en étant eux-mêmes assez équilibrés pour se protéger, et de consentir en conséquence l'effort à proprement parler thérapeutique qui s'impose, alors ne repoussons pas nous-même le devoir de notre intelligence qui est de nous assurer d'abord que c'est vrai et, si c'est vrai, d'agir avec d'autant plus de détermination pour tenter de réintroduire dans ce corps les quelques milliers de cellules saines dont il a le plus grand besoin. Que vive la LEM pour cette entreprise de haute santé publique ! » Autre message du même D.M.
- La lecture des documents publiés par E-M peut renforcer la compétence de nos lecteurs, quelle que soit leur champ d'activité ? Si c'est votre avis et que nous avons assez de demandes, nous pouvons effectivement envisager différentes publications sur papier. Dont notre LEM en couleurs sur papier vous parvenant par courrier chaque semaine, comme le demande ici le Dr Vincent Fouques-Duparc .
* Tous nos numéros de LEM sont en ligne sur notre Site web.
© Dr F-M Michaut - Expression médicale 1998
N° 64 10-07 -1998 Consulter un autre numéro ?
Vingt cinq ans de « crise économique » avec ses conséquences expérimentalement vérifiées par tous, ça suffit. L'échec du plan Juppé qui devait redresser les comptes sociaux ne laisse qu'un ensemble de professions et de citoyens perdus, brisés et désespérés (LEM 63). Encore ce sentiment confus d'avoir été bernés. Nos « spécialistes de l'économie » nous ont lourdement détournés de la réalité dans notre domaine de la santé, comme dans celui, si cuisant, du chômage. Inutile de geindre, plus que jamais, il faut ouvrir les yeux et les oreilles. Et ouvrir le dossier, étrangement « top secret » dans tous les médias, du dogme qui gouverne sans conteste l'économie mondiale depuis un siècle. Nous avons la chance d'avoir à notre disposition un chercheur indépendant et critique. Bon sang, écoutons-le parler .
- Il y a 30 ans, un médecin n'utilisait guère qu'une boîte à chaussures pour y conserver le montant de ses recettes. Et il y puisait simplement pour payer ses dépenses, sans se poser de problèmes métaphysiques ou comptables. Traditionnelle inconscience économique d'une profession exclusivement tournée vers sa fonction de soignant. Brutalement, panique à bord des comptes sociaux, on nous balance à la figure des mesures autoritaires pour boucher le fameux " trou". Hélas, échec.On nous assène des vérités toutes pensées. Echec.Tachons de comprendre pour ne plus subir.
- Pur héritage du puritanisme anglosaxon, l'Economie politique libérale a été formalisée au début du 19ème siècle par l'anglais David Ricardo. Son oeuvre est bouleversée par Marx, puis enfin reprise par un courant néo-classique libéral à l'ambition folle . Celle d'être la science de la satisfaction des besoins des hommes. Rien de moins ! Tel est le seul dogme en cours, et en cour, qui sous-tend toutes nos décisions collectives mondiales. Ainsi, l'acte médical, même gratuit, serait un acte économique. On croit rêver. D. Michaut nous convie à envisager une autre vision bien plus modeste et humaine : « une science qui n'a pour objet que la pratique des échanges marchands et qu'à raison de leurs aspects les plus objectifs, à savoir leurs prix et les phénomènes de la distribution des richesses pour la part de cette distribution qui est déterminée par le jeu des marchés ».
- « Dans mon esprit, les praticiens de la médecine font partie des praticiens du management, que les médecins acceptent ou non d'en prendre conscience. Les problèmes d'entrepreneurs des médecins libéraux devraient être sur leurs épaules une affaire légère parce que leurs problèmes de soignants sont épouvantablement lourds. Il est permis de craindre que ce ne soit pas le cas : leurs problèmes d'entrepreneurs, c'est-à-dire de marchands qui pensent ne pas en être tout en espérant en être assez pour boucler honorablement leurs fins de mois, sont devenus trop lourds pour faire face à la pleine charge elle à proprement parler médicale, avec tout ce que cela comporte d'avant tout psychique et, encore plus exigeant, moral ».
