Combien de fois par jour la chance est invoquée ?
Au moindre échec subi, on dit qu'elle a manqué,
Qu'une insigne déveine est ce qui fit échouer.
La chance aurait bon dos sans qu'on veuille l'avouer.
Les bonnes âmes ont dit que chance se mérite,
Que c'est question de sueur, de travail sans limite.
Ce serait une guigne arrivant sur les autres,
Et trop bonne fortune irait aux bons apôtres.
Que l'absence de chance est faute de technique,
Que la veine sourit quand on lui fait la nique,
Qu'elle tombe sur vous rien qu'une fois sur deux,
Que c'est pure invention de jeunes paresseux,
Qu'il faut se lever tôt si on veut qu'elle vienne,
Sans trop compter sur elle aux moments qui conviennent.
Pour eux, veine qui dure est forcément suspecte
Puisque la chance tourne et chaque tour respecte.
Il faudrait supprimer toute noire malchance,
Invention pessimiste excusant nos carences.
Et de même expliquer que toute baraka,
N'est qu'un fort juste effet d'un incessant combat.
Jamais la réussite à la chance n'est due
Et c'est de nos erreurs que l'échec est issu.
Il faudrait tout prévoir sans la moindre exception,
LE Principe brandir, celui de Précaution.
Et s'il me plaît à moi de croire en vieil enfant
Au bon père Noël, qui passe tous les ans,
Et qui même en l'année nous comble de bienfaits
Sans que pour ses souliers, on se soit mis en frais ?
Ne gagner les concours que ceux de circonstance,
N'est probablement pas le nerf de l'existence.
Mais le tout rationnel serait bien monotone ;
Bienvenu le hasard quand il change la donne.
Vivre sans fantaisie n'est pas la panacée,
Et du « tout est prévu », on a très vite assez.
A nous porte-bonheurs, talismans et reliques
Fétiches et mascottes ou grigris sympathiques !
Alors, vive la chance et le fer à cheval,
Les trèfles à quatre feuilles ou boules de cristal !
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(cliché JPG)
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