Formation
économique 5
D'un
caducée à l'autre n°1
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
1.
Premières considérations
Ici
débute une formation dont l'objectif est ambitieux. Il s'agit,
en effet, d'étudier une conception de l'économie scientifiquement
recevable et exploitable en pratique par tous ceux qui sont concernés
par les problèmes de santé. Pour que cette conception
soit scientifiquement recevable, elle doit être logique et
conforme à ce qui est, ou à ce qui peut être
sans effet pervers. Pour qu'elle soit utilisable concrètement,
elle doit indiquer des comportements et une organisation qui procurent
les résultats qu'elle prédit.
Avec
fraîcheur, ayons l'audace de faire comme si nous étions
les premiers à avoir l'idée de faire de l'économie
l'objet d'une connaissance rationnelle et d'un discours humaniste,
c'est-à-dire centré en permanence, et même «
cliniquement », sur l'homme et l'humain dans leur plénitude.
À partir des mêmes dispositions d'esprit, d'autres
peuvent faire mieux, il n'y a pas à en douter, et feront
mieux, il faut l'espérer. Mais nous n'avons pas à
attendre d'ailleurs et de plus tard ce que notre effort personnel
peut produire ici et maintenant. Aux suivants de redresser les erreurs,
les maladresses et les insuffisances que nous n'aurons pas eu l'intelligence
et le courage d'éviter.
Pour
les formateurs comme pour les formés, le premier acte de
cette formation est le préambule cartésien de la table
rase. Mettons très radicalement en doute la justesse de ce
que nous croyons savoir ou deviner dès qu'il est question
d'économie. Considérons que les mots mêmes qui
véhiculent ce savoir et ces intuitions sont ou mal choisis
ou mal utilisés. Vidons tous nos tiroirs mentaux contenant
des objets économiques tels que l'argent, l'emploi, l'impôt,
etc... Sans oublier, c'est essentiel, le tiroir dans lequel nous
avons plus ou moins consciemment rangé, l'esprit critique
distrait, des descriptions résumées et des suppositions
dans l'air du temps sur ce que l'économie est ou n'est pas.
Est-ce
suffisant pour partir du bon pied dans le sens qui mène au
réel, c'est-à-dire au bon sens ? Puisque nous ne savons
même plus la réalité que nous convenons de qualifier
d'économique, il est bien évident que c'est de cela
dont nous devons d'abord nous occuper.
Deuxième
acte de notre formation : amener ou ramener au premier rang des
constats indubitables que l'économie ou l'objet économique
qui est tout, c'est n'importe quoi. Non, non, l'exercice n'est pas
que verbal. Logique, impeccablement logique. Si, par exemple, je
dis que tout est du capital, alors je suis tôt ou tard conduit
à admettre que n'importe quoi est du capital, dont l'homme
lui-même au même titre qu'une somme d'argent, ce qui
est théoriquement injustifié et pratiquement dangereux.
(À suivre)
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Il
y a une relation directe, et réciproque, entre une pratique
plus saine de la médecine et une pratique plus saine de l'économie.
Pour une raison évidente que chacun peut observer. La médecine
ne se pratique pas plus en apesanteur économique que l'économie
ne se pratique en apesanteur médicale.
L'absence
de limite appelle l'absence de limite. Si, comme aujourd'hui , il
y a de fait absence de délimitation de la sphère des
activités économiques, il y a aussi nécessairement
tendance à charger la médecine d'une mission illimitée.
D'où des pratiques malsaines pour paraître faire face
à des responsabilités exagérément étendues
que la médecine n'a pas les moyens d'assumer.
Les
expressions mêmes « économie de la santé
» et « secteur de la santé » sont des étiquettes
dangereuses s'il n'est pas assez explicitement convenu qu'il s'agit,
en fait, d'économie et de secteur des soins médicaux
et non pas de la santé en général.
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caducée à l'autre n°2
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conception renouvelée de l'économie ...
1.
Premières considérations (suite)
Troisième
acte de ce début de formation : se camper dans la volonté
de bien s'en tenir à l'essentiel et s'y tenir avec souplesse.
Il y a peu de repères économiques à utiliser
dans la gestion de nos propres affaires et dans notre vie sociale,
y compris celle de dirigeant. Les idées économiques
sont comme les produits de l'industrie pharmaceutique. C'est avec
20% des remèdes que les médecins obtiennent dans 80%
des cas le plus gros des effets thérapeutiques. Il n'est
pas efficace de s' étendre ici sur les 80% d'idées
économiques qui ne peuvent être crédités
que de 20% des résultats sociaux obtenus.
