D'un
caducée à l'autre n°7
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
1.
Premières considérations
La
définition de l'économie précédemment
retenue (Cf n° 5) implique de faire de l'étude de la
mécanique des échanges marchands et des transferts
de pouvoir d'achat l'objet central de la science économique.Cela
étant précisé, la science économique
pour faire quoi ?
Ce
n'est pas pour rien qu'une tradition internationale, d'origine française,
parle d'économie politique pour désigner la science
économique. Saluons chapeau bas l'auteur dramatique et manufacturier
Antoine de Montchrestien qui lança cet usage heureux par
son Traicté de l'oeconomie politique paru en 1615. L'inspiratrice
de toute politique économique est une économie politique,
fruste ou savante, monolithique ou mélangée. Par experts
et conseillers interposés, nos politiciens et syndicalistes
tirent d'au moins une économie politique toute une part de
leurs propos et de leurs actions.
Quand
nous aurons suffisamment mis au jour les bases d'une économie
politique renouvelée, nous ferons sur quelques points clés
une revue des contributions des grands auteurs. Outre l'incontestable
intérêt culturel que cet exercice présente,
nous nous en servirons pour éprouver de nouveau ce que nous
avons cru bon d'admettre en introduction.
Une
économie politique renouvelée, une science économique,
c'est d'abord de la théorie. L'observation même du
réel économique n'est possible qu'au moyen de distinctions
d'abord établies théoriquement. Si ces définitions,
et l'usage logique qui en est fait, entrainent des contradictions,
ou des prédictions démenties par les faits, c'est
l'équivalent d'une expérimentation en laboratoire
qui infirme la théorie. Dans ce cas, le retour à la
case départ s'impose pour changer la théorie, si nécessaire
de fond en comble.
Hélas,
un tel retour ne s'impose que... "théoriquement" pour signifier
en paroles et pas en acte. Il y faut du temps ainsi que beaucoup
de courage intellectuel et politique. Ces obstacles sont si considérables
que les théoriciens de l'économie qui ont fait de
ce retour une affaire d'honneur ne se sont jamais bousculés
au portillon. Du coup, ce ne sont pas en réalité les
faits qui ruinent les théories et les politiques économiques
insalubres. Pire pour des esprits rigoureux comme ceux des médecins
: ce ne sont pas davantage les faits qui, pour l'essentiel, confortent
les théories et les politiques les plus saines pour les hommes.
Les
échecs économiques sont peu formateurs, car pour en
comprendre les causes, il faut une autre théorie que celle
qui a été à l'origine de l'échec. Tant
que cette autre théorie n'a pas émergé, les
impuissances sont presque toujours attribuées à des
causes qui, pour l'essentiel, ne sont pas les leurs. Nous le constaterons
de façon particulièrement démonstrative quand
nous examinerons plus loin la question de l'emploi.
En
économie politique, les grands virages se prennent par remplacement
du schéma concep-tuel dominant par un autre. Il ne peut pas
en être autrement. De plus, en régime démocrati-que,
tant que le nouveau schéma n'a pas trouvé l'opinion
éclairée qui le soutient, sa mise en euvre politique
reste impossible. C'est aussi en cela que la théorie économique
même est politique. ( à suivre )
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Soit
au pays P et à l'année A la réforme R destinée
à rétablir et maintenir l'équilibre entre produits
et charges (" compte de résultats ") du régime obligatoire
d'assurance maladie. En A+10, supposons prouvé que R génère
plus d'effets négatifs que positifs. Partout en P, les médecins
et les assurés s'attendent à ce que ces mauvais résultats
conduisent à la remise en cause radicale de R. Et ils ont
tort ! Tant qu'une autre conception de l'économie des soins
médicaux n'aura pas trouvé dans P une masse critique
de citoyens qui l'approuvent, les réformes de la réforme
de R resteront de même inspiration que la réforme de
R, donc voués à l'échec. Les médecins
et les blouses blanches ne peuvent obtenir la mise en oeuvre des
conceptions de l'économie qui leur paraissent les plus saines
qu'en les répétant patiemment, au besoin sur plusieurs
générations. ( à suivre)
Pour
consulter un autre numéro
D'un
caducée à l'autre n°8
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
1.
Premières considérations ( fin )
-
Une théorie économique, c'est avant tout une théorie
de la pratique des échanges mar-chands, constituée
d'une suite de propositions conformes aux faits, exemptes de contradic-tions
internes et groupées en théories partielles. Où
commencer dans le fouillis des faits ? Et par où poursuivre
?
