Un ouvrage récent de Sylvie Fainzang, paru aux PUF, traite de " La relation médecins-Malades: Information et Mensonge".
C'est, comme l'écrit Jean Pouillard dans le dernier bulletin de l'Ordre des médecins, le véritable enjeu de la relation médecin / malade (couple étrange, n'est-il pas ?), ce droit à l'information lié à la vérité due au patient. Il est évident que le problème ne concerne que les pathologies dites lourdes au plan diagnostique mais surtout pronostique, et pas du tout les babioles tout venant ( angine, rhume, verrue, cor au pieds, hémorroïdes et autres insalubrités qui font le lit des consultations quotidiennes)
J.Pouillard, commentant cet ouvrage, de poser les questions:
• l'information souhaitée a-t-elle été reçue et quelle vérité le patient souhaite-t-il entendre et quelle information ose-t-il confier ?
Chaque médecin aura été et sera confronté à différents types de patients: auxquels pourra-t-il ou osera-t-il, d'emblée, mais avec le ménagement de rigueur, asséner telle vérité…difficile à avaler, on s'en doute ? Que sait le médecin, même quand il croit connaître très bien son malade, de son psychisme secret, des craintes et terreurs qui l'habitent? un patient auquel, naïf encore, j'avais eu la maladresse, persuadé qu'il était capable de recevoir cette information, de dire ce qu'il avait, s'en alla tout bonnement se noyer…après m'avoir dit " à bientôt ": depuis, j'ai appris à biaiser, à tricher parfois, à avancer à tâtons, à distiller peu à peu certaines informations, à dédramatiser certaines pathologies dites pieusement " longues maladies" pour habituer le malade à l'idée que, peut-être, lui aussi…
À l'inverse, bien des patients semblent jouer au chat et à la souris avec leur médecin, ne lui disant pas tout ou alors très progressivement:
besoin, malicieux, de jauger ce dernier sur ses capacités d'écoute, de compréhension, de diagnostic ?
ou plus souvent semble-t-il crainte d'apprendre ce que l' on redoute, ce que l'on a découvert comme intimes transformations sur ou dans son corps ?
Bien des patients se contentent de dire leurs plaintes et ne vont pas plus loin, n'osant pas ( pudeur ? maladresse ou pauvreté verbale?) poser les questions primordiales les concernant, et si le médecin n'est lui-même pas bavard ou se satisfait de ces silences, le fameux dialogue devient vite un monologue très pauvre qui finira par lasser le malade, d'où risque, évident, de nomadisme médical dont souvent le médecin est le plus responsable par son manque d'écoute, par la promptitude à prescrire sans trop s'inquiéter des silences ± angoissés de son patient.
• " le médecin ne dira que ce qu'il veut bien dire " adage classique qui reconnaît bien les difficultés de cette relation, le mensonge émanant du médecin pouvant presque passer pour une façon, maladroite, de … soigner en rassurant.
Exmédiens non médecins et médecins hospitaliers ( qui ont une pratique différente des généralistes) pourraient dire comment, malades ou non, ils réagissent et se comportent … face au médecin, et ce dernier, quand il est malade, comment se comporte-t-il face à l' autre ?
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