CHAPITRE
3 : UNE VÉRITABLE MÉDECINE DE FAMILLE
Dans
le domaine de la médecine comme dans toutes les autres activités
humaines , il faut avoir le dos au mur pour explorer une nouvelle
voie. Ce n'est pas pour de simples considérations théoriques
que l'on est amené à sortir d'une pratique médicale
limitée à la stricte relation duelle médecin
malade. Mais bien, une fois de plus, parce que ces curieux malades
alcooliques eux-mêmes y ont contraint leur médecin
.
Sur
le conseil de Jean-Michel Haas, à la fin des années
soixante dix, cette aventure a commencé . Elle a fondamentalement
modifié la pratique du généraliste qui s'y
est risqué . D'abord avec la création et le lancement
d'un Centre d'Hygiène Alimentaire. Il ne s'agit pas du tout,
comme vous pouvez le penser naïvement, d'un endroit où
l'on s'occupe de problèmes d'alimentation et de diététique.
Sous cette dénomination hypocrite, époque oblige,
se cache une structure publique de soins aux malades alcooliques.
Autrement dit, une consultation d'alcoologie. A partir de l'exemple
nantais remarquable d'un ami généraliste , Jean Morinière,
nous y travaillons avec un seul collaborateur. Car il a été
observé par tous les alcoologues, dénomination devenue
habituelle de ceux qui s'occupent de ce type de problèmes,
qu'il y a pratiquement toujours des difficultés importantes
dans le couple des alcooliques.
L'
idée, dans un premier temps, est que chacun de nous deux
pourrait s'occuper plus particulièrement de l'un des membres
du couple, et l'autre du second. Une infirmière de formation,
a accepté, très courageusement, cette façon
de travailler, en même temps qu'elle se formait, sur le tas,
à la difficile relation avec le malade alcoolique.
Nous
avons fonctionné ainsi pendant plusieurs années, en
participant également ensemble à un groupe Balint.
Mais avec un bonheur très inégal, malgré tous
nos efforts. Au cours de nos séances de confrontation, nous
défendions chacun la logique absolue de celui que nous avions
en charge: " S'il boit, c'est que sa femme crie toujours - Non,
la femme crie parce qu'il boit toujours". Et de chercher laborieusement
une stratégie commune, pour tenter de sortir de dialogues
de sourds de ce genre.
Et
puis les faits sont là, têtus, dit-on souvent. Il n'est
pas rare d'obtenir facilement une période d'abstinence initiale,
même chez des malades lourds.
Mais
alors que tout semble aller mieux, pourquoi constatons-nous si souvent,
que l'épouse, qui avait réclamé, à grands
cris, l'arrêt de l'alcool, se met soudain à aller si
mal, dès que son mari arrête de boire? Ces situations
à bascule, dans les couples, nous ont conforté dans
notre intuition initiale. Le malade alcoolique est, avant tout,
un malade de la relation aux autres. Mais nous restions incapables
de comprendre clairement les fils mystérieux qui font agir
une telle quantité de gens autour de chaque malade, en un
écheveau inextricable. Conjoints, parents, enfants, voisins,
employeurs, médecins divers et services sociaux mènent
une ronde incessante. Avec, comme résultat final fréquent
une aggravation de la situation initiale, ou une répétition
inlassable de la même séquence. Cure de sevrage, éventuellement
suivie d'un séjour prolongé en établissement
de post cure, retour dans le milieu de vie habituel, période
d'abstinence plus ou moins longue et, enfin, reprise de l'alcoolisation.
La boucle se referme sur elle-même.
Une
situation concrète se présente avec une très
grande fréquence. Un proche du malade s'adresse à
la consultation pour demander une aide. Il ne supporte plus l'alcoolisation
de l'autre, et voudrait la faire cesser, à tout prix. Et
sollicite pour cela l'assistance des "spécialistes". Comment
faire ? Le malade ne demande, lui, aucun traitement. Il n'y a donc
aucune chance qu'une intervention directe autoritaire puisse aboutir
à autre chose qu'à un jeu stérile et épuisant
du chat et de la souris.
La
seule autre stratégie possible est de tenter de sortir de
cette situation bloquée en travaillant avec le conjoint.
L'objectif est de casser le système circulaire des relations
familiales, dans lequel cette alcoolisation s'épanouit, souvent
depuis des années. Il faut que quelque chose d'important
se rompe pour envisager de se passer d'alcool. Ceux qui font appel
à nous y sont toujours poussés par une difficulté
incontournable. Menace de divorce, ou risque de perte d'emploi.
Les
manoeuvres auxquelles nous devons avoir recours avec les proches,
nous le réalisons, restent de l'ordre de la manipulation,
et bien peu efficaces pour susciter cette fameuse demande de soins,
sans laquelle nous ne pouvons rien faire. Nous ne sommes pas les
seuls à nous heurter à ce genre de difficultés,
comme nous le constatons en établissant des contacts de travail
réguliers avec des structures d'alcoologie comme la notre.