-
Notre point de départ a déjà été
défini. C'est celui de l'échange marchand ( cession
d'une marchandise en contrepartie d'une somme d'argent ou d'une
autre marchandise ) . Nous devons donc commencer par une théorie
de la marchandise, ce qui est parfaitement inhabituel dans les formations
traditionnelles. Dans quel ordre poursuivre ? Les observations que
la théorie de la marchandise conduit à faire laissent
peu de choix entre la théorie du salaire et la théorie
du profit. Une théorie du salaire conforme aux faits se révèle,
à l'usage, impossible à bien articuler sans avoir
au préalable étudié assez attentivement le
phénomène du profit.
-
Cette étude est d'autant plus importante que la théorie
du profit inclut la si fondamentale théorie de l'emploi,
et même, notion dont on n'ose même plus parler, du plein-emploi.
Il y a là l'une des deux régulations majeures qui
font, dans un pays où on aurait l'intelligence de ne pas
les entraver, l'essentiel de la dynamique sociale d'une économie
libre. La théorie du salaire ne se réduit surtout
pas au simplisme de l'offre et de la demande, largement démenti
par les faits, et nous fera découvrir ensemble la seconde
de ces régulations majeures.
-
Les profits et les salaires sont, nous le démontrerons, des
prix. Il y a aussi les autres prix, dont d'abord ceux des produits
vendus par les entreprises. Nous en examinerons ensemble la théorie
dans ses grandes lignes. Là encore, nous constaterons que
le simplisme de l'offre et de la demande déforme grossièrement
la réalité économique et conduit à minorer
beaucoup de ses responsabilités et de ce qu'il faut nommer
ouvertement ses obligations éthiques.
-
L'avant-dernier chapitre portera sur la théorie de l'impôt
et des autres prélèvements obligatoires. Le dernier
chapitre récapitulera l'ensemble du propos et posera les
jalons d'un projet de politique économique de longue période.
-
A ce point de notre itinéraire, nous confronterons ce que
nous avons cru bon d'admettre avec les derniers états de
la pensée économique qui règne dans les milieux
politiques et syndicaux comme dans ceux de l'enseignement et de
la recherche.
...
pour une pratique plus saine de la médecine
-
La Lettre d'Expression médicale a déjà publié,
sous la forme d'une épure en dix mesures, les grandes lignes
d'un projet d'économie des soins médicaux. C'est une
application de la conception renouvelée de l'économie
au cas de l'économie des soins médicaux. C'est donc
une conception renouvelée de l'économie des soins
médicaux, qui va s'éclairer ici.
-
Cette conception ne deviendra politiquement viable qu'à condition
d'être promue et assez bien connue par un nombre suffisant
de médecins et de blouses blanches. C'est dans cette connaissance
que réside la plus grande difficulté . Il ne suffira
pas de trouver les moyens de faire connaître l'existence et
la teneur de ce projet à tous les membres du corps médical
français. Il faudra que ces membres soient assez nombreux
à comprendre en profondeur son intérêt général
pour toute la société. La santé publique est
un ensemble. Il n'y a pas d'un côté la santé
de l'économie et de l'autre, relevant d'une hygiène
différente, l'économie de la santé. La promotion
d'un projet d'économie des soins médicaux ne sera
assez intelligente que si elle utilise des arguments qui valent
tout aussi bien pour l'économie en général.
C'est aussi sur l'emploi en général, l'entreprise
en général, les salaires et les profits en général,
l'éthique économique en général, etc.
que des médecins doivent posséder les conceptions
qui fondent leurs propositions économiques dans leur domaine
professionnel.
Pour
consulter un autre numéro
D'un
caducée à l'autre n°9
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Théorie
de la marchandise ( début )
-
La théorie de la marchandise contient en germe, nous le constaterons
après coup, toute la théorie économique, aspects
monétaires inclus. Le capital, le salaire et le profit sont,
notamment, les termes d'échanges marchands, presque toujours
par monnaie interposée. Un des constats auxquels notre initiation
nous conduira est que les réalités élémentaires
que nous aurons étudiées continuent à faire
tourner la machine économique. Mais avec de nettement moins
bons résultats que si ces réalités étaient
mieux reconnues. D'où les dérives qui passent pour
des achèvements indépassables.
Encore
faut-il que nous procédions avec méthode. Après
différents essais, il est apparu que le mode d'exposition
le plus approprié est celui des propositions commentées,
elles-mêmes complétées en fin de chaque chapitre
par des tableaux synoptiques.
Chaque
proposition sera l'énoncé d'un principe d'économie
politique que ses commentaires expliqueront, illustreront, discuteront.
