Formation
économique 7
D'un
caducée à l'autre n°16
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Le
travail et l'épargne ont été, sont et resteront
les deux seules sources économiques primitives de la prospérité
d'une population. Parmi les résultats de cette prospérité,
les progrès des sciences et des techniques favorisent en
retour une augmentation de la production totale plus rapide que
celle des quantités globales de travail et d'épargne.
Mais plus ces progrès sont vifs, plus la quantité
d'épargne stable placée dans les entreprises de toutes
tailles et de toutes spécialités commande le plein-emploi.
Le
plein-emploi, ce n'est pas seulement un nombre suffisant d'emplois
rémunérés. C'est aussi une tendance générale
à l'amélioration des conditions de travail, tant en
ce qui concerne le pouvoir d'achat des salaires que la stabilité
de l'emploi et la qualité des rapports sociaux dans toutes
les professions.
Une
pratique plus saine de la médecine ne peut être fondée
sur une conception renouvelée de l'économie que si
cette conception est centrée sur l'obsession du plein-emploi
ainsi compris. Ce centrage, on l'imagine, est très exigeant
intellectuellement et moralement. Ce sont des facilités politiques,
et leurs expédients techniques d'accompagnement, qui font
que les progrès des sciences et des techniques entraînent
un excès des destructions sur les créations d'emplois.
Quoi que fassent les lois, les médecins l'observent bien,
ces destructions sont accompagnées de bien plus de détérioration
des conditions de travail que d'améliorations.
Médecins
et citoyens ne font face au défi du plein-emploi que s'ils
s'appliquent avant tout d'abord à en comprendre l'économie
. Il y faut une rigueur conceptuelle qui n'est pas vraiment à
la mode. L'emploi rémunéré, dont, nous l'avons
vu, l'emploi du médecin par son propre cabinet, est toujours
en soi un acte d'échange marchand. C'est donc bien l'ensemble
du système des échanges marchands qu'il faut encore
observer pour identifier les régulations du plein-emploi.
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.11. Les marchandises élémentaires sont celles
qui entrent dans la production de toutes les marchandises composées.
Il
a été affirmé depuis longtemps que le travail
et l'épargne sont des « acteurs de production »
utilisés par toutes les entreprises. Hélas pour nous,
la notion même de « facteur de production » n'est
pas limitative. La réalité, heureusement, est plus
claire. C'est sous la forme de marchandises, dites élémentaires
( mais marchandises à part entière ), que le travail
et l'épargne participent à la production de toutes
les marchandises composées.
Proposition
2.12. Il existe deux sortes de marchandises élémentaires
: le travail et le placement d'épargne.
Il
est exact de dire que le travail est une marchandise quand il est
bien entendu qu'il s'agit du résultat vendu d'une dépense
d'énergie humaine et non pas de cette dépense d'énergie
elle-même.
Proposition
2.13. Les placements d'épargne qui font partie des marchandises
élémentaires sont des prêts qui sont consentis
par des particuliers à des entreprises. Ces
prêts sont des placements en crédit ou des placements
en capital.
Quand
une banque prête contre intérêt, le service fourni
est une marchandise composée. Quand M. et Mme Dupont prêtent
à un établissement financier ou à toute autre
sorte d'entreprise, il s'agit d'une marchandise élémentaire.
Ce prêt des Dupont prend la forme d'un placement ou en crédit
ou en capital.
Placements
en crédit et placements en capital sont deux pratiques dont
nous allons définir soigneusement les principes respectifs.
Bien distinguer capital et crédit est, en effet, tout à
fait nécessaire pour diagnostiquer la normalité économique
et, donc, a contrario, la pathologie éventuelle d'une économie
libre - particulièrement lourde de conséquences sociales,
morales et ... médicales dont souffrent les patients comme
les médecins.
D'un
caducée à l'autre n°17
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éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
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conception renouvelée de l'économie ...
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Le
mot capital n'est pas utilisé dans un seul sens en science
économique. Le financement à proprement parler permanent
de l'entreprise joue pourtant un rôle ... capital. Reconnaître
pleinement ce rôle passe par l'affectation au terme " capital
" de la seule désignation de ce financement permanent et
de rien d'autre.