- « S'il n'existe pas, dans le cirque de la formation médicale post universitaire, des sessions d'initiation à l'économie et au management - je dis bien management, avec la coloration " relations humaines " que ce mot a pris - qui frottent des médecins à des raisonnements économiques et entrepreneuriaux conduits plus sainement (rigueur de la bonne santé intellectuelle, vigueur et positivisme de la bonne santé morale) que ce qu'il est de mise la plus courante, alors il y a une sacrée aventure à lancer, avec pour outil de base la LEM. Entre les prescripteurs de soins et les fournisseurs d'instruments de ces soins, dont non seulement les industriels du médicament mais aussi les assureurs, une réalité bien moins truquée pourrait progressivement s'instaurer, avec pour base les concepts que les uns et les autres ont tout intérêt à mettre en commun non seulement dans l'intérêt général mais aussi chacun pour mieux gérer ses propres affaires ». Dominique Michaut . Textes de D.Michaut
L'os court : « Il vaut mieux penser le changement que changer le pansement ».
Pierre Dac ( via Domequi).
N° 63 03-07 -1998 Consulter un autre numéro ?
« Derrière la gratuité, le généreux met une sorte de sainteté, l'idéaliste une noblesse, et le profane une vocation du médecin, avec pour cible l'indigent auquel il offrira ses soins. Le professionnel aussi, à l'origine, y loge sa vocation à répondre à tout appel. L'apprentissage nuance ensuite d'une opposition entre gratuité et profit, un paradoxe qui place en bénéfice secondaire le profiteur, qui n'est autre que le non payant. Enfin l'expérience applique encore d'autres qualificatifs et à sa propre gêne, qui devient incrédulité puis honte, le médecin finit par établir des constats : gaspillage, surconsommation, inflation, le tout dans une tonalité d'absence de maîtrise. Car « il y a lieu » ( expression non référencée ), d'être lucide comme tout professionnel devra se montrer.
( suite de ce texte infra.NDLR)
Si le timide projet de la caisse nationale d'assurance maladie vise le contrôle des affections de longue durée (ALD), si les médecins confrontés à l'existence prolifique des cartes-santé réclament celui de TOUS les bénéficiaires de tiers-payant, c'est bel et bien parce que les rapports successifs du CREDES depuis 94 sonnaient l'alarme. Alerte ! La dispense d'avance des frais multiplie automatiquement les dépenses de santé, sous forme d'un accroissement de la consommation, qui triple à peu près.
( suite colonne de droite ndlr )
- Tragique méprise de tous les gouvernements successifs, que de préconiser encore et encore plus de tiers payant dans le système de santé ( aide médicale gratuite, accidents du travail , victimes de guerre, ALD - " 100%" - , cartes-santé, option conventionnelle de médecin référent ).
-Tragique mépris envers le corps médical transformé en étalage de supermarché de la santé à prix sacrifiés. La honte n'est pas pour le consommateur de soins, nanti de sa carte de soins et revenant pour la 2ème ou 3ème fois de la semaine chez son médecin PARCE QUE C'EST DÉSORMAIS GRATUIT. La honte est celle que ressent le médecin : que fais-je dans ce marché ? Vais-je me trouver obligé de refouler les tiers-payant, de ne les recevoir qu'une fois par mois ?
Quel est le critère à l'origine de mon choix pour ce métier : soigner, aimer, être aimé, rendre service, donner de soi-même, ou ... être sélectionné parce que chez moi on ne paye plus ??
Pourquoi cette réticence et cette retenue : je soigne normalement ( voire encore mieux ) l'indigent qui NE PEUT PAS régler ses frais. Je répugne à recevoir pour la Xème fois le bénéficiaire du tiers-payant qui profite d'un système dont il a très vite perçu l'absence absolue de contrôle, tant à l'attribution qu'à l'utilisation. N'y a-t-il pas d'acte de hasard parce qu'il n'existe pas d'acte réellement gratuit ?
Bien entendu, dans les « dérapages » des dépenses de santé affichés et commentés avec complaisance actuellement, ce facteur de gratuité n'est JAMAIS évoqué » . Fin du texte intégral de Jacques Blais.
- Presque chaque semaine le Dr A.Marco nous envoie un texte poétique où il est question du Veau d'Or, et de ses dramatiques effets sur notre santé physique, psychique et spirituelle. Notre dossier sur les OGM nous ramène aussi aux questions économiques, à travers le poids extrême des exploitants de ces nouvelles technologies. Alors, plutôt que d'ironiser sur le cuisant échec du plan Juppé ( qui fut à l'origine d'E-M ), étudions le dossier « économie et santé » au bon niveau. Le Poète a toujours raison avant les autres . On va ici commencer à ouvrir la porte de la connaissance concrète de ce qu'il y a derrière ce Veau d'Or . Quelle est cette économie dite scientifique dont on nous assène les invérifiables diktats dans notre domaine de la santé, et dont nous vivons les échecs et les drames humains ? Formation in-dis-pen-sable, qui n'est hélas délivrée nulle part ni aux médecins ni aux citoyens. Expression Médicale va sortir de ce silence en donnant la parole à un guide compétent dans ce domaine qui nous fait tant souffrir collectivement et ... individuellement ( cf supra !). Alors, esprits lucides, ouverts et curieux, rendez-vous ici même dès la semaine prochaine. Attachez vos ceintures, ça va décoiffer les idées toutes faites !