Les propositions seront imprimées en caractères gras
et accompagnées en marge gauche de la mention Proposition.
Les commentaires ne comprendront pas, eux, de passages en caractères
gras. La forme et l'utilisation des tableaux synoptiques seront
présentés quand nous y aurons recours pour la première
fois.
Le
mot " salaire " est utilisé, en économie politique,
pour désigner n'importe quelle rémunération
du travail, quelque soit le nom par ailleurs donné à
cette rémunération : paie, appointements, émolument,
traitement, solde, cachet, gage, vacation, guelte, jeton de présence,
pourboire, commission, etc. Le lien de subordination à un
employeur, notion juridique sans fondement à proprement parler
économique, n'est pas présent dans toutes les formes
de rémunération du travail. En tout état de
cause, les honoraires sont presque toujours du chiffre d'affaires
dont une partie seulement alimente au moins un salaire, que ce dernier
donne ou non lieu à l'établissement d'un bulletin
de paie.
Le
revenu personnel tiré de son activité par un professionnel
dit libéral est économiquement parlant un salaire
au même titre que les appointements de celui qui exerce le
même métier en étant lié par contrat
avec un employeur tiers. Un médecin en position dite libérale
a pour employeur son propre cabinet. Cet employeur et ce salarié
se doivent et se rendent des comptes qui, en bonne gestion, peuvent
et doivent être établis aussi rigoureusement que si
le cabinet était la propriété d'un tiers.
...
pour une pratique plus saine de la médecine
-
Je suis médecin. Je tire la totalité de mes revenus
de l'exercice de ma profession. Suis-je producteur d'une marchandise
? Ma production contribue-t-elle autant que celle des agriculteurs,
minotiers, boulangers, etc. à la prospérité
de mon pays ? N'est-il pas évident que je suis productif
indirectement et non pas directement ? Que vaut, au demeurant, l'opinion,
que j'admets sans trop me l'avouer, selon laquelle le fait même
de soigner un être humain n'est pas un acte directement créateur
de richesse alors que celui d'élever des porcs et de fabriquer
des voitures est, lui, créateur de richesse ?
Pourquoi
un hôtel et un cabinet d'assurance sont-ils unanimement considérés
comme étant des entreprises ayant fondamentalement le même
statut économique et la même légitimité
sociale que toute autre entreprise licite alors que c'est beaucoup
moins le cas de l'hôpital et du cabinet médical ? Est-ce
un produit de nos jugements de valeur sur ce que les entreprises
sont et ne sont pas ? Ou bien est-ce vraiment une limite que des
considérations non économiques doivent imposer à
nos pratiques économiques ?
Impossible
de répondre justement à ces questions sans prendre
appui sur une théorie de la marchandise. Impossible d'oeuvrer
au consensus sur lequel fonder un projet d'économie des soins
médicaux sans remettre en culture, dans notre société,
des principes d'économie politique que les cours et les discours
n'exploitent presque plus ou n'ont jamais exploité. Retroussons
les manches. La santé publique est évidemment en jeu.
Pour
consulter un autre numéro
D'un
caducée à l'autre n°10
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.1. Toute contrepartie qui a été fournie en échange
d'une somme d'argent, et qui n'est pas elle-même une somme
d'argent ou une créance, a été une marchandise.
Sans
cette convention, le sous-ensemble des échanges marchands,
ou échanges à proprement parler économiques,
reste indéfini . Dans la réalité ce sous-ensemble
est circonscrit. En pratique jamais l'argent n'a permis et ne permettra
de tout acheter. Ne pas l'admettre en théorie expose à
une conception inexacte de ce qui est défini dans les faits,
.
Dans
les contreparties que l'argent permet de se procurer, il en est
que la loi interdit et que la morale réprouve. La nécessité
de reconnaître que ces contreparties sont toutes des marchandises
n'en restent pas moins entière. Ce n'est évidemment
pas parce qu'un esclave est un homme qui a eu le grand malheur d'être
réduit à l'état de marchandise, et parce qu'une
péripatéticienne est une femme qui fait commerce lucratif
de ses appâts, qu'il y a forcément une obligation immorale
ou amorale dès qu'il y a marchandise, commerce, argent, entreprise,
économie.
Malgré
tout, il y a bel et bien un manque de sincérité de
la part des " libéraux ", des membres du personnel des entreprises
et des fonctionnaires qui refusent d'admettre qu'eux aussi font
personnellement commerce libre de leur industrie pour en tirer un
revenu de leur travail. Ce manque de sincérité est
loin d'être sans importance politique . Il permet à
ceux qui le pratiquent de prêter à l'économie
libre des vices qu'elle n'a pas, tout en tirant avantageusement
et légitimement parti de ses vertus. Ce manque dommageable
de lucidité sera moins répandu quand il fera explicitement
partie de notre culture que toute contrepartie fournie en échange
d'une rémunération est une marchandise.