Tout un mouvement de recherche sur le terrain en alcoologie naît
ainsi, à partir de la constatation de nos échecs,
et de nos interrogations.
Ce
long détour par une autre activité médicale
que la pratique habituelle du généraliste, est nécessaire
pour comprendre la logique d'une rencontre nécessaire avec
ce qu'il est convenu d'appeler la thérapie familiale systémique.
Sa tonalité auto-biographique n'a qu'un intérêt
anecdotique très secondaire.
De
quoi s'agit-il ? Fidèles à notre méthode habituelle,
nous allons tenter de le préciser à partir de quelques
cas cliniques vécus.
1) UNE SIMPLE AFFAIRE DE FAMILLE:
Sympathique
cette petite famille dans sa gentille petite maison. Lui est fonctionnaire.
Elle élève avec soin leurs deux filles Nathalie et
Virginie, dix ans et trois ans. La petite dernière, véritable
boute-en-train de l'équipe, n'a pas une grosse santé.
Elle a souvent des rhinopharyngites. La scène est toujours
la même . Quand le médecin arrive au domicile , maman
est là, cachant mal son anxiété, ce qui est
bien habituel. Mais, observation moins fréquente, le papa
aussi participe activement à la visite médicale. Toujours
très souriant. Vous voyez qu'ils sont vraiment très
bien.
Régulièrement
la gorge de Virginie nécessite un bon nettoyage, ce qu'elle
accepte avec bonne humeur. Et tout le monde est content. Un jour,
pourtant, ce bon petit diable change de disque, elle a mal au ventre.
C'est d'une telle fréquence à cet âge là
qu'il n'y a rien là de bien inquiétant . Le lendemain,
nouvel appel à domicile. Et là, c'est le drame évident.
Elle a de la fièvre, et un ventre dur comme du bois. Pas
de doute possible, c'est une péritonite. Hospitalisation
d'extrême urgence, opération chirurgicale dans la foulée.
Parfaitement réalisée. Mais la famille est pleinement
consciente du danger vital que court Virginie pendant quelques jours.
Tout
finit par s'arranger, Virginie sourit à nouveau, et, curieusement,
serait plutôt moins souvent malade maintenant qu'auparavant.
Quelques
mois plus tard, la mère appelle, très anxieuse. Nathalie,
la soeur aînée, qui se porte habituellement comme le
Pont-Neuf, a soudain mal au ventre. Elle se plaint de douleurs abdominales
basses, avec de fréquentes envies d'uriner. Et même
quelques débordements nocturnes tout à fait inhabituels.
Il s'agit très probablement d'une cystite banale, n'importe
quel médecin vous le dirait. Et pourtant l'analyse des urines
ne montre pas la queue du moindre petit colibacille. Le traitement
désinfectant urinaire prescrit, à tout hasard, n'apporte
aucune amélioration.
S'agirait-il
de la révélation tardive d'une malformation congénitale
? La radiographie montre bien une petite bizarrerie du côté
de la vessie. Comme il se doit, l'avis d'un confrère spécialiste
des voies urinaires est sollicité . L'urologue choisi par
la famille est justement le chirurgien qui a tiré Virginie
d'un si mauvais pas. Hasard ? A voir.
Commence
alors le grand balai des examens d'urines à répétition,
bilans sanguins divers, radiographies en tout genre, et, en guise
de bouquet final inspection directe de l'intérieur de la
vessie avec un appareil optique. Rien d'anormal à signaler,
pas le moindre petit diagnostic à se mettre sous la dent.
Qu'à cela ne tienne, un mécanisme déjà
décrit plus haut se met en route automatiquement. La tournée
des spécialistes. Nathalie a droit, et dans l'ordre, au gynécologue
et au gastro-entérologue. Eux non plus ne trouvent aucune
origine à ce mal de ventre, en reconnaissant, fort honnêtement
que ce cas n'est pas de leur compétence.
Mais
Nathalie souffre toujours du bas ventre, et elle doit aller uriner
fort souvent. Ce qui commence à perturber sa scolarité,
car les professeurs trouvent que cela cause un peu de désordre
dans la classe.
Le
chirurgien renouvelle à intervalles réguliers les
analyses. Il n'y a toujours aucune anomalie. Une nouvelle cystoscopie
se profile à l'horizon. En désespoir de cause, et
devant l'inquiétude croissante des parents, il prescrit un
médicament tranquillisant à cette petite fille.
Il
se passe alors un phénomène curieux, mais non exceptionnel
: le généraliste, qui avait dû passer la main
à un confrère spécialiste, puis deux, puis
trois, se trouve à nouveau qualifié, comme seul médecin,
par la famille. " On ne sait plus à quel saint se vouer.
Faut-il que Nathalie prenne ce remède pour-les-nerfs un peu
inquiétant ? Qu'en pensez-vous, Docteur? ".