L'os court : « La principale différence entre Dieu et un médecin, c'est que Dieu ne se prend pas pour un médecin ». Law & Order ( in La maladie de Sachs du Dr Martin Winkler )
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N° 62 26-06 -1998 Consulter un autre numéro ?
Que l'ordinateur ne fasse pas écran ! Une visite récente chez un médecin informatisé m'a alertée sur l'usage de l'ordinateur : être reçue par quelqu'un, retranché derrière son écran et qui commence par remplir son fichier informatique (suivant un questionnement digne d'un interrogatoire de police), est absolument insupportable.
On est venu parler à quelqu'un et lui, les yeux rivés sur son ordinateur, a tout l'air de vous éviter !
(°) Documentaliste au CDI du Lycée de Noisy-le-Sec (93), à paraître également dans le Bulletin Inter CDI.
- Clair et net, ce témoignage de notre éditorialiste profane. De son côté une mission d'information parlementaire s'interroge utilement sur les enjeux réels de l'informatisation des médecins, bien au delà de la simple télétransmission des feuilles de soins aux caisses d'assurance maladie .
Enfin le président de l'Ordre des Médecins s'exprime publiquement sur l'Internet, afin que toutes les règles de la déontologie médicale soient scrupuleusement respectées dans l'usage de ces nouvelles technologies. Le sérieux et l'auto-contrôle volontaire de la qualité des sites médicaux et de santé, telle que nous les recherchons à travers notre initiative des Médecins Maîtres Toile sont donc bien à l'ordre du jour.
- Point de vue d'un économiste sur les OGM ?Le défi de prouver ses propos est relevé par l'éditorialiste de LEM 61 dans une série de longs e-mails très riches, dont il sera rendu compte ici prochainement. Car, malgré les apparences, nous semblons bien ramer sur la même galère, celle de l'abus de confiance !
- Dossier des OGM, suite ( LEM 60-61). Comme prévu, le Q. du Médecin N°6305 du 18 juin, cahier nutrition : dormez braves gens, n'ayez plus peur de l'inconnu, la Commission du génie biomoléculaire du ministère de l'agriculture veille sur vous. Indispensable antidote pour une information adulte, lire le numéro 1 de Pratiques : dossier très complet, « La société du gène : entre rêves et cauchemars » .
- O.Marcel a participé au colloque « L'utopie de la santé » de L.Sfez. Extraits de son courrier : « Él'entreprise Génôme...éthique et travail symbolique à faire par une société en termes de responsabilité sociale et humaine, sans délégation à de faux "experts" qui vivent sur des idéologies, veulent vendre leurs machines à décrypter et n'ont pas réfléchi à la "machine cellulaire" qui fait que les gènes "s'expriment" ou pas...Le projet Génôme relève d'une idéologie du contrôle social, du tout technologique qui ne tient que dans le cerveau simpliste d'un sénateur américain à moitié fasciste, pas pour les biologistes. Donc un grand financement pour sans doute peu de résultats scientifiques aussi directs et immédiats qu'on le prétendait. La multifactorialité des maladies en ressortirait d'autant plus clairement » .
- Réactions au texte de J.Pinon sur le cancer présenté dans la (LEM 59) :
-« J'ai pris connaissance avec attention et intérêt du texte de J. Pinon. Il est long, riche et hétérogène, se perdant parfois dans le détail et appellerait de nombreux commentaires. Certains points sont contestables ou polémiques. Cependant je ne peux être que tout à fait d'accord pour l'essentiel. Et je vous renvoie au serment médical rénové par l'Ordre des médecins de 1995 ou à mon petit livre Éthique et déontologie médicale, Abrégé, Masson, 1996. Très confraternellement. Professeur B. HOERNI » ( cancérologue et membre du conseil national de l'Ordre ).- e-mail du 17 Juin 1998
- « ... essentiel, en effet, très clair c'est à dire dominé, pensé. Je suis en train de rédiger " Les crises morbides et la technoscience " qui reprend et poursuit les éléments de mes précédents textes (°) sur ces sujets ... je vais me servir et utiliser celui de J.Pinon. J'ai aussi envie de le communiquer à "mes" médecins... Et tenterai de formuler ... les éléments du problème "crise de la médecine" » .
