Du mot latin gutta, la goutte est familière :
On la goûte partout, demain autant qu'hier.
Quand la goutte est au nez, cela s'appelle un rhume
Et quand elle est à l'œil, la peine nous embrume.
La goutte enfle nos pieds de toute éternité,
Mais aucun goutte-à-goutte encor ne l'a ôtée…
L'eau de vie fait mourir et se nomme la goutte :
On dit aussi le marc, mais c'est la même soupe.
L'inquiétude est poison goutte à goutte instillé
Qu'aucun raisonnement ne saurait enrayer.
Les plus petites gouttes ont percé bien des rocs
Comme nos grandes peurs ont rongé nos époques.
La confiance est denrée qu'on goûte à juste titre ;
Goutte à goutte on la gagne et on la perd… en litres !
C'est en gouttes de sueur que l'on gagne son pain,
Avec celles des larmes, on noie notre chagrin.
Mais brumes et nuages ou bien la… mayonnaise,
Sont de vraies émulsions où la goutte est à l'aise.
La dernière des gouttes est un petit chouïa
Qui fera que le vase, enfin, débordera.
C'est quand on n'y voit goutte, alors, qu'on pense fort :
Bavardage n'est qu'écume, action est goutte d'or.
Est-ce par précaution, pour mieux qu'on les écoute,
Qu'on voit certains poètes écrire au conte-goutte ?
Os court :
« Une collection de baïonnettes ou de guillotines ne peut pas plus arrêter une opinion qu'une collection de louis ne peut arrêter la goutte. »
Stendhal