Vous
avez reconnu, sans difficultés, je pense, une maladie fonctionnelle
typique, tout à fait comparable à celles que nous
avons évoquées dans un chapitre précédent.
Nathalie souffre de son ventre, et les médecins consultés,
malgré tous leurs efforts réunis, et leur compétence
incontestable,sont incapables de comprendre et de calmer cette souffrance.
Nous voici, maintenant, devant un mur insurmontable, car toute autre
tentative de traitement, quelque soit la technique choisie, se heurtera
à la même conception de la maladie. Qu'il s'agisse
d'homéopathie, d' acupuncture ou de psychothérapie
d'inspiration analytique, ou non, tous les thérapeutes partent
du même postulat : L'ORIGINE DE LA SOUFFRANCE DE VIRGINIE
SE TROUVE EN ELLE-MÊME. Que chacun, selon sa formation, la
cherche dans son propre domaine, somatique ou psychique, ne change
rien à l'affaire. Car Nathalie ne sait rien dire d'autre
que: "j'ai mal au ventre".
Et
nous ne comprenons rien à tout cela avec nos armes médicales
habituelles.
Essayons
de raisonner autrement. La maladie de Nathalie, que nous avons justement
baptisée fonctionnelle, peut-elle avoir une fonction ? Non
pas à l'intérieur d'elle-même, car nous n'avons
pas le moyen d'aller le vérifier. Quoi que laissent parfois
entendre des spécialistes du psychisme, nous ne disposons
jamais, dans ce domaine particulièrement difficile, que d'interprétations
et d'hypothèses. Nathalie est-elle atteinte de jalousie morbide
à l'égard de sa petite soeur ? C'est possible, mais
que pouvons nous faire, concrètement, d'une telle analyse
problématique, avec une fillette qui ne sait que répéter
qu'elle en a assez d'avoir toujours envie de faire pipi ? Certainement
rien.
La
seule voie qui reste ouverte est de rechercher cette fonction ailleurs
que dans la personne de celle que nous appelons malade. Il ne s'agit
pas d'une démarche habituelle dans notre mode de pensée
occidental actuel, ce qui nous oblige à faire un effort d'attention.
Au lieu de prendre comme cadre d'observation Nathalie, nous allons
nous intéresser à tous ceux avec qui elle vit. C'est
à dire sa famille. Il n'est pas très difficile, pour
un généraliste, de considérer qu'un groupe
familial constitue, par lui-même, un véritable organisme.
Chaque organe est alors constitué par l'un des membres de
la famille. Et, comme tout organe, il peut être frappé
d'une maladie, comme par exemple le mal de ventre de Nathalie.
L'organisme
familial, comme tout être vivant, a une naissance, quand deux
humains décident de s'unir, une croissance quand naissent
les enfants, et une mort, quand la famille est dissoute par la mort
ou la séparation de ses membres. Comme tout un chacun, il
connait des crises, avec les difficultés de la vie quotidienne,
et des adaptations à des modifications de l'environnement.
Ce n'est pas toujours évident des enfants qui grandissent,
ou des conjoints qui ne connaissent la vie commune vingt quatre
heures sur vingt quatre qu'au moment de la retraite.
Chacune
des parties de ce corps familial est reliée aux autres par
tout un ensemble de liens relationnels complexes. Toute action de
l'un entraîne automatiquement une réaction de chacun
des autres, selon le mécanisme, fort classique en physiologie,
du feed back. Pardon, il faudrait parler de rétro-action.
Il est évident, si l'on veut bien y réfléchir
un instant, que cet organisme est autre chose , et plus, que la
simple somme des individus qui le compose. De la même façon
qu'un homme n'est pas un simple empilement d'organes et de fonctions,
comme le laisseraient parfois croire certains médecins.
Il
parait insensé de vouloir travailler avec tout un ensemble
de gens, aux liens si compliqués, quand on n'a même
pas la maîtrise du fonctionnement interne d'un seul sujet
isolé. Cette objection est tout à fait pertinente,
et nous oblige à faire l'impasse complète sur ce qui
se passe réellement à l'intérieur de la tête
de chacun. Non pas que ce soit sans intérêt, des générations
de psychologues et de psychiatres s'y consacrent . Mais, tout simplement,
ce domaine de l'intra psychique n'est pas accessible à l'expérience
clinique du généraliste. Et vous connaissez sa fâcheuse
tendance à jouer les Saint Thomas.
Le
médecin de famille est aux premières loges pour observer
les manifestations des interactions entre les membres du groupe
familial. C'est son travail quotidien. Par exemple, monsieur X...
présente un ulcère d'estomac, son entreprise est en
difficulté. Mais son épouse est soignée pour
dépression, et le fils aîné est un brin toxicomane.