Est-ce
que seule une contrepartie fournie en échange d'une somme
d'argent, qui n'est pas elle-même une somme d'argent ou une
créance, a forcément été une marchandise
? Non. Alors que le paiement en nature (troc) d'un certificat médical
d'aptitude par une bonne bouteille ne rend pas ce certificat forcément
complaisant, il fait bien que la bouteille et l'examen médical
auront été nécessairement des marchandises
échangées sans passer par l'intermédiaire d'une
quantité de monnaie.
Proposition
2.2. Une marchandise comprend toujours la fourniture d'un service.
Nous
avons tous tendance à voir plus un prototype de la marchandise
dans un sac de blé que dans les services fournis par les
travailleurs en échanges de salaires. Pourtant il n'est pas
possible de soutenir que tout ou partie d'une marchandise est toujours
un bien. La garantie procurée par un contrat d'assurance
n'est pas un bien aussi visible qu'une récolte de blé,
une maison, un meuble, une machine, etc. Les exemples de ce genre
sont innombrables, en voici un à titre d'illustration.
Une
ouvrière participe à la fabrication de parapluies.
Est-ce que les parapluies vendus par cette fabrique sont plus manifestement
des marchandises que le service vendu par l'ouvrière à
la fabrique ? Non. Parce qu'il faut qu'il y ait d'abord l'achat
à l'ouvrière du service qu'elle fournit pour qu'il
y ait ensuite des parapluies mis en vente. Il convient de considérer
que, d'une façon générale, les services fournis
en contrepartie de salaires sont des marchandises plus primitives
que les objets tangibles qu'un vendeur expose à l'envie des
chalands. Nous introduisons dès le départ dans notre
observation de la vie économique une différence qui
n'existe pas dans la réalité si nous voyons dans le
service fourni en échange d'un salaire un objet qui n'est
pas de la même nature que les produits élaborés
au moyen de ce service et commercialisés par les entreprises.
Penser et dire de ce service qu'il est une marchandise évite
tout simplement cette erreur.
...
pour une pratique plus saine de la médecine
La
seule circonstance qui fait qu'un soin médical n'est pas
aussi une marchandise est la décision de celui qui le fournit
de ne pas le faire payer, en argent ou en nature.
Pour
consulter un autre numéro
Pour
nous écrire
D'un
caducée à l'autre n°11
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.3. Une marchandise comprend toujours la fourniture d'un service
procurant un résultat appréciable, que cette fourniture
comporte ou non la cession d'un bien et, quand elle le comporte,
que ce soit à titre principal ou auxiliaire.
L'usage
courant consiste à parler des biens et des services marchands,
plutôt que des services et des biens. Cela indique notre tendance
à faire plus de l'automobile une marchandise que les services
fournis par ceux qui l'ont conçue, fabriquée et commercialisée.
Cette tendance présente incite à une catégorisation
qui n'existe pas telle que nous l'exprimons.
La
profusion moderne de biens nous cache la profusion encore plus grande
de services, ainsi que les imbrications des uns et des autres. Les
services nous procurent des résultats pourtant facilement
appréciables : plus de proximités, disponibilités,
propretés, sécurités, facilités, etc.
sans oublier, bien entendu, plus de biens tous produits au moyen
de services. En fait, nous vivons en économie de service
depuis la préhistoire.
La
garde d'un troupeau contre un toit et une table ne date pas d'hier.
C'est l'échange marchand d'un service contre un autre service.
Le soin prodigué au berger malade en échange d'argent
ou de denrées que lui ou son patron cède au dispensateur
des soins également. Peut-être plus anciennement encore,
le gibier et la cueillette ramenés à la communauté
contre l'entretien des feux et de l'habitat étaient des trocs
dont les deux termes étaient des services.
La
sacralisation probablement systématique des soins des blessures
des chasseurs et des cueilleurs fournis en échange de victuailles
données au soignant n'empêchait pas que l'apparent
don était en réalité bel et bien un échange
marchand.
Dans
le prix du pain que j'achète chez le boulanger et du médicament
que je me procure chez le pharmacien, il y a le coût du pur
service de la vente de ces biens. Même le vendeur d'un bien
immobilier commence par fournir le pur service de sa mise en vente.
