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Chacun de nous est sollicité en permanence pour désigner une personne pour nous représenter dans de multiples institutions collectives. Que ce soit dans la vie professionnelle, dans la vie associative, et bien entendu -personne n’y échappe en ce moment en France - dans la vie politique. Nous voilà, dans de multiples domaines sommés de choisir notre candidat. La tentation de nous sortir de la difficulté d’un tel choix en refusant de désigner notre porte-voix est naturellement fréquente. Le pourcentage des abstentions dans de multiples scrutins en témoigne. A défaut de toute envie d’orienter les opinions de ceux qui nous font l’honneur de nous lire, c’est à un simple jeu que vous êtes conviés. Celui de passer au tamis filtrant de nos trois incantations rituelles de chaque LEM ceux qui nous demandent de leur accorder notre voix à nous.
Que la question de la confiance arrive en tête, ma foi, rien ne semble illogique là dedans. Certes, se poser la question du degré de confiance que l’on peut accorder à tel ou tel porte drapeau semble couler de source. Comme ils ( et dans ce masculin, bien vouloir inclure autant d’éléments féminins que vous voulez, comme la grammaire française nous y oblige ) se donnent un mal fou pour se présenter partout à nos yeux et à nos oreilles, tous nos candidats. Comme ils ont l’air sérieux du bon élève chronique ! Mais, y croyons-nous vraiment à ces images travaillées à l’extrême ? Et, si, finalement, avec éventuellement des doutes plus ou moins graves, nous voulons bien en faire crédit à nos éligibles, n’y a-t-il pas une autre question à se poser. Eux qui décideront en nos lieux et places, de quel degré de confiance nous dotent-ils ? Oui, eux les puissants ont-ils confiance en nous, en nos capacités de nous comporter comme les humains responsables que nous sommes dans nos vies personnelles ? Ou bien percevons-nous que nous ne sommes pour eux que des pions qui ne peuvent avoir d’autre utilité et d’autre fonction que de voter pour eux ? Les choses dont il est question pour leur mandat sont-elles d’une telle complexité qu’ils sont persuadés que les avis que nous pouvons avoir, nous les modestes et les isolés n’ont aucune valeur, et que seuls les experts dont ils sont entourés méritent d’être entendus et ... suivis ? Une confiance réciproque, ou à double sens si vous préférez, qui ne soit pas simulée dans de sinistres jeux de rôles qui s’effondrent lamentablement au fil du temps, vous vous rendez compte d’une révolution.
Et la conscience, cette conscience qu’on dit ici chaque semaine vouloir restaurer alors, qu’en fait-on ? En vérité, ceux qui briguent nos suffrages sont d’une remarquable discrétion à ce sujet. Il est bien difficile d’entendre sur quelle conception précise du monde, de l’humanité et de nos complexes relations humaines ils s’appuiront le jour où ils devront faire, en notre nom, le choix de leurs actions. Qu’est-ce qu’il y a derrière leur façade gominée et dessinée au cordeau par leurs conseillers en communication, qu’y a-t-il donc en eux d’humain, de proche de nous ? Nous avons besoin de le savoir, afin de comprendre quels sont leurs moteurs personnels, au delà des idéologies des partis ou groupes constitués qu’ils personnifient . Et là encore, se pose la question de la réciprocité de cette conscience. Notre conscience à nous, celle que nous forgeons peu à peu tout au long de notre vie personnelle, a-t-elle vraiment une valeur quelconque pour ceux qui seront nos élus ? Prendront-ils la peine d’être vraiment à l”écoute des citoyens que nous sommes ? Feront-ils simplement semblant en se laissant manipuler par les lobbies les plus bruyants ou les plus puissants ? Se laisseront-ils aller à répondre au coup par coup aux différents événements que nous seront amenés à subir, ou se feront-ils systématiquement manipuler par nos bataillons aussi puisants que silencieux et obstinés de ce qu’il est habituel de nommer les technocrates ?
Leur compétence, nos chers élus, pouvons-nous dire sans les offenser que nous sommes souvent amener à en douter, en particulier quand il s’agit de sujets que nous vivons professionnellement de très près ? Les programmes électoraux flamboyants, les promesses à visée racoleuse, ne trompent plus grand monde. Les joutes verbales, les querelles de chiffres, les dénigrements personnels, cela n’amuse personne en dehors des hommes de parti déjà pris quoi qu’il arrive. Comme nous aimerions trouver de temps en temps des gens venir nous expliquer comment ils parviennent à renforcer leur compétence dans la fonction où on les a élus. Et, en juste et logique contrepartie, nous pourrions alors, nous aussi, leur dire comment, et pourquoi, nous tenons à renforcer en permanence notre compétence de citoyens. Sans nos talents à tous, aussi modestes et méconnus soyons-nous, aucune société , aucune collectivité concrète n’existerait . La qualité de tout groupe est directement proportionnelle aux qualités personnelles de tous ses membres.
Notre petit jeu des 3 C, confiance, conscience et compétence n’a aucune ambition pédagogique. Mais, si vous voulez bien vous poser ces trois interrogations, vous aurez peut être un moyen un peu plus satisfaisant de déterminer à qui vous voulez, ou refusez de, donner un mandat afin qu’ils soient un peu plus vos représentants. Voilà qui changerait des étranges campagnes de séduction et de marchandages catégoriels destinées à rafler le plus possible de votes sans avoir le moindre souci ultérieur, le moindre respect, de ceux qui s’expriment en agissant comme des électeurs.
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