Lettre d'Odile MARCEL ( professeur de philosophie ) du 19 juin 1998. (°) Ses textes sur le cancer sont publiés en ligne sur notre Site.
N° 61 19-06 -1998 Consulter un autre numéro ?
Nous sommes là sur le terrain des limitations qui doivent être apportées aux applications économiques trop rapides des avancées techniques dont les conséquences n'ont pas encore été assez étudiées. Pour ce faire, il faudrait que notre mentalité collective ramène l'économie à une activité d'intendance prudente. Le paradoxe est que cette amputation apparente produirait un niveau général de prospérité augmenté et non pas diminué. Nous n'en serions pas plus asservis mais plus libres. « Une invasion mondialement et économiquement orchestrée » dit LEM 60 ? Mais il s'agit de l'économie subjectivement comprise et, partant, idéologiquement cultivée. La gente aux commandes, entichée de cette culture, ne peut pas puiser en elle la prudence d'un moratoire. C'est bien plus fondamentalement pour ne rien changer à une conception du progrès et de la concurrence darwinienne que pour faire de l'argent que l'invasion des OGM est orchestrée.
- Ainsi, il n'existerait pas plus Une Économie qu'il n'y a Une Science ? On semble nous le laisser croire partout si facilement ! Alors quand science et économie flirtent ensemble, ouvrons les yeux, citoyens, posons-nous et posons à tous des questions simples sur la réalité de ce qu'ils nous affirment . - Retrouver la confiance : - Un « profane » économiste entre à nouveau cette semaine en lice dans nos débats sur la santé des hommes, en réponse au dossier de Jean-Marie Pelt sur les organismes transgéniques présenté dans notre LEM 60. Cette analyse décalée et intellectuellement stimulante attire cependant une question, pour rester fidèles à notre méthode de connaissance de la réalité. L'éditorialiste du jour dispose-t-il des preuves expérimentales de la pertinence de ses affirmations sur la possibilité d'une économie plus humaine, donc, prioritairement pour nous, plus propice à notre santé ?
- Les réactions des lecteurs d'E-M au texte du Dr Jocelyne Pinon continuent. Message électronique du Dr Deharvengt, demande du texte écrit de la part d' Odile Marcel, réception d'un poème du Dr Marco. Pour l'instant, les médias institutionnels qui nous reçoivent n'ont pas encore donné signe de vie. Un texte n'aurait-il de valeur que s'il émane d'une source dûment répertoriée et autorisée à s'exprimer ? - Nous avons eu le plaisir de faire connaissance, par téléphone, pour l'instant, de notre correspondant US le Dr Harold Bernham de passage en France, avec qui nous travaillons régulièrement par Internet.
- E-M salue l'arrivée sur le Net de notre fidèle lecteur, le Dr Pierre Deschien.- Reçu un texte d'Esther et Philippe Belpaeme ( Sud-Performance, 31 Revel) intitulé : « L'accompagnement en fin de vie : le rôle des bénévoles » . Voici un extrait résumant assez bien le propos sur ce sujet très controversé. « Aujourd'hui de nombreux bénévoles par leur présence et leur écoute se proposent eux aussi de « prendre soin » ( Michèle Kuntz ) du malade et par là même de participer à son ultime accompagnement. Cependant, il semble qu'il existe encore des résistances à accueillir des bénévoles dans les structures médicales... ».
L'avis, et surtout les expériences vécues de nos lecteurs profanes et médecins, ne manquent sûrement ni de passion, ni d'intérêt ! Les écrits sur les associations de malades, leur famille et de façon plus générale le bénévolat en matière de santé sont généralement issus de ceux qui en font la promotion à un titre quelconque. Faut-il alors s'étonner que tout y soit décrit comme beau, généreux et utile ? Mais la réalité clinique, toujours elle, où est-elle ? Où est la balance entre les effets bénéfiques et les effets iatrogènes de l'introduction des « bonnes volontés » dans le domaine de la santé, au côté des indispensables professionnels ? NB : EM vous adressera le texte intégral sur demande.
L'os court : « Il est plus facile de se laver les dents dans un verre à pied que les pieds dans un verre à dents » Pierre Dac