Le médecin est obligé, pour traiter chaque personne,
de tenir compte de ce qui arrive aux deux autres. Il est même
fortement tenté d'établir un lien de causalité
entre ces trois maladies. Le mari a des trous dans l'estomac parce
que son emploi est menacé. Madame est déprimée
parce que son fils se drogue. Le petit fait des bêtises parce
que son papa ne s'occupe pas de lui. A moins que ce ne soit totalement
l'inverse. Que la baisse professionnelle soit entraînée
par la marginalisation du fils, et que l'ulcère soit causé
par la dépression de la femme, qui ne peut envisager de vivre
sans argent. Le jeu des suppositions est infini, et il est vain
de vouloir découvrir une seule explication à cette
situation. A moins de se boucher les yeux sur tout ce qui n'est
pas le sujet malade, comme nous avons si bien appris à le
faire au cours de notre longue formation médicale .
Les
lois qui peuvent régir cet organisme familial sont très
longtemps restées du domaine exclusif de la morale et de
la religion. Ce qui ne peut que faire reculer les esprits scientifiques
purs et durs de notre temps. La seule règle actuellement
acceptable par tous, je pense, est celle que le physiologiste Claude
Bernard a appelé l'homéostasie. Tout être vivant,
de la plus simple cellule aux formes de vie les plus complexes,
a pour caractéristique de disposer d'un système interne
de régulation capable de maintenir les conditions de sa permanence.
Pour simplifier, on peut dire que chaque système vivant fait
tout pour se maintenir en vie. Et la famille, quoi qu'on puisse
penser de son évolution actuelle vers un modèle de
plus en plus réduit, n'échappe pas à cette
règle. Faut-il le préciser, la famille dont nous parlons
n'est pas fatalement biologique, mais désigne plus généralement
l'ensemble des gens qui vivent ensemble une histoire commune.
Tout
cela, c'est bien joli, direz-vous, mais venons-en aux faits. Que
devient Nathalie dans tout cela ?
Pour
bien marquer la volonté de sortir de la routine qui a conduit
dans cette impasse, il est expliqué que ce problème
fait souffrir, non seulement Nathalie, mais aussi ses parents, qui
sont de plus en plus inquiets. On en parle tous les jours à
la maison, c'est devenu une véritable affaire de famille.
Cette histoire doit donc être envisagée par toute la
famille. La proposition est faite , chose totalement inhabituelle
en médecine, de recevoir ensemble tous les membres du groupe
familial, pour tenter de comprendre, avec eux, ce qui se passe.
Et au cabinet médical , pour sortir du cadre usuel de nos
rencontres qui est leur intérieur .
Cette
invitation, malgré son incongruité, semble parfaitement
comprise par les intéressés, et un rendez-vous est
pris dans les jours suivants. A l'heure dite, Nathalie, Elodie et
leurs deux parents sont assis en face du médecin . Il est
alors expliqué qu'il n'est pas question de mettre en doute
la réalité des troubles de Nathalie, elle n'est pas
une malade imaginaire. Toutes les investigations médicales
ont été faites et bien faites, il n'est pas question
de les renouveler. Cette affection fait souffrir toute la famille,
et c'est avec tous ses membres qu'il faut maintenant travailler.
La remarque est aussi faite qu'il y a toujours quelqu'un de malade
chez eux. Comme si c'était nécessaire à leur
fonctionnement. L'épisode dramatique de l'opération
de Virginie, reconnaissent-ils, a été un moment particulièrement
fort de la vie familiale, où tout le monde a été
uni, de façon exemplaire. De la même manière,
maintenant, le fonctionnement du groupe est polarisé par
l'histoire du ventre de Nathalie. Par exemple, chaque matin, le
papa demande à sa fille aînée si elle souffre.
Il
y a cependant encore autre chose dans cette famille, qui permet
d'élaborer une hypothèse sur la fonction de cette
affection. La maman souhaite reprendre une activité professionnelle.
Ce que son mari, très traditionaliste, ne veut pas accepter.
Il y a là un désaccord latent qui risque, un jour
ou l'autre, de mettre en péril l'homéostasie familiale.
L'unité retrouvée avec la péritonite de la
petite, peut être sauvegardée par le mal mystérieux
de Nathalie, qui trouve ainsi un sens, une fonction utile dans les
relations inter familiales. Il ne s'agit que bien sûr que
d'une supposition de la part du médecin . Vraie ou fausse,
il ne le sait pas, et qu'importe puisque son but unique est de lui
permettre de pénétrer dans le système des interactions
familiales.
Une
semaine plus tard, la mère téléphone: " Docteur,
nous ne viendrons pas au rendez-vous prévu, car Nathalie
s'y oppose. Elle a passé deux jours épouvantables,
totalement repliée sur elle-même, pour finir par déclarer
qu'elle ne veut pas qu'on puisse penser que cela vient de sa tête.
Mais, depuis, elle ne se plaint plus du tout de son pipi, et plus
personne n'en parle à la maison ".