Quel
type d' économie est la plus apte au plein-emploi ? Est-ce
un créditisme, régime dans lequel la part de capital
dans le financement des entreprises tend à être minimale
? Ou bien est-ce un vrai capitalisme, régime dans lequel
c'est la part du crédit, dans ce même financement et
dans celui des dépenses publiques, qui tend à être
minimale ?
La
médecine est bien plus directement concernée par ces
questions que les médecins paraissent en avoir aujourd'hui
conscience . Un cabinet médical est une entreprise. Cette
entreprise fonctionne, comme toute autre, au moyen de ce qu'on appelle
des actifs : équipements, stocks de fournitures, créances,
disponibilités en caisse et en banque. En contrepartie de
la valeur totale de ces actifs, il y a nécessairement un
passif de même montant. Le crédit obtenu fait bien
entendu partie du passif : il est dû par l'entreprise au(x)
prêteur(s). Mais le capital, quand il existe, fait aussi partie
du passif : il n'est pas la propriété de l'entreprise
mais, c'est une notion fondamentale, la propriété
du propriétaire ou des propriétaires de l'entreprise.
Le
compte en partie double qui dresse l'inventaire de l'actif et du
passif d'une entreprise s'appelle un bilan. Les médecins
libéraux ne sont pas tenus à l'établissement
une fois par an du bilan de leur cabinet. Un tel bilan n'en existe
pas moins dans les faits. La question se pose de savoir s'il est
souhaitable de former les médecins à l'établissement
et l'analyse du bilan d'un cabinet et, dans l'affirmative, par quelle
méthode extra comptable ce bilan peut être établi
avec une approximation suffisante. C'est une question traitée
par étapes dans les Fiches Pratiques de la nouvelle version
Internet de cette formation..
L'endettement
moyen des cabinets médicaux conditionne forcément
beaucoup l'indépendance réelle du médecin libéral.
Plus cet endettement est important, plus il faut absolument un chiffre
d'affaires qui permettra de faire face aux échéances.
La quantité des actes devient alors une contrainte à
laquelle leur qualité doit être subordonnée.
Même s'il y a beaucoup d'abus de la part des assurés
sociaux et des justifications croissantes à fournir à
des assureurs de plus en plus suspicieux, il faut marcher dans le
système quand on ne dispose pas des moyens financiers de
résister à ces pressions.
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.14. Le crédit est une avance contre remboursement du principal
et en échange d'un intérêt
Pierre
prête à Jean sans intérêt. Il n'y a pas
échange marchand. L'avance contre remboursement ne devient
un échange marchand que quand le prêteur demande ou
accepte la rémunération, sous la forme d'un intérêt,
du service rendu.
Proposition
2.15 Le capital est le financement à proprement dit permanent
de l'entreprise.
Pour
une entreprise donnée, un financement n'est à proprement
parler permanent que s'il dure autant que l'entreprise elle-même.
Il faut le préciser car il est malheureusement d'usage, en
analyse financière, de considérer que l'endettement
à plus d'un an d'une entreprise fait partie des " capitaux
permanents " qui participent à son financement - qui constituent
un élément de son passif. Il s'agit alors d'analyse
financière adaptée aux façons de voir du créditisme.
En
réalité, un crédit, quel qu'il soit, n'est
pas du capital. En réalité n'importe quelle somme
d'argent ne peut pas être appelée " capital " sans
atténuer le rôle essentiel que joue dans la solidité
et l'autonomie d'une entreprise le fonds investi dans cette entreprise
tant qu'elle durera. Le capital proprement dit est aussi souvent
appelé " fonds propres " des entreprises.
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.11. Les marchandises élémentaires sont celles
qui entrent dans la production de toutes les marchandises composées.
Il
a été affirmé depuis longtemps que le travail
et l'épargne sont des « acteurs de production »
utilisés par toutes les entreprises. Hélas pour nous,
la notion même de « facteur de production » n'est
pas limitative. La réalité, heureusement, est plus
claire. C'est sous la forme de marchandises, dites élémentaires
( mais marchandises à part entière ), que le travail
et l'épargne participent à la production de toutes
les marchandises composées.
Proposition
2.12. Il existe deux sortes de marchandises élémentaires
: le travail et le placement d'épargne.