Il
est essentiel de définir d'abord ce que nous choisissons
de qualifier d'économique . Autrement dit, comment choisissons-nous
de définir l'économie en tant qu'ensemble d'activités
et de modalités d'organisation de ces activités ?
Mais l'économie est aussi un simple discours sur ces mêmes
activités. Choisissons-nous ou bien , par principe de faire
acte d'allegeance à la mentalité ambiante, ou bien
de n'admettre, par autre principe, que ce que notre esprit critique
nous fait découvrir de moins confus ?
Attention,
la plus grand vigilance s'impose. Ces choix initiaux sont redoutables
par leurs conséquences. Ils semblent tomber sous le sens
commun et ne mériter aucune étude critique. Ils n'en
n'ont pas moins le pouvoir d'enfermer dans un imaginaire qui réduit
l'homme que je soigne, l'homme que je suis à un « rien
que » ? Cette réduction-là, l'humaniste ne peut
pas l'accepter.
On
affirme volontiers que le champ de l'économie est celui des
activités par lesquelles les hommes pourvoient à la
satisfaction de leurs besoins. Il est également admis que
toute production et toute consommation est, en soi, un acte économique.
Par exemple, le Dictionnaire Economique et Financier ( Seuil 1975)
de Bernard, Colli et Lewandowski, Inspecteurs des finances, définit
ainsi la « Science Economique » :Ensemble des
connaissances objectives se rapportant aux activités de l'homme
ayant pour finalité la satisfaction de ses besoins. Ce critère
est logiquement irrecevable, politiquement destructeur et médicalement
dommageable (cf N°3). Une autre délimitation du champ
de l'économie est possible. Elle a un défaut majeur.
Celui de restreindre considérablement les prétentions
de l'économiste et de tous ceux qui veulent dispenser le
mieux-être par l'économie d'abord.
L'erreur
logique est de définir un objet ( l'économie) en utilisant
une propriété sans effet discriminant. Quelles sont,
en effet, les activités des hommes qui n'ont pas leur origine
dans la satisfaction des besoins ressentis ? S'il y a économie
dès qu'il y a satisfaction d'un besoin, alors l'économie
est absolument tout dans l'homme, et par conséquent dans
n'importe quoi d'humain. Et de la même façon, comme
toutes nos activités humaines sont productrices ou consommatrices
, peut-on en tirer la conclusion que tout est économique
? L'illimité enfante à coup sur l'insensé.
(À suivre)
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Il
y a deux raisons pour un exercice plus sain de la médecine
par une pratique plus saine de l'économie. La pratique du
médecin est de fait, et le plus souvent, également
une pratique économique. Mais, plus troublants encore et
méconnus, les principes les plus fondamentaux d'amélioration
des pratiques médicales et économiques paraissent
bien être les mêmes. Il y a là une convergence
très remarquable entre le médecin et l'économiste.Il
nous faut donc rassembler ces principes communs.
Et,
comme lorsque l'économie est sans limites, la médecine
sans frontières conduit à de terribles confusions
et manipulations. Pour nos deux caducées, on voit la même
perte des repères, la même fuite éperdue dans
la modernité et la technique pour elles-mêmes et non
plus au service des hommes. (A suivre)
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1.
Premières considérations (suite)
-
Dans la vie politique, une conception trop débridée
de l'économie pousse à aligner les moeurs électorales
sur le marketing des entreprises. Le marketing proprement dit a
pour cible le chaland qui deviendra client s'il achète. C'est
clair et naturel. Dans le soit disant marketing politique, l'élu
utilise de l'argent prélevé sur l'électeur
par la force publique pour faire valoir sa personne et son parti.
Du coup, la démocratie vieillit mal et c'est néfaste.
La différence entre le marketing tout court et sa version
politicienne n'est pourtant pas de degré mais de nature par
l'objet même dont ils s'occupent.
-
Parallèlement, et pour la même raison, les soignés
et les soignants ont de plus en plus de mal à situer leurs
droits et leurs devoirs. Par confusion uniformisante, tout tend
à être traité sur le même mode affairiste.
Ce qui touche de près ou de loin aux soins médicaux
suit le même mouvement, et c'est médicalement dommageable.
