Le cerveau, ce fantastique organe mou et gras, bien enfermé dans son crâne protecteur, est le moteur indiscutable de tout le règne animal, Notre espace sans frontière, qu'il serait juste de qualifier de civilisationnel plus que de culturel, semble agité d'une sorte de mouvement brownien. Ça part dans tous les sens.
Médias, beaux parleurs, haut parleurs, c'est bien beau, mais pour relayer au plus grand nombre quel jus de matière grise ? Labels et étiquettes supposées valorisantes perdent chaque jour de leur prestige. Les arguments d'autorité (croyez-moi parce que je suis le chef) prennent de moins en moins avec les réseaux mondiaux d'échanges intellectuels. Le vacarme est gigantesque. La cacophonie planétaire règne.
Et pourtant, quelles que soient les crises, les crimes, les drames, le monde tourne, la réalité poursuit son bonhomme de chemin. Nous ne sombrons, dans la plupart des pays riches ou pauvres ni dans la guerre civile, ni dans la guerre religieuse.
Cela ne peut s'expliquer que s'il existe des sortes d'amortisseurs, aussi discrets qu'efficaces.
J'ai presque honte de l'écrire, tant c'est hors de mode, mais je me lance. Des tas de gens font fonctionner, le plus souvent très bien, tous nos rouages sociaux. Des tas de gens dans leur coin créent, inventent, pensent, comme nourris par un air du temps que leur cerveau a la capacité de percevoir dans cet immense brouhaha. Le vieux Chateaubriand parlait, sans se faire enfermer, du génie de la langue française. Cela n'a rien à voir avec un relent de repli sur un nationalisme des siècles révolus. Il faut y voir, au contraire, un coup de chapeau à la splendide idée de la francophonie, actuellement si fertile sur le plan des idées dans tous les continents. C'est imperceptible en termes économiques ? Et alors, cela veut-il dire que ce n'est pas important pour notre devenir ?
Ce sont tous ces cerveaux, bien entendu totalement transparents pour ceux qui travaillent à leur prestige personnel, qu'il est simplement équitable de saluer. Ce sont eux les vrais et seuls moteurs de notre humanité. Ils marchent en avant garde, ce qui veut dire que leurs cerveaux ont une capacité que les autres n'ont pas et qui est énorme. Celle de comprendre que le futur est déjà là sous une forme virtuelle et que ce sont leurs actions qui lui permettent d'exister.
Voilà qui ne contredit pas du tout les travaux sur le temps du physicien Philippe Guillemant qui ont été présentés ici (LEM 881). Les capteurs de futur, c'est une fantastique mission pour les cerveaux humains. Et rien à voir avec les laborieux ferrailleurs du passé et autres bricoleurs ambitieux du présent.
« Élève ?
Élevage ou élévation ? »