Il
est exact de dire que le travail est une marchandise quand il est
bien entendu qu'il s'agit du résultat vendu d'une dépense
d'énergie humaine et non pas de cette dépense d'énergie
elle-même.
Proposition
2.13. Les placements d'épargne qui font partie des marchandises
élémentaires sont des prêts qui sont consentis
par des particuliers à des entreprises. Ces prêts
sont des placements en crédit ou des placements en capital.
Quand
une banque prête contre intérêt, le service fourni
est une marchandise composée. Quand M. et Mme Dupont prêtent
à un établissement financier ou à toute autre
sorte d'entreprise, il s'agit d'une marchandise élémentaire.
Ce prêt des Dupont prend la forme d'un placement ou en crédit
ou en capital.
Placements
en crédit et placements en capital sont deux pratiques dont
nous allons définir soigneusement les principes respectifs.
Bien distinguer capital et crédit est, en effet, tout à
fait nécessaire pour diagnostiquer la normalité économique
et, donc, a contrario, la pathologie éventuelle d'une économie
libre - particulièrement lourde de conséquences sociales,
morales et ... médicales dont souffrent les patients comme
les médecins.
D'un
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pour une pratique plus saine de la médecine
Un
des maux dont la médecine souffre le plus est général.
Il existe une logique économique et une nécessité
sociale du placement en capital. Mais nos parents et nos professeurs
ne nous les ont pas inculqués. Il en ira pourtant du plein-emploi
comme de l'indépendance de la médecine. Ces deux progrès
seront reconquis quand notre mentalité s'appropriera de nouveau
la conscience de leur possibilité.
Les
légitimités respectives du salaire et de l'intérêt
résident dans le fait qu'ils sont des contreparties en échange.
Le travail contre rémunération est un service échangé.
Le prêt contre intérêt est un service échangé.
Le placement en capital est aussi, dans son principe, un service
échangé. La propriété des profits périodiques
de l'entreprise est la contrepartie de ce service.
La
légitimité du profit est dans l'échange. La
nécessité du capital est dans l'indépendance
et la stabilité des entreprises. Elle est donc politique.
Sans assez de capital, les entreprises, alors trop dépendantes
les unes des autres, se trouvent être, en dernier ressort,
exagérément soumises aux pouvoirs publics. Les étatistes
sont, bien entendu, peu enclins à chanter les vertus du capital.
Les Français sont étatistes.
Un
médecin libéral devient économiquement propriétaire
d'un cabinet par des apports en capital. Il y a un apport initial,
si modeste soit-il. Il est effectué au moment de la reprise
ou de la création du cabinet. Puis il y a des mises en réserve,
surtout dans les premières années. Ce sont autant
d'apports supplémentaires.
La
comptabilité à laquelle un médecin est tenu
ne fait pas état de capital. Comme cette même comptabilité
n'identifie pas le salaire versé par le cabinet au praticien,
le profit est lui aussi une grandeur non identifiée. C'est
un effet d'une mentalité qui n'est pas propre à la
médecine. Mais c'est aussi une mentalité à
laquelle la médecine est entrain de payer le tribut particulièrement
lourd de la perte de son indépendance.
La
revendication de l'indépendance de la médecine n'est
pas réaliste quand elle s'abstient de se prononcer sur le
rôle du capital et du profit. Dans son propre secteur d'activité
comme dans l'ensemble de l'économie. Du coup une occasion
de joindre l'acte à la parole n'est pas saisie. Une réforme
nécessaire de la comptabilité des cabinets médicaux
n'est pas réclamée.
...
par une conception renouvelée de l'économie
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.16. Le placement en capital est l'unique accès à
la propriété ou la copropriété d'une
entreprise
Soit
une somme dont André a la disponibilité. Il la place
en capital. Ce faisant, il devient propriétaire ou copropriétaire
d'une entreprise. Pour André comme pour n'importe qui d'autre,
il n'existe aucun autre moyen d'accès à la propriété
ou la copropriété d'une entreprise. Cabinet médical
inclus.
Au
sein du patrimoine d'André, il y a transformation d'un disponible
en un titre de propriété. Cette transformation n'est
opérée au moyen d'un échange dans lequel André
est l'une des deux parties que s'il y a rachat d'un placement en
capital. De la propriété ainsi acquise, André
est en droit d'attendre un revenu, comme il le serait s'il s'agissait
d'une maison ou d'un terrain qu'il louerait.
