Civilisation,
guerre ou paix ?

 

    6 juillet 2015

Docteur François-Marie Michaut

 lui répondre

Faire en sorte que nos hordes humaines sortent du statut de prédateurs collectifs disposés à se déchaîner au moindre prétexte semble un devenir des plus difficiles à organiser. Pour ne pas dire physiologiquement impossible pour l'espèce zoologique homo sapens sapiens depuis son apparition sur la planète. Les braves gens en ont fait une maxime : la guerre a toujours existé, donc elle existera toujours. Sauf que, désormais, c'est tout le monde vivant que nous avons la capacité de faire disparaitre à tout jamais.

Les bruits d'explosion, les bilans macabres des exterminations, les rodomontades de groupuscules activistes confondant le monde des hommes et les productions cinématographiques, avec un fort relent infantile de jeux vidéo, polluent tellement par leur violence notre perception de la réalité que nous voilà incapables de penser que les choses peuvent être autrement. Peuvent, pourraient, devraient ?

Nous avons été dressés au récit historique des grands empires que le monde a connu , aux vastes épopées conquérantes et à ce que nous nommons, avec des trémolos dans la voix, les civilisations. Avec leur triple état de naissance, tel le récit mythique de Romulus et Remus, de plénitude superbe, puis, après un dernier éclat remarquable, de leur disparition. Là encore, avec une sélectivité toute occidentale, pour nous permettre de nous affirmer les dignes héritiers des plus illustres épopées humaines. Que les autres continents que le nôtre aient pu connaitre des cultures aussi admirables que celles de nos ancêtres revendiqués est un sentiment récent. Les discours des colonisateurs, comme notre cher Jules Ferry, après ceux des Croisés, en disent long sur nos anciennes façons de penser « les autres ».

Alors, parler, comme le font nos leaders, de guerre des civilisations pour expliquer les agissements terroristes est une bien piètre explication. Des gens se réclamant, avec légèreté spirituelle selon beaucoup de connaisseurs, d'une civilisation fondée par Mahomet pour mener une forme de guerre psychologique d'extermination de la société dominante de ceux qui vivent dans le péché, ce n'est pas un vrai conflit.
Même si nos armées se font entendre et voir, nous ne nous sentons pas en guerre contre une autre civilisation. Pour se battre, il faut être deux.

S'agit-il pour autant d'un choc ? Pas vraiment. Parce qu'il faudrait pour cela que face à ceux qui brandissent leurs convictions, sans chercher à nous convaincre de leur supériorité, nous-mêmes soyons capables de définir sans la moindre zone d'obscurité ce qu'est notre civilisation.

Munis de ce diagnostic, établi avec la plus juste rigueur intellectuelle, en faisant appel à toutes les connaissances humaines disponibles accumulées ( donc, pas seulement les scientifiques) nous serions en position de partir enfin à la recherche d'une union irréversible des différentes cultures de la planète.
   Osons une hypothèse hardie que certaines observations confirment : même si nos politiques, trop paralysés par le quotidien, n'en ont pas encore pris conscience, ce mouvement là, autre forme non matérielle de la mondialisation, est en route.

 



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