-
Une définition rigoureuse de l'économie fait partie
des corrections de trajectoire mentale les plus importantes à
opérer. Une vraie définition, donc une conception
délimitée de ce qu'est et n'est pas l'économie
est à établir de là où elle s'est instaurée
empiriquement de très longue date. Partons à sa recherche
au moyen d'une observation fort simple. Les hommes échangent.
Les hommes donnent, de gré ou de force. Dans l'ensemble des
échanges entre les hommes, il y a le sous-ensemble des échanges
marchands. Ce qui différencie un échange marchand
d'un autre non marchand est le transfert réciproque de propriété
de deux objets cessibles s'il y a acte marchand.
-
« Je te cède mon stylo, tu me cèdes ta montre
» : proposition d'échange marchand sous la forme d un
troc. « Je te vends ma voiture x euros » : proposition
d échange marchand par monnaie interposée. «
Je te soigne ton mal au dos contre un sac de pommes de terre »
: proposition d'échange marchand sous la forme d'un troc.
« Je te soigne contre le paiement en argent de mes actes »
: proposition d'échange marchand par monnaie interposée.
-
Face aux dérives économiques d'origine théorique,
il ne peut y avoir de remède adapté que théorique.
Il y faut du courage intellectuel et politique. Qu'on en juge, pour
ce qui est de l' effort intellectuel, par cette proposition logique
apparemment abstraite : dans l'univers des échanges, l'ensemble
des échanges marchands n'est défini qu'autant que
dans l'univers des objets l'ensemble des marchandises l'est lui-même.
Vérifier ce point clé est, nous allons le constater,
bien plus aisé et bien plus concret qu'il ne peut le sembler
a priori. (A suivre)
...
pour une pratique plus saine de la médecine
-
C'est pathétique, quand on prend du recul. Les professions
médicales perdent leur rôle d'artisans décideurs
de leurs pratiques professionnelles. Des systèmes auto générateurs
de leurs propres finalités prennent le relais. Pots de terre
contre pots de fer. Collaborer dans l'espoir de faire évoluer
ces systèmes de l'intérieur est illusoire. S'opposer
dans l'espoir de les faire reculer alors que la majorité
les soutient l'est tout autant. Que faire ? D'une part rester mentalement
en exercice libéral. A cette fin, lire, et relire, et contribuer
à faire connaître, l'épure en dix mesures d'une
solution libérale au problème de l'économie
des soins médicaux. Périodiquement, la Lettre d Expression
médicale publiera de nouveau cette épure, en tenant
compte des mises au point et des altérations nées
de sa discussion et tirées de recherches complémentaires.
-
D'autre part s'engager résolument dans une action au long
cours. L'état actuel de l' économie des soins médicaux
est le produit d'une évolution sur plusieurs générations.
Il faudra du temps pour introduire d'autres repères économiques
profondément partagés dans tous les milieux. Les axes
de cette action au long cours ? La culture persévérante
d'analyses cohérentes. L'effectif grandissant de ceux qui
prennent part au développement de cette culture. C'est en
soi toute une entreprise. (À suivre)
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1.
Premières considérations
-
Qu'au coeur de la vie économique, il y ait, de fait, la pratique
de l'échange marchand, tout le monde en convient. Les économistes
de n'importe quelle école les premiers. Saluons !
-L'existence
même de la pratique, en apparence spontanée, de l'échange
marchand soulève des questions fondamentales. La justesse,
ou la désinvolture, avec lequel ces questions sont posées
et traitées est très lourde de conséquences
sur la représentation mentale que nous nous faisons de la
vie économique et de la vie sociale et politique qui en découlent.
-
Première question qui vient à l'esprit : pourquoi
cette pratique s'est instaurée puis intensifiée ?
La cause est maintenant évidente : la division du travail
productif. L'autarcie a ses charmes mais elle a aussi ses limites
sévères. La spécialisation augmente la quantité,
la variété et la qualité des productions. L'évolution
de la condition humaine passe par la division du travail productif.
Cette division a elle-même pour conséquence la multiplication
des échanges. C'est l'un des effets admirables de la vie
- Ne laissons pas la convoitise, la conseillère la plus perfide
qui soit, nous détourner de l'admiration de l'ingéniosité
de l' humanité industrieuse et de l'abondance qui en résulté.
-Mais
gardons aussi une grande curiosité intellectuelle. Qui dit
échange marchand dit échange d'une marchandise ou
bien contre une autre (troc) ou bien contre une quantité
de monnaie (le plus fréquent parce que le plus commode).
