Plan Douleur
2006-2010 15-06-2006
Alain Serrie, Rédacteur en chef
Fédération de Médecine de la Douleur
et de Médecine Palliative, Hôpital Lariboisière,
2, rue Ambroise Paré, 75475 Paris cedex 10.
Le 3 mars dernier à lHôpital Lariboisière,
le Ministre de la Santé et de la Solidarité
Xavier Bertrand a dévoilé le 3e plan gouvernemental
de lutte contre la douleur pour la période 2006
à 2010.
Ce plan sarticule autour de 4 grands axes.
- Améliorer la prise en charge de la douleur
des populations les plus vulnérables. Pour les
enfants et les adolescents, le Gouvernement souhaite
améliorer la prise en charge de la douleur provoquée
par les soins, développer les formes pédiatriques
dantalgiques et mieux dépister et traiter
les douleurs chroniques. Pour les personnes handicapées,
âgées et en fin de vie, le plan permettra
de diffuser des outils dévaluation de la
douleur et daide à la prescription, ainsi
que de réaliser des formations de sensibilisation
dans les établissements hébergeant des
personnes âgées dépendantes et les
services de soins à domicile. Laccent est
mis sur la prise en charge de la douleur psychologique
de ces personnes et sur leur accompagnement lors de
lannonce du diagnostic (cancer, maladie dAlzheimer...).
- Renforcer la formation pratique initiale et continue
des professionnels de santé. Dans le cadre du
plan, le Gouvernement souhaite créer un diplôme
détude spécialisée complémentaire
sur la douleur et les soins palliatifs, mieux intégrer
la douleur au sein du diplôme détudes
spécialisées de médecine générale
et inscrire ce thème dans le cadre de la formation
professionnelle continue des médecins libéraux.
- Améliorer les traitements médicamenteux
et les méthodes non pharmacologiques dans des
conditions de sécurité et de qualité.
Il est nécessaire de mieux connaître la
consommation des antalgiques, de simplifier le circuit
des substances exerçant un effet physiologique
similaire à celui de la morphine, de déterminer
les conditions de mise en uvre des traitements
à domicile, de prévenir les douleurs induites
par les soins et de développer les traitements
physiques ou les méthodes psycho-corporelles.
- Structurer la filière de soins. Le plan vise
à décloisonner lorganisation régionale
de la prise en charge de la douleur chronique, dans
le parcours de soins, les réseaux de santé,
la coopération interhospitalière et au
sein des établissements sociaux et médico-sociaux,
en valorisant et en renforçant les structures
de prise en charge.
Ces
4 priorités correspondent à 25 mesures.
Le programme sarticule autour du plan cancer,
du plan damélioration de la qualité
des personnes atteintes de maladie chronique et du plan
daction en faveur des personnes atteintes de handicap
complexe, de grande dépendance et des personnes
poly-handicapées.
Le coût total de ce plan est évalué
à 26,74 millions deuros dont 11 millions
financés par lAssurance Maladie.
La personne âgée fait lobjet du plus
grand train de mesures, aussi bien à lhôpital
quà domicile : création doutils
de diagnostic pour la médecine de ville, création
dun module daide à lappréciation
médicamenteuse, formation des membres des CLUD,
prise en charge des répercussions psychologiques
des personnes âgées et de la souffrance
des patients atteints de cancer.
La douleur devient thème prioritaire de la formation
médicale continue et de lenseignement post-universitaire.
Les recommandations de bonne pratique pour la prise
en charge des douleurs de lenfant, un guide déducation
à la santé vont être proposées.
Un diplôme détudes spécialisées
complémentaires Médecine de la douleur
et Médecine palliative ainsi que le renforcement
dun diplôme inter-universitaire sur la prise
en charge des douleurs chroniques rebelles vont être
mis en uvre ou renforcés. Le médicament
nest pas la seule réponse thérapeutique.
Plusieurs mesures portent sur la consommation dantalgiques
et déventuels mésusages. Des recommandations
de bonne pratique devraient permettre de mieux prévenir
les douleurs induites par les axes diagnostique et thérapeutique.
Les techniques non médicamenteuses seront également
étudiées quant à leur intérêt
et leur place dans la stratégie thérapeutique.
Cest la première fois quun plan dune
telle envergure est mené dans notre pays. Il
comprend en outre des mesures concrètes : création
de
100 postes de médecins attachés,
25 postes de praticien hospitalier,
30 postes de psychologues,
38 postes dIDE (coût chiffré à
8,8 millions deuros).
Ce plan sera piloté par la Direction de lHospitalisation
et de lOrganisation des Soins (DHOS) en lien avec
la Direction Générale de la Santé
(DGS). Un comité de suivi sera mis en place dès
cette année. La Société Française
dÉvaluation et de Traitement de la Douleur
participera à toutes les étapes et à
lensemble de la mise en place des mesures de ce
plan.
Xavier Bertrand a confié à la SFETD la
mission de dresser un état des lieux de la douleur
en France: M'sieur, j'ai mal au ventre à Verdun
tant j'ai rigolé et ma femme a mal au dos après
avoir jardiné trop penchée
Ce plan doit renforcer les structures existantes, lensemble
des initiatives de la communauté médicale
et paramédicale, en somme tout ce qui concourt
à lamélioration de la qualité
de prise en charge des patients présentant des
douleurs chroniques.
Cest maintenant que nous devons participer, accompagner,
réagir et faire.
Much do about nothing, avait déjà dit
Shakespeare jadis et les ministres de pérorer
et jacter et proposer et envisager et aligner des chiffres
et des promesses qui ne seront jamais réalisées,
et des commissions seront réunies et des flots
de salive et d'écritures gaspillés et
ainsi
de suite. Et, pendant ce temps là, je vous la
donne en exergue, la douleur continuera de se manifester
chez toutes les personnes dites vulnérables,
y compris le sportif qui se fracture les os de la jambe
après un tacle malheureux et la jeune femme mourant
d'un cancer hyperalgique et dont l' époux compatissant
et néanmoins hollandais est poursuivi en justice
(française ! ) pour avoir hâté sa
délivrance.
Xavier Bertrand, faudrait peut-être aller voir
comment ça se passe vraiment dans les petits
hôpitaux, dans les innombrables services dits
de gérontologie où croupissent des êtres
misérables plus ou moins suivis ou entretenus
par des personnels fatigués, manquant de moyens
et souvent de qualification, Xavier Bertrand ou tout
autre qui vous succédera un jour, ne commencez
à proposer qu'après avoir vécu
l'enfer de ces institutions, leurs odeurs délétères,
l'insalubrité de certains lieux, la pauvreté
des moyens en personnel et en matériel.
Vivons-nous tous sur la même planète, Monsieur
le Ministre ?
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