Trois fois rien, c'est très peu, mais deux fois rien, c'est moins.
Une fois, un seul rien, c'est juste un fifrelin.
Question de quantité ? Mille riens c'est beaucoup,
Mais cela suffit-il à former un vrai tout ?
Dans le néant aussi , ce serait plein de riens ;
Oui, mais combien de riens pour un néant chrétien ?
Faut-il que « rien de rien » s'oppose à « rien du tout »,
Que ce soit « tout ou rien » comme un passe-partout ?
Comme on n'a rien sans rien, certains recherchent tout.
Se battant pour des riens, ils se cognent partout.
On sait que « propre à tout » vaut souvent « propre à rien »
Montrant que tout et rien ont parfois de forts liens.
A celui qui n'a rien, l'avenir promet tout.
Le moindre petit rien, pour lui, compte beaucoup.
D'ailleurs, il ne craint rien, tout et rien sont pareils ;
Il ne vit que des riens qu'il voit à son soleil.
Est-ce un morceau du « tout » quand on dit « rien du tout » ?
Ce rien, extrait du tout, serait-il, peu ou prou,
Plus gros, plus important que les riens ordinaires ?
Un rien ventripotent ? Un rien contestataire ?
Si « tout » est plein de riens, alors, on le suppute,
Ce tout n'est plus un tout si d'un rien on l'ampute.
Il s'en faut d'un seul rien : c'est un tout anormal.
On a là un faux tout, un tout un rien bancal.
Notre œil ne peut rien voir si l'esprit ne regarde ;
Au récit du « big bang », la science se hasarde.
Du rien, du grand néant, a jailli l'étincelle ?
L'étincelle du tout, du tout universel.
Mais d'où sortait ce rien qui a créé le tout,
Et qui, mine de rien, nous impose son joug ?
A la poule, les œufs n'ont jamais rien prédit :
Le vrai commencement reste encore non dit.
Il y eut donc un rien moins vide que néant,
D'où est sorti le tout en un bond de géant.
Ce rien cachait le tout et soudain, par magie,
Il y eu un début, l'explosion d'énergie ?
Qui a prévu la fin ? La Bible n'en dit rien …
Et même les savants ne la sentent pas bien.
Beaucoup de bruit pour rien : le « tout » nous reste obscur ;
Une chose est certaine : il n'y a rien de sûr …
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