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Il
est scandaleux que fasse encore scandale le fait que l'acte médical
est une marchandise, tout comme le médicament et le pain
quotidien. Dès qu'il y a marchandise et marché, ne
peut-il donc pas y avoir rencontre de la confiance du demandeur
de soins avec la conscience du fournisseur de ces soins ? Faut-il
donc protéger la conscience du fournisseur d'une épidémie
d'âpreté au gain ?
Il
y a des conceptions du commerce et de l'économie qui sont
inconciliables avec un exercice déontologique et de qualité
de la médecine. Ces conceptions tout sont aussi préjudiciables
dans les autres secteurs d'activité. Les pratiques publicitaires,
financières, protectionnistes, etc. dommageables en économie
de la santé sont dommageables à la santé de
l'économie. Le mauvais fonctionnement du marché de
l'emploi médical est une contribution directe au mauvais
fonctionnement de l'emploi tout court. Soigner efficacement l'un
ne se peut pas sans soigner efficacement l'autre. Même remarque
pour le fonctionnement, encore plus défectueux, du marché
du capital indispensable au financement sain des équipements
et des emplois médicaux. Les réformes qui ont pour
effet de rendre ces fonctionnements plus opaques, plus compliqués
et plus rigides dans le secteur dit de la santé poussent
l'ensemble de nos pratiques économiques vers moins de clarté,
de simplicité et de souplesse. Quant à croire que
l'électronique à tous les étages va pousser
à clarifier, simplifier, assouplir, c'est dérisoire
et dangereux.
Le
corps médical qui s'enferme dans une mentalité où
est passé sous silence ce qu'il y a de marchand dans ses
métiers prend un risque et se dispense de l'un de ses devoirs.
Il prend le risque de passer pour hypocrite. Il se dispense du devoir
de chercher la conciliation exemplaire du moral et du marchand -
de l'éthique et de l'économique. Une telle conciliation
est en fait attendue par le corps social, avec l'espoir qu'elle
fasse tâche d'huile dans d'autres activités. Ne pas
la voir venir du côté où elle est attendue entraîne
une déconsidération dont les médecins eux-mêmes
deviennent les premières victimes.
Pour
consulter un autre numéro
D'un
caducée à l'autre n°12
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Il
est économiquement justifié de dire que la santé
n'a pas de prix. La santé elle-même n'est pas une marchandise.
Pas plus que la vie elle-même, ou l'homme non réduit
à l'état animal de l'esclavage. Mais il est un sophisme
lourd d'effets pervers : « La santé n'a pas de prix
donc les coûts des soins médicaux doivent échapper
aux contraintes économiques » . Justement fondée
la proposition : « Il faut que les prix ( valeur d'échange)
des actes médicaux soient assez élevés pour
que ceux qui les dispensent n'aient pas à en abaisser la
qualité ( valeur d'usage) pour bien gagner leur vie »
. Une telle position n'est viable et honnête qu'accompagnée
du désir affiché de soumettre les dépenses
de soins médicaux aux régulations économiques.
Les médecins qui, en redressant et complétant leurs
notions d'économie, le comprendront et le feront comprendre
à la profession rendront un service qui dépasse largement
leurs seuls intérêts catégoriels.
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.4. Une marchandise est une fourniture qui a une autre utilité
que celle d'avoir une valeur d'échange, que son propriétaire
peut céder et qui a été mis en vente.
Toutes
les marchandises ont en commun de posseder une valeur d'échange,
ou prix. Cette propriété est indispensable pour définir
l'ensemble des marchandises au moyen d'un critère exclusif
d'appartenance. Seules les marchandises ont, en effet, à
la fois une valeur d'usage et une valeur d'échange.
Les
valeurs d'usage, ou utilités, sont des appréciations
qualitatives non mesurables. L'eau est vendue au robinet et l'essence
à la pompe à cause de leurs utilités respectives.
Les valeurs d'échange, ou prix, sont elles, par définition,
mesurables. Un prix quantifie un rapport d'échange. Un litre
d'essence à cette pompe vaut tant de litres d'eau à
ce robinet.
L'air
que nous respirons a une très grande valeur d'usage, ou utilité.
Il n'a pas de valeur d'échange quand nous ne le payons pas.
L'air n'est pas habituellement une marchandise. A l'inverse, il
ne suffit pas qu'un objet ait un prix ou soit mis à prix
pour que son offre en échange en fasse une marchandise. Tout
marchand est bien un spéculateur mais par une offre d'utilité.
Mieux il parvient à faire croître le rapport non quantifiable
entre la valeur d'usage et la valeur d'échange de ce qu'il
vend, plus il fait de bonnes affaires. La concurrence le contraint
à travailler dans l'intérêt général
et il est en droit d'en tirer un aussi légitime motif de
fierté qu'un fonctionnaire oeuvrant lui aussi au bien public.
