De rien

 

    1er juin 2015

Jacques Grieu

 lui répondre

 


Trois fois rien, c'est très peu, mais deux fois rien, c'est moins.
Une fois, un seul rien, c'est juste un fifrelin.
Question de quantité ? Mille riens c'est beaucoup,
Mais cela suffit-il à former un vrai tout ?
Dans le néant aussi , ce serait plein de riens ;
Oui, mais combien de riens pour un néant chrétien ?
Faut-il que « rien de rien » s'oppose à « rien du tout »,
Que ce soit « tout ou rien » comme un passe-partout ?

Comme on n'a rien sans rien, certains recherchent tout.
Se battant pour des riens, ils se cognent partout.
On sait que « propre à tout » vaut souvent « propre à rien »
Montrant que tout et rien ont parfois de forts liens.
A celui qui n'a rien, l'avenir promet tout.
Le moindre petit rien, pour lui, compte beaucoup.
D'ailleurs, il ne craint rien, tout et rien sont pareils ;
Il ne vit que des riens qu'il voit à son soleil.

Est-ce un morceau du « tout » quand on dit « rien du tout » ?
Ce rien, extrait du tout, serait-il, peu ou prou,
Plus gros, plus important que les riens ordinaires ?
Un rien ventripotent ? Un rien contestataire ?
Si « tout » est plein de riens, alors, on le suppute,
Ce tout n'est plus un tout si d'un rien on l'ampute.
Il s'en faut d'un seul rien : c'est un tout anormal.
On a là un faux tout, un tout un rien bancal.

Notre œil ne peut rien voir si l'esprit ne regarde ;
Au récit du « big bang », la science se hasarde.
Du rien, du grand néant, a jailli l'étincelle ?
L'étincelle du tout, du tout universel.
Mais d'où sortait ce rien qui a créé le tout,
Et qui, mine de rien, nous impose son joug ?
A la poule, les œufs n'ont jamais rien prédit :
Le vrai commencement reste encore non dit.

Il y eut donc un rien moins vide que néant,
D'où est sorti le tout en un bond de géant.
Ce rien cachait le tout et soudain, par magie,
Il y eu un début, l'explosion d'énergie ?
Qui a prévu la fin ? La Bible n'en dit rien …
Et même les savants ne la sentent pas bien.
Beaucoup de bruit pour rien : le « tout » nous reste obscur ;
Une chose est certaine : il n'y a rien de sûr …



La LEM est aussi sur :
(abonnement version mail)
blogger LEM


Os court :

« Non, rien de rien, non, je ne regrette rien. »

Chanson d'Edith Piaf (1956),
paroles de Michel Vaucaire, musique de Charles Dumont

      Lire les dernières LEM

  • La tentation des officiers de santé LEM 912
  • Médecins et pouvoir politique, François-Marie Michaut LEM 911
  • Un certain silence, François-Marie Michaut LEM 910
    • Régimes, Jacques Grieu LEM 909
    • Au chevet de la terre si malade, François-Marie Michaut LEM 908