Proposition
2.17. Le placement en capital est échangé contre la
propriété ou la copropriété des profits
de l'entreprise.
Un
placement d'épargne, tant en crédit qu'en capital,
est le premier terme d'un échange. Quelle est la contrepartie
? Dans le cas du crédit, la contrepartie est la somme des
intérêts payés par l'emprunteur au prêteur
; ce n'est pas le remboursement du principal. Dans le cas du capital,
la contrepartie est la propriété ou la copropriété
des profits de l'entreprise. Ce n'est pas la propriété
ou la copropriété d'une entreprise. Ce n'est pas l'éventuelle
plus-value à la revente du placement en capital.
D'un
caducée à l'autre n°19
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...
pour une pratique plus saine de la médecine
Un
médecin fournit à son cabinet le placement d'une part
ou de la totalité de son épargne. Il fournit à
ce même cabinet son travail. Un médecin est producteur
d'au moins deux des trois sortes de marchandises élémentaires.
Producteur pour lui. Producteur pour sa clientèle. Producteur
pour la collectivité. Comme tant et tant d'autres acteurs
sur la scène de la production marchande.
Mais
il y a le préjugé du médecin improductif. Il
est encore très répandu. Le fonctionnaire, le prêtre,
l'artiste seraient aussi des improductifs. C'est faux pour tous.
L'erreur n'en persiste pas moins. Dans le cas de la médecine,
qui peut mettre fin à cette persistance nuisible ?
Le
médecin d'abord. C'est à lui de refuser les faux-semblants
et les expédients. Rien ne justifie qu'il soit traité
à part. Son propre devoir professionnel est de proposer une
économie des frais médicaux qui ne déroge pas
à la logique des échanges marchands.
De
toute évidence, cette économie doit reposer sur la
technique de l'assurance. Il n'y a rien dans la logique des échanges
marchands qui s'y oppose. C'est, tout au contraire, par un échange,
à titre lucratif, d'une prime renouvelée contre une
garantie elle-même reconduite que l'assurance est possible.
Même quand, d'une façon ou d'une autre, l'État
nationalise l'assurance des frais médicaux, il n'a pas d'autre
moyen que de faire d'abord payer des primes en contrepartie des
prises en charge ultérieures.
L'expédient
principal a été et reste soutenu par les pouvoirs
publics et les syndicats. Les médecins ne se sont jamais
bousculés au portillon pour le dénoncer. La vérité
de ce que l'assurance coûte à l'assuré et à
lui seul a été sacrifiée sur l'autel des conquêtes
sociales. Il fallait faire croire qu'une partie du coût était
prise en charge par les employeurs. De plus, aujourd'hui, il faut
faire croire que la prise en charge est complétée
par l'État.
Les
médecins ont en face d'eux des assurés qui ne connaissent
pas le montant réel des primes. Les assurés se font
soigner par des médecins tout aussi désinformés
qu'eux sur ce point. Pourquoi les uns et les autres ne s'en plaignent
pas davantage ?
Deux
principes sont en opposition. D'un côté, une administration
à but non lucratif des frais médicaux. En face, une
vraie économie des frais médicaux. Quel est celui
de ces deux principes à qui va la préférence
du public ? Et pourquoi ce choix ?
...
par une conception renouvelée de l'économie
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.18. Le travail et le placement d'épargne sont des marchandises
élémentaires. Mais, comme ce placement d'épargne
peut être en capital ou en crédit, il y a trois sortes
de marchandises élémentaires : le travail, le placement
d'épargne en capital et le placement d'épargne en
crédit.
Il
existe un seul mécanisme de formation des prix ? Ou autant
de mécanismes de formation des prix que de sortes principales
de marchandise ? Il n'y a qu'un moyen de s'en assurer : étudier
la formation des prix de chaque sorte de marchandise avant de se
prononcer !
Proposition
2.19. Seul le tâtonnement permet de déterminer l'ordre
à adopter pour élaborer les théories des prix
du travail, du prix du capital et du prix du crédit.
L'ordre
qui convient est celui qui produit une théorie de l'économie
vérifiable sur une longue période. Le point clé
de cet ordre est qu'il faut clarifier d'abord la théorie
du prix du capital. Ce prix étant un taux de profit, il nous
faut donc une théorie du profit. Le choix majeur à
instruire en ce domaine est celui du but ou de la contrainte. Ou
bien une économie libre est vouée au maximum de profit.
