Petites sont les causes et grands sont les effets
Si les effets sont grands, c'est donc qu'ils sont surfaits.
Et des effets trop grands souvent habillent mal.
Un tailleur mis en cause aurait dit : c'est fatal,
La cause est trop petite et rend l'effet bancal.
Il aurait gain de cause au moindre tribunal.
La cause est entendue ; sera-t-elle écoutée ?
En tout état de cause, les effets sont restés.
La cause du divorce, elle est le mariage ;
Ce n'est pas moi, c'est l'autre, est un vain caquetage …
Un danger fait moins peur quand sa cause est connue,
Alors, cause cachée excuse tout abus ?
La cause a peu d'effet si c'est mal énoncé ;
On n'est jamais puni pour avoir mal pensé.
L'effet de la colère est pire que sa cause
Et la cause vénielle, en effet, elle explose.
On peut fermer les yeux pour cause de décès ;
C'est là question de cause ou d'effet angoissé ?
Car de cause à effet, les faits restent les faits.
Fait et cause je prends pour les insatisfaits.
Nul ne peut être juge en sa cause privée,
Et la raison pour soi n'est pas cause prouvée.
Mon cœur et mon esprit sont mes doubles prisons,
Et je demeure, hélas, ma cause et ma raison …
Ndlr : Les deux derniers vers (comme l'Os court final) sont des citations du poète et romancier hongrois
Mihály Babits (1883-1941),
collaborateur de la revue littéraire avant-gardiste Nyugat. |
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