Les
appels de cette famille se font de plus en plus rares , car non
seulement Nathalie va bien, mais elle a amélioré ses
relations, un peu tendues, avec sa mère. Sans qu'apparaisse
en apparence aucune autre maladie chez elle, ou chez un autre.
Cette
famille a su admirablement redéfinir elle-même ses
relations internes, et apporter sa propre réponse au danger
qui la menaçait. Danger que tentait de deviner l' hypothèse
initiale du praticien , qui n'a pas eu le loisir de la vérifier.
Le rôle de médecin de famille a consisté, très
modestement, à permettre à ces gens de comprendre
que derrière la maladie de Nathalie se cachaient des choses
qui les concernaient tous. Que la maladie avait eu une fonction
familiale, et qu'ils pouvaient peut-être en faire l'économie
à l'avenir.
Il
parait intéressant de souligner qu'en rapportant cette observation
clinique, il a été possible, sans aucune difficulté,
de se passer de toute allusion, même voilée, à
une caractéristique quelconque du fonctionnement intra psychique
de l'un des personnages en cause. Tout se passe au niveau des relations
qui unissent entre eux, ou séparent, ce qui revient au même,
chacun des membres de la famille à tous les autres. Sans
avoir à tenir compte de ce que l'on a coutume d'appeler la
personnalité.
Cette
vision systémique familiale de la maladie n'est pas une nouvelle
invention . Elle a pour pères les théoriciens californiens
de la communication qui travaillent activement à des applications
psychiatriques de ce mode inhabituel de perception de la réalité
. Des noms comme l'école de Palo Alto, Gregory Bateson et
Paul Watzlawick s'y rattachent. En annexe, le lecteur curieux trouvera
un certain nombre de références bibliographiques lui
permettant d'aller au delà de ce résumé sommaire,
forcément incomplet. La pertinence de l' application à
la médecine somatique a elle-même été
prévue, dès 1966, par Don Jackson, dans un article
de Comprehensive Psychiatry , intitulé: " Pratique familiale
: une perspective médicale d'ensemble". Dans une communication
à un congrès médical, en 1974, John H. Weakland,
autre auteur californien parle de : " Somatique familiale : une
marge négligée". Cependant, il faut bien reconnaître
qu'une telle révolution du mode de pensée n'a pas
encore entraîné de modifications notables dans la pratique
des médecins . Mais Pasteur , lui-même, a mis bien
des années à convaincre les praticiens de la pertinence
de ses découvertes .
Cette
analyse du système des interactions familiales va totalement
à l'encontre de nos réflexes médicaux habituels.
La transformer en un outil thérapeutique est un pas supplémentaire,
qui ne s'improvise pas. Cela nécessite une véritable
formation. C'est du moins la conclusion que nous avons tiré,
avec Josiane L..., d'un séminaire de sensibilisation à
cette technique, organisé pour notre groupe d'alcoologues
par Jean-Pierre Z....
Robert
Neuburger, thérapeute familial, psychiatre, psychanalyste
et directeur du Centre d'Etudes de la Famille à Paris, a
bien voulu accepter de guider nos premiers pas hésitants
dans cette pratique, afin que nous puissions en faire bénéficier
nos malades alcooliques.
2) PLUS CA VA, MOINS CA VA:
Danielle
fait appel à son médecin généraliste
. Petite brune vive, à la parole précise et au geste
explicatif facile, elle se décide rapidement à dire
ce qui l'ennuie. Sans trop insister sur le prétexte initial
de la visite à domicile. Elle ne vit plus depuis que son
mari lui a annoncé qu'il l'avait trompée avec une
petite jeunesse. Jean-Pierre a beau lui dire qu'il a rompu, et puis
que cela n'a aucune importance pour lui, elle ne peut s'empêcher
de les imaginer dans leurs ébats amoureux. Elle en perd le
boire et le manger. Des entretiens prolongés, dans la meilleure
tradition balintienne, permettent de savoir un certain nombre de
choses sur son enfance et ses soeurs. Mais la simple écoute
est insuffisante pour l'aider à sortir de cette véritable
obsession. Jean-Pierre fait tout pour se faire pardonner, et rentre
sagement de son travail de bureau chaque soir.
Ils
pensent avoir trouvé la solution en fabriquant un quatrième
bébé. Aussitôt dit, aussitôt fait. Grossesse
normale et accouchement, à terme d'une jolie petite fille.
Mais, hélas, tout se gâte très vite. Danielle
déclenche un état dépressif important, qui
l'amène même à une tentative de suicide. Elle
consulte alors un psychiatre qui parle de jalousie morbide, et avec
qui elle commence une psychothérapie d'inspiration analytique,
arrêtée au bout de quelques séances. Jean-Pierre,
pendant ce temps est florissant, dans son rôle de père
de famille.