L'ensemble des échanges marchands, ou échanges de
marchandises, n'est défini que dans la mesure où l'ensemble
des marchandises est lui-même défini, nous l'avons
déjà remarqué (Fiche n° 3).
-
Un pas de plus va nous placer à un point auquel nous verrons
mieux qu'une science économique bien bâtie l'est sur
le socle d une théorie de la marchandise.
-L'ensemble
des échanges marchands n'est divisible en catégories
homogènes que si l'ensemble des marchandises l'est lui-même.
Pour bien observer comment fonctionne, dans ses grandes lignes,
le système des échanges marchands, coeur du système
économique, il nous faut nous livrer à la tâche
du naturaliste qui classe. En l'occurrence, ce sont les marchandises
dont il faut identifier les sous-ensembles homogènes pour
en tirer un classement en sous-ensembles homogènes des échanges
marchands. Alors comprenant mieux l'économie, dont la médicale,
nous la gérerons mieux. (à suivre)
...
pour une pratique plus saine de la médecine
-
L'échange marchand est devenu un moyen indispensable de la
pratique médicale. Non, pas seulement chez le pharmacien
et à l'hôpital ou à la clinique. Dans le cabinet
du médecin généraliste ou spécialiste
: « je rends service, mon service m'est payé »
. Il faut en convenir, quelque soit notre recul a priori devant
cette idée, nous faisons tous du commerce.
-Que
la pratique médicale soit d'exercice libéral ou que
l'employeur du soignant soit une société privée
ou un établissement public ne change strictement rien à
ce fait. Dans les trois cas, il y a la fourniture d'un service,
qui est une marchandise, en échange de sa rémunération.
Dans les trois cas, il y a un échange marchand. Seule la
contrepartie de la rémunération n'a pas la même
origine immédiate visible, ce qui est volontiers trompeur.
-
Les médecins et les blouses blanches n'ont aucun intérêt
à dissimuler à qui que ce soit, et avant tout à
eux-mêmes, qu'ils sont soumis à la loi commune à
tous les travailleurs avec en plus, en exercice libéral,
aussi la loi commune à tous les entrepreneurs. Pour trois
raisons .
-
C'est d'abord la dissimulation d'un fait. Deuxièmement, cette
dissimulation entraîne une perte de crédit d'autant
plus importante qu'elle vient de fournisseurs d'actes et de prescriptions
dont le coût est remboursé en tout ou partie aux clients.
Et enfin, une société vouée, pour sa propre
évolution, à une pratique intensifiée des échanges
marchands a besoin de se débarrasser totalement de la honte
de faire des actes de commerce pour être elle-même.
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Comité
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Conception
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conception renouvelée de l'économie ...
1.
Premières considérations ( suite )
Prétendre
qu'au coeur de la vie économique il n'y ait que la pratique
des échanges marchands est faux. Sans doute depuis toujours.
A coup sûr, c'est devenu faux par la proportion non négligeable
de nos revenus de citoyens prélèvés par la
puissance publique au moyen d'une kyrielle d'impôts. Ne prenons
cependant pas comme une explication les histoires de cueilleurs
et de chasseurs imaginées par des économistes à
des fins d'illustration didactique de leurs méditations plus
ou moins techniques sur la pratique des échanges marchands.
L' évolution qui a conduit à cette pratique peut fort
bien avoir eu pour point de départ le don, tel qu'il est
imposé par la coutume sacralisée. L'équivalent
préhistorique de nos modernes prélèvements
obligatoires est alors le don exigé par le chef de la tribu
.
Quoiqu'il
en soit, les échanges marchands font circuler des pouvoirs
d'achat. Mais les pouvoirs d'achat ne changent pas de propriétaire
qu'au moyen des échanges marchands. Il y a aussi ce qui s'appelle
en analyse économique les transferts ou, plus précisément,
les transferts de pouvoir d'achat. Fournisseurs et impôts
ont les mêmes effets observables par chacun sur notre trésorerie.
Les
transferts sont pour les uns volontaires. Ce sont des dons librement
consentis. Ils sont indispensables pour subvenir à une large
catégorie de besoins, dont ceux d'un financement sain des
partis politiques, des syndicats et de toutes sortes d'associations.
Ces transferts sont aussi ceux imposés par le législateur
pour la participation au financement des dépenses publiques.
