Si trou de la Sécurité Sociale en France il y a , encore faut-il en trouver les causes (si le trou n'existe pas, on n'a pas à se poser la question ) .
En gros et pour poser simplement le problème, il y a deux approches :
- a) il y a trop de dépenses .
- b) il n'y a pas assez de recettes.
Ce n'est pas tout à fait pareil dans les deux cas et la situation réelle oscille entre ces deux approches. Sauf qu'il y a un hic !
Le système qui tenait le coup (et le coût , pourquoi pas ) est essentiellement un système redistributif basé sur plusieurs principes dont :
- on a droit à des prestations parce qu'on travaille et qu'une partie du salaire est versée sous forme de cotisations (c'est une assurance qui n'est pas gratuite).
- on fait rentrer en jeu la solidarité au niveau le plus haut. Car on admet que certains puissent être dans la mouise ( la misère ).
Le chômage est un élément qui déséquilibre le système.
Parce que le système explose quand on attribue les mêmes droits à ceux qui ne travaillent pas ET qu'une partie des cotisations échappe à sa vocation d'alimenter le financement (diminutions de charges, cadeaux aux entreprises etc...).
Mais le problème du trou n'est pas là . Quelle que soit la profondeur du déficit, il faut savoir si elle empêche " la terre de tourner" au quel cas il faut tout arrêter, ou bien c'est un artifice comptable qui permet de faire vivre la Société à crédit sans entraîner de révolution .
Si on pouvait calculer tout ce que l'Etat ( de droite ou de gauche) a détourné de l'objectif initial , on verrait qu'il n'y a pas de trou. Le système serait même bénéficiaire et on pourrait se passer des mutuelles. Imaginez l'argent détourné avec la vignette auto dont les vieux n'ont pas vu la couleur.
Cette notion de trou, bien martelée dans le crâne des assurés a pour but de les culpabiliser et de trouver une justification à la destruction du système pour des tas de raisons (on vit au dessus de nos moyens, on a une médecine de confort, on est des nantis par rapport au tiers monde , l'Europe n'en veut pas , etc...) . Et en plus , cette masse de fric échappe au circuit "marchand" des banques .
Je vous parie ce que vous voulez qu'on va nous vendre avant peu une sécurité sociale à trois vitesses :
- un régime basique genre CMU ( couverture maladie universelle, ancienne aide médicale gratuite ) alimenté par l'impôt (pour des raisons de solidarité) avec un panier de soins "remboursables sécu".
- les assurances privées prendront en charge les soins "non remboursables sécu" , sous la contrainte d’un certain plafond et avec des cotisations adaptées au risque (comme de vraies assurances )
- des mutuelles qui assureront une assurance complémentaire santé.
Au sujet de ces dernières, peut-être ne le savez-vous pas. Les Lois Fillon (celles même qui ont modifié nos retraites ) ont un article (le 113 pour ne pas le nommer ) qui voue à la disparition les petites mutuelles qui n'ont pas une taille suffisante. Donc leur reprise par des assurances privées, et nous y voilà. C'est l'application d'une directive européenne et les décrets d'application ont jusque-là été différés. On ne sait pas pourquoi....( ne pas rire SVP).
Le tableau semble assez sombre pour les assurés, mais il est catastrophique pour les professions médicales qui, semble-t-il ne voient rien venir. En effet, la sécu est finalement "bonne pomme " et les efforts qu’elle fait pour obtenir des soins au meilleur coût restent quand même assez pacifiques. Le jour où les assurances privées imposeront aux médecins leurs accréditations, leur parcours médical, et leurs règles de bonnes pratiques à elles , il sera trop tard .
Regardons le trou, nous ne voyons pas le reste.
(*) Présentation de l'auteur de cette LEM à la page Qui sommes-nous ? NDLR
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