Ou bien elle est vouée à la production d'autres effets
au moyen de niveaux de profit variables dans le temps et l'espace.Il
s'agit d'un choix politique absolument essentiel.
D'un
caducée à l'autre n°20
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conception renouvelée de l'économie ...
...
pour une pratique plus saine de la médecine
À
main gauche, le principe d'une administration à but non lucratif
des frais médicaux. À main droite, le principe d'une
vraie économie des frais médicaux. Un large public
préfère le principe de gauche. Dans le seul corps
médical, c'est aussi sans doute cette préférence
qui l'emporte plus que jamais.
N'allons
pas chercher midi à quatorze heures. Dans le bestiaire de
nos idées toutes faites, il y a les cochons et les vaches.
Les cochons de patrons n'ont qu'à subvenir à la couverture
d'une partie du coût des soins médicaux. Les vaches
à lait des collectivités publiques, États en
tête, n'ont qu'à subvenir à une autre partie.
Les fermiers estiment qu'il est de bon ordre public de ne laisser
à la charge des assurés sociaux que le solde. De plus,
ce solde doit être aussi peu apparent que possible. Une administration
à but non lucratif de la santé se doit de fournir
plus que des soins médicaux. Il faut y ajouter le réconfort
de leur quasi gratuité. Un réconfort fallacieux mais
ça on le cache sous la table.
Prenons
conscience que les économistes ont presque tous en tête
les mêmes idées toutes faites. Il le faut pour protéger
les erreurs mensongères qui étayent leurs vues. Le
reste n'est qu'habillage. La rareté promue au rang de cause
universelle des valeurs d'échange fait partie de ces contre
vérités. Le sophisme sur la cherté est, du
coup, devenu un propos correct. La distinction entre ce qui est,
par nature, rare ou industriel est passée à la trappe.
Les politiques suivent. Les gestionnaires sont aux ordres.
Et
les médecins ? Qu'est-ce que pour eux le choix entre le principe
de gauche et le principe de droite ? Une affaire secondaire d'intendance
? Le médecin comme n'importe qui d'autre ne passe pas d'un
principe à l'autre sans avancer ou reculer en moralité.
Les
cochons et les vaches du bestiaire de nos idées toutes faites
sont des créatures imaginaires qui ont leur raison d'être.
Les appeler à la rescousse nous dispense du devoir moral
de la reconnaissance de toute une partie du réel. Dans la
réalité, la couverture de la totalité du coût
des soins médicaux est à la seule charge des cotisants.
C'est à eux et à eux seuls que revient le pouvoir
qui va avec. Malgré cette réalité, les employeurs,
les assureurs et les pouvoirs publics usurpent ce pouvoir. Le corps
médical n'a pas pris parti contre cette usurpation, jusqu'à
présent. Tout se passe comme s'il y avait accord tacite pour
rendre impossible une vraie économie des frais médicaux.
...
par une conception renouvelée de l'économie
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.20. Les marchandises composées sont pour les unes industrielles
et pour les autres rares.
Les
marchandises composées sont vendues par les entreprises.
Peu importe que l'entreprise qui vend soit reconnue en tant que
telle. Un particulier qui loue un bien vend une marchandise composée.
Un cabinet médical est une entreprise. L'acte médical
est une marchandise composée.
Les
marchandises composées sont pour les unes reproductibles
à volonté par l'industrie humaine. Convenons de dire
qu'elles sont industrielles. Leur offre peut être rendue égale
à leur demande.
D'autres
marchandises composées sont définitivement rares.
Leur offre ne peut pas être augmentée par l'industrie
humaine. L'exemple le plus remarquable est l'espace foncier.
La
distinction entre ce qui est rare et industriel est logique. Le
produit P est rare quand sa quantité offerte est limitée
de façon définitive. Il est industriel quand cette
limite n'existe pas. Pour généraliser à toute
l'économie ce qui ne vaut que pour les produits rares, il
suffit de déclarer que tout est rare. C'est insensé.
