xxx Le roman feuilleton de la pandémie grippale a beau être réchauffé à toutes les sauces disponibles, il semble bien qu’une certaine mayonnaise prenne de plus en plus mal dans nos esprits. Nous commençons vraiment à être saturés et à ne plus rien vouloir entendre des avalanches de discours et injonctions que nous subissons chaque jour.
Sans entrer dans quelque polémique que ce soit, qu’il me soit permis d’y lire un signal encourageant. Voilà un paradoxe qui mérite quelques explications.
xxxIl parait que, dans nos pays, nous passons le quart de notre temps éveillé devant la télévision. Pratiquement toutes les stations saucissonnent leurs émissions des messages publicitaires qui assurent leur équilibre financier. Regardez-donc le nombre de pubs présentant un message, dit de santé ou utilisant le thème de la santé pour séduire l’acheteur. Parfois avec des contradictions grotesques entre l’incitation à la consommation et les conseils allant en sens inverse. Par exemple une superbe scène valorisant certain foie gras sur une table et un petit bandeau en bas, quelque peu rabat-joie : << Pour votre santé, ne mangez pas trop, et bougez régulièrement >>.
Double injonction contradictoire, voilà qui met vraiment mal à l’aise n’importe quel individu, grand ou petit, normalement constitué.
xxx Si vous n’êtes pas saturé de ce flot d’images, il vous est imposé de subir matin, midi et soir ( comme beaucoup de nos sacro-saintes pilules) les journaux télévisés. Et là, entre deux scènes effroyables d’attentats sanglants, trois ou quatre prestations dûment calibrées d’hommes politiques bien propres sur eux, il n’est guère possible d’échapper à quelques échos en provenance du monde de la santé.
Tel chanteur célèbre a été opéré en urgence. La grippe aviaire ayant fait long feu ( sauf pour les milliers de volailles sacrifiées sur l’autel du principe de précaution, c’est le feuilleton inusable de la pandémie de grippe A H1NI (v) qui est réchauffé. Un petit peu d’huile sur le feu pour faire naître et prospérer quelques bonnes polémiques à la française, une bonne pincée de poudre de frousse, et le tour est joué.
A moins qu’un accident spectaculaire, ou quelque catastrophe naturelle, n’entraine le réflexe devenu pavlovien pour nos édiles, de constituer une cellule de soutien médico-psychologique.
Mais, bon sang, qu’attendent nos médias pour aller au secours de leurs usagers ? Ne serait-ce pas après chaque émission d’actualité qu’il faudrait mettre en place une cellule de soutien psychologique pour chacun de nous, pauvre spectateur soumis à toutes les horreurs de la terre ?
xxx Oui, nous en crevons littéralement de cette surmédicalisation de tout ce qui touche à notre vie. Au nom, brandi comme un étendard guerrier, de notre santé, chacun s’évertue à nous imposer ses commandements. Jamais désintéressés, bien entendu.
Qui, tous, absolument tous, et aussi sages et scientifiquement étayés soient-ils ( ce qui, au passage, contrairement à ce que le public peut croire est rare ) ont pour résultat de nous priver d’une de nos libertés encore existantes. La notion de libre-arbitre dans tout ce qui touche à notre vie la plus quotidienne semble bien passée de mode.
La mise en troupeau qu’on endoctrine jusqu’à amener chacun à accepter ce qui en fait lui est imposé par une autorité est une réalité courante. Avec quelle facilité apparente l’usage du tabac a pu disparaître dans les lieux publics. Sans pour autant que l’usage du hachisch et de tous les produits illégaux ne continue en toute quiétude sa progression.
Tout faire pour encourager et respecter la liberté des humains dans leur façon de juger est vraiment œuvrer pour leur bonne santé, tant physique que mentale.
L’expérience des médecines pénitentiaires ou concentrationnaires est unanime : le manque de liberté est un redoutable tueur et facilitateur de toutes les maladies.
Une société où on s’ennuie et où est sans avenir personnel parce que tout est ou surveillé, ou réglementé, ou programmé d’avance ou interdit est une société où on vit mal. Très mal, une des seules issues demeurant alors où de devenir délinquant ou de tomber malade.
Médicaliser à outrance tout ce qui touche à l’humain est un redoutable moyen d’établir une dictature implacable sur les corps comme sur les esprits.
Il est devenu urgent de nous démédicaliser dans nos têtes de citoyens : l’homme n’est pas fait pour vivre toujours en esclavage sans y laisser sa fragile humanité. Ce glissement vers l’inhumain, l’histoire récente nous le montre de façon aveuglante, est subtil et contagieux.
Démédicalisons nos sociétés modernes. Comment ? Tout simplement, même si la tâche est énorme, en remédicalisant ces médecins transformés peu à peu, bien malgré eux, en capos d’une écrasante religion moderne sans dieu.
Il n’est pas certain que les médias qui se vantent de faire l’opinion publique reprennent à court terme ce thème, finalement très politique et pas du tout politicien. La récupération et l’encadrement par le monde politique du domaine de la santé un peu partout dans le monde devrait amener les citoyens lucides à se poser quelques questions.
Cette lettre illustre l’article 5 de notre Charte d’Hippocrate.
Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html
- 5°) Je n’utiliserai pas de manière abusive le pouvoir que me donnent mes connaissances médicales pour influencer les patients dans leurs décisions.
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