…Jadis, les parents souhaitaient pour leurs enfants:
J’entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement,
premièrement la grecque,
secondement la latine et puis l’hébraïque pour les saintes lettres,
et la chaldaïque et arabique;
qu’il n’y ait histoire que tu ne tiennes en mémoire présente,
à quoi t’aidera la cosmographie.
Des arts libéraux, géométrie, arithmétique et musique,
je t’en donnai quelque goût quand tu étais petit [...].
Laisse-moi l’astrologie divinatrice et l’art de Lullius, comme abus et vanités.
Du droit civil, je veux que tu saches par coeur
les beaux textes et me les confères avec philosophie.
Et quant à la connaissance des faits de nature,
je veux que tu t’y adonnes curieusement [...].
Lettre de Gargantua à Pantagruel (d'Alcofribas Nasier qui, vantant amplement le divin breuvage, aurait dû écrire son pseudo: Alcoo-fribas…)
xxAujourd'hui, chacun s'habitue à accepter et parler un sabir dégradant, mais ce n'est pas tout:
Jadis, vouloir devenir médecin et le devenir était le rêve pour beaucoup : médecin, instituteur, prêtre, étaient les professions respectées, à défaut d'être toujours respectables, l'humain étant une matière malléable soumise à bien des tentations, même sans s'appeler Antoine et tendre à la sainteté.
xxxAujourd'hui, que sont devenues ces anciens sacerdoces ? Les uns et les autres semblent en perte d'audience:
• certains parents outragés par les mauvaises notes ou punitions que leurs enfants rapportent sont prêts à insulter l'enseignant et même à sévir violemment quand ce ne sont pas les enfants eux-mêmes qui s'en chargent…avec la morne indifférence du pouvoir qui se contente d'élever de pieuses rodomontades ( "inacceptable, honteux, on va voir ce qu'on va voir…) qui ne font que montrer les faiblesses ( morne indifférence ?) du pouvoir.
• L'instituteur est désormais syndiqué, suivant souvent aveuglément ou contraint les directives d'opposants aux décisions ministérielles,
• Le médecin ? Il était censé être un libéral, il n'est plus du tout libéré, il est soumis, contraint et forcé, aux nouvelles lois comptables (nécessaires, on doit l'admettre), aux décisions arbitraires du pouvoir ( regrettables: CAPI, directeurs des CPAM, obligations, surveillées par les préfets, de respecter des tours de garde, de signaler ces dates de vacances, et bientôt pour les nouveaux promus au titre honorifique de médecin de devoir s'installer dans des zones géographiques imposées…)
Partout semble primer, malgré les appels de certains à la révolte, la même morne indifférence : accepter d'être soumis, manipulé, dirigé, conspué, et Charles Péguy dénonçait, jadis, cette passivité déshonorante des " âmes habituées", celle de la population entière ( patients, corps médical, prêtres, enseignants et tous les autres, menu fretin, qui la constituent)
L'esprit de révolte s'est émoussé chez beaucoup, la morne indifférence, c'est comme le sucre qui fond au fond de la tasse de café : on s'habitue, c'est tout.
NDLR : Cette lettre illustre l’article 1 de notre Charte d’Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html repris ci-dessous :
- 1°) Mon objectif prioritaire sera de rétablir et de préserver la santé physique et psychique des hommes sur le plan individuel et collectif .
Cet objectif prendra en compte le contexte de l’environnement professionnel tout en respectant celui du patient, et du vivant dans son ensemble.
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