L'âge qu'on dit « certain » est plein d'incertitudes,
C'est une vue d'esprit, une fausse attitude.
Mais celui qu'on vous prête est-il celui qu'on donne ?
Car en cette matière, on ne croit plus personne.
L'âge qu'on veut avoir gâte celui qu'on a,
Où toutes tricheries tombent toujours à plat.
L'âge est le grand sujet des âgés les plus sages ;
On voit bien qu'à leur âge, ils pensent au passage.
Âge d'or, âge d'or, on nous la baille belle !
Comme la fleur de l'âge, un vieux mythe éternel,
On se trouve novice à chaque âge de vie.
Du vieil âge invention, la jeunesse on envie,
Tel un rêve immature qu'on ne sait plus situer.
L'âge de ses artères est pour les résignés,
Celui de nos neurones est bien plus important
Plus que de nos vieux os ou de nos pauvres dents.
Est-ce pour mieux vieillir qu'on nous classe les âges ?
Qu'ainsi du temps qui passe, on tourne mieux les pages ?
À l'âge des cavernes, on eut celui de pierre,
Après l'âge de bronze, on eut celui de fer
Et celui du charbon, du bois et de la brique,
Puis celui du pétrole et l'âge du plastique,
Celui du caoutchouc pour consciences élastiques,
Enfin l'âge atomique et l'âge électronique.
On dit l'âge « avancé » quand il est reculé.
Quand on dit qu'il est mûr, va-t-il tout seul tomber ?
Est-ce le troisième âge ou bien le quatrième ?
Alors, « l'entre deux âges » sortirait du barème ?
Comme le Moyen-âge, il peut laisser perplexe.
« Sexagénaire », hélas, n'est pas l'âge du sexe,
L'âge adulte non plus, l'âge de l'adultère.
Et si le retour d'âge allait en marche arrière ?
Les années les plus courtes font les jours qui redoublent
De moitié sont nos forces où les ans comptent double.
Pleurer sur son époque est pleurer sur son âge,
Mais le fait de vieillir n'est ni tare ni rage.
Ceux qui vieillissent bien voient tourner le manège ;
Enterrer l'ennemi est leur grand privilège.
Partout des centenaires, est-ce un nouveau prodige ?
A la limite d'âge, à la fin on s'oblige.
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