Danielle
est moins dépressive, mais poursuit ses scènes de
jalousie. Ce que Jean-Pierre supporte de plus en plus mal. Et puis
Claudie, la fille aînée, ne va pas bien du tout. Elle
se dispute sans arrêt avec sa mère, et avale deux boites
de tranquillisants. Les uns et les autres font souvent appel au
médecin , et il a le plus grand mal à ne pas jouer
les juges d'instruction. La situation s'aggrave en permanence, et
des menaces de séparation et de divorce planent dans l'air.
Danielle et Jean-Pierre ont maintenant des scènes violentes
presque quotidiennes.
Vont-ils
partir chacun de leur côté ? Ce serait trop simple,
car quand l'un veut s'en aller, l'autre tient absolument à
rester. Et inversement. Danielle désespère de trouver
dans sa petite enfance l'événement traumatisant, qui
expliquerait la situation présente, et cherche à transformer
son psychothérapeute en conseiller. Elle y parvient, car
elle est fort habile. Et , à partir de ce moment là
, elle ne retourne plus le voir.
Jean-Pierre
et Danielle sont maintenant dans une situation sans issue. Avec
en toile de fond, des accès de violence, la souffrance des
enfants, et même le risque d'un nouvel acte suicidaire. La
simple écoute est devenue insuffisante, et il faut proposer
quelque chose d'autre qu'une thérapie individuelle, qui vient
d'être tentée sans succès.
Il
s'agit, une fois encore, d'une souffrance de tout un groupe familial,
et la seule solution éventuelle est de traiter l'ensemble
de ce problème. La petite famille en question comprend fort
bien ce langage, et accepte d'engager une thérapie familiale
systémique.
De
quoi s'agit-il ? D'abord d'un protocole de travail très bien
limité. Dix à douze entretiens, espacés de
trois semaines. Sans possibilité de rallonge, quoi qu'il
arrive. Tous les membres de la famille doivent participer aux séances,
ou, en tout cas, y être invités. Un enregistrement
vidéo est pratiqué, avec l'autorisation écrite
des participants. Enfin, le thérapeute est assisté
dans sa tâche par un co-thérapeute. Le rôle de
celui-ci est de veiller, en permanence, à ce que le soignant
ne se laisse pas prendre au jeu des interactions familiales, pour
ne pas devenir un nouveau membre de la famille. Le but du traitement
est le suivant. Une famille, comme tout être vivant doit à
la fois maintenir sa structure, son homéostasie, nous en
avons déjà parlé, mais aussi évoluer,
changer. Les évènements normaux de toute vie, naissance,
déménagement,chômage,vieillesse, l'y contraignent.
Or,
cette nécessaire adaptation, notion chère à
René Dubos, suppose, pour être réalisée,
une certaine souplesse du fonctionnement des relations familiales.
Afin que soient acceptées les indispensables crises que suscite
tout passage d'un état à un autre. Sur le modèle
de la puberté pour un homme. Certains groupes, se sentant
trop fragiles, reculent toute évolution en rigidifiant leurs
règles de fonctionnement. Et c'est ainsi que peut apparaître
la maladie, dont la fonction, maintenant, saute aux yeux. Maintenir,
à n'importe quel prix, l'intégrité familiale.
L'ambition de la thérapie est de permettre à la famille
d'affronter sa crise de croissance, et donc de faire l'économie
des symptômes de maladie dont elle ne pouvait se passer. Mais
en trouvant ses propres réponses, ce qui devrait épargner
la critique habituelle de manipulation qu'on adresse volontiers
à cette technique.
Ces
explications théoriques, bien que succinctes et partielles,
sont certainement un peu ardues pour nos lecteurs étrangers
au monde médical. Mais indispensables pour suivre l'histoire
de notre famille.
Nous
sommes très vite frappés par le fonctionnement particulier
de ce couple en difficulté. Il suffit que l'un dise noir,
pour que l'autre pense blanc. Peu à peu au cours des séances,
nous parvenons à mettre en évidence leur mode habituel
de fonctionnement. Et à leur faire prendre conscience qu'ils
sont incapables, malgré tous leurs efforts de le modifier,
c'est à dire pour reprendre notre titre que plus ça
va, moins ça va. Cependant, chacun des deux, a dans la tête
une image idéale de l'autre, que nous mettons en évidence
.
Or,
c'est pour obéir à ce mythe familial, non exprimé,
qu'ils doivent respecter certaines règles. Pour Jean-Pierre,
l'ouverture sur le monde extérieur, et pour Danielle, le
respect absolu de la fidélité conjugale. Sont-ils
prêts à sacrifier l'originalité de leur couple
pour devenir une famille banale? Telle est la question qui leur
est posée à la fin de la thérapie. Cette interrogation
place leur difficulté de vivre ensemble sur un tout autre
terrain que celui de leurs affrontements habituels, et les oblige
à remettre en question leur comportement.