Si tout est déclaré rare, l'idée même
de rareté n'a plus de sens. Mais ça marche. La pensée
économique qui tient le haut du pavé repose sur cette
contre vérité. Le devoir moral de la reconnaissance
du réel économique est alors traité avec désinvolture.
D'un
caducée à l'autre n°21
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pour une pratique plus saine de la médecine
Poursuivons
l'examen des obstacles à une vraie économie des frais
médicaux. Pourquoi le corps médical n'a-t-il pas encore
pris parti contre l'usurpation du pouvoir qui revient aux seuls
assurés ? Notre regard est éduqué pour ne pas
voir cette usurpation. Son motif même, plus de sécurité
pour les salariés et leurs familles, est juste. Les employeurs
prennent en charge une partie du coût de cette sécurité
? Mais c'est de bon aloi, bien sûr ! Hélas ce n'est
pourtant rien d'autre qu'un tour de passe-passe légal.
Supposons
un pays P où les salariés ne sont pas encore assurés
sur les conséquences financières de la maladie. Les
syndicats de salariés et de patrons négocient un régime
obligatoire. L'accord est assez vite trouvé sur le niveau
des garanties à fournir. Le coût de ces garanties est
fixé par les experts à 8 % du montant des salaires.
Il
n'a jamais existé d'autre solution que de faire entrer ces
garanties dans le pouvoir d'achat des salaires. En toute certitude,
il n'en existera jamais d'autre. Leur caractère légalement
obligatoire n'y change rien. Soit un salarié que son employeur
loge et nourrit. Tous les fiscs du monde considèrent que
c'est là une façon de verser une partie du salaire.
Les fiscs ont raison. Un salaire n'est versé en argent que
par commodité. Au final, un salaire est constitué
par les marchandises achetées au moyen de l'argent touché
par le salarié. Soit ce même salarié que son
employeur assure. La part dite patronale des primes est réputée
ne pas faire partie de son salaire. C'est pourtant bel et bien un
achat de garanties que cette part ajoute aux salaires. La part patronale
n'a été inventée que pour donner l'illusion
d'une exception qui est, en réalité, impossible.
Au
pays P, les négociations piétinent. Les patrons ne
veulent pas convenir qu'il faudra consentir, de toute façon,
une augmentation de 8 % des salaires au seul titre de la nouvelle
obligation d'assurance. Les salariés ne veulent pas convenir
que cette nouvelle obligation ne peut être mise qu'à
leur seule charge. Les politiciens sont maîtres en l'art des
faux-fuyants. Comment débloquer la négociation ? Il
n'y a pas d'autre solution que de créer une illusion. Le
gouvernement va rendre cette illusion légale. À suivre.
...
par une conception renouvelée de l'économie
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.21. Comment se forme chacun des prix des cinq catégories
principales de marchandises ?
Il
faut avoir répondu à cette question avant de se prononcer
sur l'existence ou l'inexistence d'une loi unique de formation de
tous les prix.
Dans
notre culture, l'économie n'est plus une discipline morale.
Dès qu'il est question de prix, la loi de l'offre et de la
demande est censée tout expliquer en dernier ressort. Ces
deux faits sont liés.
En
économie, la recherche sincère de la vérité
est impossible en s'en tenant au parti hérité d'une
loi unique de formation des prix. Quand, sur ce point, la faute
de la pétition de principe est commise, il en résulte
plus que des erreurs techniques. Le but inavoué est d'ouvrir
la voie à des prescriptions sans scrupule moral. Le moyen
utilisé est la mise à mal de la morale scientifique.
La feinte est de faire passer pour un progrès de la science
ce qui est un recul de la conscience.
Les
cinq catégories de prix sont les trois des marchandises élémentaires
et les deux des marchandises composées. Le placement en capital
est l'une des trois marchandises élémentaires. Nous
commencerons par en étudier la théorie. Le travail
rémunéré est une autre sorte de marchandise
élémentaire. Après la théorie du capital
viendra la théorie du salaire. Le placement en crédit
par les particuliers est la troisième sorte de marchandise
élémentaire. Des éléments de théorie
de l'intérêt compléteront notre étude
de la formation des prix élémentaires. Les autres
prix sont ceux des marchandises composées. La théorie
des prix des marchandises rares et la théorie des prix des
marchandises industrielles complèteront notre tour d'horizon
sur la formation des prix.
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