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La Lettre d'Expression Médicale
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N° 684

 
 

     20 décembre 2010
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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Illustration LEM




Sous le signe de la lumière





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Docteur François-Marie Michaut ,
lui écrire

( Caricature Cécile Bour, 2008)

 

 

 

Le plus grand quotidien de langue arabe du Liban, An-Nahar, porte le beau titre de la lumière. C'est l'article «En finir avec la vulgarité» de sa responsable des pages culturelles Joumana Haddad, repris dans le Courrier International n°1049, qui a inspiré cette lettre hebdomadaire.
Peut-être parce que, bien égoïstement, ce propos est en prolongement avec ma lettre «Sans noblesse» (1). Et en amplifie considérablement et la portée et la diffusion partout dans le monde.
 
                                              

retrouver la confiance

Notre auteur ( je l'écris volontairement sans e final) est née il y a quarante ans à Beyrouth, au coeur de ce Liban si déchiré par ses divisions internes sanglantes quasi claniques. Que sa voix de femme s'élève avec une indiscutable autorité en langue arabe d'un tel lieu est la preuve, s'il en fallait une, qu'il se passe des choses de première importance pour notre avenir à tous dans ce Moyen-Orient si éclaté. Nous avons si vite fait de nous contenter de quelques appréciations globalisantes sur telle ou telle communauté quand nous vivons dans un autre ( pas si sûr ) monde.

restaurer la conscience

Madame Haddad porte bien son patronyme qui signifie la personne qui travaille le fer, comme le faisaient nos forgerons. Caste à part dans beaucoup de civilisations traditionnelles. Elle n'hésite pas à chauffer à blanc son propos, et à le marteler vigoureusement sur son enclume journalistique. C'est à la vulgarité qui s'affiche dans notre monde qu'elle s'en prend. A notre tour de radiographier ce qui se cache derrière le terme de vulgaire. Le latin vulgum ? Hélas, il n'existe pas. Notre ancêtre linguistique ne connait que la locution vulgum pecus. Ce qui veut dire, pas toujours très gentiment d'ailleurs, le peuple ignorant.
Car, c'est bien d'ignorance qu'il s'agit. Ou plus exactement de l'utilisation qui est si souvent faite par les intérêts des habiles de ce fond d'ignorance.
En prend d'abord pour son grade un dirigeant européen, qualifié de «champion de la vulgarité» avec ses bruyantes démonstrations sexistes. Permettez-moi de ne lui faire aucune publicité en ne citant même pas son nom.
Puis, nous assitons à une courageuse auto-critique de ce qui se passe au Liban. La question de l'appartenance à une religion demeure là-bas la première qui soit posée à un inconnu. Chaque religion imposant ses propres lois pour tous les actes de la vie, de la naissance à la mort, sans oublier son pouvoir sur les rouages politiques.
« Nous qui cultivons jusqu'à la nausée le machisme, qui valorisons la force, méprisons l'altérité, et pratiquons le sectarisme » : quel diagnostic implacable.

renforcer la compétence

   La question de l'émancipation des femmes n'est cependant pas qu'un problème lié à l'islam. Pour elle, le catholicisme d'après ce que montre sa tête vaticane ne fait pas vraiment mieux. Le refus obstiné à permettre aux femmes d'accéder à la prêtrise, donc à exercer un véritable pouvoir religieux, est significatif : la femme demeure un être inférieur.
Alors qu'il puisse exister un féminisme musulman lui parait aussi hors de toute réalité qu'un féminisme catholique. Ou associé à tout rattachement à un groupe idéologique ou culturel quel qu'il soit, ne puis-je m'empêcher d'ajouter.
Pourquoi une telle intransigeance ?


  Et bien voici exactement ce qu'en dit notre jeune femme de quarante ans en plein milieu de la poudrière non seulement militaire mais aussi religieuse, économique et culturelle du Moyen-Orient : «Quand est-ce qu'on arrêtera de raccommoder des édifices qui reposent sur des fondations pourries ? Quand est-ce qu'on reconnaitra qu'il n'est pas possible de concilier l'enseignement des religions- sans exception- avec la dignité et les droits de la femme ?».
Voilà une expression d'un immense courage dans l'environnement où il a été livré au public : cela m'a vraiment impressionné.
Et cela m'a donné une grande envie de lire le dernier livre de Joumana Haddad : «J'ai tué Shéhérazade - Confessions d'une femme arabe en colère», publié aux éditions Acte Sud en 2010. Mon libraire me l'a promis pour la semaine prochaine : puisse sainte Météo ne pas s'y opposer.

(1) F-M Michaut, Sans noblesse LEM 615
http://www.exmed.org/archives09/circu615.htm


 

Os court :
<<C'est aux esclaves, non aux hommes libres, que l'on fait un cadeau pour les récompenser de s'être bien conduits>>
Baruch (ou Benoît) Spinoza

 

Cette lettre illustre notre Charte d'Hippocrate.

Lien : http://www.exmed.org/archives08/circu532.html


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