Danielle,
au cours du premier entretien de contrôle, trois mois après,
nous apprend qu'elle a renoncé à surveiller son mari,
et que Claudie a fort bien réussi son année scolaire,
qu'elle redoublait. Tout n'est pas réglé, bien entendu,
mais un cap bien difficile vient d'être franchi. Il serait
d'ailleurs aussi peu raisonnable de demander au thérapeute
la guérison définitive d'une telle pathologie familiale
, que d'attendre du rhumatologue qu'il mette définitivement
fin à une arthrose du genou avec un traitement médical
..
4) MISSION SUICIDE:
Tout
cela, c'est bien gentil, et intéressant, sur le plan théorique.
Mais imaginez-vous sérieusement que chaque médecin
généraliste puisse se transformer en thérapeute
familial? Où trouvera-t-il les moyens de s'adjoindre un co-thérapeute,
avec le tarif actuel des actes médicaux? Quand parviendra-t-il
à faire contrôler son travail par un superviseur? Autant
d'objections pratiques auxquelles on ne peut répondre encore.
Et puis,direz-vous, en médecine quotidienne, on n'a, le plus
souvent, en face de soi, qu'un individu isolé qui souffre.
Vous n'allez quand même pas convoquer toute la famille à
chaque fois ? A quoi peut bien vous servir votre conception familiale
de la maladie, quand vous vous trouvez devant une personne seule?
Roland
est tout seul, quand il vient pousser la porte de la consultation
. Auparavant, bien entendu, il a soigneusement tâté
le terrain au cours d'une savante approche. Coups de téléphone,
et entretiens avec une collaboratrice. Ce n'est pas facile de se
rendre dans un endroit qui indique ce qu'on y traite, en toute impudeur.
Ce garçon de trente ans, serré dans son costume gris
de vendeur de matériel de bureau, cache mal, derrière
un épais nuage de fumée, une face ronde, haute en
couleur et bouffie.
Pour
être seul, il l'est bien. Il vient d'arriver ici, ayant abandonné
sa famille et ses amis à cinq cents kilomètres d'ici.
Depuis quelques semaines, il monte sa propre affaire avec un jeune
associé.
Auparavant,
il était salarié d'une grosse entreprise, où
il réussissait fort bien. Il habitait, seul, l'appartement
voisin de celui de sa maman. Dame veuve, psychologue de son métier,
pour qui il éprouve une véritable vénération.
Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
A un détail près. C'est que ce fils modèle,
de temps en temps, traverse des périodes terribles d'alcoolisation.
Il s'enferme alors chez lui, et boit seul, jusqu'au bout. Il en
a souvent parlé avec sa mère. Qui,dit-il, devine parfaitement
quand il ne va pas bien, et fait tout ce qu'elle peut pour l'aider.
Il
existe donc une alternance constante entre le Roland-Jekill, bon
fils et vendeur modèle, et le Roland-Hyde,qui fait tant de
peine à sa mère par son ivrognerie.
C'est
ainsi qu'il se dépeint lui-même. Et la décision
de changer radicalement de vie est une tentative pour sortir de
cette situation répétitive épuisante. Hélas,
sans grand succès, car les crises d'alcoolisation se poursuivent,
malgré les nouvelles responsabilités professionnelles.
Et malgré la conversation téléphonique quotidienne
entre Roland et sa mère. Quand il a bu, c'est elle qui appelle.
Comme si elle sentait, à distance, ce qui arrive à
son fils.
Il
y a déjà belle lurette que Roland cherche, avec les
lumières psychologiques de sa maman, une explication à
ce comportement bien gênant. Sans grand succès, semble-t-il,
malgré la patience infinie de la mère. Le médecin
lui propose donc de travailler sur la signification possible de
son comportement dans le fonctionnement familial tout entier, et
non pas sur ce qui peut se passer à l'intérieur de
lui-même.
L'exploration
des interactions au sein de la famille n'est pas sans intérêt.
Roland a perdu son père, alcoolique, lui aussi, quand il
avait dix huit ans. Il s'entendait bien avec lui, bien que deux
ans auparavant il ait poussé sa mère à divorcer.
Car la conduite du père la rendait malade.
Roland
est le petit dernier d'une famille nombreuse, dispersée dans
toutes les régions. Et ne se retrouvant guère qu'au
cours de grands repas, où notre Roland ne manque pas l'occasion
de s'alcooliser bruyamment. Ce qui entraîne, à coup
sûr, de multiples coups de fil intra-familiaux les jours suivants.
" Comment va Roland ? Il faudrait vraiment faire quelque chose d'énergique
pour lui. J'ai entendu parler d'une clinique spécialisée
très bien . Il faudrait qu'il ... ".
Tout
se passe donc comme si l'alcoolisme de l'un des leurs était
le seul élément de cohésion du groupe. C'est
à dire, malgré les apparences, quelque chose de très
bénéfique. Si, tout à coup, Roland allait bien,
la famille n'aurait plus aucun point commun et risquerait de se
disloquer complètement.
