Les Anglo-saxons voient les Français comme
notoirement sveltes. Nous avons la flatteuse réputation
dêtre maîtres dans lart dassocier
gloutonnerie et gastronomie. Les agapes du 24 décembre
où nous nous attablons consciencieusement devant
nos foies gras, nos huîtres et autres délices
du terroir, largement arrosés de boissons fermentées
riches en calories, nentameraient pas notre minceur
légendaire. Cocorico.
Malheureusement, de récents sondages ( de poids,
cela va de soi) viennent écorner cette réputation
délégance. Les ravages de la culture
du fast-food - ou du bouffer vite selon
le parler anglicisé en vogue - népargnent
plus le Français du mal occidental du siècle
: lobésité. Cest du moins
ce que nous affirment les grands prêtres de la
discipline médicale qui se dit sans rire la santé
publique, à défaut dêtre la
santé de chacune des personnes qui constituent,
vous et moi inclus, le public.
Le taux dobésité, nous dit-on, commence
à croître en France. Il serait passé
de 8% de la population adulte en 1997, à 11 %
en 2003. Quatre Français sur dix seraient aujourdhui
en surpoids. Selon un rapport récent du Sénat(
institution en principe plus politique que sanitaire),
la France présenterait aujourdhui la même
proportion de gros quaux États-Unis en
1991. Ces chiffres sont certainement inférieurs
à la réalité actuelle des USA et
de Grande Bretagne où les taux dobésité
sont encore plus élevés que chez nous.
On ne peut quand même pas remporter toutes les
compétitions.
Le propos du jour nest pas de sattarder
sur les problèmes de santé liés
à lobésité. On parle partout,
jusquà lécoeurement et même
lindigestion, des avantages dune alimentation
dite équilibrée, et de la mal-bouffe qui
sévirait dans nos foyers contemporains.
Nous vous proposons seulement de résoudre la
devinette suivante : comment faire subir à un
patient obèse des examens dIRM ( imagerie
de résonance magnétique ) et de scanners
( scannographes en langue française, comme on
ne le dit pratiquement jamais) lorsquils pèsent
150 kilogrammes et quils ne peuvent mathématiquement
pas passer dans lorifice de 135 centimètres
de diamètre du dit appareil? Et comment
détecter chez eux déventuelles tumeurs,
et des lésions cardiaques ? Pour la petite histoire,
le scannographe ( alias scanner) est une sorte de tuyau
dans lequel le patient ( il doit lêtre )
est introduit en entier.
En Angleterre, où un habitant sur cinq est obèse,
le corps médical a trouvé cette solution
extrême, qui, à défaut dêtre
élégante, est efficace : demander aux
zoos et aux vétérinaires leurs scanners
pour animaux. Pour la très sérieuse directrice
dObesity Awareness and Solutions Trust, Louise
Diss, « lidée dutiliser les
appareils pour animaux nest pas si mauvaise quil
y paraît, même si elle ne doit être
envisagée quà court terme.»
Tiens, comme elle est confiante en lefficacité
des mesures de prévention de lobésité,
cette brave dame. On peut comprendre que, les poids
des citoyens de Sa Gracieuse Majesté nétant
pas près de diminuer, des appareils surdimensionnés
pour les humains doivent être rapidement mis en
chantier, nest-ce pas ?
Certains appareils conçus pour les chevaux sont
ultra-sophistiqués. La plus noble conquête
de lhomme le mérite bien. Un centre de
recherche de New Market, lAnimal Health Trust,
détenteur dun scanner adapté aux
chevaux, reçoit des dizaines de demandes de médecins.
Malheureusement, souvent, elles ne peuvent aboutir pour
la simple raison que les scannographes , pardon les
scanners Outre-Manche, ne sont pas nécessairement
assez grands pour les obèses. Étrange
curiosité, le diamètre des orifices daccès
serait le même que celui des hôpitaux. Voici
la clé de ce mystère : la machine a effectivement
été conçue pour supporter le poids
dun cheval, mais on ny introduit pas lanimal
entièrement ...
Lhôpital vétérinaire de Cambridge
est, lui aussi, sollicité par les médecins
car disposant dun appareil IRM, qui permet de réaliser
lexamen debout et non couché. Mais, une
fois de plus, my God, ces demandes ne peuvent être
satisfaites. Pourquoi donc ? Et bien le merveilleux
appareil en question ne scanne que les précieuses
pattes des animaux !
Aucun doute nest possible : la condition humaine
dobèse ( en plus, même si le sujet
nest pas là, de ce quelle inflige
physiquement, psychiquement et socialement à
ses victimes) , est un véritable casse-tête
pour les médecins et les vétérinaires.
La solution miraculeuse reste pour résoudre ces
problèmes techniques dinvestigation de
diminuer la surcharge pondérale pour satisfaire
aux normes technologiques standard de la médecine
humaine ou animalière... CQFD, voilà ce
quil fallait démontrer en toute logique,
avec, bien entendu, des arguments ... de poids. Et,
cela va de soi Outre-Manche : honni soit qui
mal y pense .
Sources : Courrier International n°792.
Articles traduits en français de The Economist:
Gras-voire obèses-et fiers de lêtre
Obèses, faites vous scanner au zoo, Jasper
Copping, the Sunday Times, Londres
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