Sans
prendre en compte les transferts opérés aux dépens
de leurs victimes par les voleurs et les escrocs, l'addition des
transferts volontaires aux transferts imposés par le législateur
représente une masse qui interdit de considérer qu'il
n'y a au coeur de la vie économique que la pratique des échanges
marchands. Voila qui permet déjà d'y voir plus clair.
Concrètement,
l'économie est cet aspect de la vie sociale qui consiste
à pratiquer des échanges marchands et des transferts
de pouvoir d'achat. Et, allons jusqu'au bout : à certaines
périodes de l'histoire d'une société, plus
de transferts de pouvoir d'achat que d' échanges marchands.
L'économie ainsi conçue est limitée en ce sens
qu' il y a un grand nombre d'activités humaines qui n'ont
pas pour objet sa pratique, même si ces activités participent
à la pratique des échanges marchands et des transferts
de pouvoir d'achat. Ces autres activités ont elles-mêmes
presque toujours pour moyen cette pratique. Parmi elles : les arts,
les sciences, les religions, les amours, la procréation,
la politique, et , bien au centre de notre étude ... la médecine.
( à suivre)
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Prétendre
qu'au coeur de la vie économique il n'y ait que la pratique
des échanges marchands est faux. Sans doute depuis toujours.
A coup sûr, c'est devenu faux par la proportion non négligeable
de nos revenus de citoyens prélèvés par la
puissance publique au moyen d'une kyrielle d'impôts. Ne prenons
cependant pas comme une explication les histoires de cueilleurs
et de chasseurs imaginées par des économistes à
des fins d'illustration didactique de leurs méditations plus
ou moins techniques sur la pratique des échanges marchands.
L' évolution qui a conduit à cette pratique peut fort
bien avoir eu pour point de départ le don, tel qu'il est
imposé par la coutume sacralisée. L'équivalent
préhistorique de nos modernes prélèvements
obligatoires est alors le don exigé par le chef de la tribu
.
Quoiqu'il
en soit, les échanges marchands font circuler des pouvoirs
d'achat. Mais les pouvoirs d'achat ne changent pas de propriétaire
qu'au moyen des échanges marchands. Il y a aussi ce qui s'appelle
en analyse économique les transferts ou, plus précisément,
les transferts de pouvoir d'achat. Fournisseurs et impôts
ont les mêmes effets observables par chacun sur notre trésorerie.
Les
transferts sont pour les uns volontaires. Ce sont des dons librement
consentis. Ils sont indispensables pour subvenir à une large
catégorie de besoins, dont ceux d'un financement sain des
partis politiques, des syndicats et de toutes sortes d'associations.
Ces transferts sont aussi ceux imposés par le législateur
pour la participation au financement des dépenses publiques.
Sans
prendre en compte les transferts opérés aux dépens
de leurs victimes par les voleurs et les escrocs, l'addition des
transferts volontaires aux transferts imposés par le législateur
représente une masse qui interdit de considérer qu'il
n'y a au coeur de la vie économique que la pratique des échanges
marchands. Voila qui permet déjà d'y voir plus clair.
Concrètement,
l'économie est cet aspect de la vie sociale qui consiste
à pratiquer des échanges marchands et des transferts
de pouvoir d'achat. Et, allons jusqu'au bout : à certaines
périodes de l'histoire d'une société, plus
de transferts de pouvoir d'achat que d' échanges marchands.
L'économie ainsi conçue est limitée en ce sens
qu' il y a un grand nombre d'activités humaines qui n'ont
pas pour objet sa pratique, même si ces activités participent
à la pratique des échanges marchands et des transferts
de pouvoir d'achat. Ces autres activités ont elles-mêmes
presque toujours pour moyen cette pratique. Parmi elles : les arts,
les sciences, les religions, les amours, la procréation,
la politique, et , bien au centre de notre étude ... la médecine.
( à suivre)
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Chez
nous faut-il plus de transferts de pouvoir d'achat et moins d'échanges
marchands pour l'économie en général, et pour
l'économie des soins médicaux en particulier ? Ou
l'inverse ? Ou bien plus d'échanges marchands pour l'économie
en général et plus de transferts de pouvoirs d' achat
pour l économie des soins médicaux en particulier
?
Quel
est le plus favorable pour la santé du corps social dans
son ensemble ? Et de ses composants, dont le médical ? Et
des individus ? Où est, pour cette santé publique
au sens fort du terme, le choix politique le meilleur pour les citoyens
et non pour les gouvernants ? Et pour notre avenir personnel et
pour celui de nos descendants ?
Hygiéniste,
mot bien démodé, le médecin l'est par destination.
