Il m'a fallu un certain temps de réflexion, même si j'y ai fait référence en août 2014 dans la LEM 874 , avant d'oser soumettre aux lecteurs de ce site un ouvrage qui sort totalement des sentiers intellectuels de la tradition scientifique.
Philippe Guillemant, son auteur, chercheur au CNRS est une personnalité reconnue de la physique du rayonnement, et, ceci touche plus encore des soignants, c'est une pointure internationale dans le domaine de la vision artificielle. Nous sommes donc aux antipodes d'un livre d'autodidacte illuminé. Il n'est pas pour autant question de se mettre au garde à vous intellectuel devant une carte de visite des plus honorables !
Que nous dit cet auteur de si dérangeant que les médias, pourtant habituellement si friands de sensationnel, n'osent pas relayer dans le public ? Sa théorie (ce qui ne veut dire qu'une certaine façon de voir les choses), bien entendue appuyée sur des arguments empruntés à tous les domaines de la physique concerne le temps. Notre temps, la médecine le voit également ainsi, se divise entre passé qui n'est plus, et avenir que nous ne connaissons pas encore mais qui se forme sous nos yeux dans ce qui est dit le présent. Le sous-entendu habituel est que ce qui survient est, et ne peut être, que la conséquence directe des événements précédents.
Guillemant soutient la thèse suivante. Tout ce qui arrive est le résultat d'une double causalité. Bien entendu des éléments du passé ( par exemple notre patrimoine génétique, nos habitudes culturelles ou la rencontre avec quelque virus du type Ebola pour rester dans la maladie) jouent leur rôle que nous qualifions d'étiologique. Mais, attachez vos ceintures, c'est le futur lui-même qui serait le second déterminant de la réalité à venir. Un futur donc qui existerait déjà en tant que virtualités multiples non encore réalisées, que notre libre-arbitre a, dans sa sphère d'influence, la possibilité de privilégier ou de rejeter. La notion de hasard, aveu d'ignorance de ce qui survient, trop largement utilisée par les sciences, dont la médecine, pour tout expliquer quand la causalité habituelle ne joue pas, se trouve ainsi sérieusement mise en question.
Ce dernier point est capital pour ceux qui veulent soigner les autres. Le fatalisme qu'entraine notre déterminisme traditionnel, celui qui imprègne l'exercice médical du pronostic ( = dire comment va évoluer une maladie, souvent confondu par le public avec le diagnostic), est dépourvu de fondement scientifique solide. Les traces d'avenir, comme dit Guillemant, sont là. Si nous savons les voir, ou à défaut respecter leur possibilité, le double libre-arbitre du patient associé à celui du soignant peut faire que l'improbable puisse se réaliser. Curieux éclairage, entre autres, de l'effet placebo et autres guérisons médicalement inexplicables !
Je n'ai pas besoin d'insister pour affirmer qu'il y a là une piste extraordinaire de renouveau d'une pensée médicale dont les limites se révèlent actuellement trop étroites.
Avant de conclure hâtivement, même si cela dérange bien des habitudes, il serait pertinent que des esprits aventureux se lancent dans la lecture critique de cet ouvrage et du site de son auteur pour en éprouver sans ménagement, c'est la méthode scientifique, la solidité et la pertinence.
Note :
(1) Site de Philippe Guillemant http://www.philippeguillemant.com/
« Le temps est père de vérité.»