Pourquoi rapprocher la médecine et la permaculture, le petit dernier à la mode médiatique de l'agronomie ? Salon de l'agriculture à Paris et discours présidentiel y incitent. Bon, d'accord, les plantes cultivées et les animaux domestiques font partie, comme les hommes, du monde du vivant. Sans les uns, les autres ne peuvent pas exister. Et réciproquement aurait ajouté Pierre Dac. Pour ne pas remonter au déluge, nous avons une récente histoire commune. Celle des industries de guerre gigantesques qu'il a bien fallu recycler après les deux effroyables conflits mondiaux du XXème siècle. Les chars d'assaut sont devenus des tracteurs et engins agricoles, et les explosifs de l'industrie chimique ont fait le lit des engrais agricoles tout comme celui des médicaments.
Fantastiques recyclages économiques devenus les principaux moyens d'action que nous avons exploités à fond depuis un siècle dans nos deux domaines. Juste en cherchant sans cesse à aller plus loin parce que c'était devenu possible et, surtout, rentable.

   Les gens de la terre ont été les plus lucides quand ils ont pris conscience que l'agriculture intensive, avec ses pratiques industrielles systématiques , sans vision systémique, conduisait à la constitution de déserts totalement stériles. Triste sort irréversible des grandes plaines à blé américaines. Des pionniers courageux osent mettre les pieds dans le plat et surtout proposer des traitements efficaces. Notre site s'y est intéressé avec le travail remarquable de Claude et Lydia Bourguignon : « Au chevet de la terre si malade » LEM 908 du 10 avril 2015 . Soigner la mince (15 cm) et fragile car incroyablement complexe, couche de terre nourricière que nous massacrons par ignorance, tout le monde peut comprendre que notre survie à tous en dépend.

   Du côté de la médecine, nous sommes bien en retard dans notre perception de la réalité. L'étiquette scientifique n'est qu'un label, qui peut n'être qu'un cache misère à visée commerciale. La médecine intensive utilisant à fond tout ce que l'industrie fabrique sans autre objectif qu'un profit immédiat, avec ses usines à soins solidement standardisées et robotisées est encore le seul modèle auquel croient nos sociétés et leurs instances dirigeantes. Vers quel désert allons-nous ainsi au galop ? Celui de la deshumanisation : nous tuons par négligence notre humus à nous, cette mince couche fertile si vulnérable qui fait que nous sommes et restons des hommes.
   Que faire ? Écoutons notre vieux Voltaire : «Cultivons notre jardin». Piquons à la permaculture quelques principes simples. Tiens, en passant, les simples, c'est ainsi qu'on nommait les plantes médicinales.
Le champ de notre ignorance est gigantesque. Faire confiance à la technoscience pour le réduire est une croyance infantile. L'observation quotidienne patiente de chacun, sa réflexion personnelle devant chaque situation demeurent plus que jamais indispensables. Se ranger passivement à l'opinion de quelque autorité que ce soit est lui donner tout pouvoir sur ce qu'on fait et, à travers nous, sur ceux pour qui on agit.
« Permaculturer » sa médecine, si j'ose dire, c'est utiliser librement son libre arbitre. C'est ne pas se laisser enfumer par la mythologie étroitement déterministe des prédictions transhumanistes, des laudateurs d'une intelligence artificielle qu'ils ne comprennent pas, ignorants de l'intelligence humaine qu'ils sont. Nostalgie de baba cool soixante huitard, adepte mou du New Age, militantisme écologique : et bien, justement non.
Garder en mémoire que chez nous comme dans notre jardin, Lavoisier l'a dit : « rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme». Le tout se recycle ne fait pas encore partie de nos réflexes de cultivateurs de l'humain que nous sommes.

   Ces quelques idées rapidement jetées sur le papier vont à l'encontre d'une certaine orthodoxie dominante de la pensée médicale. Elles sont discutables. Provocatrices, c'est possible, et tant mieux. Parce qu'elles ont comme seule raison de passer au tamis rigoureux de la critique de chacun. Libre à chacun d'en faire ce qu'il veut, cela va sans dire.


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Os Court :

« Bien que les problèmes du monde soient de plus en plus complexes, les solutions restent d'une simplicité embarrassante »

Bill Mollison,
1927- 2016, biologiste australien, pionnier de la permaculture , « Prix Nobel alternatif » 1981 .

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