Or il bafoue aujourd'hui sa mission d'hygiéniste s'il ne
se préoccupe que de prescrire des remèdes, sans une
claire compréhension des phénomènes vraiment
économiques qui façonnent nos conditions de vie
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1.
Premières considérations
-
Si l'économie est bien limitée à la pratique
des échanges marchands et des transferts de pouvoir d'achat
quels sont alors ses effets non économiques ? Et à
partir de quelles causes elles-mêmes non économiques?
-Un
piège fatal menace nos bonnes intentions si nous négligeons
l'examen de cette question à ce stade de notre formation.
Instruits par l'histoire, nous pouvons remarquer, de façon
très générale, que la finalité de l'économie
est sociale et transformatrice. Les individus et les corps sociaux
ont, c'est un fait, besoin d'activité économique pour
maintenir, et, si possible, améliorer leurs conditions de
vie et se transformer. C'est un point fondamental.
-
Nous ne pouvons pas, pour l'instant, aller plus loin dans cette
direction. C'est pendant et surtout après l'étude
de la mécanique des échanges marchands et des transferts
de pouvoir d'achat qu'il sera possible de juger des causes et des
effets de nos activités économiques. Sans cette précaution,
nous allons tout droit à une conception qui ne serait, encore
une fois, qu'une grande pétition de principe. Elle tiendrait
pour définitivement admis dans ses prémisses ce qu'il
s'agit justement d'infirmer ou de confirmer. Inévitablement
ses aboutissants seraient en fait les tenants auxquels nous tenons
le plus parce qu'ils réduisent notre représentation
à ce qui arrange tout simplement ... notre affectivité.
Notion paradoxale, a priori, que celle de l'affectif venant d'un
économiste. Et pourtant !
Il
y aurait bien formation dans ce cas . Mais ce serait à une
construction intellectuelle repliée sur elle-même,
tissée d'explications qui n'en sont pas, ne laissant entrer
du réel que ce qui la sert . Malgré le vocabulaire
spécialisé, les mathématiques et les statistiques,
il s'agit dans ce cas d'une idéologie déguisée
en science.
Les
hommes ne font pas du commerce pour faire du commerce. Ils ne font
pas usage de l'argent pour l'argent. Or ils claironnent à
l'envi le contraire. C'est uniquement par et pour l'imaginaire social
entretenu en éludant les explications qui contrarieraient
leurs convoitises.
Tous
nous disons à un moment ou à un autre que nous travaillons
pour gagner de l'argent. Il est sous-entendu qu'il s'agit d'un travail
à titre lucratif. Or qu'est-ce que j'apprends à qui
je dis que je travaille à titre lucratif pour gagner de l'argent
? Rien si ce n'est, à mots couverts, que j'ai des motifs
qui m'arrangent d'éluder la vraie explication.
Qui
d'entre nous n'a pas été bercé par le simulacre
d'explication du travail rémunéré pour gagner
sa vie mais aussi par l'affirmation quasi officielle selon laquelle
les entreprises existent pour faire gagner de l'argent à
leurs propriétaires. Or là encore on n'explique vraiment
rien quand on dit que les entreprises existent pour rapporter de
l'argent . En vérité, elles sont conçues par
et pour la pratique des seuls échanges marchands sans avoir
besoin de perfusions incessantes de dons d'où qu'ils proviennent.
L'économie
est une activité sociale inévitablement exercée
sous l'empire d'affects. C'est un terrain particulièrement
facile à meubler de constructions idéologiques. La
tentation politique est de faire le plus de concessions possibles
au sens commun et le moins au bon sens. Il importe donc de se tenir
à l'écart la science et ses rigueurs. C'est démagogique
mais si apparemment démocratique... (à suivre.)
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Où
sont les idéologues au banquet de la santé ? Empressement
autour du tas d'or de la santé : afflux de participations
non médicales aux réglages de l'environnement dans
lequel les médecins exercent leur métier, y compris
les Lois et règlements et le tam-tam médiatique .
Comment percevoir que ces intrusions procèdent en fait d'une
conception de l'économie qui n'est qu'une idéologie
déguisée en science ? Médecin ou non, je ne
peux porter ce diagnostic de façon intellectuellement certaine
et politiquement efficace qu'en possession des bases d'une science
économique digne de confiance. Alors seulement je peux redevenir
libre de ma perception de la société, capable et conscient
de l'être. Et légitimement fier . (à suivre
.)
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