Admirons au passage.
L'eau
est plus utile que le vin et moins chère que lui. La distinction
entre la valeur d'usage et la valeur d'échange implique de
ne pas fonder la théorie économique sur l'idée
que le prix de n'importe quelle marchandise est lié à
son utilité. Elle ne permet pas, cependant, de rejeter l'hypothèse
que certaines marchandises peuvent avoir des prix fortement liés
aux appréciations plus ou moins collectives de leur utilité.
Rien n'autorise à postuler que tous les prix se forment de
la même façon.
Proposition
2.5. L'argent n'est pas une marchandise.
Les
monnaies ayant cours ne sont pas des marchandises parce qu'elle
n'ont pas d'autre utilité que celle d'avoir une valeur d'échange.
Mettre sur le même plan le moyen intermédiaire indispensable
pour éviter les difficultés du troc et les marchandises
mises en vente par ce moyen conduit obligatoirement à une
double théorie : celle des échanges économiques
et celle de la monnaie. Il y a là une contradiction interne
qui les rend toutes les deux défaillantes. Le bon sens ne
s'y retrouve pas tant il est évident que la raison d'être
de l'argent ne peut pas être de se substituer à ce
qu'il permet d'acheter. En bonne logique, il est impossible de faire
un ensemble homogène avec des éléments qui
ont une autre utilité que d'avoir un prix et des éléments
qui sont privés de cette autre utilité.
Pour
consulter un autre numéro
D'un
caducée à l'autre n°13
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
...
pour une pratique plus saine de la médecine
En
biologie, comme dans les autres champs de connaissance, la recherche
alimente la mise au point de nouveaux procédés. Que
ces nouveaux procédés soient brevetables comme produits
des connaissances et du travail exploités commercialement
paraît légitime et nécessaire. Mais, outre la
durée limitée du brevet, deux autres conditions sont
indispensables.
La
brevetabilité de produits de la connaissance ne doit pas
être étendue à la brevetabilité de la
connaissance elle-même. Brevet à Watt pour son régulateur,
oui. Brevet à Newton sur la gravité, non. Il y a certes
des problèmes d'application du principe mais sans la référence
au principe on va tout droit au désastre de la brevetabilité
du vivant.
Autre
condition tout aussi importante : volonté consciente du maximum
d'utilité (sous contrainte vitale de profit ) et non au maximum
de profit ( sous contrainte d'utilité ).
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.6. Comme l'argent, la connaissance, le travail et les ressources
naturelles ne sont pas des marchandises
La
connaissance est transmise tout en étant conservée
par celui qui la transmet. Une marchandise transmise est, elle,
cédée. La connaissance n'est pas en elle-même
une marchandise. Sa valeur d'usage est immense, sa valeur d'échange
est nulle.
Par
ailleurs, il est incontestable que toute marchandise est le produit
de connaissances. Ce fait n'est pas contredit par l'exclusion de
la connaissance du sous-ensemble des marchandises. Tout au contraire
ce fait et cette exclusion doivent être pris en considération
ensemble pour observer exactement les causes ultimes de certaines
valeurs d'échange. Ce n'est pas facile à rendre évident
mais essayons. Les quantités et les qualités des connaissances
respectivement utilisées pour produire les marchandises M1
et M2 peuvent faire partie des causes ultimes de la valeur d'échange
de M1 contre M2 parce que les connaissances sont elles-mêmes
dénuées de valeur d'échange. Nous verrons ultérieurement
pour quelle sorte de marchandises cette dépendance existe,
conjointement à la dépendance à des quantités
et des qualités de travail.
Le
mot « travail » a deux sens. Le plus souvent, il veut
dire « dépense d'énergie humaine ». Ou bien,
il signifie « produit d'une dépense d'énergie
humaine ». Mon travail, c'est ou bien la peine que j'ai prise
(le temps passé, l'énergie consommée, la fatigue
accumulée) ou bien l'ouvrage ainsi produit.
Toute
marchandise est, d'une façon ou d'une autre, un produit d'une
dépense d'énergie humaine. Toute marchandise est un
produit du travail humain. Mais aussi sans aucune exception, toute
dépense d'énergie humaine est dénuée
de valeur d'échange. Aucun travail humain, en tant que peine,
n'est une marchandise. C'est, en effet, ce que je produis et non
pas le mal que je me donne qui seul peut avoir une double valeur,
d'usage et d'échange. C'est ce que je produis et non pas
le mal que je me donne qui peut seul être une marchandise.