A l'âge
de seize ans, ce qui n'est pas banal, notre malade, a littéralement
pris sur son dos la responsabilité de la survie de la famille.
En faisant partir ce père qu'il aimait bien, et avec qui
il a gardé, ensuite, de bonnes relations. Et cela au moment
même où frères et soeurs aînés
quittaient le nid familial. Il s'est trouve de fait investi de la
mission de sauver sa famille, à tout prix. Il a été
marié, et n'a pas hésité à rompre rapidement
cette union. Et il a même poussé le sens du sacrifice
jusqu'à mettre sa propre vie en jeu en buvant. Toujours pour
maintenir la cohésion familiale. Cette lecture de la situation
dans laquelle se trouve Roland ne prétend pas du tout rendre
compte de toute la complexité de son cas. Elle propose seulement
un éclairage possible cohérent.
Elle
a, cependant, le grand mérite de fournir une autre vision
de son alcoolisme, qui devient alors une tentative , dangereuse,
ô combien, de traitement d'un malaise familial. Cette interprétation
livrée au patient a pour effet immédiat de déculpabiliser
ce comportement jugé anormal par tous.
La
deuxième phase du traitement, au lieu d'attaquer de front
l'intoxication elle-même, est d'envisager qu'il est possible
de boire pour soi-même. Pour son propre plaisir. Roland n'y
avait guère songé, et subissait ses périodes
noires comme une fatalité incompréhensible. Après
tout, pourquoi ne pas jouer avec?
En
dernier lieu, la thérapie consiste à remettre en question
la mission suicide de bouc émissaire familial que s'est fixé
Roland, et qu'il est en passe de réussir jusqu'au bout. C'est
à dire jusqu'à sa mort. Le simple fait de poser cette
question lui fait comprendre qu'il y a une autre réponse
possible. Ou plusieurs. Il passe ainsi, sans le vouloir, à
un autre niveau logique d'analyse de son entourage, et du rôle
qu'il peut y jouer.
Roland
est revenu , bronzé, en chemisette, les cheveux frisés
. Il semble aller beaucoup mieux. Il vient de rompre son association,
et cherche à nouveau du travail comme salarié, dans
sa région d'origine.
Une
dernière objection peut être portée à
l'encontre d'une telle prise en compte de la maladie. Celle, bien
classique, du temps. Tout cela, direz-vous, demande un investissement
important de cette denrée rare pour chaque patient. Le cas
de Nathalie a demandé, en tout et pour tout, une heure et
demie de travail. Celui du couple suivant, vingt heures, y compris
les séances de synthèse, réparties sur une
année. Et, avec Roland, quatre heures de travail ont suffi.
Ceci doit être comparé à certaines chimiothérapies,
ou psychothérapies qui durent des mois et souvent des années.
Pour chaque individu. Alors, faites le compte ...
Ce
trop rapide survol de la thérapie systémique familiale,
appliquée dans des cas qui ne sont pas du domaine de la psychiatrie,démontre,
s'il en est besoin, l'importance capitale des relations entre les
hommes dans le domaine de la santé. La question sera reprise
plus largement dans les chapitres 7 et 8. La maladie peut aussi
avoir une fonction, dans ce qui se passe quotidiennement entre nous
tous.
Il
existe là un champ de recherche considérable, dont
les conséquences sur la pratique médicale de demain
peuvent être incalculables. Mais la médecine générale,
dans son orientation et son organisation actuelle, n'est pas encore
capable de prendre en charge un tel travail. Cependant , il faudra
bien , un jour ou l'autre , se résoudre à aborder
sérieusement l'approche familiale de la médecine.
D'autre
part, ce type d'exercice prouve que l'on peut penser la maladie,
et, dans une certaine mesure et jusqu'à un certain point,
la traiter, sans avoir besoin, au moins dans un premier temps, de
la moindre théorie explicative de ce qui se passe dans notre
tête. Au contraire, les conceptions fournies par la psychologie
individuelle actuelle, qu'elle soit classique, ou psychanalytique
quand elles sont trop vagues ou mal digérées, ne viennent
que parasiter l'observation clinique globale que nous avons, comme
généralistes. De la même façon que l'attention
privilégiée qu'un spécialiste doit accorder
aux organes dont il s'occupe l'empêche, obligatoirement, d'avoir
une vision générale harmonieuse du malade qu'il a
en face de lui.
Références
:
BATESON,
BIRDWHISTELL, GOFFMAN, HALL, JACKSON, SCHEFLEN, SIGMAN, WATZLAWICK
La nouvelle communication ( Seuil )
Philippe
CAILLE : Familles et thérapeutes ( E S F )
Robert
NEUBURGER : L'autre demande ( E S F )
P.
WATZLAWICK, J. WEAKLAND, R. FISH Changements, paradoxes et psychothérapie
( Seuil )
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