L'expression " contrat de travail " n'a de sens que si elle veut
dire " contrat d'Ïuvre ".
Les
quantités et les qualités de travail, en tant que
dépense d'énergie humaine, respectivement employées
pour produire les marchandises M1 et M2, peuvent faire partie des
causes ultimes de la valeur d'échange de M1 contre M2 parce
que le travail en tant que dépense d'énergie humaine
est dénué de valeur d'échange.
L'utilité,
ou valeur d'usage, des ressources naturelles ne suffit pas à
en faire des marchandises. Leur éventuelle rareté
pas davantage. Même quand il suffit de se pencher pour ramasser
des champignons et les porter au marché, encore faut-il le
faire. Les ressources naturelles, espace foncier compris, doivent
faire l'objet de dépenses d'énergie humaine pour que
les produits obtenus par l'application de cette dépense à
ces ressources acquièrent la nouvelle valeur d'usage et la
valeur d'échange qui en font des marchandises.
Pour
consulter un autre numéro
D'un
caducée à l'autre n°14
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
...
pour une pratique plus saine de la médecine
Un
cabinet médical est-il, comme une pharmacie, aussi une entreprise
? Le médecin qui, seul ou associé à des confrères,
crée ou rachète un cabinet le fait par des échanges
marchands et pour des échanges marchands. Il crée
ou il rachète une entreprise. Cette entreprise emploie une
ou plusieurs personnes - un médecin dit libéral est,
d'un point de vue économique, le salarié d'une entreprise
dont il est aussi le propriétaire. Cette entreprise produit
de l'utilité (valeur d'usage) et du pouvoir d'achat (valeur
d'échange).
Aux
responsabilités et à l'honneur du médecin exerçant
en position dite libérale s'ajoutent les responsabilités
et l'honneur de l'entrepreneur, ce qui implique des connaissances
économiques appliquées que nous avons entrepris de
passer en revue.
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
2.7.
Les entreprises sont les seules organisations qui n'existent que
par et pour la pratique des échanges marchands
Contrairement
aux familles, aux collectivités publiques, aux syndicats,
aux fondations et aux associations financées par cotisations
et dons, les entreprises sont les seules organisations qui n'existent
que par et pour la pratique des échanges marchands. C'est
la position spécifique de l'entreprise dans le champ social.
Ce
n'est pas parce que je constate que tous les travailleurs souhaitent
une rémunération plus élevée que j'ai
le droit d'affirmer que leur raison d'agir est, en toute circonstance,
le maximum de gains. Pareillement, ce n'est pas parce que je sais
d'expérience que la prospérité d'une entreprise
implique nécessairement le résultat appelé
« profit » que j'ai le droit d'affirmer que l'entreprise
n'existe que pour faire gagner le plus d'argent possible à
ses propriétaires et ses dirigeants. Même si toutes
les entreprises étaient dirigées par des archanges
dénués de toute âpreté au gain, la mécanique
des échanges marchands ferait que la rentabilité des
entreprises resterait une contrainte.
L'entreprise
est cependant plus que jamais réputée « avoir
pour but » le profit maximum, que ce soit dit aussi directement
ou d'une manière plus contournée qui revient au même.
C'est la clé de voûte de la conception de l'économie
la plus répandue.
Erreur
funeste, en tout premier lieu, d'attribuer à la chose «
entreprise » un but. Seules des personnes ont le pouvoir de
se fixer un but. Les discussions sur « le but de l'entreprise
» ne renvoient à rien de réel et celle sur les
buts des entrepreneurs à une réalité non réductrice
au seul profit proprement dit. Quand bien même, ce qui n'est
pas le cas, tous les propriétaires et tous les dirigeants
de toutes les entreprises diraient depuis toujours que leur but
unique, ou suprême, est de gagner le plus d'argent possible,
cela n'autoriserait en rien à établir qu'il est dans
la nature d'une économie libre de vouer mécaniquement
l'entreprise à la férule du maximum de gains.
Postuler
la vocation de l'entreprise au maximum de profit, c'est juger avant
d'avoir instruit la cause. C'est donc littéralement parlant
un préjugé, en premier acte d'une vaste pétition
de principe menant à la conclusion que l'économie
libre est bien ce qu'on a commencé par supposer qu'elle était.
Cela
dit, ne nions surtout pas que la question se pose bel et bien de
déterminer ce qu'il est dans la nature de la pratique des
échanges marchands libres d'imposer à l'entreprise.
C'est politiquement capital parce que ce sont les idées que
nous nous faisons des faits économiques et non pas ces faits
eux-mêmes qui façonnent nos moeurs. À l'économie
politique d'élucider par ses investigations la réponse
à donner à la question et non pas, en manifeste contrefaçon
scientifique, d'admettre la réponse en axiome.
Proposition
2.8 Toutes les entreprises ne sont pas juridiquement constituées.
Je
suis propriétaire d'un bien dont je tire un revenu en le
louant. Est-ce que cette location est l'activité d'une entreprise
? Oui, d'une entreprise de fait. Aux côtés des entreprises
juridiquement constituées, il existe une multitude d'entreprises
de fait.
Pour
consulter un autre numéro
D'un
caducée à l'autre n°15
Comité
éditorial : Jean-Paul Escande, Paul Fabra, Odile Marcel.
Conception
& réalisation : Dominique & François-Marie
Michaut
Une
conception renouvelée de l'économie ...
...
pour une pratique plus saine de la médecine
La
loi de l'offre et de la demande, selon la vision néolibérale
habituelle, est l'établissement des prix au niveau qui égalise
les quantités offertes et les quantités demandées.
En quoi cela concerne-t-il la médecine et les médecins
?
La
formation de tous les prix libres par cette « loi universelle
» fait partie des idées courantes qui menacent l'indépendance
du médecin. Ceux qui croient à l'universalité
de ce phénomène estiment, en effet, que laisser se
réguler d'eux-mêmes les prix des actes médicaux
équivaudrait à octroyer aux médecins une hausse
de leurs revenus nettement supérieure à celle des
autres catégories socio-professionnelles. Il y aurait alors
une augmentation insupportable des prélèvements obligatoires
d'où proviennent, par l'intermédiaire de la Sécurité
sociale, les revenus des médecins.
La
conséquence de cette croyance est qu'il faut exclure l'exercice
de la médecine de la sphère des activités marchandes.
Celle-ci est de toute façon réputée congénitalement
contaminée d'insalubrités ... incompatibles avec les
soins de la santé. C'est pourquoi il nous faut ici faire
l'effort de nous interroger sur la façon dont se forment
les prix.
Ainsi
seulement, il devient possible de définir une économie
des soins médicaux fondée sur une explication conforme
à la réalité , en n'oubliant pas , nous l'avons
vu, que les rémunérations du travail et les profits
sont eux-mêmes des prix. En conséquence, cette explication
plus conforme à la réalité permet une appréciation
plus juste et surtout plus humaine des compatibilités éthiques
et des pouvoirs sociaux des activités économiques.
A la condition que l'économie des soins médicaux soient
gérée en fonction de ces compatibilités et
de ces pouvoirs , car, ici comme ailleurs, les effets rétroactifs
de la théorie sur la pratique sont absolument inévitables.
2.
Théorie de la marchandise ( suite )
Proposition
2.9. On ne peut pas affirmer que tous les prix se forment de la
même façon
Parvenir
à la conclusion que les prix de toutes les marchandises se
forment de la même façon est scientifiquement légitime
si c'est conforme aux faits. Mais, il n'est pas scientifique de
poser a priori cette unicité. Tous les prix ne doivent avoir
en commun que ... d'être des prix. L'idée d'une théorie
de la valeur (sous-entendu d'échange), au singulier, procède
d'une épistémologie simplificatrice.
Pour
déterminer rigoureusement si tous les prix se forment de
la même manière, la seule méthode est de diviser
l'ensemble des marchandises en sous-ensembles homogènes puis
d'examiner comment se forment les prix pour chaque sous-ensemble.
Ce procédé, c'est à noter, est inconciliable
avec les axiomes de l'économie politique actuelle .
Profession
2.10. Les entreprises achètent des marchandises élémentaires
et ne vendent que des marchandises composées
Cette
proposition définit la propriété spécifique
des marchandises composées. Ces marchandises ne sont vendues
que par des entreprises de droit ou de fait. Si je cultive des légumes
et des fruits que je vends de particulier à particulier,
il y a entreprise de fait écoulant des marchandises composées.
Les outils et les fournitures que j'utilise à cette fin sont
eux-mêmes, au moment où je les achète, des marchandises
composées. Dans cette optique, l'acte médical contre
rémunération est une marchandise composée,
tout comme le médicament acheté chez le pharmacien.
Les
ventes des entreprises aux entreprises ne portant que sur des marchandises
composées, les entreprises achètent non seulement
des marchandises élémentaires mais aussi, comme les
ménages, des marchandises composées.
Nous
allons définir maintenant la propriété spécifique
des marchandises élémentaires. Nous diviserons ensuite
en sous-ensembles les marchandises élémentaires puis
composées.
Pour
consulter un autre numéro
|